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Les tribulations des reliques d'un saint à l'époque carolingienne

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Philibert (vers 616-vers 684) est le descendant d’une famille noble d’Aquitaine, dont le chef était un familier du roi Dagobert. D'abord abbé d'un monastère de la règle de St Colomban, dans la région parisienne, il rédigea une règle où la rigueur irlandaise, toujours présente, était adoucie par certaines dispositions de la règle de saint Benoît. Il parcourt ensuite la France, la Suisse et l'Italie, d'abbaye en abbaye. En 654, il fonde l'abbaye de Jumièges, dans l'actuelle Normandie, qui finit par abriter, vers 690, 900 moines et 1500 serviteurs. Philibert fondera aussi les abbayes normandes de Pavilly et Montivilliers. De là, Philibert organise, outre-mer, l'échange de produits de l'abbaye contre des esclaves. Pris, dans les luttes de l'époque, Philibert est emprisonné à Rouen sur ordre d'Ebroïn, maire du palais de Neustrie. Rapidement libéré suite à l'assassinat d'Ebroïn, il part fonder, avec l'autorisation d'Ansoald, évêque de Poitiers, un monastère dans l'île de Noirmoutiers. En 10 ans, Philibert évangélise cette île pauvre et faiblement peuplée, défriche les terres, récolte le sel, construit des routes, des ponts, des digues et un port. Inspirée de Jumièges, l'abbaye de Noirmoutiers deviendra là où le corps de Philibert, mort le 20 août 685, sera déposé dans un sarcophage de marbre gris-bleu des Pyrénées. L'île, de son nom latin Herus, ou Herius, finit par être nommée, après la construction du monastère par Philibert, Hermonstier. Ce qui se transforma en Noirmonstier (en latin "nigrum monasterium", "abbaye noire") par corruption de "en Hermonstier" (ce qui, par ailleurs, alla à l'encontre du nom d'"abbaye blanche" que lui donnaient les marins qui, de loin, la voyait au milieu de peupliers dont les feuilles, d'un côté, sont blanches). L'abbaye de Noirmoutiers avait été réparée et enrichie par Charlemagne, signe possible d'une forme de déclin (lequel aurait pu devoir, en général, aux ravages causés par les Sarrasins sur les côtes de l'Aquitaine à l'époque de Charles Martel)

la chapelle reliquaire de St Philibert à Tournus
la chapelle reliquaire de St Philibert à Tournus

A partir du début du IXème siècle, les incursions vikings atteignent Noirmoutiers. A Déas (actuel St-Philibert-de-Granlieu), sur le continent, sur une terre donnée par Ansoald à Philibert pour les besoins de Noirmoutiers, les moines avaient construit, avec l'autorisation de Louis le Pieux, depuis 815, une nouvelle abbaye. Celle-ci devient donc le refuge des moines: les Vikings attaquant chaque année à la belle saison, les moines passent celle-ci sur le continent. Déas était alors une villa des moines de Noirmoutiers; le pays appartint, par la suite, aux seigneurs de Retz (dont fut issu Gilles de Rais, "Barbe-Bleue", compagnon de Jeanne d'Arc impliqué dans des meurtres satanistes d'enfants). En 819, des douves ont été autorisées par l'empereur et le lieu est officiellement devenu un monastère. En 836, la pression viking devient telle que les moines quittent définitivement Noirmoutiers. En juin, ils emportent avec eux, à dos d'homme, le sarcophage de St-Philibert et autres reliques du saint. De nombreuses guérisons miraculeuses eurent lieu sur le chemin. Elles firent de Deas un lieu de pèlerinage important. Les moines de Noirmoutiers, dès 843, via Ermentaire, l'auteur de la vie de St Philibert, se préoccupent de trouver une retraite plus certaine que Noirmoutiers ou Déas face aux Normands. Et le phénomène se répandit: pendant deux générations et les reliques et les monastères parcoururent les routes. La requête devait être transmise au roi par Hilduin, abbé de St-Denis et archi-chapelain de Louis le Pieux puis Charles le Chauve mais ce fut finalement le comte Vivien, qui les avait accueilli, en 846, au prieuré de Cunaud, en Anjou, sur la Loire, qui était dédié à St Maxentiole. Les moines de Noirmoutiers firent de Cunaud l'un de leur plus important prieuré. 3 ans après leur installation à Déas, l'abbé Hilbod obtint de l'empereur Louis le Pieux le fief de Scobrit en Poitou avec ses dépendances et l'église St-Vital mais voyant la prise de Nantes en 843 par les Normands, il se tourna donc vers le comte Vivien avec l'accord de Charles le Chauve (le corps de Philibert ayant été caché à Déas). Vers 847, les incursions vikings étaient devenues plus menaçantes et touchèrent aussi le continent. Le monastère de Déas fut dévasté en 847. Après avoir reconstruit l'abbaye, les moines décident finalement, après une nouvelle attaque en 858, de quitter Déas. Ils emmurèrent le sarcophage de 2 tonnes dans la crypte et les reliques de St-Philibert rallièrent Cunaud. Hilbod, toujours abbé, devant les ravages normands qui, alors, s'étaient étendus au long des fleuves de Gaule et la mort du comte Vivien, obtint de Charles le Chauve Messay, en Poitou, avec quelques villages et, en Maine, le prieuré de Busseuil (dédié à St Trogèse). Ils s'y installèrent en 862. En 869, l'abbé Geilon, qui devenait devenir évêque de Langres, se rendit auprès de Charles et obtint le prieuré de St-Pourçain (la même année, il avait reçu en donation le lieu dit Godit, dans l'évêché du Puy. Les moines de Philibert y construisirent un prieuré). Cependant, ni St-Pourçain ni Godit ne suffirent au logement de la grande communauté. Aussi l'abbé Geilon continua-t'il ses efforts pour trouver un établissement à ses moines. Après qu'une donation en Champagne lotharingienne n'ait pas été acceptée -soit que Geilon ait considéré les guerres fratricides qui se déroulaient dans la région soit que le roi Charles le Chauve n'ait pas voulu laisser ces terres- les moines de Philibert finirent par s'installer à Tournus, dans des terres bourguignonnes sans doute moins contestées, en mai 875. L'installation se fit sur la base d'une patente royale de Charles le Chauve de mars précédent, accordant aux moines l'abbaye de St-Valérien, ses dépendances, la ville de Tournus et le castrum (ainsi que le droit d'élire leur abbé), et sur celle d'une assemblée, en mai, des prélats de Bourgogne, qui confirma à St Philibert le monastère de St-Valérien et les autres droits et biens déjà acquis lors de leurs pérégrinations. Il est possible que ç'ait été Adalger, nommé évêque d'Autun par cette assemblée, qui ait joué un rôle dans l'attribution de Tournus. D'une façon générale, Tournus comprenait trois éléments: l'abbaye (d'abord St-Valérien puis Notre-Dame, St-Philibert et St-Valérien, le titre abbé de Notre-Dame et St-Philibert était porté par les abbés vers 869), le château ("Trinorcium"), le bourg (ou faubourg; "Tornutium"), l'abbaye étant la propriétaire du château et du bourg. Seul Tornutium, le nom du bourg a donné le moderne Tournus; l'abbaye est souvent aussi nommée "Trenorciense monasterium", l'"abbaye du château". Les moines reviendront s'installer à Déas au XIème siècle mais les reliques de St-Philibert restèrent en Bourgogne, abritées par une grande abbatiale, et seules une côte et une vertèbre furent finalement rapatriées vers la Vendée. Les ossements et les autres reliques de Valérien furent dispersées par les Protestants. La source principale sur la vie de St Philibert est la Vita Filiberti, du VIIIème siècle, par un moine anonyme de Jumièges et réécrite par Ermentaire, moine de Noirmoutiers. Le culte de St-Philibert est encore vivant

Tournus, ville ressortissant à l'époque carolingienne du comté de Chalon (sur-Saône), est située, au pied de collines, sur la rive droite de la Saône, à mi-chemin entre Chalon et Mâcon et elle est gratifiée d'un des meilleurs terroirs de Bourgogne et les routes commerciales de la Saône et de la Loire en faisaient une place commerciale (aussi, sous Rome, avec le nom de "Castrum Tinurtium", elle servait de grenier, fortifié sous forme d'un castrum, le long de la Saône, à l'armée). De l'autre côté de la Saône se trouve la Basse-Bresse, propice, en hiver, à l'eau et à la boue. Tournus entre dans l'histoire essentiellement du fait du martyr de St Valérien, qui eut lieu sous le règne de l'empereur Marc Aurèle. Valérien, avec St Marcel, échappèrent miraculeusement au martyr subi par les Chrétiens de Lyon avec l'évêque Photin et ils partirent évangéliser plus au Nord pendant deux ans, l'un chez les Eduens, l'autre chez les Séquanes. Le préfet Priscus, cependant, les arrêta et les fit mettre à mort, en 179, à quelques jours d'intervalle, Marcel à Chalon (le roi burgonde Gontran, y fera bâtir l'abbaye de St-Marcel) et Valérien à Tournus. Une fois le christianisme autorisé dans l'Empire romain, on éleva une chapelle sur la tombe de Valérien, laquelle devint lieu de guérisons et de pélerinage. Une abbaye s'y fonda ensuite, au Nord du castrum, probalement due aussi à Gontran, avec le statut de rattachement direct au roi, mais, pendant 300 ans, les sources demeurent alors muettes sur Tournus et son abbaye mais le monastère fut probablement atteint par les Sarrasins en 731. Il est possible que le "songe de Constantin" ait eu lieu en 312 dans les environs ou ceux de Chalon-sur-Saône quand le futur empereur allait de Grande-Bretage en Italie pour y affronter son adversaire, donnant à St Marcel et St Valérien, les deux évangélisateurs de la contrée, une importance particulière . Les moines de Noirmoutier, avec St Philibert, cohabitent donc avec ceux de St Valérien. L'abbé se donnera le droit de battre monnaie à partir de 928. Tournus est endommagé en 936-937 par les Hongrois et on trouve, en 960, l'abbé Etienne, premier constructeur connu d'une abbaye. En 879, après un conflit entre les partisans du saint fondateur et du saint vendéen, le corps de St Philibert, grand faiseur de miracles, est déposé dans le choeur et celui de St Valérien dans la crypte; les moines de St Philibert fortifièrent l'endroit. Un incendie a lieu en 1006 et la reconstruction commence en 1008. La consécration du choeur par les évêques de Chalon et Mâcon a lieu en 1019 et la construction se continuera encore longtemps; l'église abbatiale avait été fortifiée. Les abbés ont donné un saint, saint Ardain abbé de 1028 à 1056. L'abbaye sera saccagée par les Huguenots en 1562, dont les reliques de Valérien, et finalement transformée en chapitre canonial en 1627. Le cardinal André-Hercule de Fleury, Premier Ministre de Louis XV, aura été abbé de 1715 à 1742. Propriété communale sous la Révolution, l'église est restituée au culte en 1802. Tournus représente la limite nord des tuiles romaines, caractéristiques des pays méditerranéens et, d'une façon gérale, elle marque la frontière entre langue d'oil et langue d'oil, droit coutumier et droit romain et architecture du Nord et du Sud. Tournus, centre intellectuel, religieux et politique au Moyen Age, s'étant maintenue comme étape entre Mâcon et Chalon, ayant le droit de battre monnaie, elle servait à la route du commerce et des pélerinages via la Saône; la battelerie y était très active. Entre montagne du Mâconnais et Bresse, l'abbaye, de plus, avait le droit de foires annuelles et un bac permettait de traverser la rivière. Tournus obtint le droit de s'enclore de murs dans la seconde moitié du XVème siècle au milieu des conflits entre le comte de Mâcon, les abbés, le roi de France ou les ducs de Bourgogne. Elle subit durement les guerres de Religion. Le commerce, l'industrie et l'artisanat, à l'ère moderne, succédèrent au rayonnement de l'abbaye, ce qui se poursuivit jusqu'au milieu du XIXème siècle. La crise du phylloxéra, la concurrence de l'ère industrielle, le chemin de fer concurrençant la Saône rétrogradèrent la ville au rang de petite ville de province. Suit une liste des abbés de St-Philibert-de-Tournus jusqu'à la disparition du comté de Chalon

L'abbaye de Tournus est située dans le comté de Chalon. Le pagus de Chalon-sur-Saône avait été habité par les Ambarri, un peuple client des Eduens. Le futur empereur Constantin Ier le Grand y embarqua ses troupes de Trêves sur la Saône pour rejoindre Rome. C'est près de là qu'il eut la vision miraculeuse de la Croix, présage de sa victoire, dont il devait créer le Labarum en 312. Chalon dût son importance à la venue de Julien l'Apostat, qui y vint pour combattre, en 356, des Alamans. Elle devint un moment capitale de certains des successeurs de Clovis, vers 600. Chalon est ruinée par les Arabes en 731. Charlemagne, par la suite, fit réparer la cathédrale St-Vincent. Louis le Pieux vint y recevoir la soumission de Bernard d'Italie. Guérin, comte de Chalon, fut le défenseur du roi contre ses fils; Lothaire, par vengeance, vint brûler entièrement la ville et tuer presque tous ses habitants. La région s'appelle alors indifféremment "Chalonnais" ou "Chaunois". Charles le Chauve, en 864, fait de Chalon l'une des huit villes autorisées à battre monnaie. La ville vit le séjour, vers 879, du pape Jean VIII, qui fuyait Carloman, duc de Bavière; il y canonisa les reliques des évêques Loup, Agricole, Flave, Jean, Grat, Tranquile et de l'ermite Désiré. Arrivèrent ensuite les Normands puis les Hongrois. Chalon mit un siècle à se relever du saccage hongrois et de la famine qu'il engendra. Le comté de Chalon eut un comte particulier depuis le VIème siècle, sous les Mérovingiens. Les premiers comtes connus sous les Carolingiens, ensuite, commencent avec Guérin, en 836, peut-être chef de la maison de Vergy. Lui succèderont Eccard (876), Manassès de Vergy (921) et Robert (961). Le comté s'étendait de Charolles jusqu'à Bellevesvre et de Tournus à Chagny

Le comté de Chalon finira, par être pour un quart engagé vers 1096 à l'évêque Gauthier de Couches, pour un autre quart vendu, un peu plus tard, au duc de Bourgogne, Hugues II et, pour le reste, échangé, en 1237, au duc Hugues IV contre des terres en Comté

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