logo du site et lien-retour vers la home page française image décorative arrow back

Dijon après 1789

bandeau décoratif pour les pages du site, qui rappelle celui de la page d'accès général et celui de la home page de la partie française

Cette partie de l'histoire de Dijon, bien que, là aussi, hors-sujet par rapport à notre propos, permet cependant d'éclairer beaucoup de points contemporains et de bien relier l'Ancien Régime à aujourd'hui. Dijon rejoint bien l'histoire générale de la France: le royaume va succomber de ses atermoiements, soutenus par la noblesse de robe, de la monarchie, depuis le début du XVIème siècle, face aux protestantismes: atermoiements des débuts de la Révolution qui reprennent sous le Premier Empire puis sous la Monarchie de Juillet et finit dans l'accommodement du Second Empire. Cette période comprend aussi en toile de fond les partisans de la république, fondamentalement anti-cléricaux et les bonapartistes, qui sont un populisme. Cette période ne finit que par aboutir, vers 1860, au fait que la société d'Ancien Régime est définitivement supplantée par l'industrialisme à capital financier. De là, la politique d'atermoiement montre combien elle n'a fait que mener la France à cette nouvelle société, urbaine, en voie de déchristianisation, où l'antagonisme entre "bourgeoisie" et groupes aisés et masse pauvre se transforme, à partir de 1880, en société étagée avec masse ouvrière. La dernière phase -rapide- de cette évolution consiste en l'émergence accélérée des différents socialismes qui amènent, après 1918, à un troisième état de la société française: un vaste front des enrichis de la guerre, des possédants, des anciens anticléricaux et des "classes moyennes" réunis d'abord par le nationalisme républicain puis par l'anti-collectivisme. La modification des rapports du monde, enfin, depuis 1945 a fait encore évoluer la situation: une gradation de socialismes, qui va des socialistes socio-démocrates du New Deal rooseveltien américain au communisme de type soviétique, via les trotskystes et anarchistes, a amené une généralisation des conceptions socialistes dans un monde globalisé. L'Eglise, dans tout cela? Elle n'a pu, qu'en 4 siècles, entre 1500 et 1900, que chercher, contre les protestantismes, l'appui des monarchies restées catholiques et faire la part du feu, finalement, de la France, le pays longtemps le plus puissant de l'Europe. Depuis 1900, cette politique, du fait du repli définitif des monarchies, ne peut plus se fonder que sur la démocratie-chrétienne participant à la vie politique contemporaine. La mondialisation, depuis 1945, par une certaine ironie de l'Histoire, cependant, en revient à la géo-politique globale du début du XVIème siècle: le catholicisme reste toujours essentiellement implanté là où l'avait amené les Grandes Découvertes portugaises et espagnoles: Europe, Amérique espagnole et portugaise, comptoirs de l'Afrique et de l'Inde, Indonésie. Dijon, dans ce grand mouvement du monde, s'est caractérisée essentiellement comme une ville aux idées avancées mais qui a entendu s'en tenir à des politiques d'ordre et de stabilité, une caractéristique sans doute, d'une majorité de la population française

La Révolution: modérés avancés et Montagne

A considérer l'état de Dijon au XVIIIème siècle -qui est essentiellement le même que celui de la France en général, on ne peut que comprendre que la Révolution y a été le fait d'une minorité, très active, qui s'est appuyée essentiellement sur les intérêts, surtout atlantiques, de négociants et de manufacturiers qui sont déjà passé au modèle économique de la Révolution Industrielle anglaise, sur le mécontentement d'une bourgeoisie qui ne peut plus accéder au monde des grands offices de la noblesse de robe et, peut-être et surtout, sur l'innocence d'une partie de la noblesse de robe et même d'épée, qui n'a pas vu que ses intérêts, qu'elle considère anodins, pour des nouveautés à quoi elle ne voyait pas mal lui masquaient la vraie réalité des ennemis de la France d'avant 1789. Ce peu de couches sociales pouvant servir de troupes à la Révolution n'ont pu vaincre que par un activisme net, sur fond d'un peuple assez peu concerné. Dijon, sous la Révolution, est cependant une ville aux idées avancées, les campagnes restent royalistes

Des Girondins aux patriotes: Dijon, capitale de la Bourgogne, par son activité intellectuelle, tendait à être relativement favorable aux idées nouvelles. La Révolution commence par la bourgeoisie, celle des avocats, propriétaires et négociants: confiance en le Roi, constitution, égalité devant l'impôt, fin des droits féodaux et dénonciation des abus du haut-clergé au profit des simples curés sont les idées majoritaires de la France alors. La Révolution s'élargit ensuite aux artisans et petits commerçants: Dijon devient une ville révolutionnaire, montagnarde, de tendance patriotique cependant qui, finalement, approuve la réaction thermidorienne. Le souci principal est celui de l'ordre. Il existe toute une mouvance réactionnaire, centrée sur les clientèles anciennes

Thermidor: de 1795 à 1799, revient le parti de la bourgeoisie, avocats et négociants. Un courant de gauche se maintient, partagé entre sans-culottes et gauche aisée et un courant conservateur, de propriétaires, réapparaît. La fin de Thermidor voit la renaissance de conflits religieux et l'opinion sombre, finalement, dans l'indifférence

L'Empire: des Conventionnels aux royalistes autour de Napoléon

le cloître du couvent des Bernardinesle cloître du couvent des Bernardines

Comme ailleurs en France, Bonaparte apparaît comme le garant des principes des débuts de la Révolution: liberté, égalité des droits, ordre, propriété. Dijon est plus à gauche que la France avec des républicains relativement radicaux, qui s'assurent une caution de gauche (les artisans) et du centre (soldats, petits propriétaires ruraux). Le Concordat est assuré par un évêque qui a été constitutionnel. Les agents napoléoniens favorisent cependant le retour de l'opinion réellement modérée hostile à la gauche de la Révolution, dont les émigrés. La désaffection d'avec l'Empire se marque par les revers militaires chez les conservateurs et les hausses des prix chez les classes populaires

La Restauration: la scission entre monarchistes et libéraux

Bonapartistes et républicains contre royalistes et notables: les Cent-Jours défont l'unité des élites bonapartistes et montrent la scission entre Conventionnels et modérés de petite fortune, et royalistes. Ces derniers se montrent plus résolus que les notables hésitants et prudents, accueillent les troupes étrangères. Les militaires -bonapartistes, les artisans et les possesseurs de biens nationaux deviennent la base des bonapartistes et républicains, unis dans l'opposition

La toile de fond sociétale: Dijon reste une ville semi-rurale avec l'élite, favorisée par le roi: les anciens parlementaires, propriétaires rentiers, gros négociants, professions libérales et magistrats, qui donnent le patriciat local. La "bourgeoisie": artisans, petits notables locaux, qui forme le pouvoir municipal. La petite-bourgeoisie: petits patrons et négociants qui dominent les fermiers et plus petits artisans, boutiquiers, compagnons, petits fonctionnaires; son niveau inférieur se confond avec le peuple, qu'elle a encadré pendant la Révolution et, jusqu'en 1850, elle pousse le libéralisme jusqu'aux revendications démocratiques. Les catégories du peuple: maîtres-artisans qui sont la base du mouvement démocratique, ouvriers salariés sans opinion, pauvres qui sont les acteurs des émeutes pour cause de hausse des prix jusqu'en 1848. La population de Dijon a baissé pendant la Révolution et le chiffre de 1789 n'est retrouvé qu'en 1836 (24800 habitants). Le développement démographique net n'aura lieu qu'après 1850

Royalistes, libéraux: le département reste royaliste alors que Dijon peut passer aux libéraux. Les royalistes sont soit ultras, émigrés et roturiers soit modérés, présents depuis l'Empire. Ils ont un journal, le "Journal de la Côte d'Or" et leurs clientèles traditionnelles. Ultras et modérés finissent par s'accorder dans un loyalisme à la Couronne. Ce parti soutient Lacordaire, patronné par les catholiques et royalistes mais faisant preuve de tolérance envers les libéraux, devenant catholique, monarchiste, constitutionnel et libéral, essayant de concilier Eglise et libertés de 1789. Dominé, à Dijon, par la tendance libérale, il va servir de base, en France, à la génération suivante des conservateurs. Les libéraux -avocats, négociants- ont des relais dans les milieux populaires et la boutique et agissent par la franc-maçonnerie, la Charbonnerie, les étudiants. Ils ont un journal et luttent pour l'"enseignement mutuel", la Grèce. Ils sont anticléricaux en général. Sur leur gauche apparaissent, vers 1830, un gauchisme individualisme, radical, romantique et tricolore. L'Eglise évite trop de zèle envers les royalistes. Elle semble avoir cru en le mouvement de Lacordaire. D'une façon générale, en France, s'est perpétué le gallicanisme

Monarchie de Juillet et Second Empire: le passage à la société industrielle

le jardin Darcy, réservoir d'eau pour Dijonle jardin Darcy, réservoir d'eau pour Dijon

Le passage à la société industrielle: à partir de 1830, arrivent au pouvoir la génération née en 1770-1790. Il s'agit d'une époque de maturation de forces de progrès qui s'exprimeront par la suite, dont le chemin de fer. Ceux qui font mouvement vers l'industrie capitaliste restent sécurisés par leurs rentes foncières. L'économie reste locale, celle des patrons d'entreprises de 15-20 personnes avec émergence du capitalisme industriel avec capitaux. Le Second Empire amène le dynamisme: population industrielle, petites usines, machines à vapeur, chemin de fer, capitaux. La grande industrie toutefois restera absente de Dijon et la production vise essentiellement le marché de Dijon même. L'influence politique de Dijon va cependant rayonner sur une bonne partie du centre-est. Dijon est républicaine

Les néo-conservateurs de la Monarchie de Juillet: la politique devient l'affaire des avocats, les négociants n'ayant pas le temps de s'en occuper. Le cens s'élargit avec essor des boutiquiers. Le conservatisme passe des élites rentiers-fonctionnaires de la Restauration s'effacent au profit des élites nouvelles des commerçants, négociants, industriels et professions libérales. Tous sont opposés aux libéraux. Les Orléanistes ont leur journal: "Le Journal". Les libéraux -la "gauche libérale"- stagnent avec une tendance à un plus forte mouvement populaire qui est finalement repris en main par la "bourgeoisie" de gauche, qui se répartissent ainsi: libéraux et républicains modérés ("Le Courrier de la Côte d'Or"), petits propriétaires, francs-maçons qui ne vont pas jusqu'à la démocratie. Les catholiques libéraux d'inspiration Montalembert ("Le Spectateur"). Les bonapartistes restent alliés, sous la Monarchie de Juillet, aux libéraux, avec des sympathies dans les milieux populaires et la petite-bourgeoisie. Les socialistes, venant de la franc-maçonnerie, qui essaient de véhiculer les idées des socialistes utopiques

Le Second Empire: modération et facteurs de risque: malgré une poussée des idées, l'économie tempérée locale où même les ouvriers, immigrés, ont encore du patrimoine immobilier, profite à beaucoup et amène un parti de l'ordre avec bourgeoisie et groupes aisés face à une masse pauvre. Le suffrage universel masculin amène les masses, celles des boutiquiers, des maîtres-artisans et de leurs ouvriers. Les droites se divisent: les nouvelles élites de l'industrialisme, avec capital -négociants, entrepeneurs- ont leur propre agenda depuis 1848 ("L'Union Bourguignonne") et ils soutiennent l'Empire s'opposant, avec les bonapartistes, aux conservateurs. Les bonapartistes ("Le Moniteur de la Côte d'Or") présentent aussi un bonapartisme populaire. Les catholiques légitimistes ("L'Ordre") reviennent à un programme propre et s'écartent de l'Empire bien que leur électorat s'en s'accomode. Une partie des catholiques, formés par le mouvement Lacordaire, cependant, sont la base de l'opposition (contre Montalembert, ils ne se rallient pas à l'Empire). Finalement, catholiques et élites de l'Union Bourguignonne se regroupent dans l'affaire du Syllabus à partir de 1864. Les Orléanistes suivent le courant majoritaire. Après que 1848 ait vu apparaître le socialisme qui prône une république démocratique et sociale, que les républicains modérés s'efforcent de contenir, le Second Empire efface leurs différences et ce sont les républicains modérés qui dominent. Ce sont maintenant, relativement à l'évolution, devenus des modérés qui viennent des professions libérales et de l'entreprise, s'opposant aussi au Syllabus. Apparaît une nouvelle génération républicaine. A Dijon, les républicains modérés ("Le Progrès de la Côte d'Or") rallient à l'Empire la gauche qui le boudait jusqu'alors et refusent la volonté de composition des conservateurs de l'Union Bourguignonne

IIIème République: enracinement de la société industrielle, socialismes

Dijon, en termes de population, absorbe la Côte d'Or voire la Bourgogne mais comme la France, la démographie, après un pic vers 1890 -avec immigration venue d'en-dehors de Dijon, entre en crise. Cet essor, qui favorise un grand contraste social -émergence d'une classe ouvrière aux conditions de vie insalubres aux côtés des artisans, "classes moyennes" (artisans, commerçants, fonctionnaires), classes supérieures (commerçants, industrels, professions libérales, hauts fonctionnaires)- trouve encore place dans les limites de la commune, sur les quartiers péripériques. L'ère industrielle s'installe définitivement, le rôle de centre ferroviaire venant pallier le manque de mines, par exemple. Par la perte de l'Alsace-Lorraine, Dijon redevient ville militaire et la campagne alentour passe au maraîchage. Les murailles de la ville sont définitivement détruites ouvrant la voie à la construction. Les grandes entreprises -nouvelles ou anciennes se développant- continuent de s'accroître et effacent définitivement les restes d'une économie de petites entreprises et d'artisans: habillement, minoteries, outillage, métallurgie, machines-outils, alimentation, tabac voire investissement étranger. La richesse passe des propriétés foncières campagnardes à l'immobilier urbain bâti puis à la fortune mobilière. Tout cela ne donne pas un paysage industriel semblable à celui de l'Est ou du Nord. Le commerce aussi devient définitivement moderne (fin des foires, banques, flux de marchandises, Ecole de commerce, grands magasins, halles centrales) tout en restant lié aux industries et agricultures locales (dont les céréales). L'entre-deux-guerres ne vit que peu de changement, sauf par les administrations, la poste et les téléphones. La crise de 1929 frappe mais relativement moins que dans des centres plus importants. La culture s'est poursuivie (enseignement, cinéma, sports, "Belle Epoque", etc.)

La prise du pouvoir par les républicains: la municipalité républicaine a soutenu le Gouvernement provisoire et défendu Dijon avec les progressistes italiens de Garibaldi. Elle défend la Commune de Paris mais prône les négociations avec les Versaillais pour éviter que ce mouvement socialiste ne fasse le jeu de la majorité monarchiste. Avec la victoire des républicains au plan national, le groupe des négociants et industriels passe à gauche, ainsi que les professions libérales. Les républicains deviennent les "opportunistes", la gauche modérée ("Le Progrès de la Côte d'Or"). Ils sont violemment anti-cléricaux. Devant le socialisme, ils finiront par s'allier aux radicaux. Les conservateurs sont constitués du monde des affaires, des professions libérales et des notables traditionnels fonciers, de tradition légitimiste ou orléaniste, catholiques (même si certains sont gallicans). Ils appuient le dévt de l'enseignement catholique (il y a déchristianisation). Ils sont divisés: les légimitistes ("La Côte d'Or" puis "La Petite Bourgogne", "Le Catholique") ont cru l'emporter avec l'"ordre moral"; les conservateurs ("Le Bien Public") qui privilégient famille, propriété et religion comme bases de l'ordre quelle que soit la forme du gouvernement, préfigurant ainsi la politique de Léon XIII; ils sont soutenus par le clergé; sont gallicans modérés. La droite se décourage et finit par ne plus présenter de candidats. Ne vainquent qu'avec le boulangisme vers 1890

Radicaux, socialistes: les radicaux sont les héritiers des ouvriers de 1848 et de la Commune, qui s'enhardissent du fait que le pouvoir passe aux opportunistes. Ils recrutent chez les fonctionnaires, professions libérales, négociants mais avancent en direction de la petite-bourgeoisie et des milieux populaires (artisans, employés puis ouvriers). Ils sont rejoints par la franc-maçonnerie. Ils l'emportent à partir de 1886. A Dijon, le mouvement est cependant fragile et centripète (des membres repartent vers l'opportunisme, passent au socialisme). Les grands gagnants sont en fait les socialistes, du fait de l'ouvriérisation. C'est entre eux et les opportunistes que se fait l'alternance. Ils viennent des chambres syndicales mais sont divisés (anarchisme, radicalisme). Ils ne prennent de l'ampleur que ralliés à Alemanne en 1890, ralliés par des radicaux dissidents. Ils luttent contre le boulangisme, réaniment les premiers syndicats, en fondent de nouveaux et leur force est dans le bassin industriel de Saône et Loire ("Le Rappel des Travailleurs"). Ils remportent leurs premiers succès électoraux en 1893. Leur programme: cantines scolaires, asile de vieillards, assistance médicale gratuite, caisses de chômage. Restent cependant divisés: la majorité s'entend avec les radicaux pour la "défense républicaine"

La Séparation de l'Eglise et de l'Etat: malgré un tout premier mouvement d'alliance entre opportunistes et conservateurs contre le "collectivisme" -finalement entre fractions rivales de la bourgeoisie locale- la droite reste active: anti-dreyfusarde, antisémite, une partie du clergé est contre le ralliement (acceptent le régime mais pas le personnel) dont le conflit avec un évêque est à l'origine directe de la Séparation de l'Eglise et de l'Etat. Les opportunistes sont obligés de soutenir les listes radicales et socialistes et une mairie anticléricale s'active: mesures sociales, impôts. Mais cette gauche activiste (la SFIO) est toujours divisée: cette SFIO compte de plus en plus de classes moyennes (professions libérales, fonctionnaires, chefs d'entreprise) et les ouvriers passent vers l'anarcho-syndicalisme et la CGT en 1907. La réunification ne se fera qu'en 1913. Une bonne partie des radicaux passe alliance avec la droite. Après la Séparation de l'Eglise et de l'Etat, les factions de la droite se retrouvent dans le nationalisme républicain et non plus le catholicisme. L'Action française est minoritaire. Cette transition ouvre la droite sur les négociants, industriels après la période des propriétaires, fonctionnaires et professions libérales. Le rapprochement avec les opportunistes, devenus les "progressistes" devient officel en 1908. "Pas de politique", anti-collectivistes, cela marque un glissement à droite des classes moyennes et de la bourgeoisie. L'union sacrée prévaut pour 1914-1918 jusqu'en 1917 quand les socialistes repassent au pacifisme des minoritaires de la SFIO et redéveloppement du syndicalisme

Modérés contre socialismes: en 1918, les problèmes économiques et la Révolution russe mènent à l'alliance entre la droite conservatrice et catholique et la bourgeoisie républicaine et anti-cléricale, avec même une partie des radicaux et des transfuges socialistes contre les socio-démocrates de la SFIO. Ce sont les classes moyennes qui soutiennent ce centre. La guerre a enrichi les industriels et commerçants locaux aux détriment de la bourgeoisie à fortune immobilière et mobilière (moratoire des loyers, hausse du coût de la vie) mais appauvrit les rentiers petits-bourgeois qui, après avoir voté radicaux jusqu'en 1914 votent pour le nouveau centre, ainsi que des petits fonctionnaires rebutés par l'émergence du socialisme. La nouvelle droite constitue donc un vaste front favorable à l'ordre allant du radicalisme aux modérés et aux catholiques. Dijon connaît la scission de Tours. Même les communistes locaux restent essentiellement libres-penseurs et anticléricaux. La vie politique locale se partage donc entre la droite, les ouvriers et paysans (PC), l'Entente des gauches socialiste et radicale (plus bourgeois). Malgré la personnalité du maire de l'époque, la gauche se redresse: SFIO (professeurs, ralliés du PC, Jaurès plus que Marx; ouvriers employés, petis fonctionnaires, instituteurs) et PC (cheminots, métallurgistes, bâtiment). La crise de 1929 remet en cause cette stabilité et même les premiers démo-chrétiens (les "démocrates-populaires") soutiennent la SFIO. Le 6 février renforce le rapprochement SFIO-PC et l'arrivée de la politique du Front Populaire. La droite reste forte grâce à un catholicisme actif (action catholique, unions professionnelles, syndicats, chanoine Kir) avec un catholicisme à la fois social et conservateur. Les syndicats patronaux sont une autre force. Seules nouveautés, les Croix de Feu (entrepreneurs, cadres moyens, professions libérales) qui radicalisent les classes moyennes et mordent sur les conservateurs. Bien que dynamisée par le Front Populaire, la SFIO et le PC déclinent brusquement avec la fin de celui-ci et émergence d'une gauche révolutionnaire. La collaboration reste marginale à Dijon et les hommes politiques locaux favorables à Pétain -dont le chanoine Kir- s'en éloignent rapidement. La résistance est SFIO et gaulliste

VI. Epoque contemporaine: une nouvelle modernité?

un quartier neuf du Dijon contemporainun quartier neuf du Dijon contemporain

La démographie reprend -relativement- avec le baby-boom après 1945 et cet essor passe désormais aux banlieues proprement dites. Dijon se modernise après 1945 et elle devient capitale administrative régionale et, au sein d'une Bourgogne structurellement assez inhomogène, peut cependant jouer un rôle entre Paris, Lyon et Nancy. Dijon ne peut plus espérer se maintenir que par le secteur tertiaire, le négoce, les transports non-ferroviaires, l'administration ou son aéroport. Son rôle ferroviaire a été atteint par les lignes TGV qui l'évitent ainsi que la professionalisation des armées. La proximité de Paris la sert pour les industries de pointe et de haute technicité. La tendance, cependant, par la proximité de Paris ou le nombre de succursales d'entreprises parisiennes ou l'accélération des transports, pourrait être à la dominance de Paris. A proximité de Dijon se trouve un Centre d'Etudes Atomiques, le plus important aujourd'hui en termes d'activité de défense et le secteur a fait émerger tout un ensemble d'entreprises associées. Avec les entrepreneurs non-dijonnais, les professions libérales se sont accrues mais laissent la place aux cadres supérieurs et professeurs d'Université. Les petits entrepreneurs restent influents par leur organisations professionnelles. Les cadres moyens, employés et petits fonctionnaires sont majoritaires avec diversité politique. Les ouvriers restent peu importants et sont affiliés aux syndicats réformistes

Pour ce qui est des transports en commun, Dijon, du fait de l'industrialisation et de l'urbanisation des faubourgs, s'est dotée d'un système de tramways à partir de 1881, qui remplaçait des bus hippomobiles Ripert qui, eux-mêmes, avaient remplacé les voitures à deux places qui étaient restées les seuls moyens de transport collectif jusqu'au Second Empire. Quatre lignes desservent alors les lieux importants de la ville: cimetière, casernes, port du canal, gares, parcs; quelques lignes supplémentaires apparaîtront jusqu'en 1937 (avenue Victor-Hugo, boulevard de Brosses, base aérienne, Chenôve) et les premiers autobus font leur apparition en 1933 pour desservir quelques quartiers (par exemple, celui de la Maladière) mais ils ne restent que des compléments du tramway. Le réseau, qui n'est pas affecté, comme ailleurs, par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, est finalement progressivement supplanté par le développement de l'automobile et le réseau de bus et le dernier tramway circulera en 1961. Un nouveau réseau de tramway, lié au développement du concept de respect de l'environnement, est mis en service en 2012

Le chanoine Kir: après la relative clémence de l'épuration et la pression communiste, la chanoine Kir, avec les "Républicains Indépendants", pétainistes réadmis pleinement vers 1952 dans la vie politique française, s'installe à la mairie en avril 1945 face aux communistes, aux socialistes SFIO, au MRP démo-chrétiens et aux radicaux-travaillistes. La municipalité Kir mène une politique populiste, opposée à la gauche et basée sur la doctrine sociale de l'Eglise. Le chanoine Kir s'opposera aux gaullistes. Les patrons de l'industrie et du commerce forment peu à peu le groupe dominant de la municipalité au détriment des professions libérales et des employés. La gauche reste divisée: la SFIO faiblit, concurrencée par le PC; le radicalisme revit peu de temps avec le mendésisme à qui s'ajoutent parfois des conservateurs d'avant-guerre. Kir a sans doute freiné la modernisation "industrielle" de Dijon, préférant les entreprises établies

La modernité nouvelle: à partir de 1965, la gauche reprend avec la perspective de l'union de la gauche, avec socialistes et radicaux et le chanoine Kir se rapprochant même de Mitterrand, il doit laisser la mairie aux gaullistes avec Poujade qui fait passer Dijon aux cadres supérieurs ou moyens. La gauche se divise entre centristes, PSU et union PS-PC mais le PS distance le PC et crée une banlieue "rose" de classes moyennes salariées. La déchristianisation a continué avec des catholiques militant même au PSU, PS et CFDT et l'Eglise s'est concentrée sur son activité d'éducation et de mission

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 12/28/2010. contact us at ggwebsites@outlook.com
Free Web Hosting