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Ecoles et sectes dans l'Islam

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L'Islam, dès les débuts, est affecté d'une grande variété de tendances ou de schismes. Même le sunnisme, l'Islam "orthodoxe" admet 4 "écoles" juridiques, par exemple. Le chiisme est le schisme principal d'avec le sunnisme. Du chiisme sont sortis d'autres factions. Enfin, le soufisme est une approche mystique. On donne ici un aperçu de ces pratiques et points de vue qui ont existé à l'époque carolingienne et ont pu avoir une influence dans le Califat voire dans l'Espagne musulmane. On notera aussi que la majorité des débats théologiques qui ont animé -puis défini- l'Islam après la mort de Mahomet ont lieu à l'époque des Carolingiens

Les quatres écoles orthodoxes du sunnisme

Le sunnisme est la branche majoritaire de l'Islam. Elle se fonde sur le califat -pouvoir politique sur l'ensemble des Musulmans, désigné non par succession mais à l'imitation du processus d'accord qui eut lieu entre les compagnons de Mahomet à la mort de ce dernier- et sur l'interprétation de la Révélation musulmane -menées par les savants en théologie. La "sunna" ("tradition") est constituée par l'ensemble des actes et paroles du Prophète -les "hadiths"- tels qu'ils furent consignés par les compagnons de celui-ci. C'est de cette dernière conception que sont apparues les quatres écoles ou rites (ou "madhhab") "orthodoxes" du sunnisme, qui, stricto sensu, sont quatre écoles de droit ("charia") et de jurisprudence ("fiqh") qui visent à savoir comment on interprète les règles concernant la communauté musulmane, lesquelles trouvent leur origine dans le Coran et la vie de Mahomet. Les quatre écoles du sunnisme admettent les sources suivantes de la charia: le Coran, la "sunna" (les règles tirées des "hadiths", faits et gestes du Prophète), l'"ijma" (l'opinion unanime des compagnons de Mahomet sur un point non réglé) et le "qiyas" (raisonnement personnel par analogie du théologien)

Au Xème siècle, la plupart des érudits du monde islamique s'étaient ralliés, quelles que puissent être leurs appartenances par ailleurs, à l'école théologique dite de l'"acharisme". Cette école avait été fondée par Abou Hassan al-Achari (873-935) et elle affirmait un point de vue traditionnel qui constituait, finalement, une forme de synthèse des débats et écoles qui avaient existé depuis l'Hégire, entre trop de raisonnement des théologiens libéraux ou refus du raisonnement des trois premières générations d'érudits ayant suivi Mahomet (les "salafs"). L'acharisme résolvait la question des relations entre puissance Dieu et liberté des hommes en affirmant que la liberté de l'homme se limite à choisir entre les bonnes et les mauvaises actions créées par Allah; de plus, on revenait à l'idée que le Coran était révélation et non contingence. L'acharisme permet même le "kalâm", forme de dialectique théologique inspirée des Grecs: à l'encontre des salafs qui le refusaient, des différents sectes qui le pratiquaient, le raisonnement pouvait être utilisé, dans le cadre de disputes théologiques, lorsque besoin est, pour prouver la justesse de la révélation contenue dans le Coran et la sunna (la "tradition" qui s'y ajoute). Le kalâm n'est cependant pas philosophie -de type Aristote, par exemple- puisqu'il ne permet pas la connaissance de Dieu par le raisonnement. L'acharisme fut finalement suivi, vers 980, par "tous les Mâlikites, les trois quarts des Shâfi'ites, un tiers des Hanafites, et une partie des Hanbalites". Les deux-tiers restant des Hanafites suivaient le maturidisme, une école de pensée proche mais considérée comme étant plus l'héritière de Abû Hanîfah lui-même (elle développe un point de vue à peine plus favorable à la liberté humaine)

Le chiisme

Le chiisme est un schisme d'avec l'Islam orthodoxe ou sunnisme. Il regroupe aux alentours de 15% du monde islamique actuel et 90% des chiites sont des Iraniens. Comme on l'a vu, le chiisme est né de la sécession d'Ali (Ali ibn Abu Talib), le cousin de Mahomet et son beau-fils qui, à la fin des années 660, s'opposa au calife Othman (644-656). Son piétisme exprimait des oppositions théologiques par rapport au texte original du Coran ainsi que l'opposition sociale et politique des Bédouins, qui s'estimaient désavantagés, au profit des Arabes de la péninsule, dans les partages de la conquête arabe. Les revendications d'Ali au Califait se fondent sur le fait que la désignation d'Abu Bakr comme successeur de Mahomet n'avait été le fait que de la réunion d'"ansârs", ces compagnons du Prophète de l'islam originaires de Médine (à l'encontre des "muhâjirûn", expatriés de La Mecque à l'Hégire). Selon les partisans d'Ali, Mahomet avait désigné ce dernier à plusieurs occasions. Les chiites sont partisans d'une succession au califat arabe par le lignage de Mahomet ("Ahl al-Bayt") et non, comme les sunnites, par la désignation (qui commence, dès la mort du Prophète quand ses compagnons, réunis, désignent Abou Bakr comme le plus digne de lui succéder). Le chef des Musulmans, qui porte le titre d''imam" plutôt que de Calife, est également autorité religieuse. Ali et ses deux fils, Hassan et Hussein, représente donc le début de la lignée des imams, seul ordre de succession à la tête de la communauté musulmane reconnu par les chiites. Ce point de vue exclut aussi les trois premiers califes (Abou Bakr, Omar et Othman) qui ont usurpé la succession dévolue à Ali. Le chiisme, ainsi, fonde une branche de l'Islam séparée du sunnisme orthodoxe et se présente, autant que ce dernier comme étant l'Islam. Il se caractérise aussi par un fort clergé, lié à l'imam, gardien aussi bien de la Révélation que de la tradition ésotérique. Le chiisme insiste aussi plus sur le raisonnement ("kalam"), le libre-arbitre, la justice; l'interprétation continue de la révélation d'Allah se distingue de celle des sunnites en tant que ce sont les imams, descendants du Prophète, qui la pratiquent et non pas les savants (ce qui, dans le sunnisme, a donné naissance aux quatres écoles admises, lesquelles se fondent sur les analyses de quatres savants); les haddiths (récits des actes et faits de Mahomet) auxquels se réfèrent les chiites sont, de plus, différents de ceux des sunnites. La quasi majorité des chiites, à partir de 874, ont été qualifiés de "duodécimains" voire de "jafaristes". C'est ce chiisme qui est, de nos jours, celui de l'Iran. Ils pensent que le douzième imam, successeur de Mahomet, a été occulté, ce qui permet de ne plus se centrer sur la question du pouvoir politique, celui-ci étant admis passivement jusqu'au retour du 12ème imam -qui est déjà présent en esprit au milieu de la communauté des croyants- qui sera le "Mahdi", sorte de Messie qui viendra instaurer la justice. D'ici là aucun pouvoir n'est vraiment légitime. Sont sources du droit dans l'Islam chiite le Coran, la sunna, les hadits de Mahomet et des douze premiers imams, lesquels sont infaillibles puisque successeurs par décision du Prophète, laquelle fut inspirée divinement. Les chiites commémorent la mort d'Hussein, deuxième fils d'Ali, le plus fidèle à l'attitude de celui-ci, tué à la bataille de Karbala, en 680, par les troupes du fils de Muawiya. Les chiites encouragent le concept de "taqlid", par lequel les personnes peu instruites doivent choisir une sorte de directeur spirituel pour leur vie de tous les jours

Les différentes mouvement nés du chiisme

La bataille de Siffin, en 657, puis la mort d'Ali puis de ses fils amena des questions de succession à l'imamat qui donnèrent naissance à de nouvelles et nombreuses sectes chiites. Nous évoquons ici celles qui concernent l'époque carolingienne

L'alévisme

L'alévisme, en Islam, est une divergence de l'Islam chiite et une variété de soufisme. Elle est née vers l'an 800 d'Imam Riza, de la famille du Prophète, persécuté par le sunnisme des Abassides. Il partit alors pour le Khorasan (nord-est de l'Iran et actuel Turkménistan); il y forma des disciples et les envoya pour convertir les populations turques du Khorasan et du Turkestan. Par ailleurs, de 860 à 931, un Etat alévi fut crée au Sud de la mer Caspienne par un descendant de l'imam Hassan, le fils d'Ali, le fondateur du chiisme et, vers 941-942 un voyageur arabe atteste de l'existence définitive, en Asie centrale, de Turcs alévis. Les Turcs, d'une façon générale, ont combattu, entre VIIème et IXème siècle, les Omeyades commes les Abassides pour cause de religion, les deux dynasties arabes étant des sunnites. La naissance de l'alévisme s'est également placée sous l'influence des anciennes religions anatoliennes et du paulicianisme (hérésie néo-manichéenne d'Arménie du VIIème siècle) puis du bogomilisme (hérésie gnostique et manichéenne du Xème siècle). L'alévisme professe une sorte de trinité ou "Uçler" ("les Trois"): Allah (qui représente la vérite divine ou "Haqq"), Mahomet (qui représente la prophétie) et Ali (qui représente la sainteté, l'ami de Dieu et l'imam, commandant des croyants). Les alévites développent une interprétation ésotérique du Coran à l'encontre de la lecture littérale des sunnites (ainsi que des chiites). Seul le message du Coran est universel mais ses versets ont été adressé aux Arabes, dans telles conditions géographiques et sociologiques. Il s'approfondit par la science et le savoir, l'ordonnancement originel des sourates du Coran (selon l'ordre de révélation) mettant aux origines le commandement de lire (l'ordonnancement, sous les Omeyades, par longueur des sourates, serait une volonté politique de maimise des élites sur l'éducation et la culture). Une démarche initiatique est aussi pratiquée ainsi que les pélerinages aux tombeaux des saints. Le "dede" ("grand-père", en turc), descendant du Prophète, est le chef de la communauté. Les alévites, au Moyen-Age, s'organisèrent en la confrérie des Bektachis, fondée trois siècles après la mort de Haci Bektas Veli. La confrérie joua un rôle essentiel dans l'islamisation de l'Anatolie et des Balkans. La domination ottoman fut une période de persécutions contre les alévites mais les bektachis jouaient un rôle important au sein des Janissaires, le corps d'élite du sultan. Les alévites se trouvaient de l'Anatolie au Turkestan en passant par les confins de l'actuelle Turquie et de l'Iran donc des populations kurdes. L'alévisme, de nos jours, se revendique tradition musulmane moderne et représenterait 15% de la population turque actuelle. Ils ont soutenu les réformes d'Atatürk dans l'espoir que la laïcité leur donnerait une plus grande liberté

Le soufisme

On a là une quête intérieure, initiatique et ésotérique qui, née dans le sunnisme (les soufis revendiquent que les quatre fondateurs des écoles orthodoxes sunnites étaient des soufis), a évolué pour exprimer la dissidence chiite. Selon les soufis, Mahomet, en même temps que le Coran, aurait reçu des révélations ésotériques qu'il n'aurait partagées qu'avec certains de ses premiers compagnons. Les premiers groupes soufis sont apparus à Koufa et Bassorah, au VIIIème siècle puis à Bagdad au siècle suivant. Ce sont des confréries fondées par des maîtres spirituels, lesquels se revendiquent d'une chaîne spirituelle qui, in fine, se rattache à Mahomet via Ali ibn Abu Talib, le 4ème calife, cousin du Prophète et fondateur du chiisme. Dans certaines régions, à certaines époques, les confréries locales ont pu, à elles seules, représenter l'Islam (islamisation de l'Afrique de l'Ouest par exemple, ou résistance à l'avance russe en Asie centrale). Le soufisme, d'une façon générale, a souvent été persécuté par certains sunnites pour hétérodoxie superstitieuse ou païenne, ou chiisme. Une pratique plus assidue de l'Islam, le refus des vices sont des aspects du soufisme qui doit mener au degré le plus élevé de la foi et du comportement personnel, qui permet l'ivresse spirituelle et la connaissance et la vision de Dieu. L'aspect le plus remarquable est le "dhikr", l'invocation rythmée du nom d'Allah ou de la profession de foi (shahâda) musulmane; le nom d'Allah possède en soi une valeur qui agit sur l'âme. De là, le soufi doit revenir au monde pour agir sur celui-ci. Rabia al Adawiyya (mort en 801), Dhul-Nûn al-Misri (mort en 859), Bayazid al-Bistami (mort en 878), Junayd (mort en 911), Mansur al-Hallaj (mort en 922) sont les maîtres soufis de l'époque carolingienne. Un dénommé Ibn Mansour al Halladj, soufi de Bagdad fut crucifié en 922 pour avoir divulgué des "vérités ésotériques". On ne sait que peu que l'émir Abd-el-Kader, figure de la résistance algérienne à l'implantation européenne, était un maître soufi. Dans le soufisme, dès les origines, Jésus est une figure et un maître de sagesse et de spiritualité

On voit bien, à travers les développements qui ont précédé combien l'unité de l'Islam n'est qu'apparente -et souvent liée à un souverain, une dynastie, ou une période de l'histoire- alors que sont nombreux les facteurs de fragmentation ou de dissociation

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 10/14/2016. contact us at ggwebsites@outlook.com
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