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L'Espagne musulmane

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C'est l'Islam qui fut le moteur de la conquête, par les Arabes, du Moyen-Orient et des côtes orientales et méridionales de la Méditerranée. C'est dans la péninsule arabique que Mahomet reçut la parole de Dieu aux alentours de 612. S'enfuyant de La Mecque avec ses partisans en 622 pour cause de persécutions (l'"Hijra", l'Hégire, le début de l'ère musulmane), il y revient en vainqueur en 630. Les troupes du Prophète, très rapidement, conquirent toute la région, mettant fin aux dynasties locales et à la présence byzantine. Ce fut bientôt tout le Moyen-Orient, la Palestine et l'Egypte qui tombèrent aux mains des conquérants de Dieu et, dès 650, toute l'Afrique du Nord était passée sous domination arabe! De là, c'est un ensemble d'Arabes -dont des Yéménites- et de Berbères qui finirent par prendre pied en Espagne vers 710. Tarik ibn Ziyed, gouverneur de Tanger avait été nommé à ce poste par le nouveau gouverneur de Kairouan, Moussa ibn Nossayr. Tarik, l'un des deux chefs des envahisseurs, devait donner son nom à l'actuelle Gibraltar, "djebel al-Tarik", "la montagne de Tarik". Tarik était un berbère des Aurès, cette région montagneuse de l'Est algérien. L'Espagne, à cette époque, était sous domination wisigothe (pour plus de détails sur le royaume wisigothique voir la page L'Espagne wisigothique). Le royaume, cependant, était en plein déclin. L'arrivée et la victoire des Arabes dut sans doute beaucoup à des trahisons variées, lesquelles étaient elles-mêmes dues aux luttes internes dans le royaume wisigoth. Les Wisigoths subirent une défaite terrible à Jérez de la Frontera, près de l'actuelle Cadix, en juillet 711. Les armées arabes se répandirent ensuite très rapidement dans la péninsule. Aidés par Moussa, le gouverneur de la Berbérie, les envahisseurs finirent par atteindre le nord du pays, prenant Saragosse dès 714 et atteignant des endroits aussi au nord-ouest que Léon et Astorga

Le centre de l'empire arabe de l'époque était Damas, où règnait la dynastie des Omeyades. Ils déléguèrent leurs pouvoir en Espagne à des émirs qui, bientôt, proclamèrent leur indépendance. Et l'avance arabe continuait. Il visaient maintenant la Gaule! Leur expansion fut cependant très vite arrêtée. Les Francs, avec, à leur tête, Charles Martel, à la bataille de Poitiers (732), infligèrent une cinglante défaite à l'un des émirs, Abderrahman el Gafequi. Du fait des différentes ethnies qui composaient les rangs arabes d'Espagne, des antagonismes surgirent bientôt et firent naître des divisions. Les Omeyades, de plus, avaient été remplacés au Moyen-Orient par la dynastie des Abassides, en 750. Ceux-ci avaient fondé le Califat de Bagdad. Ce fut Abd al-Rahman al-Daklil (ou Abderrahman Ier), un héritier des Omeyades, qui fonda un nouvel état indépendant en Espagne, l'émirat de Cordoue, réussissant à imposer un Islam unifié aux Berbères et aux Arabes; sa dynastie allait durer 3 siècles. De tels états, en Espagne, étaient peuplés d'une part par les différentes populations arabes, par la population espagnole qui n'avait pas pu ou voulu fuir au Nord (ils s'appelaient eux-mêmes les "Mozarabes" et ils avaient de plus grandes connaissances scientifiques et techniques que leurs vainqueurs -ils vont fortement contribuer à la construction des monuments de ceux-ci; les Arabes les appelaient des "musta'rib" ("arabisés")), et par d'importantes communautés juives urbaines (qui, elles, avaient activement facilité la conquête arabe). La tolérance des rois maures fut le seul moyen de maintenir la prospérité et la stabilité de Cordoue. C'est ce mélange qui permet à la culture hispano-arabe, dès cette époque, d'atteindre un développement très important. Les émirs de Cordoue, cependant, continuèrent toujours de lutter contre les élites wisigothes qui, en apparence ralliées à l'Islam, était en fait restées ariennes. Cette fusion des cultures, par exemple, que la construction de la grande mosquée de Cordoue, l'un des plus grands et plus remarquables monuments du monde arabe, commençât en 786. Cette mosquée fut vraisemblablement également conçue de sorte qu'elle rappelât la mosquée des Omeyades de Damas, l'ancienne capitale de la dynastie arabe nouvelle d'Espagne. De plus, elle était ornée, par exemple, de mosaïques réalisées par des artisans byzantins qu'on avait fait venir à Cordoue. Cordoue abritait un demi-million d'habitants. Ville rectangulaire, dont un côté des murailles (qui totalisaient 4 km) donnait sur le fleuve Guadalquivir, elle se complétait de faubourgs. Cordoue abritait une université, 471 mosquées, 60000 résidences de courtisans et fonctionnaires et 80455 boutiques. Cordoue possédait des lampadaires et, au temps d'Al-Hakam II, en 961, la bibliothèque contenait 400 000 volumes. Au début de la conquête, l'implantation de la civilisation arabo-musulmande fut très volontaire: on fit venir des familles d'Arabie, on implanta le droit islamique et une première vague scientifique utilitaire vint en renfort (les mathématiques, par exemple, permirent l'application du droit des successions). A Cordoue, des femmes jouèrent un rôle important parmi les érudits (l'une d'elles, Marianne, par exemple, écrira, pour sauver un calife de la mélancolie, un récit allégorique de l'exil des Omeyades en Espagne). Les Arabes étaient minoritaires en Espagne et ils s'en replièrent sur un Islam rigoureux, ne pouvant, de plus, faire autrement que pratiquer la tolérance vis-à-vis des Chrétiens. L'Espagne fut marquée en quasi-permanence par des conflits entre les Mozarabes et les Arabes, entre les gouverneurs arabes entre eux et entre eux et l'émir voire la perpétuation des conflits entre Berbères et Arabes. La tolérance des débuts envers les chrétiens des premiers gouvernants arabes laissa vite la place, par ailleurs, à la persécution et une vague de martyrs eut lieu, dans l'émirat de Cordoue, aux alentours de 850. Les Mozarabes, les chrétiens étant restés dans les territoires occupés par les Arabes, maintinrent d'abord leur identité et leur religion. Mais vers 850, l'Islam avait fait des progrès via sa brillante civilisation et les jeunes chrétiens "s'engouent de langue arabe et feuillettent avec passion les volumes des Chaldéens". Ceci mena quelques chrétiens à provoquer l'Islam et donc recevoir le martyr (ainsi Perfectus, prêtre, ou Euloge, archevêque de Tolède) et Mohammed Ier, émir de Cordoue (852-886) ne leur laissa que le choix entre l'exil en Asturie ou la conversion. De la période arabe, datent de grands écrivains mozarabes, comme St Euloge, Alvar Cordobés, l'abbé Speraindeo, leur maître et l'abbé Samson. L'Occident -ainsi les Francs- d'une façon générale, connaissait mal la religion des Sarrasins et il les appelaient Hagariens ou Hagarènes puisque les peuples arabes, selon la tradition biblique, descendent d'Hagar, la servante d'Abraham

Au moment de la conquête arabe, certaines des élites wisigothes, avec leur peuple et les clercs avaient fui vers le Nord pour échapper à l'occupation arabe. Ces royaumes, pour l'essentiel, restèrent trop petits pour avoir une influence réelle et ils furent obligés d'admettre une souplesse dans les lois qu'ils appliquaient aux communautés arabes et juives qu'on trouvait sur leur territoire, l'équivalent de ce qu'ils souhaitaient pour les Chrétiens qui vivaient dans les territoires arabes d'Espagne. Au regard de l'art, on voit combien les réfugiés hispaniques du Nord restèrent sous l'influence normative de l'Islam. Les réfugiés wisigoths se regroupèrent, pour l'essentiel, autour de Pélage (ou Don Pelayo), l'un d'entre eux, dans le massif cantabrique des Picos de Europa. Le Nord de la Cantabrie était restée indépendante même sous les Wisigoths. Dès 718, ils auraient infligé aux Arabes la défaite de Covadonga (et ils rechignaient à payer le tribut à l'émir de Cordoue) et les Asturies furent libérées par le successeur de Pélage, Alphonse Ier le Catholique (739-757) qui acquit une stature de roi. Comme un révolte des Berbères d'Afrique du Nord avait entraîné la défection de ceux de l'Espagne, les Asturies purent reconquérir les régions allant de la Galice jusqu'à la haute vallée de l'Ebre. Toute la rive droite du Duero fut transformée en noman's land pour servir de frontière Le long règne d'Alphonse I le Chaste (791-842; il doit son surnom au fait qu'il ne s'est jamais marié) permit l'organisation du royaume des Asturies. La ville nouvelle d'Oviedo devint capitale vers la fin du VIIIème siècle (les capitales successives avaient été Gangas de Onis puis Pravia). Il se pourrait que ç'ait été Alphonse I qui ait invité Charlemagne à intervenir en Espagne pour la première fois, et qui aurait ainsi mené au désastre de Roncevaux. On crée alors des évêchés, on remet en vigueur le code wisigothique et la querelle de l'adoptianisme permit à Oviedo de prendre ses distances avec le clergé de Tolède (Elipand y étant contrôlé par les Arabes); l'adversaire de l'adoptianisme, le moine Béatus de Liébana sera aussi connu pour son commentaire sur l'Apocalypse. Alphonse III le Grand (866-910) poursuivra ces progrès, époque d'un "patriotisme mystique". Les Wisigoths repeuplent la zone située entre les monts Cantabriques et le fleuve Duero et la frontière est renforcée d'une série de places-fortes; le peuplement fut alors assuré par des populations venues du Nord et de Mozarabes fuyant le Sud et les persécutions anti-chrétiennes d'alors. Cette mutation verra Oviedo céder la place à León en 914 et le royaume des Asturies devenir celui de León. Les rois de León continuèrent leurs progrès, atteignant même Lisbonne et la frontière fortifiée du Duero allait devenir la "Castille" espagnole. Le royaume de Navarre se construisit plus tard, autour de la ville de Pampelune lorsque celle-ci fut prise par les Francs en 809 et le royaume se constitua officiellement en 830. Sanche Ier Garcès en devint le premier roi historique et Sanche III le Grand (1000-1035) fut le maître de toute l'Espagne chrétienne, ses états se divisant à sa mort. L'Aragon, à l'Est de la Navarre et la Catalogne furent aussi là où se réfugièrent des Wisigoths. Ces royaumes et lieux wisigothiques du Nord furent essentiellement amis des Francs et la Catalogne, finalement, avec des territoires à l'Ouest, devint la marche d'Espagne en 810. A partir de 788, le souci des Carolingiens est bien que les Arabes d'Espagne ne menacent pas la Septimanie, l'actuel Languedoc, protectorat des Francs de longue date. Leur intervention en Espagne, basée sur l'alliance de ces royaumes catholiques du Nord, finalement, déclencha ce qu'on appellera plus tard la "Reconquista". Les Basques, parmi les peuples présents en Espagne, sont un cas à part: ils sont le résultat, au VIème siècle, d'une fusion entre les "Vascons", un peuple romanisé et christianisé bousculé par les Wisigoths de l'Espagne centre-nord et qui s'installèrent en Gascogne et d'un peuple présent sur l'équivalent sud des Pyrénées, qui s'appelait, lui, les Basques. Les Basques restèrent indépendants, avec leur propre duc et ils défendirent cette indépendance contre tous les peuples qui les environnèrent -Aquitains, Francs, Wisigoths et Arabes. Ils contrôlaient les cols de l'Ouest des Pyrénées, lesquels étaient les voies de passage de grandes routes commerciales qui menaient en Espagne arabe. La partie nord du pays des Basques se soumit à Charles en 769. Le développement, jusqu'en 812, de la marche d'Espagne finit par éroder le pouvoir des Basques du Sud et les Francs purent contrôler tout le Nord de l'Espagne, de l'Atlantique et de la frontière avec le Léon aux côtes de Méditerranée. Après l'attaque de Roncevaux, les Carolingiens constituèrent cette "marche d'Espagne" qui était leur protection, au Sud, contre les invasions arabes

La résistance aux Arabes et la poussée de la première Reconquista furent, aussi, une restauration du catholicisme. C'est au cours de ces combats, par exemple, que naquit la légende de St Jacques de Compostelle (San Iago, en espagnol). On vit le saint chevaucher un destrier blanc et combattre lors d'une bataille à la frontière des Asturies. Des diocèses correspondaient aux quatres royaumes du Nord et l'hérésie adoptionniste se développa dans le diocèse d'Urgel, en Catalogne, menée par Félix. On notera enfin qu'un chroniqueur, Isidore ("El Pacense"), évêque de Beja, retrace l'histoire de l'Espagne de 610 à 754. En Espagne, se développa aussi une forte pensée apocalyptique. Dès le royaume wisigoth, les souverains envisageaient la fin des Temps et se préoccupèrent de baptiser toute la population dans un souci de purification. L'arrivée des Arabes en 711 fut interprétée comme un signe avant-coureur de la fin du monde. Dans les royaumes exilés du Nord, on copia les commentaires les plus riches de l'Apocalypse, notamment celui rédigé en 776 par Béatus de Liébana, texte le plus reproduit dans les monastères espagnols entre le VIIIème et le XIIème siècle. Son succès s'explique, d'un part, par l'accent mis sur la divinité du Christ dans l'Apocalypse alors que les Evangiles n'en donnent qu'une image plus humanisée, mais aussi par l'espoir de l'ultime victoire des persécutés qu'annonce le texte de saint Jean. Ce qui correspond aussi au fait, bien sûr, que les royaumes chrétiens du Nord font face à la pression musulmane

Un descendant d'Abd el-Rahman, Abd al-Rahman III, se proclama finalement, en 929, calife et transforma l'émirat de Cordoue en le califat de Cordoue et ses armées faillirent détruire les quatre royaumes chrétiens du Nord. Une brillante civilisation se développa sous le règne d'Hischem II, qui se fondait sur le fait qu'un de ses ancêtres, el-Hakim, avait, vers 820, fait sa paix avec Bagdad, ne craignant plus l'immixion des Abassides dans les affaires d'Espagne. Cela amena, ainsi, l'Espagne de l'Al-Andalus à bénéfichier du vaste travail philosophique et scientifique né à Bagdad et qui avait traduit les anciens Grecs ou produits des travaux arabes originaux, à l'initiative des Abassides. Madinat al-Zahara -littéralement la "cité brillante" en arabe, fut construite à partir de 936-940 par Abd-ar-Rahman III lorsqu'il acquit la dignité de calife. C'était une vaste ville-palais fortifiée située à l'Ouest de Cordoue et elle devint le centre de l'administration et du gouvernement. La construction devait établir une ville nouvelle, symbole de son nouveau pouvoir, imitant ce qui se faisait dans les califats de l'Orient ou affirmant la supériorité de la nouvelle dynastie sur les Fatimides de l'Afrique du Nord ou les Abassides de Bagdad. Une autre raison aurait été que la décision de construire la ville aurait été un hommage à Azahara, l'épouse favorite du calife. La Madinat al-Zahara joua un grand rôle dans la formulation d'une architecture islamique typique de l'al-Andalous et hispano-mauresque -dont l'influence se fera sentir jusque dans l'Alhambra de Grenade. Par ailleurs, Almanzor le chambellan du calife et émir, fit aussi construire son propre palais, de 978 à 981, la Madinat al-Zahira (la "cité resplendissante"), de l'autre côté de Cordoue, à l'opposé de la résidence califale. Il fallut attendre la bataille de Calatanazor, en 1002, pour que les royaumes chrétiens finissent par vaincre les armées arabes. Le califat de Cordoue tomba dès lors dans un déclin rapide, donnant le signal de la pleine phase de la "Reconquista" définitive. L'essentiel de l'Espagne sera libéré en 1340, ne laissant plus en place, au Sud, que le royaume de Grenade. Vers l'an 900, les trois grandes villes des parties méditerranéennes du monde étaient Constantinople, Baghdad et Cordoue. Cordoue possède 500 000 habitants

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