logo du site et lien-retour vers la home page française image décorative 2, semblable à la précédente mais plus petite .Dijon des Carolingiens à 1789 .Dijon après 1789 .Les vins de Bourgogne au XVIIIème siècle flèche retour

Une ville à l'époque carolingienne

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A quoi pouvait ressembler l'ère carolingienne depuis une ville de l'époque, en l'occurrence Dijon? La plupart des grandes villes, en Europe, ont trouvé leurs origines à l'époque romaine et les Romains, eux-mêmes, souvent, bâtirent leurs villes sur les lieux d'un ancien site celte -qui était souvent fortifié. Les origines des villes peuvent également se rattacher à des camps militaires romains ou des sites commerciaux

la tour St-Bénigne, seule tour subsistante du castrum de Dijonla tour St-Bénigne, seule tour subsistante du castrum de Dijon

Des origines au Dijon gallo-romain

Dijon a pris naissance à la limite ouest du fossé tectonique dans lequel coule la Saône -et qui est rempli de marnes et d'argiles de l'oligocène. Il est déterminé par la "Côte", escarpement du jurassique dont les villages de Talant et Fontaine sont des buttes-témoins. Le site de Dijon est situé au confluent de deux petites rivières, l'Ouche et le Suzon, qui a formé une grande clairière entrecoupée de marécages au milieu dela forêt. Les terres sont fertiles. Dijon faisait partie, à l'âge du bronze, des grands axes liés à l'étain et l'ambre. Dijon se situe, plus spécialement, sur les alluvions de galets et de graviers du Suzon, petite rivière à régime torrentiel. Les occupations préhistoriques se trouvent toutes dans la zone de la Côte ou de l'arrière-Côte, qui offraient des sites défensifs évidents. Dépourvu de cours d'eau importants -l'Ouche, qui coule au Sud, ne gèle jamais car elle reçoit des sources chaudes, le Suzon et le Raine ayant jamais servi qu'à faire tourner des moulins et flotter le bois sans fournir de véritable alimentation en eau à la ville- le développement du site se fonda surtout sur le fait qu'il était aussi un carrefour de routes. On est, en effet, à croisement de routes qui semblent exister depuis les temps préhistoriques. Elles étaient liées, à l'époque celtique, au VIème siècle avt. J.-C., à l'oppidum de Vix et, à l'époque celte, Dijon -via l'étymologie Diviomagus- aurait pu être un marché sacré appartenant au territoire des Lingons. Le premier habitat celtique s'est vraisemblablement d'abord situé sur les hauteurs du Mont-Afrique et ces hauteurs ont pu constituer des refuges potentiels capables de rassurer les populations lorsqu'elles se sont installées, par la suite, dans la plaine (le site est occupé de façon continue à partir du Ier siècle avt. J.-C.; un oppidum sur le principe de l'éperon barré s'y est installé à la pointe sud). L'une des routes venait des pays du Rhône et se dirigeait vers la Flandre -par Vergy, Fleurey-sur Ouche et Vix- et le Rhin. L'autre venait d'Italie du Nord par le Grand Saint-Bernard, le col de Jougne et la Saône à St-Jean-de-Losne et se dirigeait par les sources de la Seine et Vix vers le Bassin parisien. Une troisième route, enfin, joignait Bribracte et Autun à Gray et l'Alsace via le rebord de la Côte dijonnaise et l'arrière-Côte et le nord-est de la ville, en un lieu qui abrite aujourd'hui le quartier des Grésilles (le site du Mont-Afrique est également à relier à cette route). Au carrefour de ces routes celtes s'intalle sans doute d'abord un "vicus", une bourgade. Un camp militaire, installé en 70 ap. J.-C. à Chenôve -et qui témoigne de cabanes de marchands auprès de ce camp- au sud-ouest de la ville, pour mater la révolte de Civilis et Sabinus, le rattachement de la région au gouvernement militaire de Germanie supérieure et non plus de Belgique avec des camps militaires à La Noue (Chenôve) et Mirebeau ou la route Lyon à Trèves par Chalon et Langres, vers la fin du Ier siècle apr. J.-C. -dite Voie d'Agrippa- pour joindre rapidement le Rhin sont autant d'éléments qui ont dû ajouter au site dijonnais. La prospérité de la région, sur un plan plus général, pourrait tenir au fait aussi que la région se trouvait aux confins de trois peuples gaulois, les Eduens au Sud, les Séquanes à l'Est et les Lingons au Nord. Dijon, à l'époque gallo-romaine est une petite ville, lieu d'échanges et de marché très prospère aux Ier et IIème siècles. La ville pourrait, alors, porter le nom de "Diviomagus"; elle est étirée au long des différentes routes qui s'y rejoignent. Le site de la ville est situé au débouché de la route de la Saône et sur une sorte de surélévation qui doit lui éviter les crues de l'Ouche, la rivière du Sud. La route militaire passe à l'Est de la ville, l'autre route commerciale à l'Ouest. Ces trois routes doivent être devenues des routes romaines pavées. A l'époque gallo-romaine, les routes, à partir de Beaune, empruntaient la région des Hautes Côtes, au sud-ouest de Dijon, via Chamboeuf, qui représente un lieu de communications importants, sans doute en lien avec le plus ancien habitat. L'axe général était de la Méditerranée à la mer du Nord. L'axe Beaune-Dijon passait donc alors par Bouilland, Détain, Chamboeuf, Gevrey-Chambertin. Le site de l'Ecartelot avait un rôle important; il servait de halte. Les routes romaines avaient été construites peu après la conquête de César par Marcus Vipsanius Agrippa, ingénieur et général romain, gendre et ministre d'Auguste (dont il fut une sorte de co-régent). Les routes romaines étaient constituées d'une couche de pierres à plat, une couche de pierres en hérisson, une autre couche de pierres à plat puis de gravier. Les produits qui circulaient sur ces routes étaient variés: l'étain, venant de Chalon, passait par Beaune, Savigny, Fontaine-Froide, Bouilland, la Fin-Haute puis Détain, Gergueil, Arcey, Mâlain et les sources de la Seine. L'huile et le vin venaient d'Italie par la Saône. Dans la région de Détain, l'élevage du mouton était prépondérant et la laine était exportée vers l'Italie. Enfin le commerce de la pierre passait d'Est en Ouest par Meuilley, Arcenant, Détain et St-Jean-de-Boeuf. Ce grand axe Sud-Nord des Romains reliait aussi les "capitales" locales: Autun, Beaune, Dijon, Langres. L'importance de la ville d'alors se lit dans l'étendue du plus important des deux cimetières de l'époque qui s'étend de chaque côté de la route militaire, du Sud à l'Est de la ville. Les stèles, de plus, décrivent de nombreuses activités commerciales. Un autre cimetière, plus petit, se trouvait à l'Ouest, légèrement en contrebas du centre de l'agglomération. La route Saône-Seine traversait la ville dans une diagonale sud-est/nord-ouest. D'après les plans disponibles, le cardo (l'axe Nord-Sud de toute ville romaine) et le decumanus (l'axe Ouest-Est) des origines pourraient avoir été constitués, réciproquement, par la route menant à l'Alsace et la route de la Saône à la Seine. Le croisement du cardo et du decumanus déterminait, la plupart du temps, l'emplacement du forum, lieu de la vie publique et des temples principaux, sans doute peu loin de l'actuel Musée des Beaux-Arts et la place de la Ste-Chapelle. Cet emplacement semble même avoir été respecté lors du repli de la ville dans le castrum au IIIème siècle. A l'exemple de la civilisation gallo-romaine, une partie de la civilisation gauloise s'est intégrée dans la civilisation romaine (vêtements, patronymie, dieux, etc.). Le dieu Mercure était important du fait du rôle commercial de Dijon. Des villas agricoles se trouvaient dans les environs proches et lointains de la ville. Il semble possible qu'à l'époque romaine, la puissante corporation commerciale des nautes de la Saône monopolisait aussi le transport commercial entre Saône et Seine. On notera que Dijon ne fut pas civitas, capitale de peuple avec identité ethnique mais elle fut croisement de routes commerciales aux confins de trois peuples, les Mandubiens d'Alésia, les Eduens d'Autun et les Lingons de Langres; sans compter quelques Séquanes de Besançon. On a sans doute là une explication au caractère relativement ouvert des Dijonnais, à leur "libéralisme" jusqu'à ce que les outrances de la liberté les choquent; là aussi l'explication que Dijon, aux temps chrétiens, ne fut pas le siège d'un évêché

Le castrum de Dijon

La crise qui frappa l'Empire romain au IIIème siècle affecta Dijon de la même manière que partout ailleurs. Des crises politiques -les légions font et défont les empereurs et la pression des peuples de Germanie et des Parthes- amènent un climat d'instabilité générale; la peste frappe l'Empire. Les villes disparaissent ou sont obligées de se réfugier dans des murailles improvisées. Une telle muraille, bâtie des matériaux repris des monuments et des bâtiments s'appelle un "castrum" (du latin qui signifie "château"). Dijon, qui, de plus, n'était pas située sur un site en altitude, se fortifia donc, sans doute vers 270, sous l'empereur Aurélien, avec des murs mesurant 4,5 de large et 9 m de haut (dont 6 de grand appareil). Le mur avait une longueur totale de 1200m et la superficie enclose était de 10ha. Certains auteurs évoquent la date plus précoce de 170, sous Marc Aurèle, construction qui, alors, n'aurait correspondu qu'à l'importance de la ville; d'autres, enfin, l'époque de Constantin le Grand, lorsque l'empereur, en 311 et 319, fit une tournée d'inspection des places-frontières, les réparant et les fortifiant. Le castrum est en retrait de l'ancienne ville; il s'édifie sur un replat en surplomb des zones marécageuses, à l'Est du carrefour des routes. D'une longueur de 1200m, il est une muraille de type classique dont le soubassement est formé d'énormes blocs sculptés réemployés des momuments ou monuments funéraires de la ville. Dijon alors comporte 1 ha. Les habitants qui continuent d'habiter hors les murs peuvent venir s'y réfugier. Les murs contiennent aussi les résidences des autorités et quelques édifices publics. Ce nouvel épisode de l'histoire, de plus, détermina les villes à venir; certaines villes purent se fortifier et d'autres non. Mediolanum (aujourd'hui Mâlain, à 15 km à l'Ouest), une ville plus importante que Dijon, de quelques milliers d'habitants, qui avait été fondée en 200 sur la route de l'étain venant de Châtillon-sur-Seine fut désertée dès la crise des années 250 et ses habitants rejoignirent Dijon. Les Bolards, autre ville commerçante, située plus au Sud, entre Dijon et Beaune ne fut abandonnée qu'au début du Vème siècle et cela a pu être dû au fait qu'elle était le lieu d'un culte rendu à Mitrha, cette religion indo-iranienne prisée des commerçants et des soldats. Beaune, équivalent pour la route venant de Lyon de ce que Dijon était pour la route de la Saône, se maintint aussi derrière des murailles. Une tendance générale de l'époque fut, en général, que les habitants des villes fuirent vers les campagnes et s'y installèrent, vraisemblablement pour y trouver leurs ressources alimentaires. Pour ce qui est de Dijon et ses alentours, l'ancien oppidum du Mont-Afrique a alors servi de refuge. Comme ce fut le cas ailleurs, l'effort défensif laissa des zones habitées en-dehors du castrum et des habitants continuèrent d'y vivre. On appelle de tels lieux des "bourgs". C'était la route commerciale Saône-Seine qui continuait de déterminer le castrum, marquant les deux portes à double tour de la ville, les deux autres portes n'étant que de simples poternes d'1,25 m de large et dotées d'une seule tour -sur leur gauche vu de l'extérieur. Pour ce qui est des autres routes, le réseau s'était simplifié: la route venant du Rhône par Beaune et la route de la côte semblent avoir fusionné au bénéfice de la dernière et celle-ci, après avoir longé le bourg, soit, près de la porte nord-ouest, partait en direction de Langres, soit en direction de Mirebeau et Gray (donc, sans doute, le Rhin). La route militaire avait été abandonnée (au Nord, son tracé était donc intégré à la route venant de Beaune)

Dijon sous les Mérovingiens

Ensuite, le sort de Dijon se fond dans l'histoire générale de la région. D'une façon générale, la période qui s'étend des temps mérovingiens à l'an Mil est mal connue pour Dijon mais elle reste la période fondatrice de la ville (églises, grands axes, centres d'activité, etc.). L'Empire romain se termine et est remplacé par les royaumes barbares, lesquels, à leur tour, passent sous l'hégémonie de Clovis. Les Burgondes s'installent à Dijon en 476; après avoir été décimé par les Huns sur le Rhin (ce qui participe de la légende germanique des Nibelungen), les Burgondes, guerriers germaniques de haute taille, blonds, sont installés par Rome dans la région du Jura et du lac de Genève; profitant du désordre de la fin de l'Empire romain, ils élargissent leurs terres: en 470 Lyon et Vienne sont à eux et en 480, remontant vers le Nord, ils ont conquis le pays des Lingons -dont Dijon- et des Séquanes. Dijon, devenue "cité-forteresse" reste une ville animée et prospère. Elle prend officiellement son nom ("Divio", "castrum Divionense"), qui apparaît chez Grégoire de tours (544-595), lequel donne, en 570, une description nette de Dijon:
"C'est une forteresse, castrum, aux très puissantes murailles, placée au milieu d'une plaine riante, dont les terres sont si fertiles et si productives que les champs, ensemencés après un seul labour, donnent d'abondantes récoltes. Au Sud se trouve la rivière d'Ouche, très riche en poissons; du Nord vient un autre petit cours d'eau qui, entrant par une porte et passant sous un pont, ressort par une autre porte, entourant toute la muraille d'une eau calme; mais devant la porte, il fait marcher des moulins avec une merveilleuse rapidité. Il y a quatre portes, tournées vers les quatre points cardinaux, et trente-trois tours renforcent la construction. Le mur est fait de pierres de tailles jusqu'à une hauteur de vingt pieds et au-dessus de petit appareil; il a en hauteur trente pieds, en épaisseur, quinze. Pourquoi n'appelle-t-on pas Dijon "cité", je l'ignore. De précieuses sources se trouvent aux environs tout à l'entour. A l'Occident, sont des hauteurs très fertiles et couvertes de vignes qui fournissent aux habitants un si noble falerne qu'ils méprisent le vin d'Ascalon. Les anciens rapportent que la ville a été construite par l'empereur Aurélien"

vignette-lien vers une vue du castrum de Dijon à l'époque carolingiennecliquez pour une illustration de l'aspect du castrum de Dijon à l'époque carolingienne (des remarques concernant l'élaboration de cette carte sont disponibles)

On ignore quand furent ajoutés les fossés au castrum. Ils n'étaient pas exactement contigus aux murs mais situés à quelques dizaines de mètres d'eux et alimentés par le Suzon, la petite rivière torrentielle venant du Nord dont le cours principal traversait le castrum alors qu'un système de barrage en amont et de vannes permettait d'envoyer l'eau dans les fossés, qui était retenue par des barrages en aval. A cette sortie, deux moulins bénéficiaient de l'effet de chute (avant la mise en place de cette dérivation, le Suzon séparait le castrum de l'abbaye St-Bénigne; au Moyen-Age le Suzon passera dans la partie la plus à l'Ouest du bourg d'alors, avant les paroisses St-Jean et St-Philibert). Il est possible que d'autres moulins se soient trouvés au Nord du castrum, à l'emplacement actuel du Palais des Etats. Pour ce qui est des rues qui peuvent structurer l'intérieur du castrum, on en est réduit aux hypothèses: la route de la Saône, arrivant au sud-est, semble emprunter l'actuelle rue Chabot-Charny et, par l'actuelle rue, rejoindre la Porte aux Lions, au nord-ouest; les rues actuelles de l'Amiral-Roussin et de l'Ecole de Droit, Vauban, Liégard, Bouhier, du Palais, Pot et des Bons-Enfants peuvent être les autres rues du castrum. Un autre indice concernant les axes internes aux murailles peuvent être aussi les deux portes principales (Porte Vacange, au bas de la rue Chabot-Charny, Porte aux Lions) ainsi que les deux autres portes principales mentionnées par Grégoire de Tours (Porte du Bourg, à l'extrêmité de la rue de l'Amiral-Roussin et porte St-Etienne, près de l'église cathédrale). On notera cependant que ces deux dernières portes ne permettent qu'un passage piéton puisque leur structures est la même que celle des 27 autres tours -des tours poternes- également réparties sur la circonférence, ces dernières laissant penser, de fait, à des possibilités piétonnes tout au long de la muraille. On accédait aux quartiers liés à l'abbaye St-Bénigne soit, depuis la porte au Lion et le Nord du bourg via l'actuelle rue et place Bossuet, jusqu'à l'église St-Jean soit, depuis la Porte du Bourg, par les actuelles rue Piron et Michelet, jusqu'à St-Bénigne même. Le castrum, qui fut finalement remplacé par une nouvelle enceinte en 1137, laquelle permit la vie de Dijon jusqu'en 1789, resta cependant un mur ainsi qu'avec ses fossés -le "château" de Dijon- jusqu'en 1356, étant appelé le "mur des Sarrasins", le duc de Bourgogne ayant le droit exclusif d'en tirer des pierres; il resta ensuite inscrit dans la topographie de la ville, représentant la paroisse St Médard. Dans la campagne avoisinante, les implantations pré-romaines les plus nombreuses se trouvaient à l'Est de la ville actuelle. Les Romains implantèrent leurs villas dans la même zone, quoique plus au Nord, plus près de la ville ou plus à l'Est et au sud-est que les implantations précédentes. Des villas se trouvaient aussi au Sud de Dijon, aux alentours de Marsannay-la-Côte. Les implantations germaniques favorisèrent plus l'Ouest de la ville, soit le côté des buttes et des plateaux et une ligne d'implantations germaniques se trouve aussi au-delà des villas du nord-est et du sud-est

Un autre élément déterminant de l'histoire de Dijon, au début de l'histoire médiévale, fut l'Eglise. Dijon, en effet, ne fut pas le lieu d'un évêché, la ville principale de la région étant Langres, "civitas" et capitale des Lingons. D'une façon générale, les premiers missionnaires, les marchands ou les soldats sont ceux par qui le Christianisme pénètre en Bourgogne, à l'instar de la Gaule; ce sont, pour l'essentiel, des Grecs et ils fréquentent les villes réputées ou les lieux de passage ainsi, en Bourgne Autun ou Saulieu (St Andoche et St Thyrse). Dijon ne possédait que deux basiliques dédiées à Ste Paschasie et St Floride, deux saintes anciennes de Dijon, élevées dans le cimetière situé à l'Ouest de la ville, choisi pour sépulture par les premiers chrétiens. Mais, vers 407 ou 408, Langres fut saccagée -sans doute parce qu'elle était sur le chemin des invasions barbares et moins bien fortifiée. Aussi, les évêques abandonnèrent-ils la ville et ils vinrent se réfugier dans les murs du castrum de Dijon. La ville, d'une façon générale, déclina à partir du milieu du Vème siècle. C'est sous Urbain, sixième évêque de Langres, mort vers 450, qu'aurait eu lieu le transfert et Dijon devint résidence habituelle sous St Grégoire (506 ou 507-538 ou 539), grand-père de Grégoire de Tours, et St Tetricus (mort en 573), fils de St Grégoire. Au moment de la réorganisation de l'Eglise par les Carolingiens au début du IXème siècle, vers 840, les évêques retournèrent s'installer à Langres, l'évêché étant évêché royal. Cette réinstallation ne devint définitive que vers 880-888 mais ils conservèrent un "siège secondaire" à Dijon pendant les IXème et Xème siècles et ce jusqu'au passage définitif de la Bourgogne aux Capétiens. Les chanoines de St-Etienne deviennent chapitre abbatial et continuent de bénéficier de droits importants alors que l'abbaye St-Bénigne reste, comme abbaye épiscopale, sous l'autorité directe de l'évêque de Langres -ce qui durera jusqu'au Xème siècle. Langres deviendra progressivement un comté à la fin du IXème siècle voire avant. Cette présence de l'évêché à Dijon eut, d'abord comme conséquence, qu'un groupe cathédral s'éleva à l'intérieur du castrum, avec, selon la règle de l'époque une église principale (là, sous le vocable de St Etienne), une église plus petite, au Sud, Ste-Marie, dédiée à la Vierge et, au Nord, un baptistère, le baptistère St-Vincent. L'ensemble cathédral est desservi par une communauté de clercs dirigés par un abbé. La maison de l'évêque était appuyée contre la muraille comme dans beaucoup de villes. Lorsque les évêques s'en retournèrent définitivement à Langres, St-Etienne devint un chapitre de chanoines réguliers tout en conservant des droits considérables et qui finit par avoir la propriété de la plus grande partie du sol de la ville. Par ailleurs, l'évêque Urbain, aux côtés des deux basiliques anciennes, en fit, avant 450, élever une nouvelle -St-Jean- pour lui servir de sépulture et à ses successeurs. On continue de se rendre à Langres, à l'ancienne cathédrale, quand on le peut, pour les fêtres principales. Enfin, au début du VIème siècle, une dévotion populaire se manifestait, dans le même cimetière ouest, sur une tombe que l'évêque St Grégoire, arrière-grand-père de Grégoire de Tours, considérait comme païenne mais qu'un rêve lui révéla être celle d'un martyr, St Bénigne. Une quatrième basilique s'éleva vers 520 et le sarcophage de St Bénigne placé dans une crypte. St-Bénigne. "Benignus sanctus", le "bon saint", en latin, serait venu de Smyrne, en Asie mineure et aurait connu St Polycarpe (lui-même disciple de St Jean), qui l'aurait envoyé évangéliser la Gaule et il y serait venu avec St Irénée. Après l'avoir fait de Marseille, Autun et Langres, il aurait finalement été martyr à Dijon sous le comte Térence, gouvernant pour Marc Aurèle. La "Vie de St Bénigne", par un des clercs attachés au tombeau du saint, vers 530, servira aussi à affirmer la prééminence de Dijon sur les autres villes de Bourgogne y compris la glorieuse Autun: disciple de St Polycarpe, il convertit la Bourgogne avec des compagnons (Autun, Langres, Saulieu, etc.). Associée à l'église, une abbaye s'éleva bientôt, qui passa, jusqu'au Xème siècle, sous la direction directe des évêques de Langres, lui valant de se perpétuer au-delà des temps mérovingiens. L'évêque Isaac, en 871, refonda l'abbaye -et reconstruisit l'église- qu'il plaça sous la règle de St Benoît et sous la direction du chorévêque d'alors, Bertilon et à laquelle il accorda les biens nécessaires. Isaac fit aussi restaurer la basilique St-Bénigne. Celle-ci fut cependant, avec les bâtiments monastiques, reconstruite dès l'An Mil par le célèbre abbé Guillaume de Volpiano, un clunisien, dans le style roman. Les reliques de St Bénigne suscitèrent un important pélerinage. L'abbaye St-Bénigne influa aussi la topographie dijonnaise: un bourg important, comme souvent, se développa auprès de l'abbaye et il fut entouré d'un fossé. St-Etienne, l'église cathédrale et St-Bénigne, l'abbaye contribuèrent ainsi fortement à l'histoire de Dijon. L'abbaye de St-Bénigne, avec la cathédrale (ou le chapitre) St-Etienne, était le plus grand propriétaire foncier de Dijon et de ses environs. La donation primitive de l'abbaye fut faite par le roi Gontran, mérovingien de Bourgogne à la fin du VIème siècle. L'abbaye, ainsi, se retrouva gratifiée de tout un ensemble de terre à l'Ouest de Dijon: le village -aujourd'hui disparu- de Larrey-sur-Ouche, dans la vallée de l'Ouche, puis les domaines royaux depuis le pont de Dijon sur l'Ouche jusqu'à Fleurey-sur-Ouche; ainsi que Bussy, Colonges (entre Talant et Plombières), Plombières, Saligny, Conge (à gauche de Velars, ou Ecotois), Velars, Lantenay, Giron, Corcelles, Flavignerot, Prenois, Gissey-sur-Ouche, Marigny (vers Labussière), Barbirey, etc. C'est en cette époque aussi que l'abbaye St-Bénigne adopta la régle de St Benoît alors que, jusqu'alors, elle suivait la règle de St Macaire (puisque St-Bénigne avait reçu ses premiers moines de St-Jean-de-Réome, qui suivait cette règle). Le roi Gontran avait lié l'abbaye à celle de St-Maurice d'Agaune, en Suisse (antique abbaye dédiée à St Maurice et sa légion thébaine, fondée par le roi burgonde Gondebaud (celui de la loi Gombette), et St-Marcel-lès-Chalon. Les moines de Dijon prennent soin de disposer de monastères ou de propriétés (qui leur servaient d'hôtelleries) sur la voie romaine de Dijon au Jura et aux Alpes (Fauverney, Echigey, Les Tarts, Tavaux, le Doubs, la Loue -à Belmont, Chamblay, Sertemery, val de Salins, Pontarlier). D'autres donations vinrent par la suite augmenter ce noyau originel. Ainsi Talant, sur sa butte, lieu inhabité jusqu'au XIIème siècle, presque maudit et laissé aux fées (le site avait été un lieu d'oracle de druidesses et la butte avait été artificiellement construite par un chef celte qui y fit enfouir les trésors de ses conquêtes et y installa un village et sa demeure) était à St-Bénigne

Liste des évêques de Langres ayant séjourné à Dijon (la liste n'est qu'approximative):

Dijon sous les Carolingiens

Englobée dans le royaume burgonde, Dijon, à la fin du Vème siècle, elle fut prise dans les luttes qui eurent lieu, progressivement, entre les Francs de Clovis et les autres peuples germaniques, dont les Burgondes. Clovis s'était converti, avec les Francs, à l'Eglise et cette conquête était aussi une volonté de ramener les autres peuples germaniques à la Chrétienté; jusque là, ils appartenaient à l'hérésie trinitaire arienne, la grande hérésie du IVème siècle. Clotilde, épouse de Clovis, haïssait son oncle, qui avait fait tuer son père Chilpéric et elle poussa les évêques à passer aux Francs. L'évêque Aproncule dut, par exemple, fuir la ville vers 490 devant la colère des habitants (enfui à Clermont-Ferrand, il en devint évêque) car il avait été accusé de trahison au profit des Francs. Clovis, finalement, vainquit les Burgondes en 501 lors d'une bataille qui eut lieu près de Dijon, sur les bords de l'Ouche -sans doute à Fleurey-sur-Ouche- après avoir gagné à sa cause Godegisel, frère du roi Gondebaud. Le royaume burgonde disparaîtra définitivement en 534, au profit du fils du roi mérovingien d'Orléans. Chramm, fils révolté de Clotaire Ier se présenta devant la ville en 558 mais, bien qu'accueilli, on ne le laissa pas entrer. Dijon possédait un atelier monétaire sous les Mérovingiens. Le roi Dagobert II tint des assises en Bourgogne et Pépin II de Herstal, vers 680, mena les Grands d'Austrasie contre les maires du palais neustriens, qui étaient en lutte contre ceux de Bourgogne. En 687, après la victoire de Tertry, Pépin II devient maire du palais des trois royaumes de Neustrie, Austrasie et Bourgogne. Il y a toujours un maire du palais de "Burgondie" vers l'an 700. Dans ces temps, et, semble-t'il, jusqu'au IXème siècle, se perpétuent de vieilles familles qui portent le vieux titre de "sénateur" mais, dès Charles Martel, des élites nouvelles, toutes austrasiennes, sont implantées. Mais une révolte l'oblige à venir affirmer le règne nouveau des Austrasiens (736) et à emporter un important butin. Les fidèles de la nouvelle dynastie sont récompensés des biens de l'Eglise. La Bourgogne sera soumise au prix du déclin. Sous les Carolingiens, d'une façon générale, on n'emploiera plus les termes "Burgondie", "Bourgogne". Il semble que les raids arabes de 725, qui, après Mâcon et Chalon, saccagèrent Autun (731), St-Seine, Langres et l'abbaye de Bèze, épargnèrent Dijon, même si les seigneurs bourguignons n'avaient rien fait pour empêcher ces incursions voire les avaient sollicitées. Sens seule échappera au rezzou. Charles Martel transmet la Bourgogne, avec l'Austrasie et la Thuringe à Carloman, frère de Pépin le Bref, qui a la la Neustrie, la Provence et la Bourgogne. Dijon, cité fortifiée resta animée et prospère à la fin des temps mérovingiens et aux temps carolingiens. Les communautés religieuses de St-Etienne et de St-Bénigne y contribuèrent aussi. Vers 800, par exemple, se développa le marché de St-Bénigne. L'église St-Bénigne, à l'époque, était en pleine reconstruction, voulue par Isaac; elle fut consacrée en 882. Aux VIIIème et IXème siècles, St-Bénigne tendit à adopter une forme canonique et non plus abbatiale et l'évêque de Langres en confia la direction à un chorévêque. L'évêque Isaac, appuyé par le chorévêque Bertilon, en revint à la règle monastique et restaura le patrimoine de l'abbaye. Depuis 803, on trouve trace, à Dijon -soit à l'église cathédrale soit à St-Bénigne- d'une "schola cantorum", école où l'on forme au chant grégorien. Au IXème siècle, la basilique St-Jean a pris le nom de St-Jean-hors-les-Murs et est devenue église abbatiale. Au IXème siècle, des vicomtes établis par les Carolingiens s'installent à l'angle nord-ouest du castrum, sur le futur emplacement du palais ducal. L'abbaye St-Bénigne tomba dans un triste état vers les années 810 et une forme de commende existait, l'abbé partageant des manses avec l'abbaye. Au traité de Verdun de 843, Dijon, avec la "Bourgogne franque", passe à la Francie occidentale de Charles le Chauve et on peut dire que cette date marque la fin de la Burgondie des origines; la Saône devient une frontière. L'époque est aussi devenue celle des Vikings, qui ravagent les côtes de l'Empire. La Bourgogne du Sud, comme Dijon, devint ainsi une zone de refuge pour les communautés monastiques menacées: les moines de Noirmoutiers, par exemple, vinrent se réfugier à Tournus avec les reliques de St Philibert ou les reliques de St Vivant, un autre saint vendéen, trouvrèrent refuge dans la région de Nuits-Saint-Georges. Mais les Vikings s'aventurent dans les terres, d'eux-mêmes ou détournés par des souverains qui veulent sauvegarder d'autres régions. En 878, Dijon tombe sous leurs coups; Bertilon, collaborateur de l'évêque de Langres, Isaac et chef des clercs qui desservaient l'église St-Bénigne est assassasiné avec les moines, alors qu'il n'avait pas voulu abandonner le tombeau du saint; le choc fut grand car jamais l'insécurité n'avait atteint un personnage de haut rang et respecté, il fut immédiatement considéré comme un martyr. Le futur Louis le Bègue, en 862, épouse Ansgarde de Bourgogne. Lorsqu'en 873, l'abbaye St-Bénigne acquiert de Charles le Chauve le droit de battre monnaie et les droits du marché (deux droits qui sont également conférés à l'abbaye St-Mammès de Langres, on voit apparaître les mentions "Divioni Castre" et "Divione Civis" sur les monnaies, ce qui montre que Dijon a vu se construire un château (qui, avec certitude, l'a été au coin nord-ouest du castrum, à l'emplacement de l'actuel Palais des Ducs); ce château a été appelé "Palais", par exemple, vers 960 puis "Logis du Roi" par la suite. L'empereur Charles le Gros, en 886, continuant cette politique de détourner les pirates vers la Bourgogne -les Vikings empruntant alors les vallées de la Seine, de l'Yonne et de l'Armançon- la Bourgogne sera encore ravagée par les Normands vers 888: les abbayes de Saint-Germain-d’Auxerre, Flavigny, Vézelay et Bèze sont pillées; les Vikings étaient si nombreux qu'on dit que leurs bêtes de charge tarirent presque complètement la source de la Bèze. Cette fois, Dijon échappera aux destructions grâce aux murs du castrum qu'Isaac a fait renforcer. Les moines de l’abbaye de Bèze avaient eu le temps d'y abriter les reliques de leur patron, St Prudent. D'autres reliques avaient ainsi pu également être protégées

L'époque est alors celle de Richard le Justicer, qui s'intitule "duc des Bourguignons". Défenseur contre les Normands, issu du roi Boson, il annonce l'essor de la famille des Robertiens (qui donneront les Capétiens), il représente le mouvement qui fait que l'Empire carolingien va, dans la première moitié du Xème siècle, se désagréger en différentes grandes principautés -que les Carolingiens, d'ailleurs, s'efforcent de contrôler et d'organiser comme des commandements militaires. A la même époque, les comtes de Dijon -dont les premiers sont Aimar, Eliran et plusieurs Raoul- qui semblent issus aussi de la maison robertienne. Les derniers Carolingiens de Francie occidentale, dans la seconde moitié du Xème siècle, s'efforceront de garder le contrôle, via des Robertiens fidèles, de la partie de Bourgogne qui se trouvent sous leur souveraineté et prendront même, sous Louis IV (921-954) directement le contrôle direct de Dijon, Chalon ou Langres. Une autre tendance semble avoir été de favoriser l'indépendance bourguignonne voire sa réunion avec la Comté (l'actuelle Franche-Comté). Ce qui débouche sur des luttes confuses qui voient les principautés précédentes se fractionner encore plus bas et finalement donner naissance au monde féodal. Au-dessus de tout cela, à partir de 950, apparaît l'ombre des Ottoniens, qui ont ressuscité l'Empire en Allemagne. Dijon devient la résidence des ducs de Bourgogne (mais vers 960, Beaune semble avoir ravi la fonction à Dijon). Tout au long du déclin carolingien, le chapitre de St-Etienne et l'abbaye St-Bénigne sont restés les principaux maîtres des terres, des censives, etc. La veuve du roi Lothaire, la reine Emma, fille de Lothaire d'Arles, de la maison de Bourgogne et roi d'Italie, semble avoir conservé la ville voire le duché de Bourgogne à titre de douaire, y battant monnaie et s'y réfugiant après la mort du roi, lors du conflit avec Louis V, son fils, dernier Carolingien de France; elle a pu apporter à Dijon l'influence allemande. La mère d'Emma épousa en secondes noces Otton le Grand, devenant impératrice (elle sera la mère d'Otton II). Emma fut aussi, à un moment, prisonnière de Charles de Lorraine, le dernier prétendant carolingien à la couronne de France. Puis Dijon, vraisemblablement après la mort de la reine Emma, qui avait fini par épouser un descendant de l'empereur allemand Othon Ier, passa sous le contrôle, à la fin du Xème siècle, de l'évêque de Langres, Brun de Roucy, le comte de Beaumont-sur-Vingeanne y exerçant l'autorité en son nom. Hugues Capet, devenu le premier capétien, entend poursuivre le contrôle sur la Bourgogne qui avait commencé vers 960, à la mort du dernier des descendant du duc Richard, alors que, par ailleurs, une autre mouvance s' efforce de même réunir duché et Comté de Bourgogne -l'actuelle Franche-Comté. Le duché passe d'abord au duc Henri le Grand, frère d'Hugues Capet, élevé au duché mais celui-ci meurt en 1002 sans postérité. Le duché passe alors à son gendre, le comte de Bourgogne (Franche-Comté), Otte-Guillaume, qu'il a adopté et qui est aussi le beau-frère de l'évêque Brun de Roucy. Ce choix est soutenu par l'évêque de Langres et les seigneurs bourguignons -preuve, sans doute, de l'existence, alors d'un sentiment régional. Mais Robert le Pieux, qui est alors devenu roi de France, neveu d'Henri le Grand et son héritier, revendique le duché, entendant poursuivre la politique capétienne de contrôle du duché. Robert vient assiéger en vain Dijon, qui est défendu par Humbert, seigneur de Mailly et le vicomte Guy le Riche. Cependant, dès 1006, le duc-comte Otte-Guillaume préfère se replier sur la Comté et laisser le duchéé au roi Robert. Celui-ci devra attendre la mort de l'évêque de Langres, Brun de Roucy, en janvier 1016, pour prendre possession de Dijon (un traité, en 1015, avait donné le duché au Capétien et le comté de Dijon à un certain Lambert, opposant. Finalement, Lambert se voit donner l'évêché de Langres par Robert et il remet le comté à ce dernier (vers 1016, Dijon possède encore un vicomte). Le duché passe d'abord à Henri, le second fils du roi mais son aîné mourant, celui-ci devient l'héritier du royaume sous le nom d'Henri Ier et, en 1031, sur son lit de mort, le roi Robert Ier désigne comme duc de Bourgogne un autre fils, prénommé aussi Robert. C'est aussi à cette date que Dijon devient la capitale du duché et de ce nouveau duc sortent les ducs capétiens de Bourgogne qui tiendront le duché jusqu'en 1361. Donné en apanage à l'un des fils du roi de France Jean II le Bon, le duché passera alors aux ducs valois. Guillaume de Volpiano, envoyé de Cluny, reconstruisit l'église abbatiale de St-Bénigne au début du XIème siècle et celle-ci devient un lieu de pélerinage plus important que Cluny même. C'est Brun de Roucy qui voulait réformer l'abbaye, qui était tombée dans le relâchement. Il fit appel à Mayeul, abbé de Cluny, qui envoya 12 moines en novembre 989, l'un d'eux étant Guillaume de Volpiano (il fut, en 990, élu abbé). Ayant acquis une réputation de réformateur, il s'attela à la réforme de nombreuses autres abbayes, lesquelles, cependant, ne furent pas rattachées à l'ordre clunisien mais formèrent la "congrégation bénignienne"; ces abbayes se trouvaient en Bourgogne, en Normandie ou en Lotharingie. Volpiano mourut en 1031 et ces abbayes reprirent leur indépendance. Il avait fait reconstruire, en 1002, l'abbaye et le cloître St-Bénigne et Raoul Glaber a écrit une vie de Guillaume de Volpiano. La nouvelle abbaye brûla lors de l'incendie de Dijon, en 1137, et fut reconstruite. C'est cette abbaye que l'on voit encore de nos jours. Dijon deviendra la capitale de duché des ducs capétiens en 1031. Dans la première moitié du XIème siècle St-Etienne, en tant qu'église cathédrale, fut reconstruite sur l'emplacement de l'ancienne église dédiée à la Vierge et l'ancienne St-Etienne devint l'église paroissiale St-Médard

->Le monachisme en Bourgogne
Dès la première moitié du Vème siècle, avec St Germain, évêque d'Auxerre ou Jean de Réôme, la vie monastique se développe en Bourgogne. Ce sera aux VIème et VIIème siècles que les fondations monastiques prendront leur essor en marge des guerres de succession qui intègrent l'ancien royaume des Burgondes au monde franc: St-Seine-l'Abbaye (le moine Sigo), St-Pierre de Chalon (évêque Flavie), St-Martin et St-Jean-le-Grand à Autun (reine Brunehaut), Bèze et St-Etienne-de-Nevers fondées par les Irlandais de St Colomban, ou encore St-Pierre-de-Molosmes et St-Michel-de-Tonnerre. Dans le même temps, églises et oratoires substituent le culte des saints aux idoles païennes (tombeau de St Germain, tombes des martyrs Marcel, Valérien, Bénigne et Révérien) et ils passent bientôt, aux VIIIème et IXème siècles, sous la direction de communautés monastiques, ainsi St-Germain-d'Auxerre, St-Marcel (Chalon), Tournus, St-Bénigne (Dijon) ou Notre-Dame (Nevers). On fait suivre, ici, une liste alphabétique des abbayes bourguignonnes les plus connues

->Une autre grande abbaye de la région dijonnaise: Bèze
Après les temps troublés qui ont vu la mort de la reine wisigothe Brunehaut, qui, reine des Austrasiens, avaient perdu leur appui car partisane d'une monarchie centralisée opposée aux Grands, le roi Dagobert Ier (629-639) rétablit une dernière fois la lignée mérovingienne. Son règne voit déjà le développement de Pépin de Landen et de St Arnoulf, fondateurs de la lignée carolingienne et il sera suivi, d'une façon générale, par l'effacement du roi mérovingien au profit des maires du palais. Dans ces temps encore troublés, Dagobert fera tuer son oncle Brodulf, qui soutenait, avec des Neustriens, Caribert II, demi-frère de Dagobert, en tant que roi d'Aquitaine. L'Aquitaine devenue, selon la tradition germanique, "sous-royaume" franc, Brodulf fut cependant exécuté par trois Grands de la cour royale, les ducs Amalgaire et Amebert et le patrice Willibaud vers 636. Récompensé par l'octroi du pagus Attoariorum, ou comté des Attuariens -ce peuple germain (et même franc), les Hattuaires, que les Romains avaient installé sur les rives de la Saône et la vallée de la Vingeanne, à la fin des temps troublés du IIIème siècle, vers 304- Amalgaire, avec sa femme Aquiline, à l'imitation de Dagobert Ier qui, regrettant sa décision, fit construire l'abbaye de St-Denis à Paris, finit par donner ses terres à l'Eglise en expiation et en fonda, en 616 ou 630, une abbaye, l'abbaye Fontaine de Bèze, dédiée aux saints Pierre et Paul, à la source de la rivière de ce nom, "fons besua", sans doute déjà lieu de culte païen. Amalgaire continue de doter l'abbaye pendant le reste de sa vie (villages jusque dans le Dijonnais et sur la Saône, vignes de la Côte bourguignonne dont le célèbre clos de Bèze de Gevrey-Chambertin). L'abbaye de Bèze est une des quatres abbayes mérovingiennes du diocèse de Langres avec St-Bénigne, Saint-Seine ou Moûtiers-St-Jean). Elle est, dès les origines, abbaye colombanienne, le premier abbé étant Waldalène, un des fils d'Amalgaire, moine de Luxeuil. En 826 (reconstruction majeure par Albéric, évêque de Langres), elle devient abbaye bénédictine après une vie mouvementée: désordres qui suivent la mort de Dagobert et de ses Grands (658-676), destruction par les Sarrasins (731), abbatiat de Rémi, demi-frère de Pépin le Bref, à la vie dissolue (vers 752; ce désordre amena la plupart des moines à repartir pour Luxueil), épidémie. Et cette vie mouvementée va encore continuer: dévastation des Normands et désertification (888; restauration en 900), Hongrois (935 puis 937; de nouveau désertification jusqu'en 988). En 883, l'évêque de Langres, Geilon, rapporte, de Narbonne, sur son chemin de retour de Compostelle, les reliques de Saint Prudent puis Raoul le Blanc, vicomte de Dijon (il se fait moine à l'abbaye et en devient l'abbé) et l'évêque Brun de Roucy demandent à Cluny (abbé Mayeul) de leur envoyer des moines pour relever les abbayes de la région. Guillaume de Volpiano en sera l'artisan et, après avoir été l'abbé de St-Bénigne à Dijon, il devient abbé de Bèze (990-1031). Bèze devient un centre d'érudition -dont l'un des moines sera Raoul Glaber, l'historien de l'an Mil (l'abbaye, dès 655, avait été l'une des premières à posséder une école monastique). L'abbaye, qui, au XIème siècle, devient l'abbaye St-Pierre de Bèze, s'engage dans le Moyen Age classique et en connaît les apogées et les tourments, participant à la prospérité de la petite région. La guerre de Cent Ans donne des fortifications et des douves à l'abbaye qui continue de subir les relèvements et les malheurs des temps (régime de la commende, guerres de Religion, guerre de Trente Ans). Ce sera aux moines de la Congrégation de St-Maur de redonner un dernier lustre, jusqu'à la Révolution, à St-Pierre de Bèze qui, cependant, du fait de la création de l'évêché de Dijon -à laquelle elle est rattachée- n'est plus qu'un couvent, avec prieur. Les acheteurs des biens nationaux détruisent l'abbaye entre 1796 et 1804. L'abbaye de Bèze, de nos jours, se visite aux soins de la famille qui en est propriétaire depuis 1872 (plus de détails sur le site de l'abbaye); le village de Bèze, avec sa grotte-résurgence de la rivière, vaut aussi le détour

Dijon, à l'époque carolingienne, en termes de routes commerciales se situe sur l'axe par lequel les marchands Rhadhanites échangent depuis et vers l'Austrasie, en direction de Lyon blé, vins, miel et garance puis vers et à partir du golfe Persique et l'Inde esclaves, fourrures et épées contre musc, aloès, camphre, cannelle et autres produits exotiques. Leur commerce à destination de l'Espagne passe vraisemblablement aussi par Dijon, faisant transiter hors de l'Empire les mêmes produits qu'à destination de l'Orient (ces produits étant, eux, destinés au Proche-Orient via l'Afrique du Nord). Frisons et peut-être aussi Anglais, exportent de la céramique et du verre en direction de Marseille. L'axe de ces commerces laisse penser que c'est l'axe Beaune-Langres qui doit avoir le plus conserver son rôle commercial important, la route de l'Italie du Nord ne portant plus un commerce aussi important, excepté peut-être lorsque les cargaisons empruntent la Saône pour descendre vers le Sud. La Bourgogne, cependant, d'une façon générale, a acquis un statut stratégique et commercial sous les Carolingiens: les souverains ont d'abord encouragé, pour usage militaire, le développement de la route du Mont-Cenis par la Maurienne et le Val de Suse et la route commerciale continue d'emprunter le col du Grand Saint-Bernard (alors nommé le col de Montjoux). L'octroi, mentionné plus haut, par Charles le Chauve, en 873, des droits de marché et d'atelier monétaire de Dijon à l'abbaye St-Bénigne (ainsi qu'à l'abbaye St-Mammès de Langres), avec, à l'évêque de Langres, les revenus de St Etienne, a sans doute conforté le rôle prédominant de Dijon. Au XIème siècle, le bourg, à l'Ouest, avait été augmenté d'un faubourg à l'Est, qu'on appelait "la ville" ou "villa"

Le comté de Dijon

Sur le plan purement administratif, l'histoire de Dijon est assez obscure. On sait cependant que Dijon est le siède d'un comté dès le Vème siècle et, dès 658, Dijon et la région sont désignés des termes "pagus Attoariorum". "Pagus" -en latin "pays (local)"- était le terme qui désignait une entité administrative locale confiée à un comte. Vers 750, le Dijonnais est divisé en 3 pagi, chacun doté d'un comte: le comté de Dijon, le comté de l''Ouche ou Oscheret et le comté des Attoariens (ou Tiltes); certains auteurs pensent que le pagus des Attoariens fut le comté dont Dijon était la capitale puis que la ville fut celle du "pagus Divionensis"; les comtes, généralement, n'existeraient que depuis l'époque carolingienne. Le comté de Dijon (le "pagus divionensis" depuis 768) s'étendait de Grancey à Gevrey-Chambertin du Nord au Sud et d'Arceau et Lantenay, à l'Ouest à Remilly, à l'Est; il n'est apparu, selon les sources, qu'en 768 ou au Xème siècle. Le "Pagus Attoariorum" ou "Atuyer", le "pays des Hattuaires", faisait référence à un peuple germain (et même franc) les Hattuaires, que les Romains avaient installé sur les rives de la Saône, sur la vallée de la Vingeanne, à la fin des temps troublés du IIIème siècle, vers 304. L'Oscheret, ou comté d'Ouche, s'étendait de la Saône à la Côte et de la Tille à la Vouge; ce "pays de l'Ouche" n'apparaît qu'au IXème siècle, en tant que démembrement du comté de Dijon (on ne lui connaît qu'un comte, Maldegaugus, en 893; St-Jean-de-Losne semble avoir été la capitale du comté); l'Oscheret semble avoir finalement été de nouveau rattaché au comté de Dijon au Xème siècle, lequel prend alors le nom de "comitatus divionensis". La mise en place de cette division semble avoir été hésitante -ou mal comprise- et, entre 658 et le Xème siècle, les mêmes localités étaient dites indifféremment appartenir à l'une ou l'autre dénomination et le nom de "pagus Oscariensis" pourrait même avoir désigné aussi le comté de Dijon. Cette complication terminologique pourrait bien refléter l'originalité du Dijonnais en tant qu'entité territoriale. Dijon et ses environs n'avaient jamais constitué une "civitas" romaine -unité administrative romaine calquée sur les ethnies gauloises. Dijon se trouvait, en fait, aux confins de trois territoires gaulois et seul son rayonnement commercial, de l'Ouche à la Saône (peut-être augmenté de la résidence des évêques de Langres) assurait sa renommée et lui valut sans doute l'attribution d'un comte. Le comte de Dijon résidait dans sa maison comtale, à l'intérieur du castrum, à un emplacement indéterminé. On voit apparaître un château vers 873, qui se trouve à l'angle nord-ouest du castrum, là où s'élevèrent par la suite les différents palais ducaux. On ne commence de connaître nominalement les comtes de Dijon qu'avec Manassès de Vergy, premier comte héréditaire, en 877. Le comté resta dans cette maison jusqu'en 986 lorsqu'il passa à celle des sires de Beaumont-sur-Vingeanne. Le comté de Dijon passera ensuite au duc-comte Otte-Guillaume et, enfin, à la couronne en 1015

Les comtes ont des lieutenants, des "vicomtes", amovibles et on en voit apparaître quelques-uns dès le IXème siècle; ils rendaient la justice en l'absence du comte et ils étaient nommés par lui ou par l'évêque de Langres. Les vicomtes transformèrent finalement, comme les comtes, leurs fonctions en fonctions héréditaires et on leur donna, à eux et leurs "hommes" ou vassaux (le comte a ses propres vassaux), avec les droits (privilèges, libertés, franchises -exemptions des dettes de Dijon, par exemple), le quartier de la porte sud-ouest du castrum: très peuplé, on y trouvait leur hôtel, une chapelle, un meix et plusieurs bâtiments joints, un cimetière et des marchés et des foires s'y tenaient; seul le vicomte pouvait y rendre la justice, possédait les droits seigneuriaux ainsi que le ban des vins et vendanges. Ces vicomtes ne sont connus qu'à partir du XIème siècle, le premier étant Guy, dit le Riche, qui possédait trois fiefs à St-Apollinaire, lesquels furent donnés par le duc Robert Ier à St-Bénigne; son successeur fut son fils, Gauthier, en 1043. A partir d'une certaine époque, le comte s'est également doté d'un prévôt et de ses sergents

Quelques références bibliographiques: le texte célèbre de Grégoire de Tours, dans son "Histoire ecclésiastique des Francs", III, 19. "Le séjour à Dijon des évêques de Langres du Vème au IXème siècle (dans Pierre Gras, Recueil des travaux offerts à Cl. Brunel, Paris, 1955). F. Dumas, La monnaie d'Emma, reine de France, Bulletin de la Société française de numismatique, t. 28, 1973 (utile pour les aperçus donnés sur le comté de Dijon). Enfin, une présentation générale de l'histoire de Dijon au Moyen Age existe, par J. Richard, dans le Lexikon des Mittelalters, t. III, 1985

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 1/8/2016. contact us at ggwebsites@outlook.com
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