La dynastie carolingienne (avec notes sur les reines et impératrices)
Même si c'est Charlemagne qui est le plus connu des souverains carolingiens pour ce qui est de la Renaissance carolingienne, ses prédécesseurs, comme Charles Martel, en ont posé les bases matérielles en développant l'emprise des Francs en Europe, et ses successeurs ont continué son oeuvre. Jusqu'au partage de Verdun, en 843, la lignée carolingienne est essentiellement directe, mais se partage ensuite en les Carolingiens des différentes branches
Les fondateurs (vers 615-vers 662)
Les Carolingiens (vers 687-840)
Le traité de Verdun (843)
Carolingiens de Francie Occidentale (843-987)
Carolingiens de Lotharingie (843-863)
Carolingiens de Francie Orientale (843-911) et souverains allemands (911-1002)
Notes sur l'Aquitaine, Italie, etc.
Les fondateurs (vers 615-vers 662)
- Pépin de Landen (ou Pépin l'Ancien, ou Pépin le Vieux) (vers 580-27/02/639): maire du palais d'Austrasie à partir de 615. Epouse Itta (ou Iduberge, ou Ide, originaire d'Aquitaine et soeur de l'évêque de Trèves; ce mariage permit à Pépin de considérablement accroître sa fortune). Sa fille Begga (620-695), en épousant Ansegisèle, fils d'Arnoul, évêque de Metz, est à l'origine de la dynastie
- Grimoald Ier (ou Grimoald, ou Grimaud) (616-vers 662): fils puîné de Pépin de Landen, il finit par devenir maire du palais d'Austrasie comme son père puis intrigue pour que son fils, Childebert, succède, en 651, au Mérovingien Sigebert, en exilant Dagobert II, l'héritier mérovingien légitime, en Angleterre. Le père et le fils sont éliminés par les Neustriens de Clovis II car le maire du palais de Neustrie avait des vues sur l'Austrasie
Les Carolingiens (vers 687-840)
- Pépin II de Herstal (ou Pépin le Jeune, ou Pépin le Gros) (vers 653-16/12/714): probablement né à Heristal, fils de Begga et d'Ansegisèle. Mène les Grands d'Austrasie contre les maires du palais de Neustrie, qui sont en lutte contre ceux de Bourgogne (en la personne de St Léger) et finit par vaincre en 687 à Tertry (Pépin a un frère, Martin, qui meurt lors de cette bataille). Dès 679, il n'y a plus de roi en Austrasie, les Grands d'Austrasie ayant refusé que le roi de Neustrie n'en hérite. A partir de Tertry, Pépin II devient maire du palais pour les trois royaumes de Neustrie, Austrasie et Bourgogne -donc l'ensemble du monde franc- imposant l'autorité franque aux Alamans, Frisons et Franconiens et aidant les premières missions d'évangélisation en Germanie. Le fait qu'il épouse Plectrude, riche héritière de l'aristocratie austrasienne, grandement possessionnée autour de Cologne et Trêves, accroît sa fortune personnelle. Il est le premier maire du palais à porter le titre de "duc et prince des Francs", marquant l'accroissement de pouvoir de la fonction. Il laissera cependant les souverains mérovingiens légitimes en place, la plupart du temps des mineurs, ce qui fait qu'il est leur régent. Il nomme ses deux fils, Drogo et Grimoald maires du palais de Burgondie et de Neustrie, respectivement. Tous deux mourront avant lui. Epouse Plectrude, issue d'une puissante famille d'entre Cologne et Trèves (dont il a Drogon et Grimoald), puis Alpaïde (Alpaïde de Bruyères, qui a été sa concubine et dont il a Charles Martel et Childebrand -ce dernier à l'origine d'une branche cadette des Carolingiens)
- Charles Martel (vers 688, à Héristal-21 ou 22/10/741 à Qierzy-sur-Oise): établit définitivement la puissance des Carolingiens naissants. Il est un des fils illégitimes de Pépin II et de sa concubine Alpaïde. Plectrude, veuve "officielle" de Pépin, a convaincu celui-ci, peu de temps avant sa mort, que ce soit Theudoald, son petit-fils, fils de Grimoald, qui soit son successeur au détriment de Charles et Childebrand. Mais Charles a la faveur des Grands d'Austrasie du fait de ses aptitudes militaires et, donc, de l'aptitude à augmenter leur capital en terres. Il reprend le pouvoir, vainc la Neustrie de nouveau hostile (Grimoald, le fils de Pépin II, a été assassiné par un Frison révolté et remplacé par son fils mineur Thibaut. Les Neustriens mettent à profit la volonté de Plectrude de règner pour se révolter et ils écrasent les Austrasiens de Thibaut dans la forêt de Cuise; les Neustriens s'allient aux Frisons et dévastent l'Austrasie), conquiert l'Autriche et le Sud de l'Allemagne, combat les Saxons et libère définitivement le Sud de la Gaule des incursions et de la progression arabes. Charles Martel ne vainc pas tant Plectrude que la Neustrie qui a tendu à se rendre indépendante (bataille d'Amblèves puis Vincy 716-717).
Charles Martel, comme Pépin, place sur le trône des Mérovingiens qu'il peut contrôler. "Duc d'Austrasie" puis maire du palais, le pouvoir de la lignée carolingienne était devenu tel qu'il put se passer de nommer officiellement un roi mérovingien à la mort de Thierry IV en 737, testant la capacité de la dynastie à règner sans la caution morale d'un Mérovingien, à une époque où une partie de l'aristocratie est encore attachée à la famille royale
. Il fut inhumé à St-Denis, la nécropole mérovingienne, ce qui ne fut pas anodin. Lors de ses efforts contre les Arabes, il avait établi la cavalerie franque et, pour entretenir ses forces armées, il avait pris des terres à l'Eglise. Il utilisa l'Eglise -en la personne de St Boniface- pour stabiliser ses conquêtes (St Boniface le soutint dans l'affaire des biens d'Eglise). Il ne voulut pas intervenir contre les Lombards, ses alliés d'alors, pour soutenir le pape, continuant de faire de ses combats contre les Arabes son souci principal. Il épousa Rotrude de Trèves, fille du comte de Hesbaye, un ancêtre lointain des Robertiens (donc des Capétiens), qui lui donne Pépin et Carloman ainsi qu'une fille, Hiltrude (qui épousera, contre la volonté de ses frères, Odilon de Bavière, et donc mère de Tassilon III), puis Swanahilde de Bavière (qui donne naissance à Grifon. Rothilde de Gellone fut sa concubine (qui lui donna 4 enfants)
- Pépin le Bref (Pépin III) (715, à Jupilles-24/09/768 à St-Denis): le partage des domaines de Charles Martel fut fait un an avant la mort de celui-ci. Grifon, le fils illégitime, n'a pas pas de part. A Carloman l'Austrasie, la Bourgogne et la Thuringe, à Pépin la Neustrie, la Provence et la Bourgogne. Pépin, jusqu'en 747, règne conjointement avec son frère Carloman. Ils remettent d'abord de l'ordre dans l'Eglise franque avec St Boniface et les contestations qui émanent de Grifon, soutenu par les Bavarois, les amènent à rétablir un Mérovingien sur le trône. Ce sont l'Aquitaine, la Bavière et l'Alémanie qui ont le plus remis en question le pouvoir de Pépin et de Carloman. Les aristocraties locales, de plus, sont toujours attachées à leurs dynasties mérovingiennes. La révolte de Griffon, qui avait eu lieu depuis ses terres du Mans, avait montré le danger que représentaient les Bretons. Pépin et Carloman créèrent une marche de Bretagne, de Rennes à Vannes et Nantes. Les deux frères remettent au pas, ensuite, les Saxons, les Alamans et les Bavarois. Carloman, en 747, décide de se faire moine en Italie (il reviendra, par la suite, dans un monastère franc, à Vienne) et Pépin devient le seul dirigeant du monde franc (le fils de Carloman, Drogon, se révolte contre Pépin mais est rapidement écarté). Le pouvoir des Carolingiens est suffisamment établi pour qu'en 750 Pépin demande au pape s'il est légitime de changer officiellement de dynastie, ce qui est fait (l'argument, qui porte sur les aristocraties, fait valoir que les rois mérovingiens n'ont plus de réels pouvoirs). Cet acte fonda très profondément l'alliance entre Pépin le Bref et la papauté. Pépin est acclamé nouveau roi des Francs par les Grands au champ de mai de Soissons en 752 et, pour asseoir ce changement, il établit une légitimité nouvelle du souverain franc: celle du sacre (à la fois d'inspiration wisigothique, perpétuant le souvenir du baptême de Clovis et de l'alliance particulière entre l'Eglise et les Francs et souvenir de l'onction des rois de l'Ancien Testament). On franchit alors un pas de plus dans les relations entre les Francs et l'Eglise: le souverain, par l'onction, devient investi de la fonction de protéger l'Eglise; souverain "de droit divin", il est chargé de diriger ses peuples au nom de l'Eglise et sous la direction du pape. L'onction de Soissons sera renouvelée à l'automne 752 en Austrasie, à Mayence. Un nouveau pape, Etienne II, menacé par les Lombards -et les Byzantins n'étant pas capables de le défendre- demande l'aide de Pépin. L'alliance est scellée en 754 et, le 28 juillet, le pape renouvelle personnellement le sacre de Pépin, lequel reçoit officiellement les titres de "roi des Francs" et de "patrice des Romains". Les deux héritiers de Pépin, Charles et Carloman, sont sacrés eux aussi. Pépin mène les Francs, en quatre campagnes, contre les Lombards. Sur d'autres plans, il étend le système vassalique à l'intérieur du royaume pour s'assurer la fidèlité des Grands et il continue d'expulser les Arabes du royaume. Il calme l'agitation bavaroise et fait adopter le denier d'argent comme base du système monétaire. Il fut inhumé à St-Denis, face contre terre en expiation de ses péchés. Pépin continua de développer la cavalerie lourde franque ainsi que l'armée permanente et continua aussi de favoriser le travail missionnaire de l'Eglise en Germanie ainsi qu'en Scandinavie. L'Aquitaine fut la dernière province à avoir conservé son indépendance. Pépin finit par la conquérir en 8 campagnes, entre 760 et 768. La résistance de la province l'avait cependant impressionné et, par le premier capitulaire carolingien, il lui accorda une forme d'autonomie par le respect de son propre droit, le droit romain. Pépin, de plus, pour s'assurer l'alliance des Wisigoths de Septimanie, des alliés de l'Aquitaine, leur avait accordé une large autonomie par le même biais de leur système juridique. Par contre, les Basques, qui constituaient l'élite des armées d'Aquitaine, se virent reconnaître une indépendance totale. Il épousa Bertrade -ou Berthe- de Laon (dite Berthe au Grand Pied; fille du comte de Laon; Pépin étant déjà marié avec une princesse du Danube, elle est déjà sa concubine avant de devenir officiellement sa femme en 749. Comme, au moment de sa naissance, Pépin et Berthe n'était pas mariés, un doute a pu planer sur la légitimté de Charles; cependant, on n'est pas encore au IXème siècle lorsque l'Eglise réussira à imposer définitivement sa conception du mariage chrétien. On a là un cas de mariage privé germanique, le Friedelehe. En tant que reine, Berthe est bénie par le pape lors de la cérémonie de 754. Entendant jouer un rôle politique au début du règne de Charles et Carloman, elle sera finalement écartée par Charlemagne en 771. Berthe, par son père, Caribert, était une Hugobertide, comme Plectrude, l'épouse de Pépin II; elle est enterrée à St-Denis
- Charlemagne (Charles Ier, Charles le Grand) (02/04/742-28/01/814 à Aix-la-Chapelle): voir la page entière consacrée à Charlemagne. Charlemagne, alors que Charles Martel avait fondé matériellement la puissance carolingienne, alors que son père Pépin le Bref l'avait faite affirmer en droit par le pape, la mena à son terme. Il consolida les territoires francs contre ses ennemis, imposa l'autorité franque aux marches orientales, défendit définitivement le pape contre les Lombards et affermit la puissance franque contre les Saxons, dernier peuple indépendant de Germanie. Dans le même temps, il consolida ce travail militaire par la Renaissance carolingienne, un effort de rénovation des arts et des lettres. Cet apogée de la puissance carolingienne fut finalement scellé en 800 lorsque le pape Léon III couronna Charlemagne empereur d'Occident, relevant, pour l'Ouest, la dignité impériale qui y avait disparu depuis 476. Selon la coutume franque, Charlemagne avait commencé de règner avec son frère, Carloman. Le royaume, en effet, avait été partagé, avant sa mort, par Pépin le Bref entre ses deux fils. Charlemagne, au début de son règne, avait subi l'influence de sa mère, Berthe au Grand Pied (elle avait arrangé le mariage de Charles avec Désirée, fille du roi Didier des Lombards). Charles se défit de l'influence de sa mère à partir du moment, en 771, où son frère fut écarté du pouvoir. Charlemagne eut 5 épouses légitimes: Himiltrude (ou Desiderata; répudiée en 770; mère de Pépin le Bossu), Désirée de Lombardie (épousée en 770, répudiée en 771, Hildegarde de Vintzgau (elle sera son épouse la plus importante, mère de Louis le Pieux et de 8 autres enfants; épousée en 772; noble alamane ou suève, fille de Gérold Ier de Vintzgau, margrave de la marche Avar et préfet de Bavière; elle meurt en 783), Fastrade de Franconie (épousée en 784; lui donna 2 filles; elle était la fille d'un comte franconien; probablement l'épouse que Charles aima le plus; la reine Fastrade fut la seule des épouses légitimes de Charles à prendre une posture politique et à intervenir dans les affaires de l'Etat) et Luitgarde d'Alémanie (alamane; fille du comte Luitfrid II de Sundgau; épousée en 794; protectrice des lettres et aimant la chasse; sans enfants; Charlemagne fit construire le monastère d'Aniane pour son souvenir; meurt en 800; est enterrée à Tours). Charlemagne eut également de nombreuses concubines: Madelgarde (en 802; peut-être épouse légitime), Gerswinde de Saxe (en 808; fille du chef des Saxons, Widukind), Régina, Adelinde (ou Adélaïde)
- Louis Ier (Louis le Pieux, Louis le Débonnaire) (778 à Chasseneuil-de-Poitou-20/06/840 à Ingelheim-am-Rhein près de Mayence): né jumeau, son frère Lothaire mourut peu après. Nommé roi d'Aquitaine en 781, encore enfant, après la défaite de Roncevaux, de façon à stabiliser la région (cela fait partie d'un plan de Charlemagne de voir ses fils souverains locaux et élevés dans les coutumes du lieu (Louis en Aquitaine, Pépin en Italie, Charles "le Jeune" en Neustrie), chacune de ces parties de l'Empire ayant un rôle défensif par rapport à une frontière). Même en tant que souverain local, Louis fut cependant couronné par le pape. Cette politique de Charlemagne, cependant, n'entraînait pas l'idée de diviser l'Empire et chaque "souverain" était envoyé en campagne hors de son "royaume" pour qu'il participe à l'idée de l'unité impériale. Selon la coutume franque, Charlemagne, en 806, par la "Divisio Regnorum", organise sa succession: il partage les territoires entre ces trois fils mais préserve l'unité impériale: l'Empire, avec la Neustrie et l'Austrasie, à Charles le Jeune, à Pépin l'Italie, à Louis l'Aquitaine, augmentée de la Septimanie, la Provence et d'une partie de la Bourgogne. Ses deux frères, Charles et Pépin, mourant en 811 et 810, le 11 septembre 813, en tant que dernier fils survivant de Charlemagne, celui-ci le fait reconnaître par une assemblée des Grands laïcs et ecclésiastiques et l'acclamation du peuple Louis comme co-empereur d'Occident et ayant vocation à succéder à l'empereur. Louis fut sacré en octobre 816 par le pape Etienne IV à Reims, l'Italie, alors, restant partie de l'Empire mais sous la souveraineté de Bernard, fils de Pépin. Ses conseillers sont Bernard, margrave de Septimanie et Ebbon, ancien serf et archevêque de Reims et il garde certains des conseillers de Charlemagne (Elisachar, abbé de St-Maximin près de Trêves ou Hildebold, archevêque de Cologne) mais en épure d'autres. Il prend également comme conseiller ecclésiastique Benoît d'Aniane, un Wisigoth de Septimanie, de façon à officialiser l'usage de la règle de St Benoît comme règle de tous les monastères de l'Empire. Louis mena des expéditions -qui ne sont plus des expéditions de conquête, mais de maintien de l'ordre au sein de l'Empire- contre les Basques (817, 818) qui ne voulaient pas que leur duc fût changé, les Odobrites de l'Elbe (817), les Bretons (818, 822, 824) et les Croates (820-822). Les Vikings commencèrent d'apparaître en 820 mais leur premier raid réel eut lieu à Noirmoutiers, en 824; l'Empereur ordonne la construction d'une "flotte du Nord". Les raids sarrasins et vikings montrèrent vite combien la lourdeur de la convocation de l'ost carolingien ne pouvait facilement répondre à un tel type d'attaques. Dès juillet 817, suite à l'effondrement d'une galerie de bois entre la Chapelle Palatine et le palais d'Aix-la-Chapelle auquel il échappe, par l'"Ordinatio Imperii", il prévoit un partage de l'Empire entre ses trois fils (à Lothaire l'Empire, à Louis la Bavière et les marches, à Pépin l'Aquitaine, Bernard se voyant confirmé en Italie, selon ce qu'avait déjà voulu Charlemagne); à l'exemple des "royaumes" secondaires de Charlemagne, il avait déjà confié -mais sans le titre de rois- la Bavière à Lothaire et l'Aquitaine à Pépin. Lothaire est immédiatement couronné co-empereur à Aix et sera le suzerain de ses frères. Ce partage, sans doute sous l'influence des clercs, s'efforce de conciler la tradition germanique du partage des territoires et souci de l'unité impériale, le fils chargé de la dignité impériale conservant la suprématie suprême sur tous les autres titulaires de dignités. Louis châtie durement Bernard d'Italie qui s'est opposé à ce partage, qui en meurt et l'Empereur en restera culpabilisé tout son règne et en fait pénitence publique en 822 à Attigny devant le pape. La réunion remet en selle, par ailleurs, certains opposants potentiels. Les marches slaves sont agitées, du Danemark à la Panonnie et il n'y a pas réellement d'évènements militaires au cours du règne. Veuf en 819, Louis se remarie et a un nouveau fils, Charles, en 823, ce qui pose la question du partage de 817 et va perturber la fin du règne pendant 20 ans. En 829, le plan de partage est modifié une première fois, donnant l'Alémanie à Charles, mais Lothaire déclenche une première révolte et entraîne ses deux frères. La dispute entraîne aussi la zizanie parmi les anciens et nouveaux conseillers de l'Empire. Cela aboutit à un nouveau partage, égalitaire, où aucun des quatre frères n'est doté du titre impérial. Pour soutenir leur frère Pépin que l'empereur suspectait de révolte, Louis le Germanique entre en campagne et oblige Louis le Pieux à un nouveau partage (Jonac, 832: l'Aquitaine passe à Charles, Pépin est dépossédé et l'Empire reste à Lothaire). Les fauteurs de désordres, cependant, déclenchent une nouvelle révolte en 833, le pape Grégoire IV soutenant Lothaire. Ce pape, que Louis le Pieux n'avait pas reconnu, amène les armées de l'Empereur à déserter (le "champ du mensonge") et, en novembre, on lui retire la dignité impériale. L'opinion tournant contre cette révolte, Louis le Pieux retrouve l'Empire en 834, les trois frères se divisent entre eux, et les conseillers sont épurés. En 836, une nouvelle décision impériale (diète de Crémieux) ré-admet Pépin et Louis le Germanique à la cour et prive Lothaire de tous ses territoires sauf l'Italie, qui sont donnés à Charles, fils de Judith. Louis le Germanique se révolte contre ce nouveau partage et la réunion de Quierzy-sur-Oise tend à favoriser de plus en plus Charles (à la mort de Pépin, en 838, il lui donnera l'Aquitaine), ce qui déclenche une nouvelle guerre fratricide en 839, dans laquelle interviennent les Danois et où Lothaire est, cette fois, allié de son père. La solution en est un nouveau partage qui, en excluant Pépin, tend à partager l'Empire en deux grandes parties, ouest et est, Lothaire prenant l'Est et Charles le Chauve l'Ouest, Louis le Germanique n'ayant plus que la Bavière. Louis le Pieux parvint à faire respecter cette dernière vision de sa succession mais il mourut juste après, en juin 840. Ces luttes de succession montrent bien l'opposition entre la tradition franque, encore vive, du partage des territoires du souverain entre tous ses fils et une conception plus théorique de l'Etat et visant à en garantir la pérennité et l'unité. Louis fut inhumé près de sa mère, Hildegard, dans l'abbaye St-Arnould de Lay-St-Christophe. La piété de Louis (d'où son surnom) est due au fait que, n'étant pas l'aîné de Charlemagne, il avait vocation à devenir clerc et il fut instruit en ce sens. Cette piété redonne plus d'indépendance à la papauté et la cour se peuple de prélats et de clercs (Agobard, Benoît d'Aniane). Les Grands, de l'autre côté, pendant le règne, tendant à s'affirmer à l'encontre du pouvoir impérial, montrant bien l'opposition entre l'idéal d'un empire chrétien et les réalités de la violence ou de l'avidité. Louis le Pieux épousa Theudelinde de Sens (en 793; en a deux enfants), Ermengarde de Hesbaye (en 798; parente de Charles Martel, de la famille des Robertiens (donc des Capétiens), une Franque; donne 6 enfants à l'empereur; a participé aux décisions politiques, dont la condamnation de Bernard; meurt à Angers en 818) et Judith (épousée en 819; une franque née en Bavière, apparentée à à la puissante famille des "Welfs", de Bourgogne; mère de Charles le Chauve; meurt en 843; enterrée à St-Martin-de-Tours; sa soeur Hemma épousa Louis le Germanique, le beau-fils de Judith)
Le traité de Verdun (843)
Les disputes entre les premiers fils de Louis le Pieux et Charles le Chauve, le fils de Judith, reprennent immédiatement à la mort de l'Empereur. Charles le Chauve, uni à Louis le Germanique s'affronte à Lothaire, qui entend revendiquer l'Empire, allié à son neveu Pépin II d'Aquitaine. Ils remportent la bataille de Fontenoy-en-Puisaye en juin 841 et, par le Serment de Strasbourg, le 14 février 842, ils renforcent leur alliance, ce qui amène Lothaire à demander la paix. Cette paix se traduit par le traité de Verdun (843). Ces luttes, par ailleurs, affaiblissent l'Empire aux yeux des Vikings et des Sarrasins, qui attaquent, les uns sur la Seine, en 841, les autres à Arles en 842. Ces luttes contribuèrent aussi à affaiblir l'Empire carolingien car chaque protagoniste dut s'assurer de la fidélité des comtes de ses territoires, leur concédant des domaines, ce qui remit en cause la fortune foncière de chacun des souverains. Comme chacun des protagonistes était déjà installé dans un cadre territorial -Lothaire en Italie, Louis le Germanique en Bavière et charle le Chauve en Aquitaine- le traité tend à confirmer cette partition et l'augmente de la préoccupation des clercs d'assurer à chaque partie de l'Empire les mêmes ressources, de la mer du Nord ou de la Baltique à la Méditerranée. Lothaire reçoit les territoires du centre de l'Empire carolingien (des actuels Pays-Bas à l'Italie et avec la Bourgogne et la Provence); Louis le Germanique prend la partie orientale, à l'Est du Rhin et au Nord et l'Est de l'Italie; Charles le Chauve reçoit l'Ouest, à l'Ouest du Rhône (la future France); Pépin II reçoit l'Aquitaine mais sous l'autorité de Charles. Ces trois parties de l'Empire reçoivent alors officiellement les noms de Francie médiane "Francia media"), Francie orientale ("Francia orientalis") et Francie occidentale ("Francia occidentalis"). Le traité, même s'il confère le titre impérial à Lothaire, marque cependant un recul par rapport à l'évolution qui avait eu lieu précédemment et qui tendait à dépasser les divisions des territoires pour garantir la suprématie effective de l'héritier détenant le titre impérial. Lothaire, en effet, bien que titulaire du titre impérial, n'a en aucun cas les moyens de l'exercer à l'encontre des deux autres ensembles de territoires sur lesquels règnent Louis et Charles. En 847, à Mersen, Lothaire s'efforça de limiter les systèmes d'allégeance et les germes de guerre civile en n'obligeant plus à l'ost que pour les guerres étrangères et en permettant aux hommes libres de librement prêter allégeance à un quelconque suzerain autre que les rois. Cette idée d'une division de l'Empire, finalement, s'opposait nettement aux efforts qu'avaient faits Charlemagne et Louis le Pieux de maintenir un Empire unifié. On attribue à Hincmar (806-882), l'archevêque de Reims les idées du Traité de Verdun. Ses idées étaient qu'une Chrétienté unie n'était pas liée à un Etat qui aurait une forme d'empire, quelque parfaite que fut cette forme, mais pouvait l'être à un certain nombre d'états, cependant liés entre eux au sein d'un corps plus puissant, la "grande République de la Chrétienté". Hincmar, de plus, était un fort partisan de Charles le Chauve -après l'avoir été de Louis le Pieux- souhaitant même que la Lorraine passe sous le contrôle du souverain de Francie occidentale. Il se pourrait que les idées d'Hincmar soient venues de Charles le Chauve même car il semble qu'une forme de tendance d'Hincmar à se rendre indépendant de Rome puisse être le signe que Rome n'était pas à l'origine de ces idées politiques. De plus, on doit noter que l'Eglise, dès le règne de Louis le Pieux, avait retrouvé sa prééminence et ses opinions étaient désormais que le Pape avait la suprématie spirituelle sur les souverains et que le "royaume de Dieu', dont Charlemagne avait revendiqué le gouvernement par le biais de l'Empire, devait maintenant se relier à l'Eglise seulement et sa tête. L'Eglise, malgré les désordres ultérieurs qui l'impliquèrent dans les luttes locales romaines, continua toujours de défendre l'idée d'unité. La disparition précoce de Lothaire va amener, en 855, au partage de son lot entre ses fils, dont l'un, Louis II, gardera le titre impérial. La coalition de Charles le Chauve et Louis le Germanique dépouilla leur neveu de son héritage et le traité de Mersen, en 870, partagea le nord des territoires de Lothaire entre eux (c'est de la mort de Lothaire Ier seulement que date le terme "Lotharingie", d'après les territoires attribués à l'un de ses fils, Lothaire). Louis II ne conserva que les territoires du Sud. Malgré le fait que Charles le Chauve, à la mort de Louis II en 875, se fit reconnaˆtre le titre impérial par le pape, à Rome, l'Empire continua d'être divisé plus avant, y compris au sein des différentes parties nées du traité de Verdun. Il semble cependant que l'idée d'Empire dura. Les souverains d'Allemagne, bien qu'à partir de 888, ne se rattachant plus à la lignée carolingienne, continuent de se réclamer de l'héritage de Charlemagne. Pour ce qui est de la logique territoriale du partage de Verdun, on voit émerger, entre 829 et 839, une logique, pour l'Ouest, qui prend en compte l'Aquitaine mais évolue, surtout, peu à peu, vers la Seine (tout en comptant encore la Provence ou la Septimanie). Ainsi, à partir du partage de Verdun, en 843, via deux réunions au palais de Mersen (847 et 851), tendent à apparaître les deux entités qui deviendront la France, d'une part et l'Allemagne d'autre part. Cela se fit surtout lors de la troisième réunion de Mersen, lorsque charles le Chauve et Louis le Germanique mirent fin à l'unité des territoires qui composaient la Lotharingie, l'ancien centre, finalement, de l'Empire
Carolingiens de Francie Occidentale (843-987)
- Charles II (Charles le Chauve) (13/06/823 à Francfort-sur-le-Main-06/10/877 à Avrieux, en Savoie): fils de Louis le Pieux et Judith, Charles le Chauve eut, pendant 9 ans, pour précepteur Walafried Strabo, moine de Reichenau, érudit attaché au culte impérial et commentateur célèbre de la Bible. Le surnom de "Chauve" vient du fait qu'en mai 877, lors de la consécration de la future abbaye St-Corneille, à Compiègne, il se serait fait raser le crâne en signe de soumission à l'Eglise, à l'encontre de la coutume qui veut que les rois francs aient les cheveux longs. Charles prend part aux disputes qui ont lieu à propos de la part qui lui est allouée dans le partage de l'Empire que Louis le Pieux avait déjà réalisé au profit des trois fils de son premier mariage et, après la mort de Louis, en 840, il s'allie à son demi-frère Louis le Germanique contre Lothaire, ce qui mène au serment de Strasbourg (février 842) puis au traité de Verdun (843). Charles en reçoit la souveraineté sur tous les territoires de l'Ouest de l'Empire, à l'Ouest du Rhône, les terres dites de la "Francia occidentalis". Les trois frères règnent "confraternellement" pendant un temps, se réunissant à intervalles réguliers. Charles le Chauve, en faisant continuer les "Annales royales" -les annales de la dynastie- voulut souligner la continuité carolingienne en dépit des troubles précédents, lesquels avaient semblé compromettre l'Empire. Charles le Chauve, entre 841-851 est également occupé avec les Bretons, puis, entre 856 et 861, par les raids vikings qui se développent. L'incapacité de Charles à réellement leur faire face amène une révolte des Grands, qui aident Louis le Germanique à envahir la Francia occidentalis et à démettre Charles. Mais les prélats du royaume, sous la conduite de Hincmar de Reims, demandent le départ des Germains et le retour de Charles. Charles est également soutenu par les Welfs, les parents de Judith, sa mère. L'édit de Pistres, en 864, fit construire des ponts fortifiés sur les fleuves pour bloquer les raids vikings (l'édit obligeait également chaque homme du royaume possédant un cheval à servir dans la cavalerie du royaume). Charles agrandit sa part de la Provence, en 863 et de la Lotharingie, en 869 et il dut intervenir en Aquitaine pour y maintenir son autorité. Par le traité de Mersen, en août 870, il finit de partager entre lui et Louis le Germanique, les possessions de la Francia media du Nord et, après la mort de Louis II, en 875, fils aîné de Lothaire Ier et héritier du titre impérial, il se fait sacrer empereur à Rome par le pape Jean VIII le jour de Noël, soit 75 ans jour pour jour après le sacre de Charlemagne. Il en profite également pour recueillir la Provence et le royaume d'Italie. Malgré la mort de Louis le Germanique, en août 876, les fils de celui-ci sont suffisamment forts militairement pour empêcher toute remise en cause du statu quo dans cette région (bataille d'Andernach, octobre 876). Charles le Chauve, par le capitulaire de Quierzy (juin 877) est considéré comme avoir posé les bases du développement de la féodalité en acceptant que les charges comtales deviennent héréditaires (il ne s'agissait en fait que d'une décision temporaire, destinée à régler les cas survenant pendant son absence du royaume, alors, pour cause d'expédition en Italie). Il meurt peu après. Cette expédition d'Italie vit les nobles du royaume rechigner à l'accompagner. Ami des lettres, Charles le Chauve fut également proche de l'Eglise -dont il appréciait le soutien contre la turbulence des nobles et au sein duquel il choisit ses conseillers. Charles le Chauve eut pour épouse Ermentrude d'Orléans (ou Hermentrude; descendante de Charles Martel; épousée en décembre 842 à Quierzy; elle lui donne 9 enfants; elle meurt en 869; pendant son mariage, Charles eut pour concubine Richilde et se sépara d'Ermentrude en 867; mère de Louis le Bègue; elle avait un don pour la broderie; enterrée à St-Denis) puis Richilde (Richilde d'Ardennes, Richilde de Provence; soeur de Boson de Provence, duc de la Bourgogne trans-jurane; concubine de Charles, elle est épousée en 870 après la mort de la première épouse de celui-ci de façon à faire jouer ses alliances en Lotharingie; joue un rôle politique pendant les absences du roi et en prend la tête à sa mort en 877; elle est soupçonnée d'avoir été complice de l'empoisonnement de Charles par Sédécias, un Juif et médecin du roi)
- Louis II (Louis II de France, Louis le Bègue) (01/11/846-11/04/879 à Compiègne): fils de Charles le Chauve et Ermentrude d'Orléans. Fut fiancé en 856 à une fille d'Erispoë, duc de Bretagne. Délégué roi d'Aquitaine en 867, il succède à son père en 877 mais il meurt en 879. Sacré d'abord par Hincmar de Reims en décembre 877, puis, une deuxième fois, par le pape Jean VIII à Troyes en septembre 878, son trop court régne voit la puissance de l'aristocratie. Richilde, la veuve de Charles le Chauve, essaie de s'imposer mais les seigneurs francs refusent. Comme l'indique son surnom, Louis est bègue, ce qui nuit encore à son autorité. Il meurt alors qu'il partait en expédition contre les Vikings. Louis le Bègue est également à l'origine de l'indépendance de la Catalogne. A épousé Ansgarde de Bourgogne en 862 (lui donne Louis III de France et Carloman II et 3 autres enfants; leur mariage avait été secret et lorsque Charles le Chauve voulut marier Louis à Adélaïde de Frioul, il dut faire casser ce mariage) et Adélaïde de Frioul en 878 (ou Aélis, Adélaïde de France, Adélaïde d'Adalard, Adélaïde de Paris; descendante du roi Louis le Pieux ou d'une concubine de Charlemagne, en tout cas, sans doute, un cas de consanguinité pour son mariage avec Louis le Bègue et le pape refusera de la couronner en 878; fille du comte du palais, Adalhard, marquis de Frioul; elle lui donne Charles III le Simple; meurt en 901; est aussi la mère de Cunégonde, qui, par son mariage au comte palatin Wigerich de Bidgau, sera à l'origine de la dynastie médiévale des Luxembourg). A la mort de Louis, Ansgarde essaiera de faire annuler l'annulation de son mariage et veut faire accéder ses enfants à la couronne mais Adélaïde donne naissance à un héritier mâle
- Louis III (vers 863-882): fils de Louis le Bègue et d'Ansgarde. Son tuteur fut Théodoric de Vergy, conseiller de Charles le Chauve et chambellan de Louis le Bègue. Bien que sa légitimité et celle de son frère soit remise en question par la reine Adélaïde, Louis règne conjointement avec son frère, Carloman II à partir de 879.
Richilde, veuve de Charles le Chauve est présente, au niveau du pouvoir, pendant leur règne. Certains nobles auraient voulu voir Louis III régner seul. Au partage d'Amiens (mars 880), Louis prend la Francie de l'Ouest et la Neustrie et Carloman la Bourgogne de l'ouest, l'Aquitaine et la Septimanie. Le duc Boson se rend indépendant en Provence sans que, malgré leur alliance à Charles le Gros, les deux rois puissent reprendre le contrôle de la région. Pour pouvoir faire face aux Vikings, ils sont obligés de céder la Lotharingie de l'Ouest au fils de Louis le Germanique (traité de Ribemont, 880) et ils doivent également assurer leur pouvoir en Bourgogne où Boson, beau-frère de Charles le Chauve, essaie de s'imposer. Les deux rois s'imposent brillamment face aux Vikings (victoire de novembre 879; puis de Louis III seulement en août 881). Louis III meurt de façon peu héroïque, s'étant fracassé la tête sur un linteau alors qu'il poursuivait à cheval une jeune femme. Inhumé à St-Denis. Meurt sans enfants. Le royaume passe alors à Carloman II
- Carloman II (867-12/12/884 dans la forêt de Lyons, entre Rouen et Gournay-en-Bray): fils de de Louis le Bègue et d'Ansgarde, frère de Louis III. Eut également pour tuteur Théodoric de Vergy. Règne conjointement avec son frère à partir de 879. Au partage d'Amiens de 880, il prend la Bourgogne de l'ouest, l'Aquitaine et la Septimanie. Après la mort de Louis III (882), il règne seul. Il est confronté aux ruines des raids vikings et à des révoltes de nobles. Il meurt en 884, à 17 ans, d'un accident de chasse, blessé accidentellement par un de ses vassaux. Meurt sans enfants. Inhumé à St-Denis
- Charles III (Charles le Simple) (17/09/879-07/10/929 à Péronne): fils posthume de Louis II le Bègue et d'Adélaïde de Frioul, ce sont d'abord ses demi-frères Louis III et Carloman II qui prennent le pouvoir. Mourant sans enfants, c'est donc Charles qui doit leur succéder. Trop jeune cependant (il a 5 ans), les Grands du royaume, avec Hugues l'Abbé (un Welf, intérimaire dans la maison des Robertiens, les ancêtres des Capétiens; neveu de l'impératrice Judith, réellement un clerc; favorable au roi légitime et à la dynastie carolingienne depuis les règnes précédents, il favorisera ensuite l'influence de Charles le Gros de Germanie; bien que chargé de reprendre les terres des Robertiens, il protégera cependant Eudes et Robert, fils de Robert le Fort) confient la régence à l'empereur Charles III le Gros, de Germanie puis, après la déposition de celui-ci en 887, ils élisent le comte de Paris, Eudes Ier (la maison est de retour aux Robertiens et Eudes tient sa renommée de ses luttes contre les Normands) roi de France, ne laissant à Charles que des territoires entre Seine et Rhin. Charles, cependant, avec le soutien de Foulques le Vénérable, archevêque de Reims, est sacré en janvier 893 et, après avoir partagé, soutenu par quelques nobles, le trône avec Eudes, il reste seul roi à la mort de celui-ci en janvier 898 (Eudes a subi la pression d'Arnulf de Carinthie, roi de Francie orientale pour reconnaître le roi légitime). Face aux Normands, Charles le Simple est le souverain responsable du célèbre traité de St-Clair-sur-Epte qui abandonne la Normandie à Rollon, contre promesse de se faire baptiser. Cette installation des Vikings en Normandie met fin aux raids. Ste Walburga, soeur de Willibald, abbesse d'Heidesheim au VIIIème siècle, obtint la faveur de Charles le Simple et quasi devint une sainte protectrice du royaume. Le règne est surtout marqué par le développement des grands féodaux, qui édifient des donjons: Gislebert de Lotharingie, Raoul de Bourgogne, Robert de France (autre fils de Robert le Fort, "duc des Francs"; reconnaîtra Charles dans un premier temps; il est le grand-père d'Hugues Capet). Richilde semble encore jouer un rôle mais les Grands l'obligent à se retirer en Provence, où elle meurt en 910. Ces Grands se révoltent en 922, du fait de la tyrannie de Haganon, favori de Charles, menés par Robert. Charles est déchu de la monarchie et Robert élu roi le 29 juin 922 (il est même sacré par Gautier, archevêque de Sens). De nouveau battu par leurs armées en juin 923 après que Robert ait été tué lors de la bataille et que son fils Hugues le Grand (ou Hugues l'Abbé; eut pour première épouse la soeur de la reine Edwige de Wessex) ait pris sa succession, les Grands, cette fois, élisent Raoul de Bourgogne et le roi est finalement retenu prisonnier pendant 6 ans, au terme desquels il meurt, le 9 octobre 929. A épousé en 907 Frédérune (ou Frérone, veuve de Henri Ier de Germanie; ne lui donne que des filles et est délaissée; meurt en 917) puis Edwige de Wessex en février 919 (fille d'Edouard l'Ancien, roi de Wessex et d'Angleterre; mère de Louis IV; s'enfuit chez son père lors de la captivité du roi, avec l'héritier -qui en héritera le surnom d'"Outremer", et finira par épouser le fils de son geôlier; elle sera rentrée en France en 936 pour faire couronner son fils). Le surnom "Simple" de Charles signifie "honnête"
- (sur les Robertiens): les Robertiens jouent, par rapport aux derniers Carolingiens, le rôle que les Carolingiens avaient eux-même joué par rapport aux derniers Mérovingiens. Ils sont peut-être les descendants d'un Neustrien de vers 630, maire du palais de Neustrie, ils sont, sur une généalogie moins lointaine, plus ou moins lointainement dans une grande mouvance d'alliances familiales des Carolingiens. Leur origine, alors, est le comté de Hesbaye, vers Tongres, dans l'actuelle Belgique. Les Robertiens comptent parmi leur famille Saint Rupert (v. 660-710), évangélisateur de la Bavière, de la Carinthie et de l'Autriche. Robert le Fort, la première personnalité réellement marquante de la lignée est le neveu d'une fille de Louis le Pieux. Lui et ses frères, lors des disputes entre les fils de Louis Ier le Pieux, prirent parti pour Charles le Chauve et furent largement possessionés en Francie occidentale. Après une forme de disgrâce, à partir de 866, qui voit Hugues l'Abbé, un Welf (de la puissante famille de l'impétratice Judith), prendre en charge les territoires de la lignée, les fils de Robert le Fort, Eudes et Robert, cependant protégés de ce dernier, reprennent la tête de leur maison et leur valeur face aux Vikings ainsi que la tendance des Grands à la révolte, les mène vers le pouvoir. Hugues le Grand, fils de Robert, renforce son influence sur la famille carolingienne. Il est le père d'Hugues Capet, qu'il a avec Edwige, soeur de Henri Ier l'Oiseleur de Germanie. L'influence de Hugues Capet grandit alors à l'ombre des Ottoniens d'Allemagne, qui, depuis le milieu du siècle, ont restauré l'Empire en Allemagne et, en 987, il devient roi des Francs. C'est sans doute sa faiblesse apparente, dans une Francie occidentale plongeant dans les désordres féodaux, qui valut à Hugues Capet d'être poussé vers le trône: il n'avait aucun pouvoir réel et ne représentait apparemment aucun danger ni pour les ambitions ottoniennes d'un nouveau grand empire chrétien, ni pour les féodaux français. La lecture d'histoires régionales -ainsi la Bourgogne- permet de nuancer cette volonté de pouvoir des Robertiens: il est possible que les Carolingiens eux-mêmes aient favorisé de telles familles puissantes. Il semble, à la lecture d'histoires régionales -ainsi celle de la Bourgogne- qu'il faille cependant nuancer l'opposition entre Carolingiens et Robertiens: les Carolingiens se sont appuyés sur leurs Grands pour maintenir l'unité de la Francie occidentale et les Robertiens, par exemple, sont restés fidèles aux souverains légitimes. Cela se voit encore lorsque les derniers Carolingiens tiennent, via des Robertions fidèles, à conserver la Bourgogne sous leur contrôle
- Louis IV (Louis d'Outremer) (921 à Laon-10/09/954): dans le cadre de la décomposition de la Francie occidentale, au sein de laquelle le pouvoir réel passe aux Grands, qui se rendent indépendants sur leurs territoires (les grands duchés ou comtés voire entités indépendantes: Aquitaine, Normandie, Flandre, Bourgogne), Louis IV revient d'Angleterre en 936, où sa mère l'avait emmené lors de la captivité de Charles le Simple (il y avait été élevé à la cour de son grand-père Edouard l'Ancien puis de son oncle, Athelstan, rois d'Angleterre et de Wessex). Lorsque le Robertien Raoul meurt, son successeur dans la lignée, Hugues l'Abbé laisse le roi légitime monter sur le trône, essentiellement dans la perspective de ses propres luttes pour le pouvoir au sein des Robertiens mais également de la volonté des Grands du royaume. Louis d'Outremer est sacré roi le 19 juin 936 par Artaud, archevêque de Reims, dans l'église abbatiale de Laon, qui est devenu la place forte des Carolingiens, centre de leurs domaines réels. Le jeune roi va cependant chercher à s'émanciper de Hugues, soutenu par une partie des Grands. Mais Louis IV est battu par les armes en 940 puis capturé par les Normands en 945. L'empereur de Germanie intervient cependant en son faveur. Il meurt en 954, victime d'une chute de cheval. Il est enterré à St-Rémi de Reims, près du tombeau de St Rémi. Il épouse, malgré un conflit avec l'Allemand Otton le Grand, en 939, Gerberge de Germanie, fille d'Henri Ier l'Oiseleur et soeur d'Otton, qui lui donne 7 enfants, dont Lothaire, son successeur et Charles de Basse-Lorraine, dernier prétendant au trône carolingien (elle avait épousé en premières noces Gislebert, duc de Lotharingie; elle sera régente du royaume pendant la captivité du roi puis de nouveau pendant la minorité de Lothaire; meurt en 969 ou 984; elle était très cultivée et très intelligente; elle est la soeur de l'empereur Otton Ier; de forte personnalité, elle intervint réellement dans la vie politique du temps)
- Lothaire (vers 941 à Laon-02/03/986 à Laon): il succède à son père Louis d'Outremer en 954, étant sacré le 12 novembre 954 à l'abbaye St-Rémi de Reims par l'archevêque Artaud. Un projet de partage du pouvoir avec son frère Charles n'aboutit pas et celui-ci est doté du duché de Basse-Lorraine par leur cousin l'empereur Otton II mais Charles restera toujours le prétendant des Ottoniens au trône de France et ils ne manqueront pas une occasion d'essayer de l'installer sur le trône. Gerberge, sa mère, est régente pour lui. Hugues le Grand est toujours présent et, en échange de sa non-opposition à l'accession de Lothaire au pouvoir, il obtient l'Aquitaine; Hugues est officiellement gardien des domaines du roi. Lorsque Hugues mourra, vers 955, Lothaire interviendra dans la succession, confirmant Hugues Capet à Paris et dans le titre de duc mais donnant la Bourgogne à son frère cadet. Lothaire lui-même, alors seulement âgé de 15 ans, passe sous la tutelle de son oncle Bruno, archevêque de Cologne. Lothaire lutte contre le duc de Normandie puis tente de reconstituer une Lotharingie, à la mort du duc de Flandres, son co-tuteur, en 962 qui deviendrait la base territoriale d'une reconquête contre les Grands mais Adalbéron, nouvel archevêque de Reims, s'y oppose, soucieux d'ordre dans le royaume franc. Le roi n'en mène pas moins une campagne rapide qui lui fait prendre Aix-la-Chapelle, donnant l'épisode célèbre de retourner la direction de l'aigle qui se trouvait au sommet du palais. Lothaire finira par devenir, à la mort d'Otton II, régent pour Otton III en 983. Ce conflit éloigne l'archevêque de la cause carolingienne et il rejoint Hugues Capet, successeur de Hugues le Grand, lequel, après avoir soutenu le roi contre les Ottoniens, finit par se rallier à Otton III. Adalbéron de Reims est un clerc nommé par Otton I dans le cadre d'une politique qui consiste à utiliser son droit de nommer le clergé (en tant qu'empereur, il est le "défenseur de l'Eglise" et de Rome) sur les territoires carolingiens (les clercs nommés en France ne sont pas favorables aux Carolingiens de France). Le roi meurt alors qu'il s'apprêtait à mener une campagne contre Liège et Cambrai. La fin du règne, cependant, tendait à voir la paix s'installer entre Otton II, le roi et Charles de Lorraine. C'est sous Lothaire que se rompent définitivement tout lien entre le royaume et la marche d'Espagne. Lothaire a eu une concubine qui aurait été la soeur du maire du palais de Charles de Lorraine et il en eut deux enfants illégitimes puis Gerberge, pour approfondir l'alliance avec les Germains, lui fait épouser Emma d'Italie (ou Emme; fille de Lothaire d'Arles, de la maison de Bourgogne et roi d'Italie; sa mère, après la mort de son père, épouse en secondes noces Otton le Grand, donc devient impératrice et est la mère d'Otton II; en a deux enfants, dont Louis V, dernier carolingien officiel; elle aurait fait empoisonner Lothaire et en est chassée, avec Adalbéron de Laon, par son fils devenu roi; elle avait été accusé d'adultère avec Adalbéron, évêque de Laon mais en avait été disculpée par Adalbéron de Reims; elle épousera un descendant d'Otton Ier)
- Louis V (Louis le Fainéant) (vers 967-22/05/987): fils de Lothaire, il ne règne qu'un an. Lors des insinuations la concernant, la reine Emma, de peur que Charles de Lorraine ne revendique le pouvoir, avait demandé à Lothaire d'associer Louis au trône en 979 à Compiègne (il avait été sacré par Adalbéron de Laon) et l'avait marié vers 980 à Adélaïde d'Anjou pour assurer sa descendance. Les deux époux avaient été proclamés "monarques d'Aquitaine". Dès qu'il prend le pouvoir Louis V accuse sa mère Emma et Adalbéron de Laon d'avoir empoisonné le roi et les chasse de la Cour. Le roi convoque ensuite une assemblée des Francs à Compiègne pour faire juger Adalbéron de Reims -avec lequel il s''était cependant reconcilié- qui avait soutenu Otton II dans sa querelle avec Lothaire. Mais, la veille de l'assemblée, Louis V meurt d'une chute de cheval lors d'une partie de chasse. Il pourrait aussi avoir été empoisonné par sa mère. Louis V n'a pas d'héritier et, immédiatement, s'engage la lutte pour la succession: Charles de Lorraine prend Laon et se fait proclamer roi mais les Grands, réunis à Senlis, en juillet 987, élisent Hugues Capet roi des Francs. Gerbert d'Aurillac est aux côtés d'Adalbéron comme soutien d'Hugues en tant que partisans de l'empire ottonien comme moyen de reconstituer un empire chrétien en Occident. La faiblesse d'Hugues Capet ne saurait s'opposer à ce mouvement, contrairement à Lothaire qui entendait s'émanciper de la tutelle allemande. Contre Charles a sans doute joué le fait qu'il avait toujours été l'instrument des Ottoniens dans le royaume. Charles de Lorraine sera finalement trahi par Ascelin, évêque de Laon, et livré à Hugues Capet; il meurt en 991 et son fils, Otton, qui lui succède comme duc de Basse-Lorraine n'aura pas d'héritier; Otton restera un dignitaire des Ottoniens. Louis V avait épousé Adélaïde d'Anjou (ou Blanche; fille de Foulque II le Bon, comte d'Anjou; deux fois veuve, elle a 20 ans de plus que le roi; l'épouse en 982; cette différence d'âge et les débauches du roi amènent au divorce en 984; mourra en 1026; est la mère, en quatrièmes noces, de Constance d'Arles, qui, épousant Robert le Pieux, sera reine de France; elle est inhumée à l'abbaye de Montmajour
Carolingiens de Lotharingie (843-863)
- Lothaire Ier (795-29/09/855 à Prüm): fils de Louis le Pieux et Ermengarde. D'abord doté de la Bavière par son père, il est associé à l'Empire en 817 par l'Ordinatio Imperii, qui en fait le seul réel héritier. Reconnu co-roi des Francs, roi des Lombards (820), il est sacré co-empereur par le pape Pascal Ier. Lothaire prend part aux disputes concernant la part à accorder à Charles le Chauve, fils du deuxième mariage de Louis le Pieux. En 840, à la mort de l'empereur, Louis le Germanique et Charles le Chauve refusent de le reconnaître comme empereur. La bataille de Fontenay, les serments de Strasbourg mènent au traité de Verdun en 843 par lequel les deux frères imposent comme seuls territoires à Lothaire une longue bande de terrains de la mer du Nord à l'Italie mais lui conservent le titre impérial. Sous le règne de Lothaire, les raids sarrasins se firent plus dangereux contre l'Italie et la Provence, Rome même étant menacée. Lothaire, avant même de mourir, abdiquera (855) prenant soin (traité de Prüm) de partager sa part: Louis II le Jeune reçoit le titre impérial et l'Italie, Charles la Provence (il aura Girard de Roussillon comme tuteur, qui expulsera les Normands du delta du Rhône; on peut le considérer comme un Carolingien, roi de ce royaume de Provence) et Lothaire II le Nord, de la Suisse à la Frise. Epouse Ermengarde en 821 (Irmingarde, fille du comte de Tours et de Haute-Alsace; en a 9 enfants. Très pieuse. Raban Maur composa l'épitaphe de sa tombe; meurt en 851)
- Louis II (Louis II le Jeune) (825-12/08/875): fils de Lothaire. Roi d'Italie en 844, co-empereur en 850. Il partage le duché lombard de Bénévent. A la mort de Lothaire, mécontent de ne recevoir que l'Italie, il s'allier à Louis le Germanique contre son frère Lothaire II, soutenu par Charles le Chauve puis il se réconcilie avec son frère. Reprend les territoires de son frère Charles après la mort de celui-ci (Provence, Bourgogne) mais il se heurte au pape car il soutient Lothaire II dans l'affaire de son divorce en 864. Il ne pourra succéder aux territoires de Lothaire à la mort de son autre frère Lothaire II en 869, malgré le soutien du pape Adrien II (alors qu'il est occupé à combattre les Arabes dans le Bénévent, ses oncles Louis le Germanique et Charles le Chauve se partagent ces territoires par le traité de Mersen). Mourant sans héritier mâle, la couronne impériale et ses territoires passent à Charles le Chauve. Enterré à l'église St-Ambroise de Milan. N'ayant pas d'enfant, il a désigné son cousin Carloman, fils de Louis le Germanique, son successeur en Italie; à sa mort, la noblesse élit, en fait, Charles le Chauve. Epouse Engelberge d'Alsace en 851 (d'une grande famille d'Italie; meurt en 875)
- Lothaire II (825-08/09/869): fils de Lothaire; reçoit la Lotharingie -la Lorraine- proprement dit. Bien que Charles, un de ses frères, lui ait promis ses possessions, l'essentiel de celles-ci, en 863, passe à leur autre frère, Louis II le Jeune. Sa première épouse, Theutberge, ne lui ayant pas donné d'enfants, il la répudie avec l'aide de quelques évêques, se fâche avec le pape (Theutberge s'est réfugiée près de Charles le Chauve), lequel excommunie la femme qu'il a épousée, Waldrade et ses enfants réputés bâtards. Ces débats occupent l'essentiel de son action, ses oncles Louis le Germanique et Charles le Chauve y participant, ainsi que son frère Louis II le Jeune. Il doit reprendre sa première femme mais c'est celle-ci qui entend alors divorcer. Teutberge était de la puissante famille des Bosonides
Carolingiens de Francie Orientale (843-911) et souverains allemands (911-1002)
Le titre impérial ne fut plus qu'épisodiquement porté par des rois de Germanie (Arnoul, 896-899) ou d'Italie (Bérenger Ier, 915-924) et le dernier Carolingien à avoir régné sur la Germanie sera Louis IV l’Enfant (mort en 911). Le dernier empereur carolingien avait été Charles le Gros, à la fin du IXème siècle alors que les duchés germains s'élevaient: la Franconie, la Saxe, la Lorraine, la Souabe et la Bavière, lesquelles devinrent ainsi de nouveau indépendantes des Francs. Conrad Ier, duc de Franconie, fut élu roi des Germains en 911, ce qui marque la fin de l'Empire carolingien à l'Est et la volonté des ducs ethniques de ne plus être gouverné par un souverain étranger. Le nouveau roi allait, pendant un temps, réussir à remettre les duchés de Germanie sous son contrôle. Vers 899, plus aucun Carolingien de la ligne originelle ne revendiqua l'Empire. Les identités ethniques et le refus de la centralisation l'avaient emporté sur l'ancienne volonté de Charlemagne de faire de l'Empire restauré un empire unifié. Henri Ier l'Oiseleur, un Saxon, surgit en Francie orientale et s'efforça de reprendre l'Etat et de lutter contre les Hongrois et les Danois. Il re-fonda l'Etat carolingien, donnant des terres d'Eglise à ses fidèles et recréant la Cour et la symbiose du politique, administratif et religieux (qui allait donner sous son successeur Otton Ier le système de la "Reichskirche", qui associait l'Eglise à l'administration impériale), l'augmentant du Drang nach Osten (mouvement de la culture germanique à l'encontre des Slaves) avec ses paysans-soldats et ses villes nouvelles aux confins slaves. En 919, il est reconnu roi des Teutons par la Diète de Fritzlar alors que son fils Otton Ier, en 936, se fait élire à Aix par les Grands des cinq ethnies de Germanie (Lorrains, Saxons, Franconiens, Souabes, Bavarois) et des "deux peuples" (Francs, Saxons) avec le soutien des archevêques de Mayence et de Cologne. Mais, surtout, la légimité de cette dynastie saxonne vient avec la victoire sur les envahisseurs hongrois au Lechfeld (955) et, en 962, du fait qu'il obtient la couronne impériale du pape Jean XII (955-964), la papauté, bien qu'elle soit au plus profond de son déclin, voyant dans les Ottons la restauration de l'Empire carolingien et le seul moyen de mettre un terme aux désordres en Italie donc aux menaces contre l'indépendance pontificale. La Germanie se relève vite des troubles du tournant du siècle. Les Ottoniens, cependant, rencontrent vite la puissance de Byzance qui est dans une phase d'essor et Otton II épousera une princesse grecque pour pacifier les relations. Cette rencontre renouvelée entre un empire d'Occident et Byzance va finalement donner l'utopie néfaste et syncrétiste d'Otton III (980-1002) qui, avec Gerbert, qui va devenir le pape Sylvestere II, rêve d'un nouvel Empire chrétien, cosmopolite, étendu à l'Orient, d'inspiration orientale, avec un empereur co-pape et le pape une sorte de patriarche de Constantinople. Les prétentions universelles du nouvel empire sont affirmés par les portraits impériaux: sous Otton II, les provinces de l'Empire des Ottons sont la Germanie, la France, l'Italie et l'Alémanie et, sous Otton III, la Sclavonie, la Germanie, la Gaule et Rome et les rêves d'Otton III se manifesteront dans l'iconographie qui entend renouer avec les apothéoses romaines. L'élévation des Ottoniens en Germanie est contemporaine du développement des Robertiens en Francie occidentale et les Ottoniens, d'une certaine façon tendent à y soutenir la légitimité des derniers Carolingiens. L' échec des rêves d'Otton III faisait, finalement, d'une Rome en renaissance, celle qui décidait de l'Empire. C'est sous Henri II (1002-1024) que l'Empire et la Reichskirche atteignent leur apogée lequel devait se terminer vers 1050 avec l'extinction de la dynastie ottonienne et les débuts des revendications théocratiques de la réforme grégorienne, le pape redéfinissant ses rapports avec l'Empire sur la base des efforts de Cluny en Allemagne. Sur le plan strict du pouvoir en Germanie, l'élection de Fritzlar y avait, finalement, instauré l'idée d'Etat, opposée à la conception patrimoniale de celui-ci, même si cet Etat, qui allait devenir le Saint-Empire romain de nation germanique, était surtout, bien que signe de l'unité fondamentale des peuples de Francie orientale, un équilibre entre pouvoir des Grands et pouvoir du roi. Le projet ottonien devait ses faiblesses au fait qu'il était surtout un projet idéologique, politique voire religieux contesté. La contestation vint de Cluny qui mène au refus de l'Eglise d'accepter la tutelle du pouvoir temporel. Les Ottons étaient interpénétration du temporel et du spirituel et les peuples de l'Empire, cependant, eurent longtemps la nostalgie de cette grandeur
Le pape avait transféré l'Empire carolingien, en 962, aux Ottoniens, qui constituèrent le "Second Empire allemand" qui allait durer jusqu'en 1806. Il devint très vite la partie la plus prospère et la plus puissante politiquement d'Europe. Ce nouvel empire commença d'avancer vers l'Est, initiant un long processus de colonisation des terres slaves. Mais, à la différence de la France ou de l'Angleterre, le Saint Empire de Nation Germanique ne réussit jamais vraiment à instituer un pouvoir central sur sa multitude d'entités; aucun des empereurs ne fut suffisamment puissant pour contrôler l'empire pendant une période prolongée à l'encontre du particularisme allemand et le Saint Empire demeura non-héréditaire mais il resta électif; de plus l'Empire s'impliquait en Italie. Le particularisme allemand résultait vraisemblablement des anciens duchés territoriaux lesquels renvoyaient eux-mêmes aux anciens groupes tribaux germaniques
- Louis II (Louis le Germanique) (vers 806-28/08/876): fils de Louis le Pieux et Ermengarde, il reçut la Bavière lors du premier partage prévu de l'empire, en 817 ("Ordinatio Imperii"). Passa son enfance à la cour de Charlemagne dont il aurait gagné le coeur. Ne commença réellement à gouverner la Bavière qu'en 825, lorsqu'il dut combattre les Wendes et les Sorbes sur les frontières. Som mariage avec Emma de Bavière (soeur de l'impératrice Judith), en 826, accroît ses terres en Allemagne du Sud. Comme ses frères, il s'implique dans les luttes déclenchées par les modifications apportées aux projets de partage de l'Empire du fait de la naissance d'un demi-frère, fils de l'impératrice Judith. Il s'engage surtout dans le second conflit, en 832, car il se voit promettre l'Alémanie en cas de victoire par ses frères Lothaire et Pépin. Il fait la paix avec son père en 836. Mais il est l'instigateur du dernier conflit, en 839 lorsqu'il envahit de nouveau l'Alémanie mais il est vaincu. A la mort de Louis le Pieux, en 840, lorsque Lothaire revendique tout l'empire, Louis le Germanique s'allie à Charles le Chauve, le fils de Judith et il vainc Lothaire et Pépin II à Fontenay en 841. Une négociation menée sur une île de la Saône se transforme en le traité de Verdun de 843 et Louis obtient toute la "Francie orientale". Il installe sa cour à Ratisbonne, écrase une révolte en Saxe (842), soumet les Obodrites et mène des campagnes contre les Bohémiens, les Moraves et autres tribus slaves mais il a relativement peu de succès contre les raids vikings qui commencent d'apparaître sur ses côtes. A partir de vers 852, se fondant sur l'Aquitaine et son fils Louis, Louis commence de s'intéresser au trône de Francie occidentale, qui lui est offert par le peuple et les nobles qui sont dégoûtés du règne cruel de Charles le Chauve. Louis, en 858, envahit finalement la Francie mais des trahisons et des désertions et la fidélité des évêques d'Aquitaine à Charles met un terme à la campagne (juin 860). A la mort de Lothaire, en 855, Louis se rapproche de Charles pour spolier ses neveux de la Lotharingie mais Charles profite de la maladie de Louis, en 869 et du fait que les armées de celui-ci sont engagées en Moravie pour saisir la région à lui tout seul. Louis, cependant, sous menace d'un conflit, réussit à lui imposer le traité de Mersen de 870 qui réalise le partage. A partir de 861, ce sont les enfants de Louis le Germanique qui, à leur tour, se révoltent et cela mène à une forme de partition des possessions de Germanie: Carloman obtient la Bavière en 864 et en 865 le reste des possessions de Louis est divisé entre Louis le Jeune (Saxe, Franconie, Thuringe), Charles le Gros (Souabe, Rhétie). La guerre se préparait de nouveau lorsque Louis mourut, en 876. Il est enterré à l'abbaye de Lorsch. Louis le Germanique respecta une solide alliance avec l'Eglise et il travailla ardemment à la conversion des païens de ses frontières. Louis épousa en 826 Emma de Bavière, soeur de sa belle-mère Judith (fille du comte Welf Ier de Bavière; épouse Louis à Ratisbonne; décrite comme ayant de grandes qualités, un grand courage et du talent; mena une armée contre un vassal révolté mais son orgueil déplaisait aux Italiens
- à la mort de Louis le Germanique, ses trois fils, Carloman, Louis III et Charles III respectent le partage de 865 et règnent en bonne entente. Carloman (828-29/09/880) règne sur la Bavière (lors de rumeurs de mort de son cousin Louis II de Lotharingie, Louis le Germanique voulut lui obtenir la couronne impériale). Après la mort de Charles le Chauve, en Francie occidentale, il hérite du royaume d'Italie et essaie de nouveau d'obtenir la couronne impériale mais, frappé d'une attaque en 879, il divisa ses territoires entre ses frères (la Bavière à Louis, l'Italie à Charles). Carloman n'eut pas d'épouse légitime mais une concubine, Litzwinde dont il eut Arnulf, auquel il accorda le duché de Carinthie et qui finirait par devenir empereur. Louis III (835-20/01/882), qui avait reçu la Saxe et se considérait comme le véritable héritier de son père, hérite la Bavière de Carloman en 880. En 876, Louis, à Andernach, a défait Charles le Chauve qui menaçait ses frontières ouest. La Lotharingie sera finalement partagée en lui et Charles le Gros en 878 Il meurt en 882, tous les territoires repassant à Charles le Gros. Rompant le traité de Fouron qu'il avait conclu en 878 avec Louis le Bègue, il avait envahi la Francie occidentale à la mort de ce dernier mais il ne marcha pas plus dès lors que les héritiers de Louis, Louis III et Carloman, lui cédèrent leurs parts de la Lotharingie. Le traité de Ribemont (880), signé près de St-Quentin, marqua ainsi la délimitation quasi-définitive entre Francies occidentale et orientale. Louis eut une attitude conciliante vis-à-vis des Grands de Germanie et il règne surtout depuis la Rhénanie et il laissa la Bavière au pouvoir réel d'Arnulf. Louis vit la Germanie commencer d'être sérieusement confrontée aux Vikings (Charleroi, Nimègues, Hambourg) et il meurt lors de l'une campagne contre eux aux Pays-Bas, où une partie de la grande bande de Vikings vaincue par Alfred le Grand en 878 s'était installée. Ne laissant aucun héritier, ses territoires, en 882, passèrent à Charles le Gros. Louis III avait épousé Liutgarde de Saxe (vers 845-17/11/885; lui donne deux enfants dont un fils, Louis, mort en 879, d'une chute depuis la fenêtre d'un palais; elle épousa ensuite, après la mort du roi, le duc de Souabe; elle eut une forte influence politique sur Louis III, encourageant, ainsi, ses révoltes contre son père; Liutgarde était de la puissante famille saxonne des Liudolfides, qui fut apparentée aux Ottoniens). Louis eut également un fils illégitime. Sous les règnes des trois fils de Louis le Germanique, l'attention tourne à l'Italie et la Provence ainsi que vers la Francie occidentale pendant que la Germanie pourrait tendre à être partagée. Le titre impérial est toujours recherché
- Charles III le Gros (13/06/839-13/01/888 à Neudingen): troisième des enfants de Louis le Germanique, il est, dès la mort de son père en 876, proclamé le seul roi de Francie orientale, reçoit la Souabe et la Rhétie, et il est couronné empereur le 12 février 881 par le pape Jean VIII qu'il a aidé à se défendre contre le duc de Spolète. Il gouverne en bon entente avec ses deux frères, Carloman et Louis et, en 882, à la mort de Louis, il recueille les territoires de celui-ci et ceux qu'il avait lui-même recueilli de Carloman, réunifiant ainsi les possessions de leur père. Cette restauration de l'Empire suscite de grands espoirs. Charles fait construire un palais impérial à Sélestat sur le modèle d'Aix-la-Chapelle et il s'efforce d'imiter son aïeul Charlemagne. L'empereur, en 883, vient encore au secours du pape contre les Spolétains. Des désordres ont lieu dans l'Ostmark, menés par Arnulf de Carinthie (la Grande Moravie et les Slaves soutiennent Charles le Gros et deviennent vassaux de celui-ci). De plus, les Grands de Francie occidentale lui confient la régence de Charles III le Simple en 885 ce qui reconstitue l'Empire de Charlemagne, sauf la Provence et la Bourgogne transjurane mais le pouvoir de Charles le Gros à l'Ouest est purement nominal et l'appel à lui vient peut-être des Grands de Francie occidentale qui entendent, ainsi, légitimer leur pouvoir. En 885, n'ayant toujours pas d'enfants de son mariage avec Richarde de Souabe, l'empereur entre en conflit avec son clergé (et il est soutenu par le pape qui meurt en venant à son secours) au sujet de sa volonté de faire de l'un de ses bâtards son successeur et de l'installer en Lotharingie mais ce dernier perd la faveur de l'empereur et Charles finit par adopter Louis de Provence en 887, ce qui a la faveur du nouveau pape (il est possible de Charles ait cependant entendu installer son bâtard en Lotharingie). Toutes ces tractations ont cependant lieu dans le cadre du mécontentement des Grands du fait de l'attitude de Charles lors du siège de Paris par les Vikings en 887. Face aux Vikings Charles le Gros a toujours préfèré traiter, convertir et marier, ce qui amène le mécontentement des Grands dans le cas de Paris. Il est possible que les attitudes de Charles par rapport aux Vikings aient été aussi justifiées que de véritables combats mais que les Grands aient joué de l'ambiguité pour pousser leurs pions, de plus, dans le cadre de la question de la succession de Charles. Il est possible qu'alors, Charles ait voulu faire de Louis de Provence (fils d'Ermengarde, fille de l'empereur Louis II de Lotharingie et de Boson de Provence) comme son héritier (et du titre impérial également). Il convoque pour cela une assemblée à Francfort, mais Arnulf de Carinthie, de nouveau rebellé, marche dans l'Est de la Germanie, ce qui amène la défection de la plupart des Grands et la déposition de l'empereur le 17 novembre 887, confirmée par la Diète de Tribur, près de Mayence le 11 décembre. Charles avait confié son bâtard Bernard et Louis de Provence à Arnulf. Retiré sur un domaine, Charles mourut peu de temps après. Il est inhumé à Reichenau. Arnulf devient roi de Francie orientale et, en Francie occidentale, ces désordres permettent l'ascension des Robertiens. Une partie de la faiblesse de Charles est peut-être due à sa mauvaise santé et il était peut-être épileptique. Il avait été victime d'une crise de possession démoniaque dans son enfance. Il avait eu deux enfants de concubines et il avait épousé Richarde de Souabe (vers 840-entre 894 et 896; renommée pour sa sainteté; canonisée; d'une famille d'Alémanie; accusée d'adultère en 887 par l'empereur, elle se purgea par ordalie de l'accusation mais elle quitta la cour)
- Arnulf de Carinthie (vers 850-899): fils illégitime de Carloman (de Bavière) et d'une concubine Litzwinde, d'origine carinthienne et fille de comte, son père lui accorde d'abord le titre de duc de Carinthie (actuelle Autriche du Sud) et il est élevé à Blatograd, un palais de Carloman, et les Carinthiens, des Slaves, le considèrent comme leur duc. En 882, il participe à la révolte du margrave de Pannonie contre le titulaire officiel et cela le coupe définitivement de son oncle, Charles le Gros et continue de l'opposer un temps au roi de Grande Moravie. Il est le principal responsable de la déposition de Charles le Gros en 887 et il est élu roi de Francie orientale par les Grands de Germanie. La déposition de Charles le Gros, malgré les prétentions d'Arnulf à la totalité du pouvoir, marque le déclin de l'héritage carolingien à l'Est: les parties de la Francie orientale retournent à des chefs locaux. Un duc de Spolète, qui recherche l'Italie face à Bernard, participe même aux débats de succession, y compris en Francie occidentale où il tente de s'opposer au choix du Robertien Eudes. Louis de Provence s'installe en Provence -avec la bénédiction d'Arnulf. En Haute-Bourgogne, le duc Rodolphe est élu roi. Eudes, en Francie occidentale, reconnaît Arnulf mais Ranaulf II se proclame roi d'Aquitaine et tuteur du jeune Charles le Simple. Arnulf, cependant, à la bataille de Louvain de septembre 891, met un terme définitif aux invasions vikings en Francie orientale. Sans doute par vengeance, il se tourne ensuite contre la Grande Moravie, à partir de 893, jusqu'en 899, réussissant à dissocier la Bohême. Les Spolétains ayant confisqué le titre impérial, depuis l'Italie, le pape Formose, en 893, appelle Arnulf à libérer l'Italie. S'ensuivent des expéditions, la mort de Guy de Spolète, le refus du pape de couronner son fils, l'emprisonnement du pape. Arnulf prend finalement Rome le 21 février 896 et libère le pape, qui le couronne empereur le lendemain. Le pouvoir d'Arnulf en Italie est cependant purement nominal et Arnulf, alors qu'il marche sur Spolète, est victime d'une attaque (peut-être, en fait, un empoisonnement par les Spolétains) et le pape Formose meurt. Arnulf rentre en Germanie et il meurt en 899. Il eut un fils illégitime, Zwentibold (qu'il avait fait roi de Lotharingie en 895) et il avait épousé Oda en 888 (Ota, Uta; morte entre 899 et 903; mère de Louis l'Enfant; peut-être une Conradienne, épousée pour l'appui potentiel de sa famille possessionée en Bavière et Lorraine; est accusée d'adultère en 899, s'en libère par serment de 72 nobles mais l'affaire cause sans doute la mort d'Arnulf)
- Louis IV de Germanie (Louis l'Enfant) (893 à Altöting, en Bavière-20 ou 24/09/911): fils légitime d'Arnulf de Carinthie, il devient roi en février 900 à l'âge de 6 ans et le pouvoir passe aux nobles et aux évêques. La déposition de Zwentibold, un bâtard d'Arnulf qui règnait en Lotharingie, réunit ce territoire à la Francie de l'Est (Zwentibold, bâtard d'Arnufl est possessionné de la Lotharingie sur laquelle, entre 895 et 900 il mène un règne populiste; il essaiera de devenir roi de Francie occidentale en luttant contre le Robertien Eudes et Charles le Simple). Son règne voit le début des invasions hongroises, l'armée de Louis subissant la bataille du Lechfeld, en 910, près d'Augsbourg. Louis IV n'eut pas de descendance et il meurt dès 911. Il est probable qu'il n'a été élu que du fait de sa faiblesse. Il a été le dernier Carolingien, par Arnulf, en Francie orientale. Il était d'une santé fragile. Il est enterré à l'abbaye St-Emmeram de Ratisbonne. Arnulf avait accentué les oppositions entre familles de Germanie et les conseillers de Louis l'Enfant continuent cette politique en favorisant leur propre camp
- Conrad Ier de Germanie (vers 890-23/12/918 à Weilburg): petit-fils par une fille de celui-ci, d'Arnulf et donc neveu de Louis l'Enfant, de la famille franconienne des Conradins, des vassaux d'Arnulf de Carinthie, il est élu par les Grands de Francie orientale à la mort de Louis l'Enfant en 911, essentiellement pour s'opposer à Charles le Simple (les Grands de Lotharingie choisissent ce dernier). Ce choix, cependant, marque le rejet d'un Carolingien occidental. Les divers partis pris des Grands de Germanie au cours de la période Arnulf, amène un déclin accéléré de l'unité de Francie orientale: la Lotharingie passe à Charles le Simple et les grands duchés de Germanie se rendent indépendants (Bavière, Saxe, Souabe). Conrad tente de s'appuyer sur l'Eglise pour empêcher ces tendances mais sans succès. Sans vraie raison apparente, il désigne, mourant, en 918, Henri, duc de Saxe, un des opposants, comme successeur. Les Hongrois continuent de menacer la Francie orientale sous son règne. Il épousa, en 913, Cunégonde de Souabe, précédemment mère d'Arnulf, duc de Bavière et soeur de l'un des ennemis des Franconiens (deux enfants; le fils mourut jeune)
- Henri Ier de Saxe (Henri Ier de Germanie, Henri Ier l'Oiseleur) (876 à Memleben-02/07/936 à Memleben). Duc de Saxe -son père était déjà largement indépendant dans son domaine et menait une politique indépendante envers les Slaves, sa soeur ayant épousé Zwentibold, bâtard d'Arnulf de Carinthie. Sa mère était une arrière-arrière-petite-fille de Charlemagne et, par son père, plus liée à Charles le Gros et la lignée carolingienne. Désigné comme son successeur par Conrad Ier, il est élu par le Reichstag de 919 à Fritzlar et il entend reprendre à son compte la tradition carolingienne. Il refusa cependant le sacre car il préférait être indépendant de l'Eglise, une sorte de souverain désigné par ses pairs. Il mène une politique tous azimuths qui, cependant, ne semble viser qu'à maintenir la monarchie dans sa maison. Il n'a en aucun cas une conception générale de l'Etat mais il considère la Francie orientale comme un assemblage de "duchés tribaux" dont son duché était un parmi d'autres. Il ne cherchera en aucun cas à installer des comtes dans les territoires des autres Grands, qu'il laissera gouverner leurs terres de façon autonome (Franconie, Souabe, Bavière) Il combat l'autonomie des autres ducs de Francie orientale, reprend et pacifie les territoires de la marche danoise au Nord, contient les Slaves sur l'Elbe, intervient en Bohême, rattache la Lotharingie; il réorganise l'armée (dont une cavalerie d'élite) et fortifie les châteaux du Sud de l'Allemagne pendant une trêve de 10 ans avec les Hongrois, puis il les vainc à la bataille de Riade, en 933. Il inaugure le "Drang nach Osten" -le mouvement de la culture germanique à l'encontre des Slaves. Cette politique aboutit finalement à unifier tout ce qui était "allemand" en un seul royaume et Henri acquiert une forte renommée car il est un grand combattant; il obtient des Grands qu'ils choisiront son fils Otton comme successeur. Il mourut d'une attaque cérébrale en 936, dans un de ses palais favoris, à Memleben. Il est considéré comme le fondateur du Saint Empire Romain Germanique. Son surnom d'oiseleur est dû à sa passion pour la chasse au faucon et que les messagers chargés de lui annoncer qu'il était roi l'avait trouvé en train de réparer ses filets à oiseaux. Il épousa en 906 Hatheburge de Alstadt, une Saxonne, dont il divorcera en 909 (un fils, Thankmar, sera tué en 938 dans une rébellion contre Otton Ier). En 909, il épouse Ste Mathilde de Ringelheim (890-968), une Saxonne westphalienne, peut-être descendante de Widukind, belle et vertueuse, qui lui donnera son successeur Otton. Elle faisait l'aumône et était pieuse. Elle fonda l'abbaye de Quedlinburg. Henri Ier est, par sa fille Hedwige de Saxe, le grand-père d'Hugues Capet, étant ainsi à l'origine des Capétiens
- Otton Ier (Otton le Grand) (23/11/912 à Wallhausen-07/05/973): fils de Henri Ier l'Oiseleur, il est, conformément à ce qu'ont promis les Grands, choisi comme le successeur de celui-ci à la diète d'Erfurt en 936. Il est couronné le 7 août à Aix-la-Chapelle et oint par le Primat de l'Eglise de Germanie. Il a 24 ans, vassalisant symboliquement les Grands (Franconie, Souabe, Bavière, Lorraine) comme assistants du sacre et déjà montrant qu'il entendait s'appuyer sur une Eglise obéissante. En 938, de plus, un gisement d'argent, découvert à Rammelsberg, en Saxe, lui assure des revenus fondamentaux. Des révoltes ont lieu jusque vers 955 et Otton reconquiert à sa parenté tous les grands duchés allemands. La reine Mathilde, la mère d'Otton participa aux révoltes et elle sera finalement écartée de la cour. Il vassalise l'Italie à la faveur des troubles de la succession, vers 950 et le tout mène à la victoire définitive contre les Hongrois à la bataille du Lechfeld le 10 août 955, près d'Augsbourg. Apparaissant alors comme le sauveur de la Chrétienté, Otton refonde la marche d'Ostmark et celle de Carinthie. Cette victoire lui donne un grand prestige tant pour revendiquer le titre impérial que pour intervenir en Europe (il intervient dans les conflits entre Carolingiens et Robertiens; obtient l'allégeance de rois de Bourgogne). Sur le plan intérieur, la Germanie reste une juxtaposition de duchés ethniques (Saxe, Franconie, Souabe, Bavière, Latins, Slaves) sans administration (pas de comtes) mais Otton Ier entend transformer les ducs en ses vassaux et utiliser l'Eglise comme structure de l'Empire (les évêques sont investis par l'empereur et ils doivent remplir des tâches temporelles; c'est la "Reichskirche", qui contrebalance les Grands et dont les prélats font partie de la famille de l'empereur et les "avocats" des grands domaines d'Eglise sont des baillis nommables et révocables par l'Empereur. L'Eglise, dans ce système, gagne des terres et des fonctions dans la haute administration. L'Eglise s'était effondrée en Francie de l'Est et vivait sous l'emprise des laïcs et des excès et la papauté était soumise aux conflits des familles romaines. Les margraves, titulaires des marches, administrent celles-ci et y font venir des colons de Germanie (Pays-Bas, Franconie, Thuringe) pour les développer. Comme Charlemagne, Otton Ier lance une renaissance culturelle (réformes monastiques, dont Cluny, Gorze; constructions d'églises (St-Maurice de Magdebourg), d'abbayes; art ottonien: patronage, influence carolingienne, de l'Antiquité tardive et de Byzance; nouvelle spiritualité; lettres (Brunon de Cologne, frère d'Otton; Widukind de Corvey; Waltharius d'un anonyme de St-Gall, ancêtre de la chanson de geste; enluminures dans les scriptoria, le plus connu étant celui de Quedlinburg; intervention dans les désordres romains et imposition du "Pontifical romano-germanique" (prières et rituels); traductions en allemand par Notker le Physicien ou Notker Labeo); l'empereur choisit Gerbert d'Aurillac comme précepteur d'Otton II). Des désordres en Italie l'amènent à intervenir et, en 961, le pape le proclame roi d'Italie et empereur (2 février 962); il avance jusqu'en Calabre et fait la paix avec l'empereur byzantin Jean Ier Tzimiskès en 971. Il rétablit des relations avec l'émirat de Cordoue. Et, pour consolider son accession au trône impérial, il entend amadouer l'empereur byzantin en demandant la main d'une princesse byzantine pour Otton II car Byzance, devant cet empire restauré en Germanie, n'entend pas le reconnaître (l'empereur acceptera en 972 et reconnaîtra la renaissance impériale à l'Ouest). Pour le pape, il s'agit de la restauration de l'Empire carolingien et le "Privilegium Ottonianum" reconnaît les territoires pontificaux (tout en obligeant tout nouveau pape à prêter serment à l'empereur et plaçant donc la papauté sous tutelle). Les relations avec Rome tournent très vite au conflit -le pape entendant secouer la tutelle, y compris au profit de Byzance- et étant remplacé par l'empereur. Otton Ier poursuivit le "Drang nach Osten" et établit des marches à l'Est de l'Elbe (marche des Billung, d'Oldenbourg, de Nordmark, marches des Sorbes) et il y fonde l'évêché de Magdebourg, avec des évêchés suffrageants à Meissen, Mersebourg et Zeitz dans le but de la conversion des peuples slaves. Mieszko Ier de Pologne lui rend hommage en 966 et la Bohême devient tributaire. Otton Ier, finalement, établit le principe selon lequel la monarchie de la dynastie saxonne est héréditaire et élective: Otton Ier fera élire son fils Otton II comme son successeur et le fera couronner à Aix en 967. Otton eut trois épouses. Une inconnue d'abord, puis Edith de Wessex (Eadgyth, en anglo-saxon, fille d'Edouard l'Ancien, roi d'Angleterre, demi-soeur du roi Athelstan qui étendit son emprise sur toute l'Angleterre et se servit de ses demi-soeurs pour consolider ses relations avec les autres souverains d'Europe; Edith et sa soeur cadette Adiva furent présentées à Otton, qui fit le choix d'Edith; épousée en 929, ; introduisit le culte de St Oswald en Allemagne; meurt en 946 à 36 ans; donna deux enfants à Otton). Puis Adélaïde de Bourgogne (épousée en 951 dans le cadre des luttes pour la succession en Italie, où elle avait été fille, belle-fille et épouse des derniers souverains locaux; fille de Rodolphe II de Bourgogne; impératrice en 962; canonisée; a entretenu des relations proches avec Cluny et fit beaucoup pour que la culture médiévale européenne soit typiquement catholique)
- Otton II (955-07/12/983): fils de Otton Ier et Adélaïde, il est couronné du vivant de son père, en 961, et couronné co-empereur par le pape en 967. Il a 18 ans lorsqu'Otton Ier meurt et il doit faire face à des révoltes (Hainaut, Danemark, Bavière, Bohême) et s'affronte à la Francie occidentale (prise d'Aix-la-Chapelle en 978). La reine Adélaïde continue d'exercer une forte influence à la cour puis l'épouse grecque de l'empereur finit par obtenir qu'elle soit exilée (978). Elle s'enfuit en France et se réconciliera avec son fils en 980. Il envisage ensuite de continuer de fortifier le pouvoir en Germanie et d'avancer plus avant en Italie. Il y affronte les Sarrasins en Calabre, venu de l'émirat de Sicile, mais manque d'être fait prisonnier en 982. Il meurt jeune, à 28 ans laissant comme héritier Otton III, âgé de 3 ans, qu'il a fait reconnaître comme héritier en 983 à Vérone. Inhumé dans l'atrium de l'ancienne basilique St-Pierre (ses restes sont maintenant dans la crypte de la nouvelle basilique). Otton II fut favorable à l'Eglise. Il eut Gerbert d'Aurillac comme précepteur, l'évêque d'Aurillac impressionné par la science arabe d'Espagne. Epousa Théophano Skleraina (Théophanu, Théophania; princesse byzantine, nièce de l'empereur d'Orient Jean Ier Tzimiskès; règne 11 ans avec Otton II et fut la régente d'Otton III pendant 7 ans; épousée en 972 à St-Pierre de Rome et couronnée impératrice le même jour; mère d'Otton III, qui eut une soeur jumelle; meurt en 991; aurait introduit la fourchette en Europe; certains lui reprochèrent son goût oriental du luxe; enterrée dans l'église St-Pantaléon de Cologne)
- Otton III (980 à Kessel, Hollande-23/01/1002): fils d'Otton II, il n'a que 3 ans lorsque son père meurt. Un féodal, Henri le Querelleur, duc de Bavière, en rébellion, allié au roi Lothaire de France, l'enlève en 984 pour se faire attribuer la tutelle au détriment de la reine Théophano, qui s'était fait attribuer la régence lors du couronnement de son fils à Aix-la-Chapelle (après l'élection à Vérone), mais l'archevêque de Mayence et d'autres grands de l'Empire imposent la régence de Théophano. Lorsque celle-ci meurt en 991, après que la Francie occidentale ait profité de cette période de faiblesse pour s'affranchir de la puissance allemande et que la régente ait maintenu l'influence de l'Empire à l'Est, c'est la reine Adélaïde, sa grand-mère, qui prend la régence jusqu'en 995. Gerbert d'Aurillac -avec son influence arabe, ami d'Adélaïde- est encore le précepteur d'Otton III et restera son conseiller. Otton, majeur, prend le pouvoir. Il s'efforcera à un règne très catholique voire syncrétiste (papauté, Byzance, Rome) et très européen, sous l'influence de Gerbert d'Aurillac mais où le pape sera sous son contrôle et l'empereur une sorte de co-pape, mêlant temporel et spirituel et règnant depuis Rome, entendant rénover définitivement un empire très chrétien. Gerbert d'Aurillac devient le pape d'Otton, sous le nom de Sylvestre II. Otton III accomplit de nombreux pélerinages, et il fit ouvrir la tombe de Charlemagne, en l'an Mil, au moment de la crainte millénariste. Otton III, cependant, meurt très jeune, en 1002. Il n'eut pas d'enfant et est donc le dernier souverain de la dynastie des Saxons/Ottoniens
Notes sur l'Aquitaine, Italie, etc.
- l'Aquitaine: l'Aquitaine était le pays des Aquitani et s'étendait entre la Garonne, les Pyrénées et l'océan Atlantique. Les Aquitani n'étaient pas spécifiquement des Celtes mais plutôt un peuple semblable aux Ibères d'Espagne et ils parlaient une forme ancienne de la langue basque, le dernier langage non-indo-européens d'Europe occidentale. Au début de la domination romaine, la province d'Aquitaine fut étendue jusqu'à la Loire, incluant donc des peuples vraiment gaulois. En 392, l'empire romain restructura la province en l'Aquitaine Ière, l'Aquitaine 2nde et l'Aquitaine 3ème (ou Novempopulanie). L'emprise réelle des Wisigoths sur l'Aquitaine fut, en fait, faible. Une fois ceux-ci supplantés par les Francs, l'Aquitaine se distingua entre la Vasconia, qui était la Novempopulanie et l'Aquitaine, qui comprit les territoires entre Garonne et Loire. Aquitaine et Provence sont traditionnellement liées à l'Austrasie. Les Mérovingiens établirent, en 602, un duché en Vasconia pour mieux contrôler cette marche. L'Aquitaine aussi devint un duché. Les deux duchés furent réunis en 660 et devinrent indépendants sous Félix d'Aquitaine, un apogée étant atteint sous Odon le Grand. Mais la région devint la cible des raids arabes et, en échange de l'aide franque, Odon acceptant la suzeraineté de Charles Martel, l'indépendance s'achevant en 742 puis 768. Les Francs appelaient les peuples d'Aquitaine des "Romains" et les Basques avaient une présence importante aussi dans la région. La région fut de nouveau partagée en les deux duchés précédents et un comte résidait à Bordeaux. En 781, Charlemagne fit Louis, son fils, roi d'Aquitaine, au sein de l'Empire et il règna sur le duché d'Aquitaine et celui de Vasconia. Il tendit à étendre son emprise sur les Basques du Sud des Pyrénées. La famille de Seguin, dernier comte de Bordeaux s'enfuit par-delà les montagnes et continua de se soulever contre Louis. Sous Pépin, fils de Louis, nouveau roi d'Aquitaine, règnant sur l'Aquitaine, la Gascogne, Toulouse et une partie de la Septimanie et de la Bourgogne, la région continua d'être menacée par les Basques et les Arabes. Ce fut ensuite Charles le Chauve qui devint roi, en 821 mais les noblesses basques et aquitaines et les Basques lui opposèrent un candidat de leur choix. A partir de là, l'Aquitaine tendit à se rendre indépendante à partir de 870, sous le règne de Bernard Plantevelue puis son fils Guillaume Ier, qui se proclamèrent duc d'Aquitaine. Ce fut finalement la dynastie des comtes de Poitiers qui, se proclamant ducs d'Aquitaine, prit le contrôle de la région entre les Xème et XIIème siècles. Leur cour fut célèbre pour le mouvement des troubadours. Ce duché repassa à la France en 1137 quand la duchesse Aliénor épousa Louis VII, roi de France. Le mariage ayant été annulé en 1152 et Aliénor ayant alors épousé Henri II, roi d'Angleterre, la région devint possession anglaise jusqu'à la fin de la guerre de Cent Ans, étant aussi appelée Guyenne
- l'Italie: au sens carolingien du terme, l'Italie est l'ancien royaume lombard, au Nord des Etats pontificaux. Au Sud, le Bénévent et le duché de Spolète restent des états tributaires plus ou moins turbulents et Byzance maintient des positions. Les Sarrasins viendront également s'y installer, ainsi qu'en Sicile (827, des Aghlabides; pillage de Rome et Cité léonine en 846). Des enclaves, plus ou moins indépendantes, existent aussi: Gaète, Amalfi, Naples et Venise. Selon sa politique en Aquitaine ou en Neustrie, Charlemagne accorde l'Italie à son fils Pépin Ier (777-810) puis, en 806, la lui confirme dans la perspective du partage de l'Empire. Maintenue au profit de Bernard, fils de Pépin, l'Italie, ensuite passe dans le lot de Lothaire lors du traité de Verdun (843) et, lors du partage entre les fils de celui-ci, à Louis II le Jeune. Continuant de connaître des désordres divers, parfois en lien avec les royaumes de Provence ou de Bourgogne, l'Italie, qui reste cependant le lieu de Rome, donc du pape, passe définitivement, en 951, dans la zone d'influence des Ottoniens
- la Bourgogne: pays de tribus gauloises puis des gallo-romains, la région située entre le lac de Genève et le Massif Central et du Nord de Dijon jusqu'à bas dans la vallée du Rhône fut utilisée pour installer comme fédérés, au moment des Grandes Invasions, les Burgondes, un des peuples germaniques qui assaillirent l'Empire romain. Auparavant, à partir de 411, ils avaient installé un royaume propre à Worms et ils se heurtèrent de nombreuses fois aux Huns. Ils finirent par s'installer sur un large territoire dans le grand sud-est de la Gaule. Le particularisme de ce royaume burgonde se fondait sur une politique tolérante d'harmonie inter-ethnique. Soumis par les Francs en 534, la région où s'étaient installés les Burgondes, la "Bourgogne", fut bientôt considérée comme unie à l'Austrasie, l'un de ces royaumes nés des divisions de l'héritage de Clovis puis de ses fils. La région, sous les Carolingiens, comprend la Basse-Bourgogne (Ouest de la Saône), la Haute-Bourgogne (au Nord du Jura), la Bourgogne transjurane (Suisse actuelle), la Bourgogne cisjurane (Lyonnais, Viennois, Dauphiné et Savoie). Le traité de Verdun (843) donne la Basse-Bourgogne à Charles le Chauve et le reste à Lothaire. Lors de la mort de ce dernier en 855, ses terres, dans la région sont ainsi réparties: Haute-Bourgogne et Bourgogne transjurane passent à Lothaire II, la Bourgogne cisjurane à Charles et au royaume de Provence. Les possessions de Charles, en 863, passent à son frère Louis II le Jeune, empereur et, à la mort de ce dernier, en 875, Charles le Chauve s'empare de l'Italie comme de ce royaume de Provence. La Bourgogne est ensuite rattachée à la Provence des Bosons, à partir de 879 et un Rodolphe (Rodolphe Ier) se rend indépendant, en 888, en Bourgogne transjurane, ou Haute-Bourgogne; il y avait été duc et ce territoire, jamais conçu par les Carolingiens, résulte probablement de ce que Rodolphe ne réussit pas, après la mort de Charles le Gros, dans l'ensemble de la Lotharingie (Rodolphe est un welfe, de ceux venus en Francie occidentale avec l'impératrice Judith et qui se sont implantés en Auxerrois). Comme Louis III l'Aveugle, il participe à une aventure italienne. Haute-Bourgogne et Basse-Bourgogne (à cette époque la Provence) alternent indépendance et réunion. Les deux royaumes de Haute et Basse Bourgogne (la zone autour du lac de Genève, d'une part et, d'autre part, la Provence) furent réunies en 937 sous le nom de royaume d'Arles et incorporées dans le Saint Empire Romain Germanique sous le règne de Conrad II. La basse Bourgogne, celle de l'Ouest de la Saône, qui était devenues le duché de Bourgogne, fut annexée par la couronne française en 1004 alors que le comté de Bourgogne, à l'Est, demeura associé, dans des liens très lâches, à l'empire allemand -ce qui lui valut son nom de "Franche-Comté". Après le royaume de Boson, la Bourgogne de l'Ouest de la Saône passe à son frère, Richard, dit "le "Justicier", à l'origine comte d'Autun, qui va, finalement, déboucher sur les Robertiens, les futurs capétiens. Déjà Grand parmi les Grands, il s'affronte efficacement aux Normands dans la dernière décennie du IXème siècle; les autres comtes de Bourgogne en passent sous son autorité et il se fait appeler duc ou prince, alors que les Carolingiens ne le considèrent que comme un marquis. Via son mariage avec Adéla&ium;de, il se rend maître du Nivernais, de l'Auxerrois et du Sénonais. Pour renforcer ses attaches en Bourgogne, il se rapproche du comte de Chalon, Manassès, sire de Vergy (lequel avait épousé une fille de Boson). Richard le Justicier étendra aussi son pouvoir en direction de Langres, qui appartient au clan comtal des "Milonides"; il pourra le faire du fait de l'affaiblissement de l'évêché, sous Geilon (l'archevêque Foulques de Reims, un membre du clan, à la mort de l'empereur Charles le Gros, soutient, en 888, Gui de Spolète à la couronne de Francie occidentale contre Eudes, un fils de Robert le Fort et Gui est couronné par Geilon dans la cathédrale de Langres; Geilon est donc discrédité). Vers l'an 900, Richard le Justicier est devenu un quasi vice-roi. Son fils Raoul lui succède en 921 mais il devient roi de Francie dès 923 en remplacement de Charles le Simple et le duché passe à son frère Hugues, dit "le Noir". Le retour des Carolingiens à la couronne, avec Louis d'Outremer n'est plus que le prélude à l'ascension définitive des Robertiens (Hugues le Grand, père d'Hugues Capet, est devenu duc de France et d'Aquitaine). Vers 950, la Bourgogne elle-même passe à un Robertien, le duc Otton (qui mourra en 965) puis à son frère Henri (mort en 1002; Otte-Guillaume, pour la Franche-Comté d'Empire, sera son fils). Avant, vers 930, la Bourgogne avait subit les Hongrois, ce qui avait appauvri le duché. La capitale était passée à Beaune. Pendant le Moyen Age, la Bourgogne fut le lieu d'origine de certains des ordres monastiques les plus importants, ainsi Cluny et Cîteaux. La Bourgogne, comme d'autres régions de l'Empire carolingien, est une terre de châteaux anciens dont les enceintes peuvent remonter aux temps préhistoriques, à l'époque romaine ou aux temps mérovingiens. La plupart du temps il s'agit de vastes enceintes en pierre élevées sur des points élevés, naturels ou artificels. Seule était fortifiée une unique porte d'accès, entourée de deux tours circulaires de type romain. Un fossé ajoutait à la défense. Ces sites furent réemployés aux temps troublés de l'époque carolingienne. Une autre façon de procéder était de prendre le bâtiment principal d'un domaine, en pierre et de le recouvrir d'une "motte féodale", un entassement de terre considérable. Une muraille en bois était élevée au sommet et les salles de l'ancien bâtiment devenait les caves. Ces murailles en bois, aux temps de la féodalité, furent transformées en châteaux classiques en pierre. Dans le premier cas, celui des antiques forteresses en pierre, plusieurs enceintes successives étaient bâties, la première abritant les populations, la seconde -la basse-cour- les granges et étables et la troisième étant réservée à un donjon, d'un seul étage, résidence familiale et de la garnison des vassaux. Jusqu'à 5 enceintes pouvaient être bâties sur un même site. Certaines de ces fortifications, par la suite, purent donner naissance à de petites villes ou de gros bourgs. Ainsi, en Bourgogne, à Montbard ou Charolles ou Semur-en-Brionnais. Les premières familles "féodales" durèrent souvent jusque vers le milieu du XIIIème siècle. Beaucoup de ces enceintes, en Bourgogne du Sud, furent rapidement liées au développement de l'abbaye de Cluny. A l'époque des invasions vikings, la Bourgogne, comme le Berry ou l'Auvergne, devint le lieu de refuge pour les monastères des régions menacées (vers 900, de nouvelles menaces en Bretagne provoquèrent, cette fois, un exode vers la région parisienne, Paris résistant aux Normands) voir une histoire plus détaillée de la Bourgogne sous les Carolingiens
- la Provence:
la région fut habitée par plusieurs peuples mégalithiques -dont les Ligures à l'âge du bronze, entre le Xème et le IVème siècle. Puis les tribus celtes de l'âge du fer s'installèrent entre VIIIème et Vème siècle, ce qui mena à la formation du peuple celto-ligure, chaque peuple vivant dans son oppidum puis, aux Vème et IVème siècles, formant des confédérations. Après que des marchands étrusques aient apparu dans la région, ce furent les Grecs qui installèrent des colonies au VIème siècle et Massalie -Marseille- devint l'un des plus importants ports de commerce de l'Antiquité, commerçant jusque dans le Nord de l'Europe. Appelant les Romains à l'aide contre les Ligures en 181 avt. J.-C., Marseille amena les Romains à finalement s'implanter à leur tour. La région, vers 100 avt. J.-C., avec les rives du Languedoc, servait désormais de passage entre Rome et l'Espagne. Ce fut Auguste qui romanisa définitivement la Provence avec pour capitale Narbo Martius -Narbonne. La province romaine fut appelée Gallia Transalpina, puis Gallia Narbonensis voire simplement "Provincia Nostra", "notre province" ou "Provincia", ce qui donna Provence. Elle s'étendait des Alpes aux Pyrénées et, au Nord, jusqu'au Vaucluse. La Provence gallo-romaine, comme le reste de l'Empire romain disparut du fait des Grandes Invasions avec les Wisigoths en 480 puis les Ostrogoths et les Burgondes. La région passa sous règne france au VIème siècle. Au début du VIIème siècle, elle connut des raids arabes ou ceux de pirates berbères, ce qui amena une période de chaos. La Provence, comme l'Aquitaine, était traditionnellement liée à l'Austrasie. Nominalement sous le contrôle des Mérovingiens puis des Carolingiens, la Provence passa, par le traité de Verdun (843), à Lothaire Ier, qui la fit passer à son fils, Charles, lequel la transforma en le royaume de Provence-Viennois, ou royaume de Bourgogne Cis-jurane, qui ne dura que de 855 à 863. Girart de Roussillon, comte de Paris sous Louis le Pieux puis partisan de Lothaire, devient, en 853, duc de Lyon et Vienne puis régent de ce royaume. Comme il tenait des terres en Bourgogne du Nord, il y aurait fondé, avec sa femme, Berthe, les abbayes de Pothières et de Vézelay. Girart fut ensuite le héros d'une chanson de geste. Une attaque concertée en Provence des Arabes d'Espagne, des Aghlabides de Tunis et des Idrissides du Maroc fit qu'ils y construisirent un grand nombre de forteresses et de châteaux; ils prirent Marseille, Avignon, Arles et St-Tropez et s'établirent au sommet d'une haute montagne nommée Fraxinet. Le traité de Mersen de 870 fit passer le royaume à Louis le Jeune, empereur et en 875, à sa mort, à son oncle, Charles le Chauve. En 879, après la mort de Charles le Chauve, Boson de Provence -ou Boson-, son beau-frère, rompit avec le royaume carolingien de Louis III et fut élu premier souverain indépendant. Boson était le fils de Beuve, comte d'Ardennes et sa mère, en secondes noces, avait épousé le comte Eccard, possessionné en Bourgogne. La soeur de Boson, vers 870, épousa en secondes noces Charles le Chauve et un brillant avenir s'ouvrit pour Boson et son frère, qui reçurent des honneurs en Lotharingie, Italie puis en Francie. Boson y devint le conseiller de Louis le Bègue (877-879), le fils de Charles le Chauve. A la mort de Louis, Boson fut écarté de la cour par les factions qui s'y disputaient mais il se contenta de ses immenses possessions: la Bourgogne du Sud, son héritage, Lyon et Vienne qu'il avait prises à Girart de Roussillon en 871, et la Provence, qu'il avait conquise en 877. De fait, pour être roi, Boson ne manquait que de la légitimité adéquate. Celle-ci vint du pape: Jean VIII lui demanda de l'aide en 878 contre les pirates sarrasins qui menaçaient en Italie et à Rome. Par cet appel, le pape reconnaissait Boson comme un des Grands en Europe. Boson fut donc acclamé roi de Bourgogne et de Provence par les évêques et les Grands rassemblés à l'assemblée de Mantailles (actuel département de la Drôme), en octobre 879. L'assemblée reconstituait, sauf la région de sens, le vieux royaume burgonde, l'antique "Sapaudia". Sa capitale installée à Vienne, Boson prit le titre de patrice. Le déclin du royame de Boson ne fut pas dû aux Carolingiens, qui devenaient faibles mais aux volontés d'indépendance de ses propres Grands. Lorsque Boson mourut, en 887, une première dynastie de comtes, les Bosonides (879-1112), furent ses descendants. Son fils, Louis l'Aveugle (890-928) perdit la vue en essayant de conquérir le trône d'Italie et il semble que Charles le Gros ait souhaité, pendant un temps, en faire son héritier. Ensuite, le cousin de Louis, Hugues d'Italie (mort en 947) devint duc de Provence et comte de Vienne, faisant passer la capitale de Vienne à Arles et la province devint alors un fief de Rodolphe II de Bourgogne, roi de Bourgogne trans-jurane, formant ainsi le second royaume de Bourgogne-Provence, ou "royaume d'Arles", qui dura jusqu'en 1032. Le IXème siècle vit la piraterie arabe et normande. Alors que les Normands agissaient depuis le delta du Rhône, seuls les Arabes s'installère durablement, construisant des châteaux, pillant ou mettant les populations à tribut. Début 973, les pirates sarrasins s'enhardirent aussi au Nord que Cluny où ils prirent en otage l'abbé Maïeul. Cela amena le peuple de Provence à se soulever, mené par le comte Guillaume Ier et les éfirent près de leur plus puissant fort, celui de Fraxinetum (La Garde-Freinet), à la bataille de Tourtour. Les Sarrasins qui ne furent pas tués furent convertis et transformés en esclaves et les autres Sarrasins de Provence quittèrent la région. Un certain Boson prit le pouvoir en 947 et des deux fils organisèrent le royaume en deux lignages, celui des comtes de Provence et celui des comtes de Forcalquier. La Provence, après un conflit entre Rodolphe III de Bourgogne et l'empereur germankique Conrad le Salique, en 1032, finit par devenir fief du Saint Empire Romain Germanique. La Provence, depuis, devint l'enjeu de rivalités complexes entre diverses dynasties, ainsi les souverains catalans de Barcelone ou les souverains angevins de France. Au Vème siècle, Lérins, sur une île près de Cannes et St-Victor, à Marseille, furent les deux premiers monastères de Provence; Avignon devint la résidence
des papes pendant le Grand Schisme d'Occident, de 1309 à 1377
Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 3/7/2016. contact us at ggwebsites@outlook.com