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Les Etats Pontificaux

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Constantin le Grand, en même temps qu'il avait autorisé le catholicisme dans l'Empire romain, avait également permis à l'Eglise de détenir et transmettre des biens -c'est ce qui donna lieu à la fameuse légende de la Donation de Constantin. Constantin, d'ailleurs, fit lui-même don à l'Eglise du palais du Latran et les familles importantes, dans l'Empire, firent des donations jusque vers l'an 600. La plupart de ces domaines se trouvaient en Italie. Ceux situés près de Rome étaient les plus nombreux mais c'était ceux de Sicile qui étaient les plus productifs et les plus grands. Ces derniers ayant été confisqués par l'empereur byzantin Léon l'Isaurien au VIIIème siècle, le pape resta cependant le plus grand propriétaire foncier en Italie, ce qui donna une assise à son autorité politique. Le pape, par là aussi, devenait le défenseur de tous ceux qui, en Italie, refusaient de passer sous le contrôle des Lombards ou sous celui de Byzance. Les années du tournant des VIIème et VIIIème siècle furent marquées par la lutte entre le pape et Byzance, et celles-ci menèrent à ce que l'Eglise abandonna définitivement toute perspective orientale et se tourna vers l'Occident et les royaumes qui s'y trouvaient. Cela prit la forme particulière de l'alliance avec la dynastie naissante des Carolingiens alors que, dans le même temps que les Byzantins se retiraient d'Italie, c'était la menace lombarde qui s'y développait. L'histoire, d'une façon générale, depuis la chute de l'Empire romain, s'était déroulée. A partir de 476, Odoacre, roi des Hérules, Germains de Scandinavie, est respectueux des traditions romaines et recherche l'appui des élites romaines; il entretient de bonnes relations avec l'Eglise. Cependant, Zénon, empereur d'Orient voulait installer les Ostrogoths dans la péninsule et leur roi, Théodoric, finit par vaincre Odoacre en 490. Peuple chrétien, largement romanisé, l'installation des Ostrogoths amène 40 ans de paix. La reconquête justinienne, cependant, à partir de 535, amène déclin, dépeuplement et épidémies même si le règne de Justinien put permettre aussi un bref répit dont la papauté profita pour se renforcer et établir la théorie du double pouvoir, temporel et spirituel. Très vite (569), tout ceci laissa la place aux Lombards, autres Germains qui venaient de Hongrie. L'occupation se fit "par poches" (jusque, dans le Sud, à Salerne, au Bénéent et Brindisi) et Pavie devint leur capitale alors que le Monte Sant'Angelo, en Italie du Sud, devenait leur sanctuaire "national". L'Italie, ainsi se partageait entre territoires lombards, ceux du pape et ceux de Byzance (Ravenne, Pouilles, Calabre). Après l'intervention franque et le couronnement de Charlemagne, l'Italie reprit une évolution relativement semblable: le Bénévent garda son indépendance durant trois siècles, jusqu'aux invasions normandes au XIème siècle et des zones du Sud restèrent grecques ("capitanat d'Italie " à Bari, Calabre). Un acteur nouveau, les Sarrasins, sont en 827 en Sicile, y relevant la civilisation au niveau de ce qu'elle avait été sous les Byzantins. Plus au Nord, la bataille d'Ostie, en 846, les arrêta et le carolingien Louis II les expulsa, par exemple, de Bari en 866 puis fut finalement trahi et emprisonné à Bénévent. Ses efforts profitèrent aux Byzantins qui, regroupèrent, sous le commandement de Nicéphore Phocas, une coalition de Lombards, Byzantins, milices d'Italie du Sud qui continrent les Arabes. Mais, dès 917, ces derniers réussissaient à rendre la Calabre tributaire. Même des Illyriens organisaient des raids contre le Sud italien

vignette-lien vers une vue des états pontificaux à l'époque carolingiennecliquez vers une vue des états pontificaux à l'époque carolingienne

La principale raison du conflit entre les Lombards et le pape, aidé des milices des populations, résidait en la zone géographique où l'ancien exarchat byzantin de Ravenne atteignait les territoires romains, stricto sensu, du pape. C'était là aussi que se trouvaient les intérêts des Lombards: cette zone coupait la route entre leurs possessions principales du nord de l'Italie et leurs duchés de Bénévent et de Spolète. Aussi, les papes allaient devoir affronter les Lombards dans le même temps que les Byzantins quittaient l'Italie! Les papes purent faire face jusque dans les années 715, puis, en 739, ils se tournèrent pour la première fois en direction des Carolingiens, dans les zones d'influence germaniques desquels St Boniface déployait alors son activité. Le pape Grégoire III demanda son aide à Charles Martel. Il n'est pas impossible que le représentant de l'empereur byzantin à Rome ait donné son accord. Mais, les Lombards étant les alliés de Charles contre les Arabes, ce premier contact n'aboutit pas. Pendant 20 ans, le pape réussit à défendre ses territoires en usant des dissensions internes des Lombards. Mais, vers 750, le nouveau roi des Lombards, Aistolf, plus radical, se fit plus menaçant. Le pape n'eut alors d'autre recours que d'appeler de nouveau les Francs à l'aide. Il se pourrait même que cela ait été sur le conseil de Byzance qui aurait conseillé au pape d'employer la vieille tactique de l'Empire byzantin d'utiliser un peuple barbare contre un autre. Byzance, de toute façon, ne pouvait pas intervenir. Les empereurs byzantins, ainsi, par le biais du pape, essayaient d'instrumentaliser les Francs. Le pape Zacharie, par ailleurs, en 751, avait officiellement légitimé l'accès des Carolingiens à la royauté franque. Son successeur, le pape Etienne II, tout en essayant, comme Byzance lui avait demandé, de négocier avec Aistolf, réussit à passer le col du Grand Saint-Bernard et à atteindre la cour de Pépin. C'est à cette occasion, qu'à Saint-Denis, il oignit Pépin, la reine, Carloman et Charles, et que les Francs furent tenus, sous peine d'excommunication, de ne jamais choisir leurs rois dans une autre famille de celle des Carolingiens. Le pape, de plus, conféra à Pépin et ses deux fils le titre de "Patrice des Romains", ce titre qui avait appartenu auparavant aux exarques, les plus hauts dignitaires byzantins d'Italie. Le roi franc était ainsi reconnu comme le nouveau protecteur des Romains et du pape. Cela, cependant, pouvait encore passer pour ambigu dans la mesure où l'acte avait été autorisé par Byzance

La noblesse franque ayant donné son accord à l'expédition, Pépin, après que plusieurs ambassades auprès d'Aistolf aient échoué, entra en campagne. C'est à l'assemblée de Quierzy-sur-Oise qu'il fit la promesse écrite de donner des territoires au pape. L'armée, à l'été 754, marcha sur l'Italie, avec Pépin et le pape. Il fallut encore une campagne pour venir à bout de la duplicité du roi lombard. Celui-ci rendit en 756 les territoires qu'il avait pris au pape et aux populations italiennes. Lors de chaque campagne, Pépin fit rédiger un document écrit dans lequel il reconnaissait que lesdits territoires étaient donnés en cadeau à la papauté (ces deux documents sont appelés, l'un, la "donation de 754", l'autre, la "donation de 756"). Ces deux donations sont tout simplement les actes qui fondent les Etats pontificaux! Pépin rejeta la tentative que fit Byzance que les territoires lui soient remis. Le roi franc, par ces donations -par cette souveraineté temporelle du pape sur ces territoires- fondait la garantie de l'indépendance pontificale. Ces actes, de plus, marquaient la rupture définitive des liens que Rome pouvait encore entretenir avec l'Empire byzantin. 22 anciennes villes byzantines, le duché de Rome, l'Exarcat de Ravenne et la Pentapole (cinq villes, dont Rimini et Ancône, de la côte adriatique) furent remises au pape. La fondation des Etats pontificaux divise les possessions lombardes en deux, avec le royaume lombard proprement dit au Nord et les duchés de Spolète et de Bénévent au Sud. Charlemagne, le successeur de Pépin, dut encore intervenir contre les Lombards, dont le roi, alors, était devenu Didier. A la fin de la campagne de 773-774, Charlemagne devint "roi des Lombards" et, dans un nouveau document écrit, en accord avec le pape Adrien Ier, il énuméra précisément, en 781, tous les territoires dont le pape devenait le souverain. Des donations de 787 accrurent encore les Etats Pontificaux. Comme cela était déjà clair depuis l'époque des luttes entre le pape et les Lombards, les Etats Pontificaux n'étaient pas qu'un simple groupe de territoires. Ils étaient sous la protection des Princes des Apôtres, St Pierre et St Paul, dont les tombes se trouvaient à Rome. Les Francs devenaient ainsi le bras armé des Etats du pape. Et, depuis, jusqu'en 1870, cette sainte alliance entre la papauté et les empires de nation allemande d'au-delà des Alpes se perpétua. On doit noter que la refondation des Etats pontificaux est vue, par les papes mêmes, comme une véritable "renovatio" de la puissance pontificale, un renouveau de la dignité des papes. Le palais du Latran, ainsi, comme d'autres églises de Rome rénovées ou nouvellement construites, sera modifié avec luxe sous Léon III, un triclinium étant construit qui rappelait celui du palais de Constantinople et possédait trois absides, à la mode carolingienne, comme celles de l'aula regia du palais d'Aix. Dans la conque du triclinium, avant même le sacre de l'an 800, on figurait St Pierre remettant le pallium à Léon III et l'étendard à Charlemagne. Dans le cadre du programme de rénovation artistique de la ville de Rome en lien avec la restauration de l'autorité pontificale, on assistera aussi à une exaltation de la Vierge Marie qui occupe, dans les représentations, la place habituellement réservée au Christ

vignette-lien vers l'aspect de Rome à l'époque carolingiennecliquez vers un aspect de Rome à l'époque carolingienne

Pour ce qui est de la fin de l'époque carolingienne, les Etats Pontificaux furent essentiellement menacés par les querelles entre les factions de la noblesse de Rome et des patriciens locaux, dont le but était de contrôler les élections pontificales. Cela se vit bien déjà pendant les évènements qui menèrent au sacre de Charlemagne, en 800. Charlemagne, par l'accord de 781, avait de plus promis de garantir la liberté de l'élection pontificale. Aussi, chaque nouveau pape prit soin de faire confirmer cette garantie par chaque empereur. C'est sous le règne de Louis le Pieux que l'influence impériale sur la papauté atteint son apogée. Le pape nouvellement élu devait prêter une forme de serment d'allégeance. Puis le déclin de l'Empire carolingien et les menaces arabes sur l'Italie à partir de 849 amenèrent une plus grande indépendance de la papauté, qui redevenait le souverain temporel et le défenseur de ses états. Mais, pendant la même époque, la papauté se trouva entraînée dans les diverses luttes de succession entre les Carolingiens. Cela commença sous le règne de Louis II, qui ne règnait, en fait, essentiellement, que sur l'Italie et qui s'instaura le tuteur de la papauté à partir de 860. Cela continua ensuite jusqu'au début du Xème siècle, les papes, dispensateurs de la couronne impériale, étant pris en otage. Rome, finalement, en 915, passa sous le contrôle des comtes de Tusculum. A l'époque, ce fut Thédora, la veuve du défunt comte, et ses deux filles, Marousie et Thédora, qui assuma le pouvoir. Bien qu'alliés dans la lutte contre les Arabes, la papauté finit par tomber entièrement sous la coupe de Marousie. Elle déposa le pape Jean X et plaça l'un de ses fils sur le trône pontifical sous le nom de Jean XI. Puis, après 932, le développement des Ottoniens, en Allemagne, amena un nouveau changement dans la suprématie qui s'exerçait sur Rome. Otton Ier, par exemple, en 962, renouvela les donations écrites des Carolingiens en même temps qu'il obtint le droit de vérifier la canonicité des élections pontificales. Cela n'empêcha pas les luttes et le déclin de continuer pendant les dernières années de l'époque carolingienne. Le désordre continua même ensuite, l'histoire de la papauté se mêlant à celle de l'empire d'Allemagne jusqu'à la Querelle des Investitures

En avril 774, on pense que le pape Adrien -on est 20 ans après l'onction de St-Denis- avait, pour apurer une fois pour toute la question des Etats de l'Eglise, fait rédiger, par la chancellerie pontificale, le faux célèbre dit la "Donation de Constantin". Cela s'inscrit bien dans ce qui s'était fait depuis la rencontre, en 754, à Ponthion, où, venant renouveler l'onction donnée à Pépin le Bref par St Boniface, le pape Etienne II avait sciemment mis en scène son arrivée dans ce palais sur le modèle de ce qu'avait été la rencontre entre le pape Sylvestre et l'empereur Constantin Ier. C'est ce document qui montrerait désormais comment Constantin avait non seulement laissé Rome au Pape, mais, de plus, la souveraineté de celui-ci sur l'Empire romain d'Occident. C'est alors que l'empereur aurait offert au pape le Latran, Rome "et toutes les provinces, localités et cités de l'Italie et des régions occidentales". Les faussaires du Vatican, de plus, mettent dans la bouche de Constantin qu'il a choisi de s'installer dans la ville nouvelle de Constantinople "car il n'est pas juste que l'empereur terrestre garde le pouvoir là où l'empereur céleste a établi le prince des prêtres et le chef de la religion chrétienne"

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 10/31/2016. contact us at ggwebsites@outlook.com
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