logo du site et lien-retour vers la home page française image décorative flèche retour

Spiritualité et vie littéraire byzantines

bandeau décoratif pour les pages du site, qui rappelle celui de la page d'accès général et celui de la home page de la partie française

La spiritualité

->Vues générales
Les moines byzantins, aux temps de l'iconoclasme, sont opposés à celui-ci, lequel est rationalisme et haine d'eux. Les moines, traditionnellement, sont pour le peuple, contre le césaropapisme et le patriarche de Constantinople. Ce sont des évangélistes humanitaires à la façon de saint Jean Chrysostome, le père grec d'Antioche et ils se réfèrent à Platon pour la contemplation. Jean Chrysostome, lui, vers 380, est d'Antioche, le point de rencontre entre la culture asiatique et le monde romain; il réagit contre les abus de l'école allégorique, prône le sens littéral ou figuré seulement des Ecritures; il est aussi moralisme, méthode historique appliquée aux textes sacrés (ce qui peut favoriser les hérésies -pélagianisme, questionnement de la Trinité). Jean Chrysostome est anti-juif, contre la coexistence avec les Juifs surtout de la part des femmes chrétiennes; il est évangéliste, humanitariste, partisan de l'activité sociale; il favorise l'érémitisme, les Psaumes, St Paul, l'éthique, l'ascèse et le culte marial. Byzance, d'une façon générale, est grecque et hésite entre mystique (Alexandrie), raisonnement (Antioche) et néo-platonisme. Les Byzantins sont platoniciens avec terminologie néo-platonicienne et ils sont influencés par 3 courants: l' école d'Alexandrie (allégorie et spéculation, Logos, Philon, platonicisme voire judaïsme, vie contemplative), Antioche (réalisme et historicisme) et humanitarisme des moines avec évangélisme de St Jean Chrysostome. Byzance se réfère aux 3 premiers siècles de la Patristique, soit les pères apostoliques et les Apologètes, qui voient le salut dans une rupture avec le monde. Les Pères byzantins ont une sympathie fondamentale pour Platon. Proclus, avec sa théologie mystique et intuitive s'oppose à une théologie "apodictique", rationnelle, tel Maxime le Confesseur

La spiritualité byzantine est avant tout les Ecritures -corps mystique comme pratique- le Logos hérité des Grecs avec un courant évangéliste, monachisme érémétique des Pères du Désert, humanitaire de la Règle de st Basile puis contemplatif. Byzance se réfère aux premières générations des Pères de l'Eglise. D'où une spiritualité à la fois mystique, spéculative, défiante, comtemplative, éthique et ascète. Byzance se rattache au concile de Chalcédoine: l'homme à travers lequel le Christ s'irradie, a une vie spirituelle. La plupart des théologiens byzantins auront été Logos, partisans de la tradition voire des scholastiques. Certains feraient la critique à Byzance d'avoir été mélange de métaphysique grecque et de ritualisme. N'oublions, enfin, que la spiritualité byzantine s'est survécue, après la fin de l'Empire byzantin en 1452, dans l'orthodoxie russe

Le coeur de la spiritualité byzantine, ce sont les Ecritures qui s'imposent y compris dans la piété des simples fidèles (qui se nourrit surtout des Psaumes et des Evangiles); l'Evangile selon st Jean est important. Les Evangiles amènent l'ascèse ainsi que la non-violence. L'Eglise orthodoxe encourage la lecture de la Bible d'où une relation assez personnelle qu'ont les Grecs avec celle-ci. St Jean Chrysostome a été le transmetteur de st Paul aux Grecs comme st Augustin l'a été aux Romains. Si les deux auteurs ont émis la même idée de "corps mystique du Christ", le premier en a tiré une pratique et le second une théologie, celle de la grâce. Trois courants fondamentaux ont inspiré les penseurs orthodoxes: l'école d'Alexandrie avec l'allégorie et la spéculation, celle d'Antioche, avec le réalisme et l'historicisme et, de plus, st Jean Chrysostome a fondé une spiritualité évangélique qui prône l'esprit et les vertus de l'Evangile dans un sens humanitaire et charitable. Cette spiritualité s'exprime par la Règle de st Basile ou chez Théodore le Studite

Byzance, ensuite, est la terre du Logos. Déjà, l'école d'Alexandrie, influencée par Philon, le platonicisme voire le judaïsme avait développé le concept de Logos et ceux de la vie contemplative et de l'exégèse allégorique. Une vision dualiste séparant matière et esprit, un penchant pour la dialectique, pour un Dieu abstrait, une tendance à effacer l'Homme et à baser le salut sur la connaissance et le Logos étaient aussi les caractéristiques d'Alexandrie. Clément et Origène aussi, par leur gnose chrétienne, participent aussi au mouvement lequel inspire aussi la dévotion populaire. Le Logos, qui est intelligence, Verbe divin et principe cosmique fondamental est, finalement, à Byzance, ce que la Raison sera aux Temps Modernes. Le Logos, qui s'identifie au Christ est le médiateur entre Dieu et l'Homme. Le vrai Chrétien, ainsi, doit s'assujettir à lui dans l'esprit et dans la chair: "Sarkos logotheisès" ("la chair a été logifiée"). De là, découle que la volonté humaine doit s'unir à la volonté divine à l'image du Christ, qui assujettit en lui sa volonté humaine et sa volonté divine. L'Incarnation se reproduit dans chaque Chrétien même le plus humble, d'où une vérité objective et une vérité subjective. Pour ce qui est de l'influence de Platon, proprement dit, les Pères grecs utilisaient déjà une terminologie platonicienne ou néo-platonicienne et avaient une sympathie pour les idées de base de cette philosophie. Le concept de contemplation, à Byzance, est platonicienne. Il existe aussi, depuis st Jean Damascène, au VIIIème siècle, une tradition aristotélicienne: l'éthique et l'ascèse sont de cette tradition ou se rattachent aux Stoïciens. Par ailleurs, Denys, le Pseudo-Aéropagite, qui aura aussi influencé l'Occident -le Corpus Dionysiacum apparaît dès le Vème ou le VIème siècle- et dont les écrits dépendent étroitement de ceux du philosophe païen Proclus, fait la distinction entre la théologie mystique, intuitive et la thélogie apodictique, rationnelle. Il fut commenté par st Maxime le Confesseur, mort en 662. La vie intellectuelle byzantine est d'une "élégance harmonieuse" et l'orthodoxie byzantine, finalement, est "un paysage classique illuminé par la lumière du Logos"

Autre élément typique des Byzantins, l'influence du monachisme des Pères du Désert, qui sont connus par leurs écrits (Cassien sera le lien entre ce monachisme originel et l'Occident). Ce monachisme n'est pas encore celui de st Basile et, bien sûr, n'est pas celui des Bénédictins: ce monachisme-là ne prétend agir dans le monde que par la prière, la contemplation et l'austérité. Les ermites des origines recherchent la vie communautaire des premiers Chrétiens et ont produit une première théorisation de la vie contemplative. Un telle vie austère a aussi connu la lutte contre le Mal et les ténèbres et les Pères du Désert ont produit une démonologie importante et ce sont des mystiques. Par le concept de "père spirituel", ils se sont aussi intéressés à l'Homme. A l'époque carolingienne, le monachisme byzantin applique surtout la spiritualité évangélique, charitable et humanitaire, soucieuse d'activités sociales de st Jean Chrysostome et les moines se nourrissent des Psaumes; la plupart des concepts relatifs à la contemplation viennent de Platon. Une théologie de la contemplation avait été élaborée par Denys le Pseudo-Aréopagite mais la contemplation ne devient une discipline et une technique qu'au Moyen Age byzantin, via les grands contemplatifs, les "hésichastes"; ceux-ci apparaissent avec st Simon le Nouveau Théologien (949-1022), higoumène d'un monastère et le mont Athos deviendra leur centre. Ils pratiquent des techniques psycho-somatiques, recherchent la paix et la lumière mystique (concept influencé par la mystique juive qui connaît celui de la gloire de Dieu en tant qu'apparence lumineuse?). Comme les mystiques espagnols du XVIème siècle, ils simplifient et systématisent les voies spirituelles. Byzance se réfère aussi beaucoup à la Patristique des trois premiers siècles, celle des Pères apostoliques et des Apologètes, d'où le thème du martyr, de la confession ainsi que ceux des athlètes de la religion, des ascètes, des vierges et des veuves (le montanisme sera une déviation de cet esprit). Du fait du monachisme, les Orthodoxes ont du mal à concevoir le salut sans une certaine rupture avec le monde

En termes de liturgie, celle de Byzance est très élaborée, emplie "de sens spirituel et de beauté". L'essentiel vient de l'Evangile. Elle privilégie surtout les formes collectives du culte et gravite autour des moments de la vie du Christ. La liturgie grecque a peut-être connu l'influence des anciens cultes à mystères des Grecs (avec des similitudes juives?) voire du cérémonial de la cour. Un des aspects typiques de la liturgie byzantine réside en les icônes, les reliques et le culte des saints. Une école de pensée se fondera même, pour le développement de l'âme, sur la liturgie et il existera une théologie liturgique -ou mystagogique avec, par exemple, Théodore de Mospueste. Le culte marial, à Byzance, se développera avec st Serge de Constantinople, mort en 638 puis st André de Crête et st Jean Damascène, au VIIIème siècle

La vie littéraire

L'Empire byzantin se rappelle que les premiers siècles de la patristique ont été grecs et il assimile hellénisme et christianisme. Les Byzantins sont épris tantôt de mystique, tantôt de raisonnement. La majorité des oeuvres de l'Antiquité survécurent à Byzance mais elles n'y eurent qu'un faible impact sur les sciences sinon pour la transmission des classiques aux Arabes et à l'Occident et même de ceux-là à ceux-ci. La science byzantine ne produisit, finalement, que l'église Sainte-Sophie (oeuvre des architectes et mathématiciens Isidore de Milet et Anthème de Tralles) -qui resta pendant 1000 ans la plus grande église du monde- et le feu grégeois, substance utilisée dans les combats navals -ce qui permit la survivance de Byzance pendant un millénaire. Ces deux réalisations eurent lieu au VIème siècle puis la science byzantine entra dans un déclin continu (certaines périodes plus évoluées faisant référence aux Classiques: renaissance macédonienne (XIème siècle), comnène (XIIème siècle) et paléologue (XIVème siècle). La princesse Anne Comnène (1083-1153) fut une scientifique renommée dont on connaît l'éducation: Grec ancien, littérature, rhétorique et science ainsi que médecine, astronomie, mathématiques, géographie, histoire ou affaires militaires. On peut établir le résumé qui suit pour les principales étapes de la vie intellectuelle grecque sous Byzance. On notera que le néoplatonisme, d'une façon générale, a survécu à Byzance dans les textes et la culture

Plus de liberté voire de rationalité, de la philosophie (platonisme, aristotélisme) -avec cependant une opposition de mystiques et de moralistes- apparaissent par la suite mais l'orthodoxie s'en accomode et l'histoire se teinte de pessimisme car elle prévoit la fin de l'Empire. Byzance connaîtra aussi la satire, le roman courtois et le roman merveilleux. L'occupation des Croisés fera naître deux conceptions de la théologie hellénique, l'une tentant un rapprochement avec Rome, l'autre s'y opposant

Plus de détails sur le monachisme oriental

Pour qui est du monachisme dans l'Empire byzantin, il en fut une composante importante: nombre d'hommes et de femmes de Byzance se faisaient moines ou moniales -la vocation monastique étant appréciée- et même les mourants prenaient l'habit monastique. Paul l'Ermite et St Antoine furent les fondateurs de l'érémitisme (les ermites) vers le milieu du IIIème siècle et St Pachôme fut celui du cénobitisme (les monastères) vers 300 qui finit par structurer aussi bien le monachisme oriental que celui, par St Benoît, de l'Occident. Pour l'Orient, St Basile de Césarée, vers 350, finit par définir, dans une tradition plus rattachée à la modération grecque ("rien d'excessif") une règle pour le monachisme oriental (taille des monastères, ceux-ci dans les campagnes et les villes et non plus à l'écart pour être un modèle pour leurs contemporains, obéissance à l'abbé, pas d'excès d'ascétisme). Tous les monastères de l'Orient suivaient ces mêmes règles de St Basile et il n'existait pas, en Orient, d'ordres comme ceux que l'on connut en Occident; chaque monastère, dans ce cadre général, connaissait sa propre organisation au quotidien, amenant ainsi une certaine variation. Souvent le monastère, dans les zones rurales, constituait le centre de la vie spirituelle et de l'aide sociale ainsi que dans les quartiers des villes; on venait y demander des conseils spirituels ou des secours matériels en cas de besoin et les monastères jouaient un rôle social important: auberge, maison de retraite (souvent contre don de propriété), hôpital, enterrements, messes de commémoration, nourriture et aumônes aux pauvres et on faisait travailler les scriptorium ou on donnait des terres. Le pouvoir lui-même prenait conseil des moines ou des empereurs finissaient, volontairement ou pas, leur vie dans les monastères. Tout en cherchant leur salut, les moines sont un service pour les communautés laïques. Comme en Occident, les monastères byzantins étaient aussi le lieu d'activités intellectuelles ou artistiques et la tendance était à ce que chaque scriptorium se spécialisât dans un domaine particulier (ouvrages liturgiques, hymnes, etc). Au contraire des monastères d'Occident, ceux de l'Est ne jouaient aucun rôle dans l'éducation, sinon celle de leurs propres moines ou moniales. Les monastères byzantins subvenaient à leurs besoins par le biais de l'exploitation de domaines ruraux, d'échoppes d'artisans et de logements de location et ils étaient exempts d'impôts. Les moines étaient souvent mobiles, passant d'un monastère à un autre ou de l'état d'ermite à celui de moine cénobite. Au moment de la crise iconoclaste, les moines furent le centre de résistance du monde orthodoxe à l'hérésie. L'érémétisme fit des résurgences et ce fut finalement Théodore le Studite (759-826), moine au monastère de Studim, à Constantinople, qui confirma l'implication sociétal du monachisme orientale dans la ligne de Basile de Césarée: monastère auto-suffisant, travail manuel et intellectuel obligatoire. La règle de Théodore, l'"Hypotyposis" oru "Typikon" fut codifiée et finalement adoptée au Mont Athos en 962 ainsi par les Rus de Kiev

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 3/24/2016. contact us at ggwebsites@outlook.com
Free Web Hosting