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Le limes de Germanie

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Voici quelques éclaircissements rapides sur le limes de Germanie, système défensif qui permit à Rome, pendant moins de 200 ans, de marquer sa frontière d'avec les peuples germains, qu'elle ne put jamais vaincre et qui, au IVème siècle, allaient venir contribuer à la synthèse qui allait fonder l'Europe

vignette-lien vers une vue des principes de construction d'un camp des légions romains; ils furent appliqués au concept du limescliquez vers une illustration des principes de construction d'un camp des légions romaines; ils furent appliqués au concept du limes

Rome, comme ailleurs dans l'Empire, fortifia ses frontières avec les peuples germains. La limite protective est dite un "limes", système défensif typiquement romain. Ce fut, dans la région, le "Limes Germanicus", le "limes de Germanie", qui exista de 83 à 260, atteignant, à son maximum, une longueur de 568 km, 60 forts et 900 tours de garde. En 2005, les restes du limes de Germanie et de Rhétie (l'actuelle Suisse) ont été inscrits à la liste UNESCO des World Heritage Sites. La décision d'une ligne de fortification sur la nouvelle frontière des Germains fut prise par Auguste, peu de temps après la célèbre défaite des légions du légat Varus en l'an 9 de notre ère ("Oh! Varus! Rends-moi mes légions") à la bataille de Teutoburg, en 9 de notre ère. L'oeuvre d'Auguste consista surtout à relier entre eux les différentes lignes de fortifications qui avaient déjà été établies et il forma ainsi, d'une part le limes des Germanies Inférieure et Supérieure, le long du Rhin, et, d'autre part, le limes rhétique, le long du Danube. Rome, ainsi, acceptait pour frontières avec la Germanie le Rhin et le haut-Danube. Elle ne contrôlait, au-delà, que la plaine fertile de Francfort-sur-le-Main, la partie sud de la Forêt Noire et quelques têtes de pont. Il y avait, entre le Rhin et le Danube antérieur, dans les actuels Forêt Noire et Jura Souabe, une zone germanique en coin, peu protégée par les fleuves qui y étaient facilement franchissables. Comme des Romains avaient poussé vers l'Est, cela amena un changement de politique de Rome dès la dynastie des Flaviens, à la fin du Ier siècle, à partir de l'an 74. L'actuel pays de Bade fut occupé et une route construite entre Strasbourg, la base romaine de la région, et Ulm. Le nouveau limes fut établi en 83 par l'empereur Domitien, qui confirma l'avance romaine à partir de Mogontiacum (Mayence, Allemagne). La région entre Mayence et Ulm fut alors enclose derrière une ligne de fortins, des forts plus grands étant installés à l'arrière, via le haut-Neckar. Les travaux se poursuivirent probablement sous Hadrien ou son successeur Antonin le Pieux et les Antonins, et les Romains avancèrent encore plus loin et englobèrent ce qu'on appelle finalement les Champs Décumates, du nom des impôts qui y étaient levés: le "Pfahlgraben", du Rhin de Mayence au Sud, est un fossé et talus avec palissade; le "Teufelsmauer" est un mur de pierre qui commence là où finit le précédent et, orienté Ouest-Est, il longe le Danube jusque vers Castra Regina, l'actuelle Ratisbonne. Ce limes, fusion du limes de Germanie et celui de Rhétie, allait durer 100 ans, le limes germano-rhétique ou limes de Germanie. Les Champs Décumates étaient une zone faible de la défense de Rome et étaient donc lourdement gardés. Cette zone de 300 km de long permettait le passage aisé de grands groupes germaniques, qui n'avaient pas à traverser des fleuves d'importance. Cette zone du limes présente donc une forte concentration de tours et forts, organisés en profondeur et nombreuses couches au long des cours d'eau, des gués, des routes et des collines. Au Nord, le Limes Germanicus continuait au-delà de Mayence, atteignant jusqu'à la mer du Nord, à Katwijk (Pays-Bas), suivant les principales branches de l'embouchure du Rhin. Pendant ces 100 ans, au cours de la "Pax Romana" -l'apogée de l'Empire romain- on perfectionna le limes des Champs Décumates. On équipa, par exemple, le limes de pièges en puits et d'autres défenses spéciales

Malgré les efforts de Rome, les Champs Décumates durent être abandonnés dès 250. La pression des peuples germaniques avait commencé de s'exercer dès la fin du IIème siècle et de longs combats s'ensuivirent. On abandonna ainsi ce qu'on appelait le limes de Rhétie Supérieure et on se replia sur le Rhin et le Danube. Le limes n'était rien d'autre que l'application à une frontière des techniques que la légion romaine employait pour bâtir ses camps: un fossé dont la terre faisait un remblai, au-dessus duquel on plantait des pieux de bois. Le fossé, le remblai et la palissade du limes étaient simplement plus importants voire la palissade était remplacée par un mur de pierre. Derrière le fossé, on installait des tours en bois ou en pierre, à portée de vue l'une de l'autre. Plusieurs kilomètres en arrière, on construisait des forts, avec lesquels les tours de guet pouvaient aussi communiquer visuellement. Le limes avait pour fonction essentielle de maintenir le contrôle de Rome sur ce qui passait la frontière dans un sens ou un autre: marchands, Germains venant travailler ou vivre sur le territoire romain. Il permit donc, pendant, un temps, d'empêcher les pillards (il n'était guère possible de faire traverser le butin en bétail, par exemple, au limes) et le mouvement de peuples entiers. La crise du IIIème siècle trouve là l'une de ses origines, les autres se situant dans les usurpations du titre impérial et la pression des Perses sur les frontières orientales. Le limes fut donc ramené sur les seuls fleuves du Rhin, de l'Iller (à l'Est du lac de Constance) et du Danube ou "limes Danube-Iller-Rhin". Une tactique originale vit alors le jour: des bateaux rapides, les "navis lusoria", permettaient de joindre rapidement les forts ou les points posant problème. Des forts fortement fortifiés avaient été construits aux points de passage importants (ainsi le Castrum Rauracense près de Bâle, en Suisse) ou dans l'arrière-pays du limes (Vindonissa, en Suisse). Longtemps, le seul pont sur le Rhin, se trouva à Mayence; par la suite, sous Constantin, on en bâtit un à Cologne, défendu par un camp fortifié sur la rive germaine. Au Bas-Empire, on estime que, pour tout l'Empire romain, 360 000 hommes sédentaires tenaient un limes de 6000km, sans compter les troupes des fédérés et gentiles, ces paysans-soldats du limes romain. Le concept du limes, qui était de contrôler le passage de la frontière de Rome, se trouva en défaut lorsque les peuples germaniques réussirent, lors des Grandes Invasions, à entrer en masse dans l'Empire: comme toutes les légions de Rome étaient cantonnés au long des limes, de l'Ecosse à l'Orient, une fois dans l'Empire, les Germains purent circuler librement, sans aucune résistance. Les "Germanies", provinces romaines du Rhin, où les Romains installèrent des tribus germaniques amies, virent un premier brassage des populations. Le cas le plus célèbre fut celui du poète Ausone, dernier défenseur, au milieu du IVème siècle, du paganisme antique, qui avait épousé une esclave germaine affranchie

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