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Dijon des Carolingiens à 1789

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Bien que l'histoire de Dijon après les Carolingiens n'appartienne plus à notre propos, il nous a semblé intéressant de la rappeler à grands traits. Elle montre bien ce qu'ont été le Moyen Age et l'Ancien Régime en France. La France passe alors des villes médiévales avec communes, chevaliers et princes à la guerre de Cent Ans et une première modernité administrative. Pendant presque deux cent ans de Réforme et de Contre-Réforme la monarchie moderne se développe, en symbiose ou en opposition avec le système des offices puis, de Louix XIV à la Révolution, ce système se fige socialement, dans une honnête aisance et le refus de la modernité de la Révolution Industrielle anglaise; il sera travaillé, à partir de 1770 par l'activisme des Lumières

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Dijon sous les ducs capétiens (1000-1363)
Dijon sous les ducs Valois (1363-1515)
Dijon aux temps de la Réforme et de la Contre-Réforme (1515-1684)
Dijon de Louis XIV à la Révolution (1684-1789)

flèche retour Dijon sous les ducs capétiens (1000-1363)

De nouvelles murailles: à partir de l'an Mil, Dijon devient à l'étroit dans les murailles du castrum ancien. Des faubourgs nouveaux sont apparus, dont les habitants continuent de pouvoir venir se réfugier dans les murs. En 1137, le duc prend le prétexte que la ville a été incendiée pour constuire de nouvelles murailles. Dessinées largement, elles comprennent de vastes espaces non-bâtis et des jardins. Les nouveaux murs, de 10m de hauteur pour 5 à 6 de largeur, comptent 11 portes et portelles. Ils enserrent 9,7 ha et des faubourgs se construisent rapidement. Deux quartiers, St-Nicolas et la sortie vers l'Ouche n'ont pas été inclus dans la muraille nouvelle. Les murs sont améliorés en 1356 après avoir dû être réparé, à l'Est, en léger retrait, suite au tremblement de terre de Besançon de 1346 qui se fit sentir jusque là. Le Suzon traverse l'Ouest de la superficie enclose et est traversé par 5 ponts mais on n'a pas construit de quais. Les maisons, à 1 ou 2 étages, sont de pierre avec tuiles, de colombages et autres avec bardeaux et il existe des fours banaux. Dijon compte 7 paroisses

Une charte de commune: d'abord sous l'autorité du duc (monnaie, ban, castrum, tonlieux, redevances, poids et mesures), de ses agents (vicomte, prévôt, sergents), de ses chevaliers et des deux abbayes, Dijon, pour cause de besoins financiers du duc de Bourgogne, se voit octroyer, sur le modèle de celle de Soissons, une charte de commune en 1183. Elle a droit d'attrait et se monnaye par une redevance annuelle. La commune acquérait l'essentiel de ses droits sauf le ban, certaines amendes, la convocation de la milice, la défense. Une série de mésententes se perpétua entre le duc et Dijon au sujet de ces libertés. La commune fut pourvue d'une banlieue d'une lieue (5,8 km), d'un sceau, d'une bannière, d'une maison où se rendait la justice et son beffroi fut la tour de l'église Notre-Dame. Le maire décide du ban des moissons et des vendanges. La justice constitue l'essentiel des revenus de la commune. Le duc a finalement préféré faire construire la forteresse de Talant, avec ville neuve et chartes de franchises, qui domine la ville et permet contrôler la route de Paris et des foires de Champagne. Il y garde ses archives et y tient le Conseil (ainsi que dans ses autres châteaux de Rouvres et Lantenay) et les gens des comptes. Au long de rues étroites et au tracé irrégulier, "se juxtaposent églises, édifices publics, résidences, masures, échoppes et ateliers". Le Duc, au début du XIIIème siècle, fit construire le château de Talant, une résidence-forteresse augmentée d'une ville neuve fortifiée

l'église St-Etienne, où siège le chapitre régulier St-Etiennel'église St-Etienne, où siège le chapitre régulier St-Etienne

Dijon, un rôle économique local: la renaissance du commerce, à partir des débuts du XIème siècle, pour cause de plus grande sécurité et les artisans s'installent dans les villes. Dijon reçoit la route venant du Grand St-Bernard, est le point de départ de la route vers les foires de Champagne et Paris, voit passer la route Châlon-Langres mais reste cependant, stricto sensu, à l'écart du grand axe du commerce médiéval, qui relie la Lombardie aux Flandres: Dijon doit percevoir ses péages à Fleurey-sur-Ouche et à Rouvres-en-Plaine car la route internationale branche sur l'axe Beaune-foires de Champagne, laquelle est sans doute liée aux foires de Châlon (que fréquentent des Dijonnais). Les foires de Dijon sont avant tout des foires locales et l'abbaye St-Bénigne avait d'abord essayé de contrôler cet essor. 40 paroisses viennent vendre à Dijon leurs produits agricoles et y achètent les produits des artisans, et les grands domaines clercs ou non y vendent leurs surplus. Un Vieux-Marché, près de l'église St-Michel, est le plus important, environné, de l'église St-Jean au quartier St-Nicolas de tout un ensemble de zones d'artisanat alors que le Marché-Neuf est moins important, en-dehors des murs, près de l'église St-Nicolas. Des changeurs Lombards et les Juifs assurent le change avec le denier digenois des monnaies que des marchands peuvent rapporter de marchés lointains ainsi que le crédit sur le marché local. Les Juifs depuis des temps immémoriaux habitaient dans deux quartiers, l'actuelle rue Buffon au long du fossé méridional du vieux castrum -les pierres de leur cimetière, dans l'actuelle rue Buffon, avaient été réutilisées pour masquer les arrachements du vieux mur- d'une part et la "Petite Juiverie" qui comprenait la Rue Piron, la partie inférieure de la ville, avec une section de la rue Amiral Roussin et de la rue Charrue (à l'origine, ce quartier pouvait avoir été situé, au Sud, entre la porte de la Saône et l'église St-Jean). Par besoin d’argent, les ducs de Bourgogne de la deuxième race permirent aux Juifs de rester dans le Duché. Philippe le Hardi les tolérera pour un temps et ils reviendront de Trèves ou de Franche-Comté, s'installant, cette fois, rue des Grands-Champs). En 1387, les Juifs, de leur propre décision, n'étaient qu'au nombre de quinze familles en Bourgogne en 1387 et ils quittèrent finalement le Duché avec l’exil général ordonné par le roi de France en 1397. La communauté renouvelée, à Dijon date de la Révolution française de 1789; elle comprenait 50 familles en 1803. Des représentants de grands tisseurs de Lombardie se voient à Dijon où il achètent la laine de l'Auxois, de St-Seine ou des abbayes grands éleveurs de moutons, qui est acheminée par Lausanne et le St-Bernard. La laine produite en Bourgogne se concentre aux marchés de Sombernon, Semur et Dijon. Ces marchands vendent à d'autres qui viennent des foires du Lendit les cotonnades milanaises. D'autres Lombards aussi achètent du blé et le transportent, par la Saône, vers le Midi de la France. Le vin est un autre produit du grand commerce. La présence des ducs n'a jamais été un facteur du rôle économique de Dijon

Une ville dominée par les chevaliers-bourgeois, avec une forte population de vignerons: à la commune n'appartiennent ni les chevaliers ni les clercs et l'appartenance à la commune coûte cher. La ville se répartit entre chevaliers et couche supérieure des "bourgeois", qui forment le patriciat et contrôle la mairie, juristes et boutiquiers, artisans et peuple

Les débuts de la Guerre de Cent Ans: les désordres qui affectent la France et la minorité du duc, sous sa mère Jeanne de Boulogne marquent un renforcement de l'autorité par rapport à la commune de Dijon. Dès 1334 le duc Eudes IV a inauguré le nouveau cérémonial de première entrée d'un duc dans la ville, avec reconnaissance, à St-Bénigne, des libertés communales et tend à se réinstaller dans la ville. Jeanne de Boulogne donnant la tutelle de son fils au roi de France Jean le Bon, l'autorité royale y réinstalle un atelier monétaire, les archives, les gens des comptes et le tombeau ducal prendra place dans la Chapelle-le-Duc et non plus à Cîteaux. La Grande Peste a frappé la ville. Les Carmes s'y sont installés en 1351 à l'instigation du chevalier Etienne de Musigny et deux nouveaux hôpitaux y ont été construits, l'hôpital St-Fiacre en 1340 et St-Jacques en 1390. Sur le plan économique, là aussi, le monde change: le patriciat traditionnel des chevaliers-capitalistes et juristes cède la place aux grands marchands: commerçant le drap, le blé, le vin ou le fer, ils contrôlent toute la chaîne du produit, du prêt de capitaux ou des baux envers les producteurs jusqu'à la commercialisation, via les artisans transformateurs. Ces marchands sont en relation avec des régions lointaines, dont la Lombardie. Les drapiers se doteront d'une jurande en 1410

flèche retour Dijon sous les ducs Valois (1363-1515)

Une ville relativement épargnée par la guerre puis le conflit entre les ducs Valois et la royauté: ramenée à 8000 habitants par la Grande Peste, sur la base de 10 000 habitants vers 1350, Dijon, repassera à 13000 personnes en 1474 d'une manière irrégulière pour cause d'épidémies régulières du fait de l'insalubrité, habituelle aux villes françaises (en 2 ans, en 1398, 3000 personnes meurent). Commencée vers 1356, la destruction du vieux castrum a été achevée et on a construit sur les anciens fossés. Dijon est toujours une ville ouverte sur les terres avoisinantes et les urbains possèdent des terres et du bétails et les vignerons constituent toujours près d'1/4 de la population, la vigne constituant toujours la base de l'activité économique de Dijon. Les métiers sont désormais organisés en corporation. Les drapiers sont devenus les autres acteurs économiques les plus importants de la ville. Autre nouveauté, Dijon est devenue une ville de passage avec une hôtellerie prospère dès lors que les malheurs des temps ne rendent pas les routes incertaines. Dijon n'est toujours pas éclairé la nuit, l'incendie reste une menace -malgré un couvre-feu- et un progrès est fait en matière d'évacuation des ordures qui, jusque là, restaient dans les rues ou passaient aux rivières locales. On prévoit des abattoirs et un pavage des rues principales est fait et refait car de mauvaise qualité (1396, 1428). L'antagonisme des Valois avec leurs cousins de France, le maintien d'une barrière douanière jusqu'en 1477 orientent les échanges vers les Pays-Bas bourguignons, la Lorraine, la Comté et la Savoie. Comme auparavant, le rôle des ducs, en termes d'économie est faible, sinon pour les biens de consommation locale car ils se fournissent surtout en Flandre et en Italie. Les "Grands Ducs d'Occident", cependant, accordent une place particulière à Dijon: leur nécropole à la Chartreuse de Champmol, construction d'un luxueux palais ducal, Chambre du Conseil, Chambre des Comptes, la ville est le siège de l'ordre de la Toison d'Or (qui se trouve dans la Sainte-Chapelle, à laquelle un pape va faire don d'une Sainte Hostie). Dijon tire de cette activité de devenir un actif centre artistique du gothique européen et des prémices de la Renaissance. La Guerre de Cent ans vient troubler la province essentiellement sous la forme du conflit entre les Valois et les rois de France mais d'une façon relativement bénigne. Des Compagnies disparaissent vers 1368 et la province reste tranquille pendant 40 ans. A partir de 1408 on se méfie, jusqu'en 1445, des partisans du duc d'Orléans et tout mouvement, en général, ou tout complot supposé du roi de France, au niveau national, provoque des mesures de sécurité. Les bandes armées des Ecorcheurs, jusqu'en 1445,sévissent ou menacent même après le traité d'Arras de 1435 qui réconcilie France et Bourgogne. Les menaces reprennent, après 20 ans de paix, du fait de la guerre de Bien Public vers 1467 puis, surtout, avec la mort de Philippe le Bon (1470) du fait du conflit entre le roi de France et Charles le Téméraire. Un fort parti de Français menace en 1475, on craint les Suisses ou les Lorrains puis, finalement, c'est l'armée royale même qui se présente devant la ville en janvier 1477. Ces temps ont comme conséquence que les murailles de Dijon, délaissées, sont réparées ou modifiées. Sous Philippe le Hardi, on ne conserve que 8 portes et on construit de nouvelles tours. La ville n'avait d'autre ressource de défense que la milice communale mais les désordres n'atteignirent jamais réellement les murs, n'obligeant qu'au service de garde et d'entretien des murs. De plus, la volonté ducale de mieux contrôler Dijon, amena à ce que le pouvoir militaire réel passa à un capitaine, certes payé par la commune mais recruté dans l'entourage ducal. Rien de nouveau sous Philippe le Bon, puis le renouveau des conflits avec Louis XI, à partir de 1457, relance les travaux (réfection, réparation des fossés, un étage supplémentaire à une tour). En 1436, Dijon possède 23 canons. La milice de Dijon participa peu aux opérations des ducs, sauf peut-être sous Philippe le Hardi ou Charles le Téméraire. Les troubles coûtent aux finances communales et les ducs augmentaient les impôts liés aux troubles et à la guerre. La sécurité de la ville est également en cause car, outre les vagabonds et mendiants, se trouvent les gens de passages, les marchands, les réfugiés, les anciens des Compagnies ou anciens Ecorcheurs. La question est réglée -mal- par le guet urbain. Un gang, même, sévit vers 1454, inventeurs d'un argot. On assiste également à un développement de la prostitution, qu'utilisent tous les niveaux sociaux alors que régne cependant une insécurité sexuelle. En 1445, on doit noter que la commune organise un système d'assistance médicale gratuite aux pauvres

L'absence de la noblesse et de l'évêque laisse la ville aux marchands et hommes de loi qui visent les offices ducaux: la ville est dominée par une oligarchie formée des grands marchands et des hommes de loi qui a passé de ses statuts au gouvernement facilement car la noblesse dijonnaise, du fait de l'extension du duché valois, a été obligée de partir pour les Flandres ou de suivre la cour ducale. Tous sont bourgeois, ou anoblis récemment, et contrôlent la ville. Tous, surtout, souhaitent accéder aux offices ducaux (impôts, monnaie, comptes, sel, etc.) et ils convertissent leurs revenus du commerce ou des offices en terres ou immeubles de rapport; ils pratiquent également le crédit, même au duc. Les deux groupes, alliés par les familles, entendant s'éloigner de la marchandise pour ne plus se consacrer qu'aux offices et au monde de la justice, peuvent parfois s'opposer. Ils construisent des hôtels, d'apparence encore médiévale, et ont une nombreuse domesticité et fondent une opinion modérée, ennemie des désordres. Certains nobles ont encore leur hôtel dans la ville. Le bailli ducal reste un noble et représente plus nettement les voeux ducaux. Le patriciat s'éloigne donc des marchands plus modestes. Cette mainmise sur le pouvoir local traduit aussi, finalement, le développement, malgré l'éloignement physique, du pouvoir ducal à l'encontre du pouvoir communal et il y a forte interaction entre le monde des officiers des institutions du duc et celui de la mairie. Les aléas des temps ou le développement de l'impôt ont joué aussi. La fin des libertés de l'ancienne commune a sonné. Viennent ensuite les artisans -désormais tous sous le contrôle des corporations- et les vignerons, ce peuple ne dédaignant pas quelques mouvements d'humeur voire l'émeute au moment des élections communales ou quelques mouvements catégoriels, ou de compagnons contre les maîtres. La hausse de la fiscalité ducale fut aussi pour cette mauvaise humeur. Ils n'aiment pas les gens de justice et pensent que les marchands les comprendraient mieux. Tout cela s'exprimera de façon plus nette, en 1477, avec la "mutemaque". L'évêque est encore à Langres et l'évêque-duc est pair de France hors de l'hommage au Bourguignon et sa province ecclésiastique est rattachée à celle de Lyon. Les paroisses de Dijon sont en fait hors de son contrôle et sous celui de St-Etienne et de St-Bénigne. L'église St-Jean, cependant, se rattacha à l'évêque vers 1450 et ses clercs furent érigés en chapitre. On ne peut que supposer que le clergé est d'origine locale, le bas-clergé d'origine modeste, les clercs plus élevés étant proches de la bourgeoisie, grande et moyenne et le haut-clergé et les fabriciens relevant du patriciat. Contrairement au reste de la France et sans doute du fait de l'absence de l'évêque, les clercs de Dijon n'ont pas de rôle important et autonome et sont étroitement liés, donc, au patriciat. Le clergé lors du retour de la royauté, sera atteint par une forme de crise liée au contrôle des charges par le pouvoir civil (dispenses, résidence, cumul des bénéfices, etc.) et la pratique pourrait même s'en ressentir mais l'Eglise de Dijon est stable, routinière et liée au souci d'ordre du patriciat. Les ducs Valois, même si leur résidence effective sera ailleurs au fur et à mesure de l'élargissement du duché, en donnent néanmoins à Dijon le statut définitif de capitale du duché. Dijon revêt pour tous les ducs une valeur de symbole voire militaire ou sentimentale et ils y seront tous enterrés. L'action des Valois, par ailleurs, amène des changements institutionnels dans le duché: si le "grand Conseil" suit la personne du duc, deux "Chambres du Conseil", chargées de la justice sont installées à Dijon et à Lille, séparant ainsi administration et justice qui, jusque là, étaient jointes auprès du duc. La Chambre de Dijon, du fait de l'éloignement des ducs finit par exercer l'administration voire le gouvernement de la Bourgogne. Dijon, depuis 1250, possédait un bailli ducal. Depuis vers 1330, un certain nombre d'officiers des ducs capétiens s'étaient spécialisés dans les comptes et cela finit par donner, en 1386, une Chambre des Comptes (dont l'une aussi à Lille) et elle assura aussi la garde des archives ducales. Un atelier monétaire est tiraillé entre duc et roi. La présence des ducs amène également à un rayonnement artistique de la ville via un mécénat princier comme à Bourges ou en Provence, dont le palais ducal et la nécropole de Champmol. La vie des écoles, pour enfants de nobles et de bourgeois (grammaire, philosophie, langues anciennes, mathématiques, musique), se poursuit, à peine développée par le nouveau duché mais dont les grades sont reconnus par la Faculté des Arts de Paris. Elles continuent de dépendre de l'écolâtre de Langres mais aussi de la commune mais la création de l'Université de Dôle, en 1423, est dommageable et elles sont réorganisées en 1445 par un dominicain et un chanoine de St-Etienne

La Bourgogne et Dijon repassent sous le contrôle royal: il y a décalage, alors, entre une forme d'attachement aux formes anciennes des relations entre les grandes principautés et la France et le développement d'une autorité monarchique moderne y compris dans ces principautés. Pour l'opinion, en général, on est Bourguignon mais on appelle au Parlement de Paris et l'on ne peut imaginer que la Bourgogne va être purement et simplement rattachée au royaume. Le monde des officiers voire le patriciat, par contre, semblent plus acquis à cette modernité politique et fera rapidement la transition de son obédience du duc au roi. Louis XI ayant favorisé un mouvement pro-français, y compris par l'évêché de Langres, qui était chancelier de l'ordre de St-Michel et, au contraire de la résistance de la noblesse de Châlon ou de celle de la Bourgogne profonde (Auxonne, Beaune, Châtillon, Semur, l'Auxois), Dijon ne résiste pas aux troupes royales, qui entrent dans la ville le 1er février 1477. Les institutions ducales deviennent immédiatement royales, les Etats sont régularisés, on crée un Parlement (disputé jusqu'en 1494 avec Beaune, siège de l'ancien parlement ducal) et le roi promet de confirmer les libertés municipales. Sous la direction de "Mademoiselle", fille du Téméraire, une révolte a lieu -la "mutemaque", se fondant aussi sur l'hostilité ancienne du peuple au patriciat et nouvelle du fait de son revirement- mais qui est rapidement réprimée. Une forte répression, des bannissements, laissèrent des rancoeurs durables et nombreux sont les exilés (ils sont plus rebelles que Dijon), faisant perdurer une opposition à la France et on retrouve encore un sentiment bourguignon jusque vers 1530. Le rattachement au royaume fait de Dijon la capitale de la Bourgogne et les institutions (deux cours souveraines, le gouverneur, les Etats de Bourgogne) accroissent la la catégorie sociale des officiers ducaux comme point de ralliement des ambitions dans un ressort plus vaste encore. Dijon devient une des capitales de province du royaume comme les autres: le pouvoir municipal, encouragé par le roi, accroît son contrôle du "peuple" par les corporations et il y a toujours interaction entre le pouvoir de la mairie et les institutions à offices cependant que continuent conflits mineurs avec les officiers royaux. Du fait de la réincorporation du duché de Bourgogne dans le royaume de France, Dijon a acquis, par contre, un rôle de place-frontière: la Saône, frontière avec la Comté puis l'Empire, n'est qu'à 30 km. La construction du château de Dijon (comme à Beaune ou Auxonne) contribue aussi au contrôle du ralliement. Les guerres d'Italie perpétuèrent les menaces (Dijon fut assiégée en septembre 1513 par une armée suisse) et celles-ci, finalement, renforcèrent le ralliement au royaume: on préférait, désormais, les Français aux Suisses ou Allemands

flèche retour Dijon aux temps de la Réforme et de la Contre-Réforme (1515-1684)

Les nouveaux remparts pour une ville proche des frontières: Dijon, place de guerre, en arrière des places de la Saône: dès 1461, un homme de guerre avait voulu moderniser les murailles de Dijon pour les adapter à l'artillerie, ce qui s'avéra exact lorsque les canons des Suisses firent une brèche dans la muraille. Le siège de 1513 précipita donc l'évolution: on rasa les faubourgs pour laisser un glacis battu depuis les murs; la rue, qui, depuis 1358, faisait le tour des murs fut rehaussée, remblayée et devint un élément du rempart, une allée pour la circulation militaire et un mur; les tours médiévales furent peu à peu remplacées par le mur -renforcé- de grosses tours rondes, plus basses et, enfin, à partir de 1515, à des bastions. Les travaux de modification continuent ainsi jusqu'en 1650, le château de Louix XI s'insérant dans les nouvelles fortifications: d'autres bastions sont successivement construits en 1548, 1552, 1558 et, de 1600 à 1650, une série de demi-lunes. Cela donne l'aspect de Dijon jusqu'au XIXème siècle: de beaux remparts modernes, avec feux croisés. Les faubourgs ont repris mais sont ainsi nettement isolés de la ville. Dijon est une place de deuxième ligne, avec rôle logistique, en arrière des places de la Saône, là où se concentreraient les forces venues repousser un ennemi venu de Franche-Comté ou de Lorraine, rôle qui ne fut joué qu'en 1636 quand les Impériaux de Gallas visèrent Dijon. La milice de la ville est la force ordinaire de Dijon, formée des compagnies des paroisses qui élisent leurs officers. Peut-être plus professionnels sont les membres des sociétés de maniement d'armes (arc, arbalète depuis le Moyen Age et plus récemment arquebuse). Le guetteur de la ville se tient dans le lanterneau de Notre-Dame. Le "guet du syndic" par ailleurs assure l'ordre public (la lutte contre l'incendie appartient aux ordres mendiants, des Jacobins, Cordeliers et Carmes). Pour ce qui est de la ville "civile", les fortifications ont amené à dédommager les habitants des faubourgs rasés et a donc densifier l'habitat dans les murs mais de nouveaux faubourgs ne tardèrent pas à réapparaître progressivement. La voirie reste faible. Des puits publics sont finalement choisis à l'encontre de fontaines recueillant les eaux de sources et les immondices sont toujours déversés dans le Suzon. L'architecture civile adopte le style de la Renaissance italienne avec, par exemple, Hugues Sambin

l'église St-Michel, à la façade Renaissancel'église St-Michel, à la façade Renaissance

Offices et solidarités, nouvelles bases de la vie politique, le peuple:

Les troubles d'un siècle, entre Réforme et Contre-Réforme: de 1561 à 1659, la France, entraînée dans les guerres de Religion puis la grande politique européenne du Siècle d'Or espagnol et des tentatives de reconquête contre la Réforme. Le roi de France, avec Richelieu puis Mazarin, utilisera celles-ci pour poursuivre l'oeuvre de développement de la monarchie absolue. La France, depuis le Moyen Age et malgré les facteurs de puissance des autres royaumes, a pour elle de posséder la population la plus importante d'Europe et, d'une façon générale, de terres riches qui permettent une agriculture prospère. Tout cela constitue la toile de fond de la vie politique dijonnaise. C'est le temps des solidarités et des clientèles. Les questions de la Réforme protestante n'inquiètent la ville qu'à partir du moment où Calvin prend le pouvoir à Genève, ville proche et un inquisiteur apparaît en 1553. La Réforme se développe et, en 1561, obtient 123 voix contre 306 aux élections du maire. Dijon entre finalement en 1561 dans les guerres de Religion: elle est sur la route des reîtres que viennent accueillir les calvinistes, une confrérie du St-Esprit est créée dans la noblesse pour défendre la foi, la Sainte-Ligue apparaît mais Dijon préfère l'alternance des conversions et des retours à la foi plutôt que la répression et n'applique pas les ordres de la St-Barthélémy. Mais le duc de Mayenne, un Guise est devenu gouverneur de Bourgogne et tend à développer le parti ligueur, qui devient important vers 1585, basé surtout sur la bourgeoisie des mairies alors que les cours souveraines restent royalistes ou ligueurs de haut rang. Une scission, finalement entre les ligueurs de haut rang et les ligueurs populaires -favorables à une fédération révolutionnaire des villes ligueuses- fait que Dijon est finalement isolé par les royalistes d'Henri IV qui reprennent la ville en mai 1595 et Henri IV vainc à Fontaine-Française. Il fait détruire la forteresse de Talant aux frais de Dijon et reprend le développement de l'autorité royale. Les protestants, restés présents, obtiennent Is-sur-Tille et Vosne comme lieux de culte et maintiennent leur nombre entre retour au catholicisme et conversions. Les guerres de religion ont amené marasme économique, hausses des prix, impôts et pillages. La crise suivante a lieu sous Richelieu, qui essaie de transformer la Bourgogne en pays d'élection et donc d'y introduire les impôts indirects. Se divisent alors le monde des cours souveraines -le Parlement étant le plus intransigeant à l'encontre des Etats et, surtout, de la Chambre des Comptes et une émeute, le Lanturelu, en 1630, menée par les vignerons hostiles aux nouveaux impôts tourne même à l'encontre du patriciat en général, avec, peut-être le soutien des Impériaux. La ville, sans doute déjà fidèle à la monarchie, fait amende honorable devant Louis XIII même puis, quand elle refuse de soutenir Gaston d'Orléans, retrouve ses privilèges. Dijon venait de connaître, entre 1627 et 1629 deux années de peste et de misère. En 1636, les murailles de la ville ont pris un caractère à la Vauban. Vient enfin, la Fronde. Le Parlement, rasséréné par la fin du projet d'élections (1631) resta fidèle sous la Fronde parlementaire durant laquelle ils enregistra des édits présentés par le prince de Condé (1637). Mais quand le pouvoir passe à Mazarin à Paris et Condé est arrêté (1650). La noblesse avec le parlement et l'intendant, tendraient à s'émouvoir mais la mairie reste fidèle au pouvoir royal. La Fronde des princes, menée par Condé depuis son nouveau gouvernement de Guyenne en 1652 voit encore la mairie appuyer la monarchie et le parlement s'opposer au roi et s'y opposer encore lorsque celui-ci viendra faire enregistrer de nouveaux subsides en 1658. Ces défaillances des dirigeants de la robe, alors, s'explique peut-être par le fait que Condé a développé une clientèle. Les gages irrégulièrement payés ont pu être une cause d'un mécontentement, en général, des cours souveraines au moment de la Fronde alors que les relations entres les officiers et la monarchie sont marquées par le fait que celle-ci tend à créer le plus d'offices possibles, comme source de revenus. Ce faisant, elle remet ainsi en cause la base de son autorité qu'il lui faudra reconstruire avec les intendants alors que les créations peuvent créer des divisions entre les compagnies d'officiers. Il est possible que, sur le point de l'assistance, par exemple, on puisse repérer une ligne de partage Parlement-ville contre Chambre des Comptes-clergé. L'époque est également à la hausse des impôts. Les hivers rigoureux, les pluies, la sécheresse (1630) amènent disette et hausse des prix. A Dijon, l'élection du maire est passée sous le contrôle du roi -avec, d'ailleurs l'assentiment du Parlement lequel entend toutefois superviser la mairie- mais le peuple des vignerons a toujours l'impression de le choisir. Dijon, en tout cas, au contraire d'autres villes du royaume qui s'endettent, a de bons gestionnaires. Le maire de Dijon, aux Etats, est associé à l'élu du Tiers, suscitant l'humeur des autres villes de la province mais les Etats continueront, par ailleurs, de siéger à Dijon. Parlement et mairie pourraient être proches. L'époque est aux oeuvres d'assistance: épidémies, dont de peste (1531, 1564, 1577, 1597, 1628, 1634, 1637), typhus en 1652. Prohylaxie et assistance (10% de la population est pauvre en 1630) par le monde des officiers, de la mairie et du clergé (qui s'en retire après 1626) sont les remèdes avec souci de donner un métier; les hôpitaux sont unfiés. La Contre-Réforme se manifeste aussi dans l'enseignement: François Ier institue en 1516 une Université avec toutes les Facultés mais elle ne vit jamais le jour. Seule exista une école. Un nouveau collège est créé mais il devient école élémentaire quand le collège des Jésuites ouvre, aux Godrans qui, après 1630 ne reçoit plus que les fils de l'élite seulement. L'église St-Michel est reconstruite à partir de 1499, avec sa façade, en 1550, très Renaissance, une chapelle des Jésuites est bâtie vers 1615 et les Carmélites sont une oeuvre baroque en 1642. Le style italien influe les hôtels et un style local se développe avec Hugues Sambin puis avec le XVIIème siècle et une activité artistique se maintient. En termes de culture, par ailleurs, l'humanisme, coloré de protestantisme, est bien présent à Dijon. La peinture, Tacite, Ronsard, Bodin, Montaigne animent un cercle de lettrés et d'érudits, médecins ou avocats avec imprimeurs

flèche retour Dijon de Louis XIV à la Révolution (1684-1789)

Une société qui change sous le contrôle de la monarchie absolue: au XVIIIème siècle, Dijon est une ville moyenne, avec 22500 habitants, à partir de 19000 en 1698. Châlon, Mâcon ou Autun n'en ont que 1000 alors que Lyon, par exemple, compte 140 000 habitants ou Strasbourg 48000. La population, en France, s'accroît après 1750, période de creux. La mortalité tend à être moins violente mais les mauvais hivers ou les épidémies sont toujours présentes et, comme d'habitude frappent le "peuple". A partir de 1730, on se marie moins et on se plaint du nombre de célibataires surtout chez les domestiques et compagnons; on se marie tard et les veufs hommes se remarient. Les familles se font légèrement moins nombreuses, de vers 4 enfants, d'1 enfant en moins en moyenne. On assiste à un apport extérieur important de population, qui vient de jusqu'à l'Autunois ou le Châtillonnais. En 1786, la population a entre 15 et 50 ans avec un grand nombre de jeunes filles et hommes venus d'ailleurs. A partir de 1697, par la conquête de la Franche-Comté, Dijon n'est plus aux frontières et les murs, peu entretenus, sont finalement aménagés en promenades, et les fossés servent de jardins. On entretient encore les glacis pour l'octroi. Les faubourgs alors finissent par représenter 14% de la ville en 1789 (contre 7 en 1699) et comprennent des maisons de plaisance pour les parlementaires qui s'évitent, ainsi, d'aller jusqu'aux châteaux seigneuriaux. Dijon, place des gouverneurs de la province, les princes de Condé, connaît une intense activité architecturale: hémicycle de la Place Royale, palais de Etats, parc de la Colombière, rue des Princes de Condé, parc et château de Montmuzard, etc. Dijon est restée à l'aise dans ses murailles dont les espaces non bâtis ont permis de reloger des faubourgs en temps de guerre ou bâtir de nouveaux couvents. Une quatrième porte, la porte Guillaume, avec son arc de triomphe dédié aux Condé a été ouverte alors que les 3 autres portes ont été refaites. Le tissu urbain reste aéré par les jardins des couvents et des hôtels. Dijon s'est départi de l'aspect médiéval que lui conservaient ses maisons à pans de bois et, depuis 1640, des constructions plus modernes sont venues les remplacer. Même les bâtiments conventuels d'ordres anciens avaient été reconstruit au XVIIème siècle même si les clochers et les églises paroissiales ou conventuelles restaient médiévales. Même les Bénédictins de St-Bénigne allaient finir de rénover leur monastère aux amples bâtiments. Seul le bas de la rue Verrerie, coincée entre l'hôtel de Vogüé et celui des Griffons ne pouvait réellement être rebâtie en maisons de pierre. Par contre, cette rénovation se fait dans le maintien de la diversité des populations: les hôtels de la noblesse, avec leurs cours et jardins se répartissent dans tous les quartiers alors que, dans de nombreuses villes du royaume, la noblesse de robe a bâti en neuf dans des quartiers spécifiques laissant les anciens quartiers au "peuple" même si une certaine mixité sociétale existe encore. Surtout, on a refusé de construire une ville nouvelle à côté de l'ancienne même si les parlementaires ont construits quelques châteaux ou d'opulentes demeures dans la campagne proche. Les symboles du pouvoir sont rebâtis pour certains. Sur la base du local des Etats de Bourgogne (1682-1689; qui fut agrandi à partir de 1733 par la Cour de Flore), on finit, pour ajuster à la Place Royale, commencée en 1681, par remodeler tout le palais ducal. Hardouin-Mansart engloba tout l'ensemble disparate. St-Médard est démolie en 1680 pour laisser une perspective depuis la Place Royale et la rue Guillaume. Une statue du roi, envoyée en 1692 ne put être installée qu'en 1725. A partir de 1667, les étages à colombage sont interdits et doivent être de pierre en aplomb et la municipalité essaie d'aligner et élargir les rues. Les arcades, au rez-de-chaussée, ouvrent sur les boutiques et ateliers. L'habitat, en termes social, est mélangé et beaucoup d' habitants sont locataires. La ville est encore peu hygiénique, les tuyaux des poëles passant par les fenêtres. La lutte contre l'incendie est passée à la ville, au guet et à l'adjudicataire de l'enlèvement des ordures. Les rues sont pavées, entretenues -un ruisseau central évacuant les eaux pluviales mais aussi ménagères- ainsi que les places, surtout sablées. Les habitants doivent balayer devant chez eux et un enlèvement des ordures existe mais peu suivi. L'eau est fournie par les puits privés et public -avec couvercles- mais l'eau est de mauvaise qualité. Des lanternes ont été installées en 1697, modernisées en 1778 en lanternes à réverbères mais ne sont pas allumées en période de Pleine Lune. On réglemente la circulation des voitures et carrosses. Malgré le peu de distances, Dijon connaît les chaises à porteur et les voitures de louage. La prostitution est interdite depuis 1563 mais elle est tolérée à condition d'être discrète; elle sera combattue par l'oeuvre du Bon Pasteur, à partir de la fin du XVIIème siècle. Les errants viennent ajouter un autre facteur d'insécurité dans Dijon. Les foires, une après la St-Jean d'été en juin-juillet, l'autre à la St-Martin d'hiver en novembre, déclinent et sont très surveillées car les marchands locaux ne les favorisent pas. Certains produits sont achetés directement à Paris par les marchands dijonnais. Les boutiques et les marchés locaux sont fournis par les producteurs locaux pour la consommation habituelle, les marchés voyant leur emplacement modifié pour empêcher les embouteillages. Les règlements privilégient les particuliers contre les cuisiniers et traiteurs. La ville a fait un effrot pour le stock des grains donc une meilleure alimentation et qualité (greniers d'abondance à partir de 1709) avec même visites et saisies dans les zones de production. La ville contrôle strictement les boulangers et les bouchers aussi -les Dijonnais consomment surtout de la viande de mouton et essaient d'introduire en fraude de l'octroi de la viande achetée alentours. Dijon est la capitale de la Bourgogne et en possède donc tous les éléments. L'époque est à un développement de l'autorité monarchique, par les intendants, les affermages, l'impôt (en hausse dès 1695) et les offices subalternes. Le monde des offices s'est stabilisé autour des anoblis de l'époque précédente mais le nombre s'est accru énormément de tous les aides, commis, secrétaires, etc. qui les entourent et qui constituent une vaste masse de ce qu'on appelerait aujourd'hui des "fonctionnaires": le gouverneur et son état-major ainsi que tout le personnel lié aux armées, intendance -élément nouveau, une sorte de préfet, du contrôle royal sur les provinces, les Etats, et, surtout, les cours souveraines: le Parlement (qui compte désormais vers 80 membres et tout le monde de la justice qui gravite autour d'eux), une chancellerie, une Table de Marbre, la Chambre des Comptes, les services des finances, du bailliage, les Eaux et Forêts, la gabelle, etc. Les officiers dominent la ville, sont propriétaires à la campagne, ont leurs domestiques et ont formé une clientèle. La construction des hôtels des officiers soit s'est faite sur d'anciens hôtels seigneuriaux du Moyen Age ou il a fallu patiemment acheter de nombreuses maisons. Pour économiser, on a que peu fait évoluer sur la base de ce qui pouvait exister sauf pour l'escalier, instrument des réceptions et de mode. A partir de la fin du XVIIème siècle, on utilise des carrosses et on adapte les hôtels. Au rebours d'à partir de 1550, les façades sont sobres à partir de vers 1680 et les décorations réservées à ce que l'on voit de l'intérieur. Il existe une justice consulaire. La mairie, qui est désormais élue aux Jacobins, est l'autorité à laquelle les Dijonnais ont le plus à faire, bien que la mairie manque de personnel professionnel: bans, justice (qui résiste à la volonté de contrôle du Parlement), répartition de l'impôt (avec les Etats), urbanisme, travaux publics, hygiène, foires et marchés, octroi, assistance, recensements. Mais l'autonomie la ville n'existe plus: le maire est au voeu du roi -via l'intendant, à partir de 1740, après le gouverneur-, tous venant des cours et les conseillers viennent du monde des avocats et des notaires. L'administration et les finances sont sous le contrôle de l'intendant depuis 1662, le Parlement les pouvoirs de police. La mairie, avec les Etats, a cependant résisté à la volonté royale, à partir de 1690, de transformer les municipalités en offices. Le budget est en équilibre sauf vers 1715. Dijon, au plan militaire, est ville d'étape avec logement chez l'habitant, indemnisé parles Etats; malgré le voeu de casernes depuis 1684, il n'y en aura quasi aucune. La levée d'une milice devient régulière de 1726 à 1776, contrôlée par les Etats, les "bataillons de Bourgogne" et touche plus les campagnes que Dijon et les artisans que les autres catégories de la ville puis ensuite, la monarchie se contente d'un système d'inscription. La ville fournit les habits et enraye les désertions, fréquentes à la fin du règne de Louis XIV. La milice urbaine est purement formelle désormais et le guet du gouverneur, basé sur les habitants, assure la sécurité en ville; seules les sociétés de tir, surtout les arquebusiers, ont encore un rôle militaire.

la façade d'une des ailes du palais des Ducs, résidence des gouverneurs de la provincela façade d'une des ailes du palais des Ducs, résidence des gouverneurs de la province

Une structure sociale ancienne, un monde des officiers qui se ferme, l'absence d'adhésion aux tout débuts de la Révolution Industrielle: Dijon reste une ville à structure sociale immobile, d'artisans, de vignerons et de domestiques, dominés par le clergé, la noblesse -dont celle des cours souveraines, les militaires et le monde de la basoche (qui forment le service de l'Etat). La conception de l'époque, en termes de classes sociales consiste entre le clergé et la noblesse, les militaires puis les "bourgeois non privilégiés", les artisans, les vignerons et laboureurs, les "pauvres", les domestiques. L'élite des cours souveraine sont travailleurs et économes, ennemis de l'ostentation, de sévères gestionnaires. L'artisanat est puissant (les artisans compteront pour l'essentiel des nouvelles constructions dans Dijon); les corporations ont été maintenues par Colbert et officialisées pour répartir l'impôt. La mairie les contrôle en collaboration et exerce la juridiction. Les artisans, du point de vue de l'époque, se répartissent en artisans de haut niveau (orfèvres, apothicaires, merciers), alimentation et barbiers, métiers du luxe et de l'habillement, artisans de plus bas niveau (tisserands). Ils ont leurs confréries et leur saint-patron. Les hôteliers, cabaretiers et aubergistes sont très contrôlés. Certains métiers sont favorisés par la hausse des revenus de la terre dont bénéficient les membres des cours souveraines (luxe, métiers du bâtiment, du meuble) -ceux du bâtiment aussi par l'activité des Etats et de la ville en matière d'urbanisme ou ceux de la reliure par le développement des Lumières. Les artisans de l'alimentation, les orfèvres, les charpentiers et tonneliers seraient plus aisés. La classe des marchands (grossistes en alimentation, par exemple) s'enrichit et finit même par surplomber le monde des avocats (qui cependant, apportent plus au mariage). Ceux-ci sont atteint par la fermeture sociale du monde des offices sur les familles anoblies au siècle précédent. Cela fait que l'ascension n'est plus possible et comme ils sont instruits et riches, possédant des immeubles dans Dijon même et des maisons petites mais soignées, ils en sont mécontents et formeront les troupes de la Révolution. Ils sont rejoints par certains artisans (médecins, chirurgiens, apothicaires, ingénieurs -qui constituent un métier nouveau) dont l'ascension sociale culmine ainsi que par certains clercs. Les marchands, le barreau et certains métiers du bâtiment dominent, finalement, le Tiers-Etat. A partir de 1700 Dijon est devenu, sous l'impulsion de la ville, des Etats et des intérêts locaux, un carrefour routier qui commande 7 routes royales (celle de Paris préfère maintenant l'Ouche, Sombernon et Auxerre à la route de Troyes) avec voitures publiques (des courriers unifient la province). Le monde des transports et du voyage est donc important à Dijon (voitures, hôtellerie, etc.) et les faubourgs St-Pierre et d'Ouche comptent aussi de nombreuses auberges. En 30 ans, entre 1730 et 1750, le nombre des hôtelleries et cabaret triple, surtout les derniers. Dijon compte 30 hôtelleries. S'y ajoute en 1775 les travaux du canal de Bourgogne, envisagé depuis 1727 et qui ne sera achevé qu'en 1808 et 1832. L'autre fait marquant, en termes d'économie et de société est que Dijon, comme, d'ailleurs, le reste de la France -l'Atlantique excepté, reste totalement hermétique aux velléités des Lumières de développer les débuts d'une Révolution Industrielle: la noblesse et la bourgeoisie n'investissent que dans la terre ou, au mieux, dans les fermes du roi et les corporations refusent toute évolution, interdisant, par exemple, en 1762, que l'on donnât du tissage dans les campagnes ou les peintres s'inquiétant de la mode des papiers peints d'Angleterre et des Indes à la fin de la période. Les marchands sont peu favorable aux foires qui attirent des marchands de l'extérieur. Les efforts en direction de la "manufacture" sont le fait de l'intendant et des Etats qui essaie de relancer, sans succès l'industrie textile (cotonnades, laine et soie). Seule une filature de coton réussit relativement, ou de la tonnelerie, de la vinaigrerie mais la "manufacture" n'est encore considérée, dans l'ensemble, par la ville ou les Etats, par exemple, que comme une activité d'hôpitaux. Ces entrepreneurs manquent de capital, restent largement sous les voeux de la ville, des Etats ou de l'intendant; ils sont étrangers à la province (Lorraine, Languedoc) et leurs ouvriers aussi (Suisses, Allemands, Flamands); on constate chez le seul qui ait vraiment réussi, une volonté de fédérer des industries annexes autour de la sienne. Il y a essor métallurgique dans la région de l'Ouche et de Châtillon mais elle n'arrive pas jusqu'à Dijon. Même l'alimentaire ne débouche pas sur la manufacture de type moderne. Il n'y a donc à Dijon ni fabricants, ni négociants. Dijon, au cours de cette époque a été moins imposé que le reste de la Bourgogne. Pour ce qui est de l'Eglise, le pape Clément XII a accepté l'érection de Dijon en évêché en avril 1731, l'église St-Etienne devient cathédrale, le chapitre devient chapitre cathédral. Les prélats furent honnêtes mais n'eurent pas la présidence des Etats, qui resta à l'évêque d'Autun. Trois autres chapitres existent (Ste-chapelle, Chapelle aux Riches, St-Jean) et Dijon compte 7 paroisses dont l'une (St-Jean) ressortit à St-Bénigne. L'abbaye St-Bénigne, de la Congrégation de St-Maur, donne des érudits et existe une grande commanderie d'Hospitaliers. Le logis abbatial devient celui de l'évêque à partir de 1777. Les autres ordres sont toujours présents, tant masculins que féminins (les Lazaristes en 1682). Les couvents sont en lien avec les artisans dont les confréries s'y tiennent mais la ville ne leur est pas favorable car ils sont exempts d'impôt. Les fidèles sont associés à la vie de leur paroisse par leur assemblée, qui élit la fabrique, laquelle gère les bâtiments, les biens à revenus de la paroisse, les bancs, les enterrements, l'organiste, le bedeau (qui rend compte des décès à la mairie pour la mise au jour des impôts, logement de guerre, etc. ou qui sonne les cloches pour dissiper les nuées d'orage), les messes de fondation. Dix grandes processions ont lieu chaque année et en 1731 toutes doivent partir et revenir à St-Etienne. Un pélerinage a lieu à Notre-Dame d'Etang et une neuvaine à Fontaine-les-Dijon. Les Jésuites, comme ailleurs, disparurent en 1763. Une officialité et un séminaire (aux Oratoriens en 1684) avait été installés dès avant la création de l'évêché. Les Jésuites contrôlent l'enseignement et ont formé les élites locales; l'enseignement primaire tend à se laïciser, en conflit avec les Frères des Ecoles Chrétiennes et des Ursulines. Dijon obtint une Faculté de Droit en 1723, qui fut surtout une école professionnelle; on y voit des fils d'artisans ou commerçants. Les grandes épidémies sont terminées mais la variole apparaît, malgré la vaccine et la santé publique est encore affectée par les fièvres, la mauvaise qualité de l'eau (dysenterie), le froid (tuberculose) ou les accidents (noyades dans l'Ouche, voitures). L'assistance, qui est tenu par le clergé, la ville et les notables, se centre sur l'Hôpital Général dont le personnel est passé au clergé après 1683 avec l'aide des paroisses et de diverses sociétés de charité. L'hygiène est médiocre à l'hôpital -mais s'améliorera avec les Lumières- mais la médecine s'améliore, surtout la chirurgie. Il y a plus de médecins, de chirurgiens, de sages-femmes. Les années 1694 et 1709 ont été des années de disette et le rôle des paroisses s'est accru. L'assistance, qui prend une connotation de répression, vise les enfants illégitimes abandonnés (avec un maximum en 1709 puis après 1780; ils sont en nourrice dans le Haut-Auxois), les vieillards et incurables, les malades (surtout pauvres manoeuvres et domestiques, artisans du bâtiment) et passants. L'assistance sert aussi à enfermer les vagabonds à l'hôpital jusqu'en 1750 qui accueille aussi les aliénés et les enragés à partir de 1725 (rappelons qu'à Paris, à la même époque (XVIIIèà), l'"Hôpital Général", lieu où l'on "renferme" les pauvres, monopolisé par les jansénistes et les parlementaires, est une institution qu'on soupçonne fortement de spoliations, violences, enlèvements d'enfants et pédophilie. Seul l'archevêché de Paris, jésuite, peu ou prou soutenu par Louis XV -qui est cependant fortement soupçonné de pédophilie et de profiter de cette institution- s'efforcera d'y mettre un terme. Il est possible que Damien, qui attentera à la vie du roi en 1757, ait soupçonné la complicité du roi et ait été manipulé par les parlementaires jansénistes qui étaient ses employeurs; ceux-ci visaient les Jésuites). Les distractions des Dijonnais sont de belles allées plantées d'arbres, doubles ou triples -dont le cours du Parc- ont été aménagées et servent de promenades mais leur mode décroît vers 1750. Des bals -des officiels, comme au bastion de Guise en 1769, d'autres populaires et improvisés- qui servent aussi à célébrer les grands évènements du royaume et de la ville et province mais réservés à la noblessse. Illuminations, feux d'artifice, danses accompagnent. Le feu de la St-Jean a lieu chaque année. La noblesse joue de la musique, des concerts sont organisés (soutenus par les Etats; une Académie de musique existe jusqu'en 1736 et une autre jusqu'en 1760) ou des concerts de chambre ou d'orgue; on est en relation avec les modes de Paris. Un théâtre assez grossier, mais ouvert à tous, a été installé depuis 1717 pour les divertissements de l'hiver, avec troupes de passage. La réunion des Etats, après Pâques, tous les 3 ans, est aussi une saison théâtrale. Vinaigriers et limonadiers servent thé et chocolat puis café. Les bains dans l'Ouche sont dangereux et on ouvrira un hôtel de bains dans le faubourg. La ville réglemente le jeu mais les jeux clandestins se développent. Jeu de paume et billards sont licites mais prêtent à excès. On lit aussi une gazette locale, les Affiches de Bourgogne, on peut s'abonner aux journaux de Paris. Des cabinets de lecture existent qui permettent une lecture plus populaire et les ouvrages de Paris arrivent

Hygiénisme, culture publique et franc-maçonnerie, Les Lumières à Dijon: comme partout ailleurs en France, cette société fermée en termes de société et refusant, au plan économique, toute forme de mouvement vers la Révolution Industrielle, est travaillée par le mouvement d'une minorité appuyée sur la bourgeoisie mécontente de la fermeture du monde officier voire surtout par l'inconscience d'une élite qui, ne voyant pas de mal aux nouveautés, ne comprend pas qu'elles ne sont que les arbres qui cachent la forêt. L'influence économique de la Révolution Industrielle se limitant à l'Atlantique, la France et Dijon n'ont pas tant dû la Révolution à des tensions sociales qu'à un activisme culturel et moral, peut-être souterrain dans certains cas. Après 1770, à Dijon, un mouvement culturel s'intensifie de façon très nette. Les langues vivantes et le grec deviennent importants dans les bibliothèques au détriment de la théologie, la bibliothèque des Jésuites est ouverte au public après 1763, comme la bibliothèque de droit, ou un cabinet de physique. Les Etats créent une Ecole de dessin (ils contrôlent aussi un maître de musique et un architecte) et un Muséum. Cela se complète d'un journal local, les "Affiches de Bourgogne", qui peu à peu s'intéresse aux ouvrages venus de Paris, à l'agronomie, la vigne ou les dangers de la vaccine, de cabinets de lecture. On est, finalement, très en contact avec ce qui se passe à Paris. Le mouvement touche les officiers mais aussi la bourgeoisie moins fortunée. On joue Molière et Voltaire au théâtre pendant la session des Etats. Dijon et la Bourgogne sont le pays de Rameau, Piron, Buffon, Monge après avoir été celui de Bossuet. Enfin, après 1750, on voit à Dijon de nombreux Anglais ainsi qu'ils l'ont fait à Paris. L'Académie qui s'intéresse aux études humanistes (elle primera même Jean-Jacques Rousseau) s'intéresse aussi à la pratique (médecine, ponts-et-chaussées, hygiène) et un collège de médecine joue un rôle en matière de formation des médecins, encouragé par les Etats et l'Académie (sages-femmes, drogues, anatomie). La ville se préoccupe d'hygiène: boucheries, couverture du Suzon, eaux ménagères, propreté des rues, transfèrement des cimetières des églises à un cimetière général Porte Guillaume (1783). Les ingénieurs du canal de Bourgogne envisageaient une ville nouvelle, "Port-sur-Ouche-lèz-Dijon" et réclamait le lotissement des terrains des couvents. Dijon connaît aussi la franc-maçonnerie qui touche toutes les couches sociales: une loge des bourgeois et marchands, une des artisans et une autre pour le monde des officiers (qui participèrent au parlement Maupéou et émigrèrent en 1789)

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