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La Maison de la Sagesse de Bagdad

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Les califes abbassides de Bagdad développèrent une attitude libérale à l'égard des sciences et de la philosophie. Ils mirent en place la "Maison de la Sagesse", un centre d'érudition. Cette culture était à base scientifique mais, déjà, l'école de pensée hanbalite affirmait que seule la science du Coran et de la Sunna étaient autorisées. Du fait des ambassades échangées entre les Carolingiens et les Abassides ou du fait que Bagdad était une étape des Rhadanites, ces marchands du grand commerce, il est probable que les connaissances aient circulé du Califat arabe jusque dans l'Empire carolingien. Le Califat arabe s'affirmait comme un successeur plus légitime au vieil Empire romain que l'Empire byzantin dont l'intérêt pour la science était faible (les historiens arabes qui vinrent par la suite ne se privèrent pas d'affirmer que la pensée grecque dût attendre les savants arabes pour être revivifiée, tandis que les autorités du christianisme byzantin se méfiaient du rationalisme de la science antique, incompatible avec leurs dogmes). Par ailleurs, les Sassanides avaient développé l'idée que la science, d'origine persane, avait été pillée par les Grecs lors des conquêtes d'Alexandre. 800 traités grecs touchant à tous les domaines du savoir furent repris, des Éléments du mathématicien grec Euclide (IIIe siècle av. J.-C.) à l'Almageste de Ptolémée (IIe siècle ap. J.-C.), en passant par la médecine de Galien (IIe siècle ap. J.-C.) On raconte que les raisons de cet effort intellectuel tinrent à un rêve du calife al-Mamûn, dans lequel ce dernier s'entretint avec Aristote:
"Qui es-tu ? Il dit : "Je suis Aristote". Je fus enchanté de me trouver avec lui et je lui demandai:
Ô philosophe, puis-je te questionner?
Questionne.
Qu'est-ce que le bien?
Ce qui est bien selon l'esprit.
Et ensuite?
Ce qui est bien selon la Loi.
Et ensuite?
Ce qui est bien selon l'opinion des gens.
Et ensuite?
Il n'y a pas d'ensuite"
Les lettres arabes, d'une façon générale, se présentaient sous deux parties: l'une, avec les mathématiques (Euclide, Archimède, Apollonius, Ptolémée), l'astronomie (Ptolémée), la physique (Aristote, Hippocrate pour la médecine) et la philosophie, représentait ce que les Arabes avaient pris aux peuples conquis; l'autre était tout ce qui leur appartenait en propre (histoire, géographie, poésie, philologie). D'une façon générale, on appelait les scientifiques musulmans des "polymathes" (en arabe "hakims", "sages") ce qui fait référence à leurs centres variés d'intérêt: ils étaient en même temps médecins, scientifiques ou artistes. Bien que connaissant les oeuvres de l'Antiquité, la rigidité de l'Islam, pendant la majeure partie de l'histoire du monde musulman, envers la spéculation philosophique ne leur permit pas de mettre en place des réalisations qui leur fussent propres mais ils ne purent que donner des interprétations nouvelles de ces autorités anciennes. On ne doit pas oublier aussi que l'époque fut au fort développement de l'alchimie, mené par Jabir Ibn Hayyan et son élève Yusuf Lukwa, qui furent parrainés par le calife Al-Ma'mun. Bien qu'ils furent infructueux dans leurs essais concernant la transmutation de l'or, leurs méthodes annonçaient les composés pharmaceutiques. Surtout à partir du XIIe siècle, les travaux traduits en latin (et en hébreu) de l'Antiquité par la Maison de la Sagesse voire les oeuvres originales qui y furent produites, finirent par nourrir la pensée scientifique de l'Occident latin

Une figure emblématique de l'Islam libéral

La grande querelle du libre arbitre, qui commença sous les Omeyades, vint des convertis chrétiens qui aidèrent à développer la théologie musulmane. Les philosophes arabes, ensuite, au début du IXe siècle, avec le développement des sciences religieuses islamiques et notamment du "kalam", la discussion, la dialectique, étudièrent d'abord la tradition platonicienne et à sa cosmologie alors que leurs successeurs se passionnèrent pour la logique et la physique d'Aristote (le Xe siècle finirait même par voir l'éclosion d'une véritable "école de Bagdad" en matière de philosophie). La Maison de la Sagesse ("Beït al Hikma", en arabe) est un centre d'érudition situé à Bagdad aux temps de l'empire abbasside. A l'époque où Charlemagne lançait la renaissance carolingienne, le calife Haroun al-Rachid et son fils al-Mamûn (813-833) créèrent cette institution, une bibliothèque et centre d'érudits. Les califes abbassides étaient largement influencé par la culture persane et ils avaient repris de nombreuses pratiques des Sassanides, la dernière dynastie non-islamique de Perse; entre autres, de traduire des ouvrages en langue étrangère. L’Iran sassanide était en contact étroit avec la Chine et a donc passé une partie de cet héritage aux Arabes. L'empire sassanide, dans l'Antiquité tardive, est considéré comme l'apogée de la civilisation iranienne et il influença considérablement la culture romaine à l'époque et son influence atteint aussi l'Afrique, l'Inde et la Chine. Une grande partie de la culture islamique y trouva aussi ses racines. Quand, en 529, l'empereur byzantin Justinien avait fait fermer les écoles philosophiques d'Athènes, les érudits néo-platoniciens se réfugièrent chez les Sassanides où, dans la ville de Gundishapur, ils fondèrent une académie qui développa intensivement l'astronomie, la médecine, la philosophie et les autres sciences, y attirant encore d'autres érudits. Le monde arabe hérita de tout ceci et le calife Al-Mansur, ainsi, fonda une bibliothèque du palais à l'imitation de la Bibliothèque Impériale sassanide. La Maison de la Sagesse, au départ, eut pour but de traduire et conserver les ouvrages en langue persane, effort qui s'étendit à des oeuvres en syriaque, en grec et en sanskrit. D'autres grandes bibliothèques furent construites dans l'empire abbasside et les califes accueillirent des érudits byzantins persécutés dans leur pays. Sous al-Mamun, les plus connus des lettrés et des savants, de par le monde d'alors, échangèrent leurs idées et leurs données dans la Maison de la Sagesse. Celle-ci exista jusqu'au XIIIème siècle et fut le lieu où exercèrent, en termes de recherche et d'éducation, les plus grands érudits arabes. C'est à l'époque abbasside que l'on voit apparaître les premiers manuscrits scientifiques. On construisit aussi des observatoires astronomiques. La Maison de la Sagesse devint le centre incontesté des études humanistes et scientifiques du monde islamique. Pour ce qui est des sciences, on y pratiquait les mathématiques, l'astronomie, la médecine, l'alchimie ou la chimie, la zoologie et la géographie. Les érudits arabes se servaient des travaux d'auteurs perses, indiens et grecs: Sushruta, Charaka, Aryabhata, Brahmagupta; Pythagore, Platon, Aristote, Hippocrate, Euclide, Plotin, Galien. Les Arabes appelaient la philosophie grecque et hellénistique la "philosophie des anciens". Cela leur fournissait ainsi une vaste base de données, à caractère mondialisé, sur lesquelles, de plus, ils menèrent leurs propres travaux. Bagdad, à l'époque, était devenue la ville la plus prospère et la plus intellectuelle du monde; des marchands et des savants y venaient de l'Inde ou de la Chine. La Maison de la Sagesse bénéficia aussi de l'utilisation, nouvelle, du papier qui remplaça avantageusement le papyrus, trop fragile ou le parchemin, qui était cher; l'invention avait été prise à des prisonniers chinois faits à la bataille de Talas, en Asie Centrale en 751, qui avait marqué la délimitation des zones d'influence arabe et chinoise; elle permit les innombrables livres qui furent publiés à la Maison de la Sagesse. Un grand volume d'information, à l'époque -philosophie, mathématiques, sciences, médecine- était disponible en grec mais n'était donc accessible qu'à la petite minorité de savants arabes qui maîtrisaient le grec. Un peu après, le cosmopolitisme du monde arabe et les origines et religions diverses des savants (dont, aussi, des Sabéens, des zoroastriens, par exemple) firent que, dès l'époque carolingienne, l'arabe devint la langue scientifique (l'équivalent de ce qu'est l'anglais de nos jours); les Arabes, ainsi, inventèrent aussi le premier concept de communauté scientifique "internationale": on ne se préoccupait pas de l'origine d'un savant, on se contentait d'apprécier, ou de critiquer, ses oeuvres. La Maison de la Sagesse fut aussi un mécénat, celui des hauts dignitaires de la cour et savants fortunés autant que le calife. Les frères Banu Musa, fils d'un astronome de renom, par exemple furent, à la mort de leur père, pris en charge par le calife al-Mamûn qui leur fit donner une éducation solide ; devenus riches et influents, ils devinrent eux-mêmes auteurs d'ouvrages scientifiques et devinrent à leur tour mécènes, faisant venir des ouvrages grecs de l'Empire byzantin, commandant des traductions ou soutenant matériellement des savants

->Le calife al-Mamûn et l'exploration de la pyramide de Chéops
La pyramide de Chéops avait été édifiée comme tombeau présumé du pharaon Khéops il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie égyptienne; elle représentait l'aboutissement des techniques architecturales initiées par l'architecte Imhotep à la pyramide de Saqqarah. Elle était devenue la première des Sept Merveilles du monde antique et des auteurs grecs et latins tels Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon et Pline l'Ancien relatèrent leur exploration; ils s'attardèrent sur l'aspect historique et légendaire du monument. En 832, lors d'un voyage en Egypte, le calife al-Mamûn fit procéder à des recherches à l'intérieur de la pyramide, lesquelles furent relatées par de nombreux auteurs arabes. Le calife entendait trouver des richesses matérielles autant que des textes de sagesse antique; sinon d'avoir découvert les structures principales internes de la Grande pyramide (grande galerie, chambre de la reine, chambre du roi), les recherches n'aboutirent pas. Le calife avait acquis de l'expérience concernant les pyramides en Egypte et avait compris que les systèmes internes des chambres funéraires étaient souvent les mêmes. L'entrée par laquelle les touristes pénètrent dans la Grande pyramide est celle qui fut ouverte par le calife. Alors qu'il voulait finalement détruire la pyramide et les autres du plateau de Gizeh, il finit par décider de les laisser en place, signe de la grandeur arabe qui avait été capable de conquérir l'Egype, une civilisation capable de les construire. Ensuite, au Moyen Age et au début de la Renaissance, les pyramides de Gizeh furent considérées comme les greniers de Joseph, ces réserves que Joseph, Juif, l'un des fils de Jacob, vendu en Egypte par ses frères et devenu le conseiller du pharaon, fit construire à l'occasion d'une famine à venir qui allait frapper le pays et les pays avoisinants. Après Al-Mamoun, le "Livre des perles enfouies et du mystère précieux", texte du Xe siècle, évoqua encore des trésors cachés, ce qui amena la destruction et le pillage des grands monuments de la région de Memphis. A la fin du XIIème siècle, le fils et successeur de Saladin, al-Malek al-Aziz Othman ben Yusuf, s'efforcera de détruire les pyramides mais le travail se révéla trop titanesque et coûteux, autant que l'avait été le travail de construction

L'autre aspect principal de ce mouvement intellectuel arabe sous les Abassides, jusqu'en 847, est qu'il représente l'une des attitudes les plus libérales de l'Islam, en termes intellectuels, au long de son histoire. Le calife al-Mamûn, en effet, était partisan du motazilisme. Certains membres de l'école shâfi'ite (l'une des quatre écoles théologiques admises dans le sunnisme, alors en formation) tendaient vers le motazilisme. Le motazilisme était né à Bassorah, dans le Sud de l'Irak, au VIIIème siècle. Le motazilisme est né de la reprise par les Arabes de la philosophie grecque et du logos, développant la logique et le rationalisme concernant le Coran révélé, mettant en avant le libre-arbitre, l'amour, l'ascétisme et rejetant tout dogmatisme religieux. Le motazilisme est proche du soufisme sur certains points. Le motazilisme est né des luttes post-Mahomet qui ont vu la naissance des différents courants du chiisme, par exemple; il sort du soufisme, vers 750, à Bassorah et son fondateur, Wasil ibn Ata fonde sa propre école d'interprétation, celle de ceux "qui se sont séparés de nous". Les motazilistes, par le "kalam", la discussion, la dialectique -exégèse du Coran devenue une sorte de philosophie religieuse- et par la reprise de l'"idjtihad" pour l'interprétation des passages obscurs du Coran, utilisait une méthode intellectuelle officielle qui permet aux savants "orthodoxes" de l'Islam d'interpréter les textes fondateurs et en déduire le droit musulman (le "mujtachi" est le savant qui produit cet effort de réflexion), fondèrent leur propre théologie et, finalement, en 827, le motazilisme fut reconnu comme la théologie officielle du califat abasside (calife al-Mamûn puis ses deux successeurs). La doctrine avait ses écoles à Bagdad et Bassorah. Les motazilistes iront jusqu'à accuser les musulmans traditionnels, par leur attachement au concept de Coran incréé et éternel, de n'être pas monothéistes. C'est d'ailleurs se point de vue, que les califes essaieront d'imposer, qui écartera l'opinion: le calife al-Mamûn créa en 833 la "mihna" ("enquête" ou "inquisition" en arabe), une sorte d'inquisition chargée du contrôle de l’orthodoxie religieuse, menant des persécutions contre les adversaires du mutazilisme, devenu religion officielle; la mihna devait aussi servir à consolider le gouvernement califal. Enfin, comme, pour les chiites, le caractère divin du Coran fait que le texte est infini et a donc une infinité de sens et d'interprétation la conséquence en est que cette tendance de l'Islam est plus encline à se préoccuper de science et de recherches sur le monde, tendance qu'on ne retrouve pas dans l'Islam orthodoxe sunnite pour qui le Coran ne doit être compris qu'en arabe et est, pour l'essentiel, clos. Cela explique sans doute que la Maison de la Sagesse ait fleuri chez ces premiers califes abassides, dans une Bagdad où règnait la forte influence de l'Iran. Le mutazilisme sera définitivement écarté au profit du sunnisme vers 1050 et il déclinera jusqu'au XIIIème siècle. La recherche sur des contradictions du texte coranique finit par faire considérer les motazilites comme des hérétiques. A la fois ils renforcèrent l'unicité du Dieu arabe (en lui refusant tout attribut) et ils affirmèrent le libre-arbitre de l'homme (comme moyen de concilier l'idée de prédestination et celle de punitions et de réécompenses futures). Pour bâtir leurs raisonnements, ils utilisèrent la philosophie des Grecs d'Alexandrie en donnant au texte un sens allégorique. Les points de vue du motazilisme provoquèrent en retour des réactions chez les musulmans orthodoxes. L'école anthropomorphique, par exemple, prit le Coran à la lettre, et déduisait de certains passages l'aspect physique d'Allah. Le motazilisme ira très loin, jusqu'à l'incrédulité: Abou-l-Ala, un poète du début du Xème siècle, affirmera que Musulmans, Juifs, Chrétiens et mages sont dans l'erreur car il n’y a plus que deux espèces d’hommes, les uns intelligents mais incrédules, les autres croyants mais manquant d'intelligence. Le calife al-Mutawakil, après 847, commença à freiner ces efforts, lui suivant l'Islam orthodoxe. L'arrivée, au détriment des Arabes, des Turcs, d'une manière générale, depuis le Xème siècle, dans le monde islamique puis des Mongols puis les Croisades, mettront peu à peu un terme à l'ijtihâd au bénéfice du "djihad" (effort, combat, en général y compris en termes sociétaux et de relations internationales). Le motazilisme est aujourd'hui peu représenté dans le monde musulman. On dit qu'au cours de la prise de Bagdad par les Mongols, en 1258, le Tigre charria pendant six mois l'encre des livres jetés à l'eau. La Maison de la Sagesse fut également brûlée. Le premier déclin de la Maison de la Sagesse, sous le calife al-Mutawakkil est sans doute due à l'orthodoxie militante de celui-ci et aux violentes persécutions qu'il déclencha aussi bien contre les Musulmans non-orthodoxes que contre les penseurs non-musulmans; des rivalités de couloir, dans la Maison de la Sagesse elle-même, y ont peut-être contribué aussi

Plus en détail

Dans la Maison de la Sagesse, l'observation astronomique poursuivait certains buts pratiques tels la détermination de la qibla (orientation vers La Mecque) ou l'heure des prières mais elle aidait aussi à la navigation, au calendrier ou à la géographie. Il pouvait s'agir aussi de vérifier et améliorer les théories indo-iranienne et grecque. En 829, dans le quartier le plus élevé de Bagdad, près de la porte Chammassiya, le premier observatoire permanent au monde, l'Observatoire de Bagdad, fut créé qui, sur la base du Traité d'astronomie d'Hipparque et de son catalogue d'étoiles, permit de surveiller méthodiquement le mouvement des planètes. Al-Battani (850-929) dit Albatenius rédigea un catalogue de 489 étoiles et utilisa, le premier, la trigonométrie dans l’étude du ciel. On critiqua Ptolémée et on aboutit à de nouvelles théories alors qu'on critiquait l'astrologie prédictive de la tradition iranienne. Observation et théorie amenèrent le perfectionnement des instruments et techniques d'observations d'origine grecque (astrolabe, cadran solaire ou le quadrant). Le calife Al-Mamun demanda aussi à un groupe de savants de se livrer à la mesure expérimentale du degré de latitude, donc de la circonférence terrestre, une expérience qui eut lieu dans la plaine mésopotamienne. En médecine, les ouvrages didactiques de Galien devinrent pour plusieurs siècles la base de l'enseignement de la médecine dans le monde musulman, et la théorie des humeurs, fondement de la tradition médicale hippocratique, y fut largement adoptée. Pour ce qui est de la cartographie, le calife al-Mamûn commandita une carte mondiale à un ensemble d'astronomes et géographes (la carte représente le monde connu alors dans le monde arabe: de l'Europe à l'Indonésie ainsi que les côtes ouest et est de l'Afrique jusqu'aux alentours des tropiques). Enfin, on connaît bien Al-Khwarizmi, qui, sous le règne d'al-Mamûn, inventa l'algèbre. La Maison de la Sagesse est aussi à l'origine de concepts originaux. On y connaissait -ainsi que dans les autres bibliothèques du monde arabe au Moyen Age- le fichier de bibliothèque: les livres étaient classés par matières et catégories. De nombreux ateliers d'artisans accompagnaient les activités de la bibliothèque abbasside et la plupart, de plus, servaient également de librairies. La plus grande, la librairie al-Nakim, vendait des milliers d'ouvrages chaque jour. C'est surtout sous le calife al-Mamûn que la Maison de la Sagesse tourna son activité vers les mathématiques et l'astrologie et que son intérêt passa des traductions du persan à celles du grec. Bien que les universités -en tant que cadre institutionnalisé pour l'enseignement- n'existaient pas encore, certaines institutions, dites "maktabs" commencèrent à se développer à Bagdad dès le IXème siècle et la première vraie université fut fondée au XIème siècle, la al-Nizamiyya qui était la plus grande de l'époque

Au temps des Abbassides, la Maison de la Sagesse était placée sous la direction du poète et astrologue Sahl ibn Haroun (mort en 830) et c'était un érudit chrétien nestorien Hunain ibn Ishaq (809-973) qui avait en charge les travaux de traduction. La priorité aux traductions déclina mais la Maison de la Sagesse continua d'être florissante sous les successeurs d'al-Mamoun, jusqu'en 847. Les traductions de l'époque abbasside furent supérieures à celles des époques précédentes. Pendant les VIIIème et IXème siècles, Bagdad fut, sans rivaux, le seul centre de culture et de science du monde arabe -entendu de l'Espagne et du Maroc à l'Asie Centrale. Cependant, au cours du Xème siècle, cette suprématie commença de faiblir, probablement en liaison avec le déclin des Abbassides. D'autres centres de culture étaient alors apparus dans la même zone: Cordoue, Kairouan, Le Caire, Alep et Damas, Mossoul et Al-Raqqa, Rayy et Chiraz, ou Khwaazm et Boukhara. Le monde arabe, en termes de culture, était devenu pluri-centré, les deux aires les plus représentatives étant l'Espagne musulmane et l'Afrique du Nord, d'une part, et le Moyen-Orient. A Boukhara, sous les Samanides, Al-Kharezmi (787-850) fut un mathématicien notable. Ibn Sina (980-1037), le fondateur de la médecine occidentale dont l'influence se maintint jusqu'au XVIIème siècle, ou Al Biruni (973-1046), astronome qui estima la distance Terre-Lune et qui affirma que la Terre tournait sur elle-même et autour du Soleil, furent également des gloires de la ville. Malgré les ambassades échangées entre l'Empire carolingien et le califat arabe, on sait mal quelle influence ces travaux purent avoir en Occident. Il semble à peu près certain, cependant, que certaines connaissances astronomiques arabes ont pu atteindre Aix-la-Chapelle. On notera, sur ce point, que d'après le "Livre des étoiles fixes" de l'astronome Al-Sufi (ou Azophi), les constellations, dans le monde arabe, au Xème siècle, avaient quitté leurs formes grecques pour revêtir celles de la culture des tribus des caravanes

Les érudits de la Maison de la Sagesse

Suivent quelques notices concernant les érudits arabes liés à la Maison de la Sagesse à l'époque abbasside

Une raison à l'abandon de l'ijtihad?

Pour les premiers juristes et les premiers interprétateurs de la tradition, les situations concrètes ont joué un rôle. Malgré une tendance évidente à l'artifice et à une intelligence apte à se mouvoir dans un formalisme -sans toutefois être bien apte à réfléchir sur un point précis, ils prirent en compte les transformations qu'avait induites la conquête, qui avait fait passé l'orbe des Musulmans de l'Arabie à un monde plus vaste. Un tel dynamisme permettait, et permit, adaptation et assimilation. Par ailleurs, ces érudits, dans leurs écrits -par instinct de protection? Par coutume profondément ancrée?- ont évité d'énoncer les références au réel par lesquelles ils prônaient ces évolutions: ils évoquent des traditions ou se rapportent aux versets du Coran. La conséquence -importante- en a été que leurs sucesseurs, lorsqu'ils utilisèrent leurs oeuvres, ne virent que ce rattachement à la tradition et pas l'esprit innovateur. Aussi, se contenter de commenter leurs maîtres à leur tour leur sembla-t'il justifié et ils ne poursuivirent ni ne développèrent les méthodes permettant l'évolution de la tradition. On a sans doute là l'origine de la fermeture si aisée de l'ijthidad sans protestations ni incartades. Les successeurs étaient tombés dans l'abandon de toute initiative

Website Manager: G. Guichard, site Learning and Knowledge In the Carolingian Times / Erudition et savoir à l'époque carolingienne, http://schoolsempire.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 9/18/2019. contact us at ggwebsites@outlook.com
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