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La grammaire

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Les Babyloniens avaient fait quelques efforts précoces de description du langage mais les premières grammaires systématisées apparurent en Inde à l'âge du fer et concernèrent le sanskrit. On trouve des auteurs qui s'échelonnent du VIème au IIème siècle avt. J.-C. On pense qu'ensuite, la grammaire émana des Grecs qui réussirent l'effort intellectuel de prendre un recul partiel par rapport à l'immédiateté de leur langue et de l'analyser en ses différents élements fonctionnels: noms, verbes, adjectifs, adverbes, prépositions, modes, conjugaisons, déclinaisons. Le mot "grammaire" lui-même vient du grec et signifie "lettre";. Ce fut particulièrement l'hellénisme qui fit émerger la grammaire comme une discipline au IIIème siècle avt. J.-C. avec des auteurs comme Rhyanus et Aristarque de Samothrace, le plus ancien ouvrage de grammaire étant l'"Art de la grammaire", attribué à Dyonisius le Thrace (vers 100 avant notre ère). Les Romains, héritiers des Grecs en terme de culture, théorisèrent ensuite qu'apprendre lire était fondamental pour l'art de la grammaire puis précisèrent: apprendre à lire en comprenant ce qu'on lisait. Apparurent alors, à partir du Ier siècle avt. J.-C., des ouvrages de grammaire latine développés à partir de modèles grecs avec des auteurs tels Orbilius Pupillus, Remmius Palaemon, Marcus Valerius Probus, Verrius Flaccus ou Aemilius Asper

Selon Raban Maur (780-856) la grammaire est "la science qui nous apprend à expliquer les poètes et les historiens, et l'art qui nous donne la capacité de parler et d'écrire correctement". La grammaire, ainsi, permettait de lire ce qu'avaient écrit les auteurs de l'Antiquité, les Pères compris. Traditionnellement, pendant le Moyen Age, on figura les arts libéraux par des allégories; celle de la grammaire était une femme tenant la férule dans la main gauche pour encourager les élèves à la lecture. La grammaire était, selon l'influence des auteurs de la basse-Antiquité, ainsi Priscien, une discipline fondamentale. Les hommes du Moyen Age entendaient la grammaire dans un sens plus large que celui que nous lui donnons actuellement: l'étude de la grammaire comprenait tout ce qui était nécessaire pour interpréter un texte et, dans certains cas, la connaissance de la géographie et de l'histoire. C'est à partir de la grammaire que se développèrent la dialectique et la rhétorique. Sous l'impulsion de Charlemagne, pour unifier la langue utilisée par les administrateurs, on entreprit une restauration du latin du VIe siècle selon la grammaire d'Aelius Donatus. La révision de la Bible de St Jérôme par Alcuin contribua aussi sans doute à l'utilisation de la grammaire. A l'époque carolingienne, la grammaire était également importante quand il s'agissait de christianiser les peuples puisqu'il fallait traduire les textes et les concepts chrétiens pour atteindre ces derniers. Elle le fut aussi lorsque les langues de l'Empire se différentièrent (bas-latin, latin de cour, tudesque, langues romanes) puisqu'il fallut comprendre les mécanismes de chacunes d'entre elles. Il existait, d'une manière générale, aussi des grammaires de langues autres que le latin: une grammaire de l'irlandais (VIIème siècle) ou de l'arabe (idem; oeuvre de Abou Al-Asouad al-Dou'ali) ainsi que de premiers traités de grammaire de l'hébreu (dans le contexte de la Mishna); une tradition karaïte se développa dans la Bagdad des Abassides et le Diqduq (Xème siècle) est l'un des plus anciens commentaires grammaticaux de la bible hébraïque. Puis, au XIIème siècle, Ibn Baroun, compara, selon la tradition grammatical arabe, la langue hébraïque avec la langue arabe

Dans les faits, la grammaire fut la seule discipline du trivium réellement pratiquée pendant la renaissance carolingienne, en l'absence d'une connaissance réelle de la dialectique; elle emportait commentaire de texte et exégèse. La grammaire allait permettre de copier correctement les textes sacrés. Les références de la renaissance carolingienne furent plus celle de l'Antiquité tardive alors que l'Eglise tendit à plus se présenter en héritière de l'Antiquité classique. A la grammaire héritée de l'Antiquité tardive (IVème-VIème siècles; Isidore, Julien de Tolède, Bède, le pseudo-Augustin) s'ajoutent des commentaires, gloses et paraphrases mais ils sont mal connues car oraux; ils ajoutent des aspects syntaxiques et rhétoriques aux questions de morphologie, d'orthographe ou de métrique. Les références restent des poètes chrétiens de l'Antiquité tardive: Juvencus, Prudence, Sedulius, Arator voir des poètes plus récents, ainsi l'Anglo-saxon Aldhelm de Malmesbury. Seuls Virgile, Horace, Cicéron, des historiens ou des copies du IXème siècle, qui sont moins représentés dans les bibliothèques, restent des références classiques mais qu'on n'utilise que sous forme de vers épars sans recours à l'ensemble des textes d'origine. Les manuscrits complets étaient rares et essentiellement offrandes au patron du monastère. La valeur symbolique des classiques antiques était forte mais la réalité était aux extraits des auteurs de l'Antiquité tardive. Seule l'histoire, centre d'intérêt classique chrétien, était parfois reproduite dans l'intégralité des manuscrits (César, Tite-Live, Tacite, Suétone, Orose, Eusèbe de Césarée, Flavius Josèphe, Bède, Grégoire de Tours) insérés dans les chroniques et histoires de l'époque. Le latin carolingien, enfin, du fait de l'insuffisance de véritables grammaires, passa au latin tardif. Les grammaires latines virent leurs règles fixées avant que le vrai latin disparût devant les langues nationales. D'une façon générale, il y a, sous les Carolingiens, "romanisation" du modèle culturel. A la fin de l'époque (vers 950-XIème siècle), se développe, sur la base de Priscien -et non plus de Donat, avec un Abbon de Fleury ou un Aimeri, un effort original carolingien concernant l'orthographe et la morphologie (mais prononciation et syntaxe restent du domaine de l'oral); les Irlandais, par ailleurs avaient développé l'influence de leurs théories à partir de vers 850 via un réseau Laon-Reims-Metz-Auxerre

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 5/14/2019. contact us at ggwebsites@outlook.com
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