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Sur l'Austrasie

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Les Francs apparurent comme une confédération de tribus à l'époque où de telles structures émergèrent, en Germanie, sur la base des structures tribales précédentes. La confédération des Francs se trouvait sous l'égide des Francs saliens, le roi des Francs étant choisi dans la tribu salienne des "Merovingi"; les chefs des autres tribus, appelés "subreguli", "regales" ou "principes" se trouvaient sous son autorité. La confédération prit corps sur la rive droite du Rhin, de Mayence à la mer. La confédération franque comprenait les peuples germaniques suivants: les Saliens, les Attuaires, les Bructères, les Chamaves, les Ampsivariens et les Chattes, cette composition se maintenant jusqu'au IVème siècle. La confédération des Francs est mentionnée pour la première fois par les Romains lorsque ceux-ci les rencontrent, au milieu du IIIème siècle, alors qu'ils troublent la Gaule avec d'autres Germains. Certains des Francs finissent par s'installer au-delà du Rhin, dans la Gaule Belgique, sur les rives de la Meuse et du Scheldt. Bien que la plupart des empereurs romains se soient efforcés de les en expulser et que l'empereur Julien l'Apostat les aient sévèrement défaits en 359, Rome, finalement, finit par se contenter de transformer les Francs en "fédérés" -en alliés barbares, officiellement reconnus et dotés de terres, servant à Rome de défense contre les autres barbares- plus ou moins fidèles. Les Attuaires finirent par se fondrent dans les Saliens et les Chattes par former un peuple autonome, qui s'établit en Hesse, leur pays d'origine. A la même époque, les Bructères (un des peuples de l'alliance qui vainquit Varus à Teutoburg), des Chamaves et Ampsivariens s'unirent en sous-fédération, établie le long du Rhin, qu'on désigna collectivement sous le nom de Francs ripuaires (de "ripa", "rive" (du Rhin)). Les Bructères étaient un peuple germanique qui, à l'origine, se trouvait sur les deux rivers de la haute-Ems et de la haute-Lippe (ils se divisaient en petits Bructères -entre les Frisons et le Rhin, soit le delta de l'Ijssel- et grands Bructères -entre l'Ems et la Weser, vers l'embouchure de l'Ems). En 392, on finit par les trouver près de la rive du Rhin, près de Cologne. Les Chamaves, peuple germanique, commencèrent par vivre au Nord du bas-Rhin, à l'Ouest des précédents dont ils étaient les voisins; ils devinrent des dépendants des Francs saliens à la fin du IIIème siècle mais ils maintinrent leur identité jusqu'au IXème siècle ainsi que le prouve la Lex Chamavorum Francorum ("loi des Francs chamaves"). Les Ampsivariens, eux, furent un peuple germanique qui habitait à l'origine le cours moyen de l'Ems; ils refusèrent de combattre les légions augustéennes aux côtés d'Hermann, s'attirant de près le statut de traîtres. Ils finirent par trouver refuge chez les Chattes chez qui ils maintinrent leur identité tribale

Par ailleurs, depuis le début des relations entre Rome et le monde germanique, le chaos du monde barbare -une réalité de tribus et de "super-tribus"- fut forcé par les Romains dans des moules qu'ils pouvaient comprendre. Et l'évolution des tribus germaniques doit aussi à la volonté des Barbares de se donner des structures qui faisaient sens par rapport à l'attrait de la civilisation romaine. Les Francs, qui se romanisèrent de façon importante, restèrent fidèles à Rome pendant la grande invasion de 406 lorsque les Vandales, Alamans, Burgondes et autres s'engouffrèrent en Gaule, mettant à profit les désordres apportés plus à l'Est de l'Empire romain par les Wisigoths. Les Francs, cependant, ne purent empêcher ce déplacement de peuples et ils finirent par devenir les seuls maîtres en Belgique. Leur capitale était peut-être "Dispargum" et leurs rois appartenaient à la famille des Mérovingiens, avec leur longue chevelure qui les distinguait des autres guerriers, qui se rasaient l'arrière de la tête. Clodion, le premier roi de la dynastie, commença une série de conquêtes dans le nord de la Gaule vers 430. Aetius, le représentant de Rome s'efforça de les contenir et put finalement obtenir que Clodion reste en bons termes avec Rome. Merovée, le fils de Clodion, combattit avec les Romains, aux Champs Catalauniques, contre les Huns d'Attila -une célèbre bataille où des contingents de Romains, gallo-romains et Germains participèrent. Cette fidélité à Rome se poursuivit sous Childéric le successeur du roi. Clovis, enfin, succéda à Childéric en 481. Ces Francs saliens romanisés avaient aussi fourni des généraux à Rome et leur connaissance des tactiques militaires romaines fit beaucoup pour les conquêtes de Clovis, qui fera marcher ses Francs selon celles-ci. Après Clodion, au moins, ou beaucoup plus tôt à une époque indéterminée, une division avait eu lieu entre les Francs telle que nous l'avons évoquée plus haut, amenant à la séparation entre les Francs saliens et les Francs ripuaires. Entre 400 et 450, les Francs ripuaires restent des maraudeurs depuis la rive droite du Rhin puis, à partir de 450, les tribus, isolées par le ralliement du Salien Clodion le Chevelu à ce qui restait de Rome ainsi que par les autres peuples germains (Alamans, Burgondes), sans compter le passage des Huns, se forment en un royaume (en tout cas avant 469). Les Francs ripuaires n'auraient pas été partie prenante du système des "fédérés" saliens et auraient fait partie de la poussée germanique de 407. Enfin, vers 480, Ricimer, Barbare devenu patrice à Rome, les autorise à occuper la rive gauche du Rhin (l'époque, d'ailleurs verra les Ripuaires, alliés des Burgondes du roi Gondioc, en tant que magister militum, allié de Ricimer opposés aux Saliens auxquels s'est allié le magister militum Aegidius). Les Francs ripuaires prennent Cologne (ancienne capitale des Ubiens, un ancien peuple germain fortement allié des Romains). Vers 480, le territoire des Ripuaires s'étend du milieu de l'actuelle Belgique à leurs anciens territoires du Rhin et de quasi les bouches du Rhin sur la mer du Nord jusqu'à Metz. Vers l'an 500, les géographes de l'époque connaissent la "Francia Rinensis". A l'Ouest, jusqu'à la Picardie, se trouve le royaume des Saliens. Clodion et les Mérovingiens, eux, ne règnaient pas sur l'intégralité des Francs saliens: en dehors du royaume de Tournai, en effet, en existaient d'autres, centrés sur Tongres et Cambrai et dont les rois étaient soit des Saliens, soit des Ripuaires mais tous étant cependant des Mérovingiens et descendants de Clodion. A partir de là, lors du mouvement de Clovis contre Syagrius, les ultimes restes de Rome et les peuples germaniques ariens installés en Gaule, les Ripuaires gardent les arrières ou participent aux combats et, finalement, les Ripuaires acceptent la dissolution de leur royaume (509) et leur incorporation au royaume franc lors de luttes entre Sigebert le Boîteux, compagnon de lutte de longue date de Clovis, et Chloderic son fils traître

Clovis, roi de Tournai, réussit à étendre son emprise sur presque toute la Gaule, s'y affrontant à Syagrius, le dernier représentant de Rome et il conquit également les royaumes saliens de Tongres et Cambrai, les territoires des Alamans, les Burgondes, l'Aquitaine et le royaume ripuaire de Cologne. Clovis avait le soutien des évêques et il finit par se convertir au catholicisme en 496. Les Francs, jusqu'alors étaient restés païens pendant que les autres Germains de Gaule, eux, étaient passés, avant leur entrée dans l'Empire romain, à l'hérésie arienne. Clovis, sur un autre point, n'avait pas réussi à éradiquer la coutume germanique néfaste selon laquelle le pouvoir et les territoires d'un roi devaient être partagés entre ses fils à sa mort. Les fils de roi, en effet, étaient considérés comme des descendants lointains des dieux et, de ce fait, comme étant naturellement rois, par naissance. Seuls les Vandales, sous Genséric, en Afrique du Nord, s'étaient efforcés de mettre fin à cette pratique. Bien que divisé entre les héritiers de Clovis, le monde franc n'en continua pas moins de s'étendre, dans les années 530: la Thuringe fut conquise, la Provence livrée, sous conditions, par les Ostrogoths qui s'y étaient installés et les territoires burgondes finirent d'être conquis. Après que les territoires francs aient été réunifiés sous Clotaire, le seul fils survivant de Clovis, ils furent de nouveau partagés, en 561, entre les héritiers de celui-ci. Les territoires, comme à la mort de Clovis se répartissaient en royaumes centrés sur Orléans, Paris, Soissons et Reims (dans ce dernier cas, la capitale avait précédemment été Metz). L'état du monde franc s'envenima alors lorsque deux fils de Clotaire, Chilpéric et Sigebert se querellèrent pour le partage du royaume de leur frère Charibert, en 567. La querelle devint pire encore du fait que les deux princes avaient épousés des princesses -et soeurs- wisigothes, Galeswinthe et Brunehilde et que Chilpéric avait fait assassiner Galeswinthe à l'instigation de sa maîtresse, Frédégonde. Brunehilde poussa alors son époux à venger ce meurtre. Ce fut, en 575, le début d'une série de conflits sanglants, qui se renforcèrent encore du fait d'autres éléments et qui durèrent jusqu'en 613. Le conflit vit, d'abord, l'émergence nette de la "Neustrie", à l'Ouest, et de l'"Austrasie", à l'Est puis vit Brunehilde éliminée par les grands d'Austrasie du fait qu'elle voulait imposer aux Francs une forme d'absolutisme monarchique. Le fait qu'elle était une femme joua aussi un rôle dans la révolte des Grands. Brunehilde fut exécutée en 613

L'année 613 marqua ainsi la défaite de l'idée de monarchie chez les Francs, au profit de la noblesse et, par un édit de 614, Clotaire II promit de retirer les comtes des provinces, d'accepter que le "maire du palais" soit choisi par les Grands, de respecter les immunités du clergé et de faire que la Neustrie et l'Austrasie restent deux entités séparées. Ainsi, la noblesse d'Austrasie gagna en indépendance, avec un gouvernement séparé, dont le maire du palais fut Pépin de Landen, avec la présence d'Arnoulf, évêque de Metz, ce qui posa les bases de la dynastie franque à venir, les Carolingiens -ou Pippinides. L'Austrasie, cependant, a fini par se situer à cheval sur l'ancien limes, l'Ouest tendant à la latinité et l'Est à la Germanie. Pépin de Landen fonde son ascension sur ses domaines autour de Liège et d'Herstal, sur la Meuse, ceux de la Moselle à Trêves et ceux de la forêt des Ardennes. Ses domaines permettent des ateliers d'armes et le contrôle du commerce fluvial de la Meuse, de la Moselle et du Rhin. Par son alliance avec Arnoul, l'évêque de Metz, d'une famille qui a donné de nombreux saints, le fondateur des Carolingiens joint la force de l'Eglise à sa puissance matérielle. Malgré les efforts faits par les Mérovingiens suivants que le royaume franc restât uni, ils échouèrent et furent quasiment obligés de toujours reconnaître l'indépendance de l'Austrasie. Les Pippinides, après une longue période de troubles dans l'ensemble du monde franc (629-688), finirent par devenir les seuls maîtres de tous les royaumes francs. De là on peut penser que l'Austrasie, qui était devenue une sorte de royaume franc indépendant -sous la forme du "royaume de Cologne- depuis vers 376, puis un royaume indépendant des Romains, depuis 461, avait, pendant cette première période, développé une personnalité indépendante -sans compter qu'il semble que les Francs ripuaires n'aient jamais été des fédérés de Rome- et que celle-ci dura malgré le passage de la région, au VIème siècle, sous le contrôle de Clovis, puis de ses héritiers. On doit noter, de plus, qu'il est possible qu'Arnoulf, l'évêque de Metz, l'un des deux fondateurs de la dynastie carolingienne, pourrait avoir été le descendant lointain de l'un des héritiers du dernier roi du royaume de Cologne, Chlodéric (480-509). Cette puissance de l'Austrasie -et de sa noblesse- pourrait, de plus, avoir été due au fait qu'après la mort de Clovis, elle échut à Thierry, le fils aîné, qui avait été favorisé dans le partage des territoires francs. L'Austrasie, au temps de Clovis, était peuplée de gallo-romains, de Francs ripuaires, de Chattes et d'Alamans et elle s'étendait de la Champagne au Rhin et de l'Alsace et la Lorraine au Sud des Pays-Bas. Sa capitale passa de Cologne à Reims, puis Metz. On peut penser, par ailleurs, que les troubles qui se développèrent dans le royaume franc après la mort de Clovis furent largement dû aux luttes d'influence entre les différentes puissances de l'époque et que, par exemple, les Byzantins, les Wisigoths ou les missionnaires irlandais y prirent leur part. L'ascension de l'Austrasie, à l'issue d'une première série de troubles, de plus, annonce le passage, chez les Francs, d'une influence de type romain à une influence germanique et que, sur un plan général, cette transition entre Mérovingiens et Carolingiens marque le passage entre une tendance à une conception absolutiste de la monarchie franque -avec même le rêve, chez Brunehilde, d'une restauration de l'Empire romain d'Occident- et le partage du pouvoir entre la monarchie et la noblesse. D'une façon intéressante, on notera, sur un autre plan, qu'une fois l'ascension des Pippinides bien établie, dès Pépin II, ce sera le clergé qui deviendra la puissance dominante en Austrasie. Pour ce qui est de la noblesse austrasienne, il est possible que celle-ci a pour origines essentielles de grands propriétaires terriens de la région de forêts qui courait de vers l'embouchure du Rhin aux Ardennes. Certains d'entre eux, comme c'est le cas d'un ancêtre de Pépin de Landen, portent des noms de type anglo-saxon. On appelait même "Saxe", à l'époque, ce pays de forêts -la "Forêt carbonifère" au Nord et la forêt des Ardennes au Sud, ceci étant un signe plausible de ce que la population de la région avait pu être augmentée ou renouvelée en éléments germaniques au temps du mouvement des Angles et des Saxons en direction de l'Ouest et de l'Angleterre. Au fur et à mesure que le pouvoir des Carolingiens s'établit, ils annexèrent à eux le peuple burgonde lequel, cependant, conserva une forte originalité

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 1/14/2019. contact us at ggwebsites@outlook.com
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