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Le peuplement de l'Europe. La théorie indo-européenne

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La théorie indo-européenne

La question indo-européenne est l'une des théories-clés pour expliquer le peuplement de l'Europe. Se fondant sur les similarités linguistiques entre les langues d'Europe, on a imaginé que les peuples européens pouvaient avoir une origine commune. Origine qui fut qualifiée d'indo-européenne. Quel est l'état actuel de la question?

Les plus récentes études de paléogénétique montrent que les populations pastorales venues des prairies de ce qui est actuellement la Russie et l'Ukraine -liés à la culture de Yamna- ont remplacé les gènes des populations d'Europe centrale et de l'Ouest vers 3000 à 2500 avt. J.-C. Cette arrivée à coïncidé avec la disparition de la poterie néolithique, des coutumes funéraires et autres traits culturels et avec l'émergence de la culture Corded Ware en Europe du Nord et du centre. Ces changements furent plus diffus plus au Sud, ainsi en Espagne où les populations qu'on trouve enterrées avec des objets de la Bell Beaker culture étaient génétiquement encore étroitement liés aux populations locales. Ces changements culturels ont été le résultat d'une migration et pas simplement d'une influence seulement culturelle. Avant 3000 avant notre ère, au début de l'âge du Bronze, les gènes des populations européennes du Nord et du centre ressemblaient à ceux des premiers agriculteurs du Moyen-Orient voire des chasseurs-cueilleurs qui les avaient précédés. Mais, vers 2000 avt. J.-C. les génomes ressemblaient plus à ceux des peuples de la culture de Yamna. Les pasteurs apportèrent aussi avec eux l'aptitude à digérer le lait à l'âge adulte, ce qui était rare chez les Européens de l'âge du Bronze, un signe que ces migrants des steppes auraient pu introduire la traite des animaux en Europe. Ce sont désormais les thèses de Marija Gimbutas (1921-1994), archéologue américaine d'origine lithuanienne, qui prévalent. En combinant la recherche archéologique, la linguistique et la mythologie, Marija Gimbutas est arrivée à cette conclusion que l'on pouvait réellement trouver un foyer originel aux différents peuples européens. Ce foyer apparaît dans l'histoire vers 4500/4000 avt. J.-C. dans le cadre de trois cultures localisées au nord de la mer d'Azov et centrées sur le Dniepr et le Don ou la moyenne Volga: la culture de Sredny Stog (entre 4500 et 3500 avt. J.-C.), centrée au nord de la mer d'Azov, entre Dniepr et Don, celle du Dniepr-Don (Vème-IVème millénaires avt. J.-C.), occupant une aire vaste au nord de la mer d'Azov, sur le Dniepr et le Don, et la culture de Samara (début du Vème millénaire avt. J.-C.), sur la moyenne Volga. Ces civilisations étaient agricoles ou en passe de l'être et deux d'entre elles avaient domestiqué le cheval

Comment se situent ces peuples d'origine des peuples d'Europe dans l'histoire d'alors? En 4500 avt. J.-C., nous sommes à la fin du Néolithique, stricto sensu, c'est-à-dire, cet âge qui s'étend de 9000 à 4500 avt. J.-C. au cours duquel apparaît et se développe l'agriculture, faisant passer l'humanité, dans toutes les régions du monde, de l'ère des derniers hommes préhistoriques (le Mésolithique) à celle de la civilisation moderne. Le Néolithique a essaimé à partir de quelques foyers d'origine (le Croissant Fertile, l'Indus et le Fleuve Jaune, pour l'Eurasie). Par la plus grande aptitude au développement démographique de ses peuples par rapport aux populations d'"hommes anciens", les chasseurs-cueilleurs des derniers âges de la préhistoire, il put facilement s'implanter. L'Egypte ou Sumer, à l'époque de ces civilisations indo-européennes, n'existent pas encore. Une vue générale des civilisations de l'époque est que les civilisations du Dniepr-Don ont, loin sur leur sud-est, les civilisations premières de l'Anatolie, du Proche-Orient et de la Mésopotamie et, sur leur sud-ouest et leur Ouest, les civilisations premières de l'Europe (civilisations de la poterie linéaire occidentale et orientale en Europe centrale (ou culture danubienne; civilisation de la poterie à cardes de l'Europe méditerranéenne; civilisations mégalithiques des côtes de l'Ouest européen) où la révolution néolithique a été apportée, de l'Est vers un millénaire auparavant. A leur Nord, ces peuples du Dniepr-Don ont, dans l'immensité du Nord russe, la civilisation de la poterie-céramique à peigne. En 4500, nous sommes également aux tout débuts du Chalcolithique, ou âge du cuivre, où l'on voit apparaître, en concurrence avec les seuls outils de pierre, les premiers outils de métal

Ces civilisations indo-européennes originelles évoluèrent, par le biais de la culture dite de Khvalynsk (1ère moitié du Vème millénaire), qui s'étendait de la moyenne Volga au Caucase et de la mer d'Azov à l'Oural, en la culture de Yamna qui, de 3500 à 2200 avt. J.-C., va représenter l'élément fondamental de l'histoire de l'Europe. La culture de Yamna -ou culture des tombes ocres- est celle d'un peuple nomade, des débuts de l'âge du bronze, qui pratique occasionnellement l'agriculture près des rivières ou de fortins. Ce peuple est aussi dit peuple des Kurgans car il enterre ses morts dans des "kurgans", des tumulus avec une tombe en puits. La culture de Yamna, à l'origine, se situe sur une aire allant des côtes nord de la Roumanie à la basse Volga, en passant par les régions du nord de la mer d'Azov. La culture de Yamna atteignait aussi jusqu'à l'Altaï, en Russie centrale, de 2900 à 2500 avt. J.-C. -ce qui peut être une explication au fait que les langues indo-européennes soient parlées aussi loin en Asie. Elle se complète, dans le Caucase du Nord, par la culture de Maykop qui semble former un lien entre le monde indo-européen de la steppe et le monde sémite du Proche-Orient. Atteignant son apogée vers 3250 avt. J.-C., la culture de Yamna -qui est une culture du bétail, du cheval, des chariots de guerre et d'une agriculture encore localisée- entre en contact, à l'Ouest, avec les cultures européennes du Néolithique, où se développent deux cultures vassales: la culture des amphores globulaires (de Hambourg au nord-ouest de l'Ukraine) et la culture de Baden (actuelles Autriche et Hongrie). Il semble également que la culture indo-européenne de Yamna ait "ingéré" la vaste zone culturelle de la culture de la poterie cordée (ou culture des haches de guerre) qui s'étendait dans la vaste plaine nord-européenne. Cette approche de ces cultures voisines par la culture de Yamna semble avoir trouvé son origine dans la culture de Maykop qui aurait ainsi renouvelé la culture de Yamna. On notera que certains pensent que, vers 3100 avant notre ère, un astéroïde de grande taille aurait frappé la Terre dans la région des Alpes autrichiennes, déclenchant une forme de modification climatique. Cela expliquerait que, vers 3000/2500 avt. J.-C., la zone de la poterie cordée au Nord et la culture de Yamna, au Sud (s'étant alors étendue longitudinalement) forme un bloc indo-européen. C'est ce bloc qui, à partir de 2500/2000 avt. J.-C., se dissocie et donne progressivement naissance aux peuples européens postérieurs, c'est-à-dire les peuples actuels: Celtes, Germains, Baltes, Slaves, Grecs anciens, Italiques, Hittites. Dans la partie est de l'aire culturelle, ce sont les cultures parentes des Iraniens et des Indo-Aryens (les premiers habitants de l'Inde, venant de Bactriane) qui apparaissent. Ce mouvement, vers 3000 avt. J.-C. se fit aussi bien vers l'Europe que vers l'Asie (la théorie, pour ce dernier aspect, que le mouvement se serait fait depuis l'Anatolie, n'est plus admise). Les premiers indo-européens à quitter le berceau d'origine auraient pris le chemin du Caucase (les Arméniens) ou de l'Asie centrale (les Tokhariens) et une seconde vague aurait traversé la mer Egée pour se répandre en Europe (Grecs, Thraces, Illyriens, Celtes, Germains et Slaves). Une fraction, enfin, vivant dans la steppe pontique prit le chemin de l'Iran et de l'Inde, donnant naissance aux Scythes, Sarmates, Perses, Mèdes et tous les peuples du Nord de l'Inde parlant des langues apparentées au sanskrit ou dérivées. Tous ces peuples sont des peuples qui avancent dans l'âge du bronze puis entrent progressivement dans l'âge du fer. Un point de vue complémentaire, qui explicite plus avant le changement culturel apporté en Europe par ces peuples nouveaux, est que les peuples néolithiques d'avant l'arrivée du peuple des Kurgans et de la poterie cordée étaient de type matriarcal, avec des déesses-mères et des sociétés matriarco-centrées et égalitaires. Les Indo-européens, au contraire, amenaient une conception patriarcale et des sociétés guerrières et encore semi-nomades

Nuances

Pour l'anecdote, on notera qu'il se pourrait que l'épisode du Déluge, qu'historiquement on situe vers 5600 avt. J.-C., pourrait avoir été connu des ancêtres de la culture de Sredny Stog. C'est le Déluge qui aurait créé la mer Noire et la mer d'Azov. La mer Noire était un lac d'eau douce puis, vers 5000 avant notre ère, un flux d'eau en provenance de la Méditerranée, deux cent fois plus puissant que les chutes du Niagara, par exemple, la submergea (cela pourrait correspondre à la fin d'un âge glaciaire en Amérique du Nord. De semblables détails se trouvent dans des récits de Mésopotamie dont la bien connue "légende de Gilgamesh". Si on essaie d'estimer le temps du Déluge par la Bible même, on arrive à une estimation de 4700 avt. J.-C.

Un autre archéologue, anglais, Colin Renfrew, lui, dont l'essentiel des partisans appartenait à l'Union Soviétique, est partisan de l'idée que les peuples européens n'existent pas et que les langues indo-européennes sont originaires d'Anatolie, vers 7000 avt. J.-C. Ils étaient des agriculteurs venant du Moyen-Orient, qui migraient vers l'Europe, y apportant le néolithique. Renfrew se rattache cependant au principal courant des études indo-européennes en ce sens qu'elle estime que ces peuples d'Anatolie résulteraient d'une séparation entre plusieurs peuples indo-européens. L'hypothèse anatolienne, cependant, continue d'exister et elle a été mise à jour en 2003 par Russell Gray et Quentin Atkinson. Beaucoup plus pertinentes, par ailleurs, semblent les plus récentes études de paléo-génétique. L'étude des gênes des populations anciennes de l'Europe montre qu'un fort pourcentage des gênes actuels des Européens -80%- datent du Paléolithique (l'ère qui précède le Mésolithique et le Néolitique), que 20% sont liés à l'arrivée de peuples de la révolution agricole, et que 11% viennent de la steppe pontique. Cette analyse, d'une part, montre bien la permanence du peuplement de l'Europe: 80% de vos voisins sont directement descendants des derniers hommes préhistoriques, des chasseurs-cueilleurs; 20% sont des agriculteurs venus d'Anatolie; et 11% sont des guerriers indo-européens semi-nomades des steppes de Russie du sud. Des études récentes, de début 2015, ont confirmé que la langue proto-indo-européenne a effectivement d'abord été parlée par un peuple d'éleveurs qui vivait dans les steppes du Nord de la Mer Noire vers 4000 avant notre ère. Ces études montrent également que le peuple de la céramique cordée ("Corded Ware" en anglais) montrent que 3/4 de leur ADN provient de la culture de Yamna, ce qui laisse penser à une migration massive des peuples de cette culture en Europe centrale vers 2500 avant notre ère. Les peuples de la céramique cordée, ensuite, essaimèrent en Europe du Nord et Europe centrale. Ces études récentes montrent bien que la théorie Renfrew des agriculteurs apportant en Europe le néolithique vers 6000 avant notre ère ne peut comprendre les Indo-Européens. D'autres sources, qui ne sont pas liées à débat spécifique concernant les Indo-Européens, apportent les éléments qui suivent. L'ADN mt, qui marque l'ascendance maternelle et l'ADN NRY qui marque l'ascendance paternelle sont les meilleurs marqueurs actuels en paléo-génétique. Après que les premiers Européens viennent des Homo sapiens qui se sont installés il y a 40000 ans -20 à 55% des lignages actuels en sont issus et la question des inter-mariages avec les Néanderthals restant un objet de débat- une partie de la population européenne originelle pourrait aussi être venue d'Asie centrale. Une "re-population" a eu lieu, vers il y a 13000 à 16000 ans, à partir du sud-ouest européen où ces humains avaient trouvé refuge du fait du dernier Grand Age glaciaire. Avec le Néolithique, un renouvelement génétique net, venu du Moyen-Orient, se fait jour: les lignages européens paternels actuels sont dûs à 80% à ce mouvement alors que les lignages maternels n'auraient survécu qu'à 20% même si ces chiffres peuvent être polémiques. Ces sources, pour ce qui est de la théorie indo-européenne, pensent qu'on ne peut pas attribuer de gènes spécifiques à ces populations mais un marqueur, cependant, permettrait de penser que le mouvement de ces peuples s'est arrêté à la Germanie et que la progression plus à l'Ouest ne se serait faite que sur le seul plan culturel. La génétique courante des Européens montrent qu'en termes de lignes maternelles, on a affaire à une population de type caucasien, qui s'est différentiée au moment de l'implantation des Homo sapiens. Et qu'en terme de lignes paternelles, trois groupes peuvent être repérés: l'Europe de l'Ouest, l'Europe du centre et de l'Est et la Scandinavie et les Balkans. Un gradiant génétique, de plus, va du Nord au Sud, avec aussi un axe Est-Ouest, cela pouvant signifier l'importance variée de l'implantation des fermiers du Moyen-Orient et, aussi, référer à la théorie indo-européenne

Pour ce qui est d'une chronologie de la Gaule, par exemple, le Néolithique est venu du Croissant fertile, au Vème millénaire via la Méditerranée et au IVème millénaire via le Danube, soit vers 4000 à 5000 ans après son essor au Moyen-Orient; la révolution agricole est portée par des populations venues du Moyen-Orient et n'est pas seulement un fait culturel. Les premières populations agricoles d'Europe furent des groupes venus du Moyen-Orient, qui avaient quitté le Croissant fertile vers 6000-7000 avt. J.-C. Ces groupes élevaient du bétail et vivaient, en Europe de l'Est, dans des communautés fortement peuplées comprenant des milliers d'habitations et, peut-être, des dizaines de milliers de personnes. Ces peuplements disparurent vers 3400 avt. J.-C. (et des implantations de plus petite taille eurent lieu par la suite en Europe du Nord et de l'Ouest). Cette disparition reste un mystère: est-ce la peste, véhiculée au long des routes du commerce, qui serait responsable? Une surexploitation des ressources? L'arrivée des indo-européens (qui, de plus, auraient peut-être aussi été porteurs de la peste)? Vers 3000 av. J.-C., on passe ensuite de la civilisation néolithique à des sites plus défensifs et aux civilisations des mégalithes. Le chalcolithique, qui marque vers 5000 av. J.-C., le début de l'utilisation des métaux, arrive en Gaule vers 2500; le bronze, découvert vers 5000, arrive vers 1800 et le fer, sans doute originaire des Hittites vers 3000 av. J.-C., parvient en Gaule en 3000. Les axes d'influence continuent de passer par la Méditerranée ou le Danube. Enfin, 2 âges du fer se succéderont en Gaule, celui de Hallstatt (750-450 av. J.-C.), celui de la Tène (450 av. J.-C.-début de l'ère chrétienne)

Terminons, enfin, par rappeler que des dérives nationalistes liées à la question indo-européenne ont eu lieu, la principale étant le mouvement qui appartient au national-socialisme allemand et qui fait des Germains, des "Aryens", une sorte de race supérieure et archétypale de la race indo-européenne

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 4/8/2019. contact us at ggwebsites@outlook.com
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