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L'Espagne wisigothique

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boucle de ceinture, Aquitaine wisigothique, 1ère moitié du VIème siècleboucle de ceinture, Aquitaine wisigothique, 1ère moitié du VIème siècle

Les peuples originels de l'Espagne étaient soit des Celtes (majeure partie de la péninsule ibérique) ou des Ibériens (une bande le long de la côte est, jusqu'au Roussillon français), peuple sémitique influencé par les Grecs et les Phéniciens; la langue des Ibériens pourraient être apparentée à celle des Basques. Dès que les Grecs accostèrent aux côtes d'Espagne, ils louèrent le talent équestre des Ibériens et leurs chevaux bien équilibrés. Ces chevaux furent ensuite aussi appréciés des Arabes après la conquête de la péninsule; puis la suite fut prise par les écuyers de toutes les cours d'Europe du Moyen Age et de la Renaissance qui louèrent le cheval andalou, ce descendant des chevaux ibériens. C'est au moment des Grandes Invasions que les Germains, pour la première fois, traversèrent les Pyrénées et entrèrent en Espagne. Il y avait là les Vandales, les Suèves et les Alains -ces derniers Scythes ou Tatars. Les Vandales, après quelque temps en Bétique (qui devint la "Vandalousie", l'Andalousie), passèrent rapidement en Afrique. Les Suèves furent marginalisés en Galice et passèrent sous contrôle wisigoth, alors que les Alains furent soumis. Les Wisigoths devinrent ainsi la force prédominante de ces Germains qui étaient passés dans la péninsule ibérique. Les Wisigoths étaient ces "Goths de l'Ouest", les vainqueurs d'Andrinople, qui avaient mis Rome à sac en 410. Avec leurs rois Ataulf (410-415) et Wallia (415-419), ils s'étaient ensuite installés, comme fédérés dans la partie de la Gaule située entre la Loire et la Garonne, ainsi que dans le nord-est de l'Espagne (qui était ainsi devenu la "Gothalaunia", la Catalogne). Le roi Wallia étendit la domination wisigothe sur la plus grande partie de l'Espagne et sur la Galice, les Suèves exceptés. C'est le roi Euric (466), sa capitale installée à Toulouse, qui mit un terme effectif aux derniers vestiges du pouvoir de Rome sur l'Espagne. Il peut être considéré comme le premier souverain espagnol. Il donna aux Wisigoths leurs premières lois écrites alors que les Suèves s'efforçaient de conserver leur indépendance. L'Espagne, dès les Wisigoths, vivra en marge de l'Europe, isolement qui s'accentua après la conquête arabe, et elle ne tourna réellement ses regards vers le Nord que vers l'an Mil lorsque Cordoue déclina. L'Espagne maintint, pendant le haut Moyen Age, ses liens avec l'Orient -et pas seulement Byzance

L'aspect le plus important de la domination wisigothe à cette époque est que les Wisigoths sont des Ariens, c'est-à-dire des hérétiques par rapport à l'orthodoxie catholique. La première conséquence en fut que, dès les Francs convertis au catholicisme avec Clovis, ils prirent le rôle de défenseurs des catholiques d'Espagne contre l'hérésie de leurs nouveaux dirigeants. On doit noter, cependant, qu'il n'y avait jamais eu de sérieuses persécutions, sauf contre certains prélats qui étaient considérés comme des opposants autant politiques que religieux. Leo, un premier ministre, était un catholique et des catholiques qui avait fui l'Afrique du Nord avaient trouvé refuge dans le royaume. Clovis finit par vaincre les Wisigoths à Vouillé en 507 et les rois Alaric II (485-507) et Amalric (526-531) y laissèrent leur vie. Les Wisigoths abandonnèrent leurs possessions de Gaule et ils se replièrent sur la seule Espagne. La capitale fut transférée à Tolède et c'est de cette époque que l'on peut réellement dater l'histoire de l'Espagne wisigothique. Ce sont les Ostrogoths qui, après Vouillé, ont "sauvé" les Wisigoths. Ils ont importé en Espagne la réorganisation -donc la romanité- qu'ils avaient mise en oeuvre en Italie. Alaric II étant le gendre de Théodoric, leur roi, ce dernier assuma à cette occasion son rôle de tuteur à l'égard d'Amalaric, son petit-fils. Les Goths, alors, gardèrent Narbonne et la Septimanie. L'occasion permit aussi à Théodoric d'établir une forme de protectorat sur les puissances germaniques d'Occident, les Francs exceptés. Leur capitale Ravenne, installée au Nord de la péninsule, ils pratiquèrent la double culture, gothe et romaine, système qui ne pouvait perdurer que via une personnalité forte; lorsque Théodoric, leur roi, mourut, le système s'effondra. Les Goths avaient été unis jusqu'au IIIème siècle, quand ils se scindèrent en deux branches, les Ostrogoths et les Wisigoths. Les Ostrogoths, au moment de la poussée hunnique, vers 370, finirent par devenir, dans les Balkans, non sans révoltes, leurs vassaux, participant, par exemple, à la bataille des Champs Catalauniques en 451. Ils s'en libérèrent peu après, s'installèrent en Pannonie et entrèrent, comme l'avaient fait avant eux les Wisigoths, avec Byzance qui finit, là aussi, par les détourner vers l'Occident. Les Ostrogoths, sous Théodoric, y conquirent l'Italie du Nord contre les Hérules, vers 490. De cette époque, on commença à voir se rapprocher Wisigoths et Ostrogoths. Un de ses successeurs de Théodoric hérita du royaume wisigoth, les Wisigoths d'Espagne, les Ostrogoths -et les Vandales- finissant par céder ou être menacés par la reconquête justinienne. Les Ostrogoths même qui, dans l'esprit de Justinien, devaient servir d'état-tampon entre Byzance et les Francs, finirent par être éliminés au milieu des règlements de compte entre Justinien et ses généraux Bélisaire et Narsès. Tant qu'ils demeurèrent ariens, les Wisigoths maintinrent -unité du monde méditerranéen?- des relations suivies avec Byzance et ce en-dehors du fait que les Byzantins, après la reconquête, se maintinrent sur une bande côtière méridionale jusqu'en 616 (d'où ils entreprirent la conversion des Suèves). D'anciennes relations existaient aussi avec l'Afrique du Nord et elles restèrent vivantes jusqu'au VIIème siècle; des réfugiés passèrent en Espagne en 570, fuyant les Maures

Les Byzantins se virent accorder en 554 des places maritimes dans le sud-est du pays pour prix de l'aide apportée à Athanagild qui combattait alors le roi Agilas, et l'Eglise, dans le même temps, à qui une tolérance totale avait été accordée, accroissait sa force, de façon soutenue, au détriment des souverains. La monarchie wisigothique, de plus, était une monarchie élective, et la noblesse faisait et défaisait les rois. Sur 35 rois wisigoths, 17 furent assassinés et décapités! L'unité politique fut cependant restaurée par le roi Léowigild (568-586) qui finit même par soumettre les Suèves. L'Espagne, à l'époque, avait su le mieux préserver la culture antique. Deux princesses wisigothes avaient été mariées à des rois francs: Brunehaut à Sigebert, roi d'Austrasie et Galeswinthe, sa soeur, à Chilpéric, roi de Neustrie. La reine Brunehaut fit, ainsi, restaurer certaines voies romaines (les "chaussées Brunehaut"). Sur le plan religieux, cependant, les divisions religieuses avaient fini par gagner la famille royale alors que, de plus, les ariens d'Espagne se retrouvaient isolés du fait de la chute des royaumes ostrogoth et vandale qui, eux aussi, pratiquaient cette hérésie. La reconquête byzantine, de plus, se présentait comme une reconquête "catholique". Cela finit par engendrer une guerre civile. Hermengild (St Hermengild), le fils de Léovigild, prit la tête des catholiques contre les ariens, qui, avec le roi à leur tête, essayaient de redonner de la vigueur à leur religion. Hermengild fut vaincu et subit le martyr. Après un effort manqué, dans un synode, à Tolède, de conciliation des deux religions, ce fut Récarède (586-601), le frère d'Hermengild qui réussit à rallier toute l'Espagne au seul catholicisme, s'étant lui-même converti lors du 3ème concile de Tolède, en 589. Il ajoutait ainsi l'unité religieuse de la péninsule à l'unité politique qu'avait réalisée Léovigild. Le roi wisigoth, à l'imitation de Byzance qu'on prenait pour modèle, adopta la pratique du trône et du manteau royal. Cette conversion, par ailleurs, était surtout le signe que la monarchie s'était ralliée aux Byzantins et ce sont les Juifs qui, déjà, firent échouer ce retour de Byzance en Espagne, Byzance poussant à leur expulsion. Les Wisigoths suivirent bientôt l'exemple de Récarède et rallièrent le catholicisme. C'est cela qui allait permettre que commence la fusion entre les Goths et la population romano-ibère. Les Byzantins, dans le même temps, furent définitivement évincés d'Espagne par les rois Sisebut et Suintila. Chindaswinth et Receswinth, pour leur part, travaillèrent à l'unité législative du pays et autorisèrent les mariages entre Goths et Espagnols qui, jusqu'alors, étaient interdits. C'est ainsi que "[d]ans le domaine des lois et de la politique, les Romains devinrent goths et dans le domaine de la vie sociale et de la religion, les Goths devinrent romains". Cette réunification religieuse fut, d'une certaine façon, assez néfaste à l'Eglise, car l'Eglise espagnole devenait une église nationale et officielle, dont les liens avec Rome, brièvement restaurés, cessèrent presque totalement. De plus, les rois wisigoths nommaient les évêques et convoquaient le "concile national" de Tolède, l'organisme qui était à la tête de l'Eglise d'Espagne. Jusque vers 650, on voit aussi se maintenir une influence byzantine, au moins dans l'art: la célèbre couronne votive de Receswinth suivait un rite grec d'offrance aux églises et fut peut-être fabriquée à Constantinople

Tout cela, cependant, ne mit pas fin aux luttes constantes entre la famille royale et les aristocraties, tant séculières que spirituelles. Les élites wisigothes étaient restées majoritairement ariennes et s'étaient alliées aux Juifs. Une forme de déclin s'ensuivit rapidement, sous le roi Wamba. Le déclin moral se développa et une décadence nette apparut sous le règne de Witiza. Elle culmina sous le dernier roi, Rodrigue (710-714). Ces luttes étaient dues au caractère électif de la monarchie. Ces désordres, cependant, devenaient très dangereux. Les conquérants arabes, en effet, étaient en train de progresser rapidement en Afrique du Nord, contrôlant l'ensemble du pays dès le milieu du VIIème siècle. La légende veut que ce soit le comte byzantin Julina, le gouverneur de Ceuta, cette ville de la côte d'Afrique où les Byzantins s'étaient maintenus, qui, pour venger sa fille des outrages de Rodrigue, ouvrit aux Musulmans les portes de l'Espagne. Ainsi la conquête arabe de l'Espagne continue la logique des combats entre noblesse arienne, Juifs et monarchie catholique. Une partie des Berbères, qui constituaient l'essentiel des troupes arabes, de plus, étaient des ariens. Les Juifs d'Espagne, eux, ayant souffert sous les rois wisigoths, malgré la judéophilie de la noblesse, se mirent en rapport avec leur correligionnaires d'Afrique et le calife arabe et, après un premier complot déjoué en 694, l'invasion arabe eut finalement lieu. Tarif (à qui l'on doit la ville de "Tarifa"), puis Tarik (à qui l'on doit le nom de Gibraltar -"Djebel-al-Tarik") menèrent deux expéditions de l'autre côté du détroit et Rodrigue, avec l'armée wisigothe, fut finalement gravement défait à la bataille de Guadalete (ou Jérez de la Frontera) en juillet 711. Il est possible que la trahison de partisans de l'ancien roi Witiza ait contribué à l'écrasement des Espagnols. Les Arabes avancèrent très rapidement, atteignant Tolède, la capitale. Les importantes communautés juives des villes facilitaient leur avancée en se voyant confier par les Arabes la garde de celles-ci, ce qui libérait les troupes pour la conquête. Les armées de Tarik, qui avaient reçu le soutien de Moussa, le gouverneur de Berbérie, avancèrent rapidement au Nord, finissant par prendre Saragosse dès 714 et poussant aussi loin au nord-ouest que Léon et Astorga. Certains des Espagnols se résignèrent à vivre sous domination arabe (ils s'appelèrent eux-mêmes les "Mozarabes") alors que le reste de la population s'enfuyait vers le Nord de la péninsule, y créant quatre royaumes (les royaumes des Asturies, d'Aragon, de Navarre et de Catalogne) qui devaient devenir les points de ralliement de la Reconquista. La majorité des élites wisigothes, en fait, se rallièrent aux Arabes du fait de leur arianisme

Pour ce qui concerne l'Eglise pendant la période wisigothe, de nombreux conciles très importants furent tenus, dont les plus importants furent ceux de Tolède et de Braga, alors que deux frères, Léandre et Isidore (Isidore de Séville) sont les plus connus des nombreux saints espagnols de cette époque. St Isidore fut le contributeur le plus éminent à la naissance de la littérature mozarabe. St Emilian Millan fut le père du monachisme espagnol. Paul Orosius fut l'historien de l'Espagne wisigothique et les chroniqueurs Idacius et Jean de Biclara appartiennent également à cette époque

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