Quelques remarques sur les révélations de la Vierge à Fatima: Russie communiste ou Russie des Vikings?

Depuis la révélation du troisième secret de Fatima en 2000, il semble admis que la Russie, visée par la deuxième révélation de la Vierge, était la Russie communiste. Il semble opportun, alors que nous évoquons les migrations vikings, de poser une question simple: la Russie de la Vierge de Fatima était-elle la Russie du communisme ou se pourrait-il que ç'ait été la Russie kiévienne?

Précédées en 1915 puis 1916 par les apparitions d'un ange, des apparitions de la Vierge Marie ont lieu, en 1917, entre mai et octobre, à trois jeunes Portugais qui gardent leurs troupeaux dans la région de Fatima, au Portugal. Lors de la troisième apparition, la Vierge révèle trois secrets aux enfants et elle promet un grand miracle de façon que tout le monde croie. Ce sera la célèbre "danse du Soleil" du 13 octobre

On est en pleine Première Guerre Mondiale. Voilà quels sont les trois secrets dits par la Vierge (le troisième fit longtemps l'objet d'hypothèses car il ne fut révélé qu'en 2000): la première révélation est une vision de l'Enfer, pour montrer où vont les âmes des pécheurs. La deuxième révélation est que la guerre -et les désordres- ne finiront que si l'on consacre la Russie à la Vierge et si l'on pratique une communion spécifique dite "des premiers samedis". Faute de quoi une seconde guerre sera déclenchée et la Russie continuera de répandre ses erreurs à travers le monde, provoquant d'autres guerres et des persécutions contre l'Eglise. Cela amènera des martyrs des justes, des souffrances pour le pape et la destruction de diverses nations. A la fin de quoi, il sera enfin concédé au monde "un certain temps de paix" et le pape consacrera la Russie à la Vierge et la Russie se convertira. Enfin, troisième secret révélé, la Vierge donna aux trois petits Portugais une sorte de vision de comment un pape, avec des évêques et des ecclésiastiques ainsi que des laïcs de toutes conditions sont exécutés par des soldats au sommet d'une montagne escarpée, surmontée d'une croix en bois, après avoir traversé une grande ville à moitié en ruine et emplie de cadavres

La demande de consécration de la Russie sera réitérée en 1929. La consécration n'étant pas réalisée, les évènements sont donc enclenchés -la Russie répand ses erreurs dans le monde, entraînant des guerres, des persécutions contre l'Eglise, des souffrances pour le pape. La Russie en question a largement été entendue comme étant la Russie communiste. Et cela n'est pas impossible. Mais, la révélation des secrets -et donc l'évocation du potentiel de la Russie à répandre ses erreurs et persécuter l'Eglise- date de juillet 1917. Même si la Révolution de Février -de type parlementaire, contre l'autocratie tsariste- a eu lieu et que l'on puisse supputer la survenue de désordres engendrés par les Bolcheviques -Lénine étant rentré en avril en Russie, rien n'est encore réellement sûr. De plus, sauf en Ukraine, les catholiques ne constituaient sans doute pas la majorité des croyants dans la Russie de l'époque, même si une tendance au passage au catholicisme s'était fait jour chez les élites depuis la fin du XIXème siècle et d'une relative libéralisation religieuse dans cette Russie orthodoxe

Pour aller plus loin, on doit prendre en considération que, depuis le "baptême" de la Russie kiévienne, tout l'orbe russe a toujours pratiqué une orthodoxie avancée, plus orthodoxe que Byzance en matière de mépris du catholicisme. De plus "convertir" la Russie semblerait mieux viser le fait que la Russie passe de l'orthodoxie au catholicisme que d'un athéisme qui a été exprimé par les Bolcheviques depuis peu au catholicisme. Le bolchevisme russe ne serait-il finalement qu'accessoire au message de Fatima et ce début du siècle aurait-il annoncé l'accélération de l'aptitude de l'orthodoxie russe à nuire au catholicisme? Enfin, la troisième vision, celle d'une grande ville surmontée d'une montagne escarpée ne semble guère avoir de réalité en Italie, par exemple ou dans d'autres pays européens. Par contre, il semble qu'elle s'insère bien dans une statistique des apparitions mariales de ce qu'on pourrait appeler l'"époque anglaise", un long temps -1750-1950- de domination de l'Angleterre par la Révolution Industrielle et ses conceptions politiques. Il semble bien, en effet, qu'au cours de cette période, de façon nette, les apparitions de la Vierge aient essentiellement eu lieu en France, comme si, à cette époque, la France avait été particulièrement fait l'objet de la bienveillance divine. Or, si l'on y réfléchit bien, il y a bien, par contre, de façon très nette, une grande ville, en France, qui correspond bien à la troisième révélation: Grenoble, où chaque rue se termine contre une montagne... Aussi, les révélations de Fatima visaient-elles la Russie bolchevique, ou une éternelle Russie kiévienne, fermement hostile depuis quasi les débuts au catholicisme, par application d'une orthodoxie pleine de zèle?

La question peut encore se compliquer par le fait que l'Eglise orthodoxe russe, d'une part, à partir du règne de Pierre le Grand, au XVIIIème siècle, devint nettement église d'Etat -avec, de plus, influence protestante- et qu'ensuite, du fait du rattachement du patriarcat de Kiev à celui de Moscou, l'Eglise orthodoxe russe subit une nette influence ukrainienne -l'histoire de l'Ukraine étant essentiellement celle d'un conflit entre l'orthodoxie native, l'influence de l'Etat polono-lithuanien y développant le catholicisme au Moyen Age et, enfin, la résistance orthodoxe à cela personnifiée par les Cosaques...

On ne peut, de plus, que remarquer une filiation très stable, depuis les origines du catholicisme, des menaces qui ont pesé sur lui. Une fois le catholicisme victorieux -les premiers Pères ayant lutté contre les hérésies ou contre les attaques romaines- il n'est plus menacé, essentiellement, que par cinq éléments: les hérésies, qui se perpétuent, le développement d'un catholicisme "oriental" à domination byzantine, les peuples païens -qui refusent ou qui menacent le catholicisme- l'Islam, installé au Sud et les "régalismes", cette tendance des souverains européens -essentiellement du fait de leur caractère germanique- à vouloir s'imposer en terme d'autorité écclésiale. Les grandes logiques du monde occidental, depuis la victoire définitive du catholicisme dans le monde romain sont ainsi en place: hérésies (qui finissent par déboucher sur le protestantisme et le capitalisme -avec centre en Angleterre puis aux Etats-Unis), orthodoxie (conflits et schisme avec Constantinople puis passage de l'orthodoxie en Russie après la chute de Constantinople), peuples païens aux frontières, régalismes (qui affaiblissent l'Eglise), Islam (au gré des changements de domination dans le monde musulman -Arabes, Perses ou Turcs Europe et Islam se partagent selon les paysages et les zones culturelles (Europe au Nord voire jusqu'en Afrique du Nord; Islam dans les pourtours des déserts)). Enfin, bien sûr, la question juive. En tant que peuple de la pédagogie de Dieu, ils doivent laisser la place au peuple chrétien et l'Eglise a progressivement bâti une doctrine les concernant, étant modérée face aux excès des princes et des peuples ou prenant des mesures nettes face aux excès de communautés juives opulentes. Les Juifs ne doivent pas être convertis par la violence, leur Talmud est anti-chrétien, puéril, immoral et anti-social; par le confinement dans les ghettos, on doit empêcher le prosélytisme et le scandale. Les Juifs, enfin, sont liés à la perspective de la fin des Temps, leur conversion marquant encore plus la victoire finale du catholicisme