Il n'est pas clair si, dans la Vita Karoli de Eginhard, "les rois des Scots" dont il est question sont des souverains de tribus irlandaises ou des souverains d'Ecosse. Le terme "Scots" ou "Ecossais", à l'époque carolingienne, est employé pour désigner les érudits venus d'Irlande, qu'on appelle aussi bien Irlandais, Scots, qu'Ecossais
Appelée Hibernie, Ogygie ou l'"île du Destin" dans l'Antiquité, l'Irlande finit par s'appeler Scotie au XIème siècle et, après ce siècle, elle prit définitivement son nom d'Irlande. L'Irlande était mal connue des Anciens car il fallait deux jours de voile depuis l'Angleterre pour l'atteindre et elle se trouvait en dehors des routes commerciales fréquentées. Selon la légende, des Grecs l'auraient peuplée mais, surtout, à partir du IVème siècle avt. J.-C., elle devint le territoire ultime de l'expansion des Celtes dans leur marche vers l'Ouest. Selon la tradition mythologique les premiers occupants de l'Irlande furent les Milesiens, Celtes venus d'Espagne. Le nom de l'Irelande (Erin ou Eire) vint de la déesse Eriu dont l'avis leur permit de conquérir l'île. Commença alors une longue liste de rois mais tout évènement avant le règne d'un certain Cimbaeth, vers 300 avant notre ère est incertain. Les Irlandais accomplirent des expéditions commerciales ou guerrières en Angleterre et en Gaule. Un "haut-roi" d'Irlande, dit "Árd Ri" (ou "ardri") gouvernait, dans un système pyramidal, les rois provinciaux élus ainsi que les chefs de tribu. 5 royaumes, de petite taille, existaient: l'Ulster, le Connacht, le Leinster du Nord et du Sud, et le Munster et 100 à 150 clans ("tuatha") à l'échelon inférieur. L'ardri apparut vers 200 avt. J.-C., à partir du royaume de Connacht. Les relations commerciales avec l'Angleterre permirent l'implantation du christianisme avant le Vème siècle même si le paganisme restait prédominant lorsque st Patrick y fut envoyé, en 432, par le pape Célestin. Calédonien d'origine, capturé comme esclave par les Irlandais, enfui et ayant gagné Rome via St-Martin de Tours, St-Germain d'Auxerre et Lérins, il y fut ordonné évêque par le pape et envoyé sur l'île. A Tara, le lieu central de la religion druidique, il baptisa les druides ainsi que l'ardri car il savait que le peuple suivrait
A la mort de st Patrick, en 493, l'Irlande était essentiellement devenue chrétienne. Patrick y avait établi des évêques, des écoles, des monastères et avait tenu des synodes. Les grands monastères, avec leurs écoles, sont, au VIème siècle, Clonard, Clonfert, Bangor, Clonmacnoise, Arran; Lismore et Glendalough furent fondés au VIIème siècle. Leurs écoles furent fréquentées par les meilleurs des Irlandais mais aussi par des étudiants venus de loin. Ces derniers, ainsi, diffusèrent la culture dans tout l'Occident. C'est à juste titre que l'Irlande fut dénommée, l'"île des saints et des érudits". Au VIIème siècle, une tendance se fit jour qui favorisa les ermites, qui s'appliquaient les plus rigides des austérités. La catholicité irlandaise est également caractérisée par une forte participation des femmes, qui fondèrent de nombreux monastères ainsi que par l'esprit missionnaire, la "peregrinatio" ou "martyr blanc". Le monastère fondé sur l'île désolée d'Iona permit la christianisation de la Calédonie (actuellement, l'Ecosse) et ses moines, par la suite, gagnèrent la Northumbrie, la Mercie ou l'Essex, concurrençant les clercs envoyés du Sud par St Augustin. Lindisfarne, au VIIème siècle, fut une nouvelle Iona. St Colomban, un étudiant à Bangor, partit, en 590, en mission dans les terres franques, accompagné de 12 compagnons. Ils fondèrent le monastère de Bobbio, qui, en tant que centre de culture et de religion, fut longtemps le phare de l'Italie du Nord. Bregenz leur est dû aussi alors que les compagnons de Colomban, st Gall, Fridolin, Fiacre, Kilian ou d'autres travaillèrent aussi en Suisse, le long du Rhin, à Meaux, à Würzburg, dans le Brabant, sur les rives de la Marne ou en Italie du Sud. Même si on affirme parfois que l'Eglise d'Irlande avait fini par sortir de la communion d'avec Rome, cela est faux, sauf pour ce qui est de la différence entre les tonsures et du calcul de la date de Pâques. Une accusation constante, cependant, portée contre les Irlandais pendant tout le Moyen Age était qu'ils étaient des "judaïsants" -ainsi à propos de la date de Pâques ou du fait qu'ils adhéraient trop fortement à l'Ancien Testament, sans prendre en compte leur néo-platonisme. Entre le VIème et le VIIIème siècle, aucun royaume unique ne peut apparaître sur l'île, les derniers vestiges du druidisme disparurent et l'ardri renonça au tribut qu'il levait. L'Irlande resta une terre de religion et de culture et elle tendit à se refermer sur elle-même. Mais l'influence culturelle de l'île s'était perpétuée et même s'installa au pays de Galles et dans le royaume anglo-saxon de Wessex. L'influence des Irlandais se voit même sous Charlemagne; ils sont qualifiés d'"hommes incomparablement doués dans la connaissance humaine"
A partir de 820, les Vikings danois, païens et pirates, commencèrent de dévaster et de piller l'Irlande. Les monastères les plus célèbres ne furent plus que ruines et leurs moines furent tués. Les Danois créèrent même, du fait de la désunion des chefs irlandais, 3 établissements permanents à Waterford, Limerich et Dublin. Après que le chef danois de la région de Dublin, Turgesius, ait disparu, en 845, les Danois purent se maintenir sur leurs terres situées autour des ports, d'où ils continuèrent de mettre à rançon les populations avoisinantes pendant un siècle. Victoires et défaites alternèrent. Enfin, un coup définitif fut porté, en 980, par l'ardri Malachie. Il abdiqua, en 1002, en faveur de Brian Boru, un souverain encore plus capable qui avait également été capable de défaire les Vikings. Cela apporta un changement important car le titre d'ardri était resté dans la même famille depuis 600 ans. Mais les désordres s'installèrent rapidement dans l'île, pendant un siècle et demi car les chefs locaux se disputèrent le pouvoir, ces premières luttes impliquant même des alliances avec les Vikings. Ces troubles terminèrent le travail commencé par ceux-ci: ce furent sous des chefs indigènes, et chrétiens, que les églises principales furent détruites, leurs terres appropriées par les laïcs, les écoles monastiques désertées, des abbés-laïcs nommés ou la corruption régnant pour la désignation des évêques. L'Irlande, à partir du XIIème siècle, passa sous la domination anglaise
L'Ecosse est l'ancienne Calédonie. Ses habitants, les Calédoniens, finirent par s'appeler les "Pictes" -du latin "pictus", "peint", du fait qu'ils se badigeonnaient le visage du sang des oiseaux qu'ils chassaient. Ils étaient un peuple pré-celtique, habitant la partie nord de l'île de Bretagne. Le pays s'appela donc le "pays des Pictes". Les Pictes étaient un ensemble de peuples pré-celtiques de l'Est et du Nord de l'Ecosse entre la fin de l'âge du fer britannique et le haut Moyen Age. Ils commerçaient avec la Méditerranée et les Celtes du continent. Le pays des Pictes était vaste. Il s'étendait des Highlands, au Nord, jusqu'aux Cheviots, au Sud, là où se trouve la frontière avec le Northumberland. Il est possible que le pays des Pictes ait été christianisé dès la fin du IIème siècle, mais il faut attendre 402 pour qu'un évêque certain apparaisse, Ninian. Après avoir étudié à Rome, il fonda à Whithorn ("Candida Casa"), dans le sud-ouest du pays, la première église en pierre ainsi qu'un monastère d'où partirent des missionnaires. Ceux-ci allèrent évangéliser aussi en Irlande. Au VIème sièce, des chefs de tribus irlandais, avec leur peuple, les Scots, fondèrent le royaume de Dalriada, dans ce qui est maintenant le comté d'Argyll, au nord-ouest de l'actuelle Glasgow. Ils apportèrent, cette fois, le christianisme à l'Ouest du pays. Enfin, ce fut St Colomba, installé dans l'île d'Iona en 563, qui évangélisa les Pictes du Nord. Pendant 34 ans, il développa tout un réseau de monastères et il consolida le travail missionnaire qui avait été effectué précédemment. St Kentigern, pour le royaume du sud-ouest de Strathclyde, et jusqu'au Cumberland, et St Cuthbert, évêque de Lindisfarne en 684, pour l'Est du pays, finirent d'implanter le catholicisme. L'ensemble des moines de St. Colomba furent expulsés en 717 par le roi. Ce furent les "Culdees", des ermites qui avaient fini par former leurs propres communautés, et un clergé séculier qui leur succédèrent dans le travail d'évangélisation. Les tensions entre les Pictes, les Scots et les Angles d'Angleterre se transformèrent en 150 ans de luttes continuelles, quelques invasions de Danois et de Normands venant compliquer le tout. Les Scots et les Pictes finirent par se fondre en un seul royaume en 844, sous Kenneth Mac Alpine. Sa dynastie allait régner jusqu'en 1034. Le royaume, de chaque côté des Grampians, au nord-ouest du royaume de Dalriada, changea son nom de "royaume des Pictes" en "royaume d'Alban". Le Cumberland et la Lothie furent successivement cédés par l'Angleterre. Des Normands s'installèrent dans les îles de l'Ouest et des raids danois eurent lieu, dont celui qui, en 986, détruisit Iona. Au tournant du millénaire, le royaume d'Alban commença d'être connu sous le nom de "Scotie", signe de la suprématie définitive des Scots sur le pays
Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 6/10/2011. contact us at ggwebsites@outlook.com