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Le "roi des Africains"

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Quel pouvait bien être ce "roi des Africains" dont il est question dans le "De Carolo Magno" du moine de St-Gall? Il se pourrait bien que ç'ait été un des représentants de la dynastie des Aghlabides, cette dynastie qui, alors, gouvernait la province d'Ifriqiya au nom des Abassides de Bagdad. Des émissaires du roi des Africains vinrent près de l'empereur, apportant un lion de Marmorée (la Libye) et un ours de Numidie, du fer d'Espagne et de la pourpre de Tyr. Charlemagne fit preuve de générosité envers l'Ifriqiya, car il savait leur constante pauvreté. Les "habitants d'Afrique", ainsi, restèrent constamment loyaux et obéissants à l'empire, et ils payèrent un tribut considérable

L'Afrique du Nord s'étend du Maroc à l'Ouest de la Libye. A l'époque carolingienne, toutes ces régions étaient passées à l'Islam et aux conquérants arabes depuis le VIIème siècle. La population d'origine de l'Afrique du Nord était les Berbères, cet amalgame de tous les peuples variés qui s'étaient trouvés là depuis les temps préhistoriques. C'étaient des nomades ou des paysans. L'Afrique du Nord passa d'abord sous le contrôle des marchands phéniciens qui, dès le XIIème siècle avt. J.-C., fondèrent des comptoirs le long de la côte. Carthage, fondée en 800 avt. J.-C., leur succéda. Carthage représentait la seconde vague des Phéniciens. La ville fonda d'autres comptoirs comme Hippo Regius (aujourd'hui Annaba, en Algérie) ou Tanger. Quand Carthage eut été détruite en 146 avt. J.-C. à la suite des Guerres Puniques menées contre Rome, les Romains devinrent les nouveaux maîtres de l'Afrique du Nord. Le pays devint le fameux "grenier à blé" de l'empire. Le christianisme s'y développa. En 429, les Vandales, profitant du fait que l'Empire romain s'effondrait sous les coups des invasions barbares, conquirent la zone. Ils prirent Carthage en 439. Ce royaume vandale fut cependant rapidement détruit, au nom de Byzance, par Bélisaire, en 533. Le pouvoir impérial qui fut alors restauré ne fut que l'ombre de la puissance romaine et de nombreuses régions rurales retournèrent à la domination berbère

Les conquérants suivants -et les plus importants- furent les Arabes. Ils apportaient leur nouvelle foi avec eux, l'Islam. Les Arabes venaient de conquérir le Moyen-Orient. Les premières expéditions en Afrique du Nord eurent lieu dès entre 642-669. Elles apportèrent l'Islam. De telles expéditions ne devaient leur origine qu'à des initiatives locales. Mais, quand le califat, de Médine, passa à Damas, la dynastie des Omeyades (661-750) reconnut l'intérêt stratégique de dominer la Méditerranée. Ils entreprirent alors un effort militaire concerté en Afrique du Nord. En 670, l'armée arabe de Okba ibn Nafi fonda Al Qayrawan, c'est-à-dire Kairouan (dans l'actuelle Tunisie), et s'en servit comme d'une base pour la suite de ses opérations. La conquête se poursuivit vers l'Ouest, en Algérie, avec l'aide d'auxiliaires berbères convertis mais elle se heurta à la forte opposition des Berbères dont la religion était le catholicisme. L'Ifriqiya, d'une façon générale, fut considérée comme difficile à conquérir; le calife Omar l'appelait "Moferecca-t-el-Radera", le "lointain perfide". Les Arabes l'appelait aussi "Djezirat-al-Maghreb" (l'"île du couchant"). L'Afrique du Nord fut le premier échec de la conquête musulmane mais les Byzantins n'en tirèrent pas profit. Ce fut Okba qui vainquit réellement mais il fallut 33 ans pour vaincre définitivement les Berbères catholiques des montagnes et du Sud. Le prince Koceila, d'abord, vainquit et tua Okba puis, vers 695, les Berbères, qui avaient été fédérés par la Kâhina, reine des Zénètes Djeroua, de la région des Aurès (actuelle Algérie), peut-être de confession juive, écrasèrent les Arabes à Tébessa. En 698, ces derniers purent prendre et raser Carthage, fondant Tunis en tant qu'arsenal et, attisant les dissensions chez la reine berbère, ils l'emportèrent sur les troupes berbères en 703 et l'islamisation l'emporta au IXème siècle. La Kâhina avait été décapitée dans l'amphithéâtre romain d'El-Djem en 693. Les Occidentaux la considérèrent comme la "Jeanne d'Arc" de l'Afrique du Nord. La conquête totale du Maghreb, le Maroc compris, fut terminée en 711. Les Berbères, dans leur ensemble, n'avaient considéré les Arabes que comme des hérétiques plus ou moins acceptables. C'est de ces temps que date l'épisode célèbre où Okba, arrivé aux plages atlantiques du Maroc, fit avancer son cheval dans l'océan et proclama qu'il prenait Allah à témoin qu'il ne pouvait aller plus loin dans la conquête

Les territoires conquis situés de la Libye de l'Ouest à l'Algérie de l'Est devinrent la "wilaya" d'Ifriqiya. Les Berbères des régions montagneuses -les Kabyles- ou désertiques -les Touaregs dont le nom signifie "les abandonnés de Dieu" (du dieu de Mahomet)- sont longtemps restés chrétiens voire n'ont pratiqué qu'un Islam superficiel. En Tunisie, la plupart des Chrétiens avaient choisi d'apostasier et quelques Eglises isolées subsistèrent et végétèrent. Gafsa, ville caravanière resta une ville prospère jusqu'au XIIème siècle et, au Xème siècle, on parlait encore latin et on y était chrétien. Il semble d'ailleurs qu'une ligne de partage "naturelle", tout au long de l'histoire du Maghreb, ait été celle-ci -s'établissant de légèrement à l'Ouest de Bougie, au Nord, à légèrement à l'Ouest de Biskra, au Sud, ce partage correspondant sans doute à l'antique délimitation entre une partie de l'"Africa" romaine, associée à la Numidie, d'une part, et la Mauritanie, d'autre part. Au-delà encore, on retrouve aussi la division d'avec la Mauritanie tingitane, qui appartiendra essentiellement à l'histoire du Maroc. Ce ne seront que les Turcs qui, au XVIème siècle, unifieront l'"Algérie" en tant que "Régence d'Alger", d'une part, et réduiront la "Tunisie" à ses frontières actuelles. La "province" d'Ifriqiya fut gouvernée de Kairouan par des gouverneurs nommés par les califes omeyades. Les mêmes tribus berbères qui avaient fourni les révoltes anciennes du donatisme ou des circoncellions, fournirent aussi les schismes et les hérésies musulmanes. Une révolte généralisée des Berbères -qui étaient traités comme des Musulmans de seconde zone par les Arabes- amena des désordres car, bien qu'islamisées, les populations étaient restées profondément berbères. Les Berbères utilisèrent l'Islam kharidjite comme base de leur révolte. L'Islam kharidjite était une dissidence légale, égalitariste, de l'empire omeyade. Les Berbères fondèrent des royaumes tribaux théocratiques, dont certains jusqu'à Tilimsan (l'actuelle Tlemcen, en Algérie). Profitant de la fin du califat omeyyade vers le milieu du VIIIème siècle, se fondant sur un ressentiment des Berbères peu reconnus par les conquérants arabes, l'hérésie kharijite s'empare un temps de Kairouan. L'autorité dans l'Ifriqiya fut rétablie par la nouvelle dynastie, les Abassides, qui avait pris le pouvoir au Proche-Orient et transféré la capitale de Damas à Bagdad. Ibrahim ibn Al Aghlab fut nommé gouverneur. Lui et ses successeurs -la dynastie des Aghlabides- depuis Kairouan, règnèrent en fait de façon indépendante jusqu'en 909. Leur cour devint un centre d'érudition et de culture et l'Ifriqya, sous leur règne, comporte encore de nombreux évêchés catholiques. C'est un Aghlabide qui est le "roi des Africains" du moine de St Gall. La dynasite des Aghlabides règna un siècle (800-909) sur l'Ifriqya, gouvernant au nom des Abbassides et payant un tribut. Ce fut une dynastie de bâtisseurs d'équipements publics et religieux et de murailles. Le malékisme l'emporte alors en Ifriqya. Kairouan, la capitale des Aghlabides, fut d'abord al Qarawin, "le camp" et, après le déclin des villes de l'Afrique du Nord dû aux invasions germaniques, elle marqua, finalement, le renouveau de la culture urbaine. Elle fut avec Fostat, Bassora ou Koufa (ville d'Irak, au sud de Bagdad), l'une des premières villes créées ex nihilo lors de la conquête arabe. Elle fut très vite dotée de la Grande Mosquée et l'installation de l'Islam fut si peu contestée qu'il faudra attendre 762 pour qu'elle se dotât de murailles face aux attaques des Kharijites berbères. Kairouan finit par s'imposer comme le centre urbain majeur de l'Afrique du Nord, riche grâce au commerce et réputée pour sa vie intellectuelle et religieuse. Sa ruine vint, en 1057, des invasions hilaliennes

Pour ce qui est des autres parties de l'Afrique du Nord, la partie située à l'Ouest des territoires des Aghlabides fut gouvernée, de 761 à 911, par la dynastie des Rostémides. Leur "royaume", le royaume de Tahert, tirait son nom de sa capitale, Tahert -ou Tiaret- au sud-est d'Oran et il fut fondé au VIIIème siècle par Ibn Rustom qui fuyait l'orthodoxie musulmane. Les Rostémides étaient des imams kharidjites ibadites, élus par les citoyens les plus importants. La cour de Tahert aida l'érudition dans le domaine des mathématiques, de l'astronomie et de l'astrologie, et en matière de théologie et de droit et elle accueillait de nombreux érudits d'Egypte, Irak et Perse. Le royaume, qui finit par s'étendre de Mascara jusqu'à la Tripolaine, fut aussi un centre commercial entre Europe et Afrique. Le Maroc, lui, fut gouverné de 789 à 926 par la dynastie des Idrissides. Idris Ier venait de l'Orient, d'où il avait fui le pouvoir nouveau des Abassides. Il était l'arrière-arrière-petit-fils de Fatima, la fille du Prophète. Son fils, Idris II, fit de Fès sa capitale. L'arrivée dans la ville, au IXème siècle, de deux flots de réfugiés -les uns de Kairouan, les autres de Cordoue- furent à l'origine d'un important centre de culture arabe et musulmane. L'Afrique du Nord, en général, était un pays de ports, de villes et de zones rurales. D'importantes routes trans-sahariennes existaient aussi. Les Aghlabides aussi bien que les Idrissides furent des protecteurs des sciences et des lettres et ils s'efforcèrent d'imiter le mouvement littéraire et artistique qui, alors, avait lieu à Bagdad. Kairouan et Fèz devinrent ainsi des centres d'érudition où la jeunesse musulmane vint longtemps s'éduquer

Dans les dernières décennies du IXème siècle, il advint que les missionnaires de la secte ismaëlienne du chiisme, venus du sud-ouest de l'Iran, convertit les Berbères Kutama de ce qui est aujourd'hui la "petite Kabylie", une région du centre-est de l'Algérie. Les Berbères furent menés au combat contre les gouverneurs sunnites de l'Ifriqiya. Kairouan tomba en 909. L'iman ismaëlien (une secte chiite), Ubaydallah, se proclama calife et fonda Mahdia (actuelle Tunisie) comme sa capitale. Il se revendiquait descendant de Fatima, la fille du Prophète et épouse de l'imam Ali. Il fonda la dynastie des Fatimides. En 911, les Fatimides se tournèrent cette fois contre les Rostémides, qui furent à leur tour défaits. Il est à noter que ceux-ci n'avaient jamais pris soin d'organiser une armée permanente fiable; les réfugiés ibadites kharidjite de Tahirt fuirent vers le sud dans l'oasis de Ouargla et, de là, au XIe siècle, ils se déplacèrent finalement au sud-ouest jusqu'à l'oued Mzab (de nos jours Ghardaïa, Algérie). Les Fatimides atteignirent jusqu'à la frontière du Maroc. Leur but, cependant, était l'Orient. C'est ainsi qu'ils conquirent l'Egypte en 969, y fondant la cité nouvelle du Caire (972), "Al Qaira", "la victorieuse". C'est pourquoi ils laissèrent le contrôle de l'Ifriqiya et de la plus grande partie de l'Algérie aux Zirides (972-1148), une dynastie berbère sanhadjienne (des Maures venus de l'actuel Sénégal du Nord, une région de royaumes nés de la rencontre entre pasteurs berbères et agriculteurs noirs), qui avait fondé les villes de Miliana, Médéa et Alger. Les Zirides laissèrent leurs domaines à l'Ouest de cette nouvelle Ifriqiya aux Banu Hammad, les Hammadides, une branche de leur famille, qui règna depuis la "Qala des Beni Hammad", dans le Hodna, région au sud-est d'Alger. Le Maroc, pour sa part, ne prit pas part à cette partie de l'histoire de l'Afrique du Nord et des dynasties arabes et berbères succédèrent aux Idrissides. Les Hammadides furent longtemps été en conflit avec les Zirides et les Fatimides envoyèrent finalement contre eux les bédouins arabes d'Egypte à partir de la première moitié du XIème siècle, lesquels prirent le contrôle de la région et arabisèrent définitivement l'Afrique du Nord berbère. Le commerce transsaharien s’était déplacé soit vers l’Égypte fatimide soit vers les routes de l'Ouest qui menaient aux marchés de l'Espagne

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Depuis la conquête arabe, la ville actuelle du Caire a connu une longue histoire. La capitale byzantine de la région était, vers 650, Alexandrie alors que la pointe sud du delta du Nil était contrôlée par le petit poste militaire de Babylone d'Egypte. Ce dernier fut pris par les Arabes en avril 641 et, alors qu'Amr ibn el-As, leur général, faisait plier sa tente, il la laissa en l'état car une colombe y avait fait son nid. La tente -en arabe, "al Fostat"- demeura un repère et une ville s'en développa, avec la mosquée Amr, qui devint la capitale arabe de l'Egypte, préférée à la grecque et excentrée Alexandrie. Les Abassides fondèrent à leur tour une ville, plus au Nord, El-Askar, dont il ne reste rien. Les Toulounides, à peine plus au Nord, fondèrent encore une ville, El Qataï. Mais ce furent les Fatimides chiites qui, avec "Al-Qahira" -"la ville subjugatrice", en arabe- ses palais magnifiques, la mosquée Al Azhar et ses murailles, fondèrent la réelle ancêtre du Caire actuel; ce fut Gawhar, le vizir d'origine grecque qui avait mené les troupes à la victoire, qui en fut l'architecte. Al-Fostat, le long de la berge orientale du Nil, devint alors un puissant port commercial où les navires marchands pouvaient accoster depuis la Méditerranée; et la ville fut souvent habitée par des Juifs et des Chrétiens -ces derniers parce que la Sainte Famille avait fait halte ici lors de la fuite en Egypte. Les Fatimides, dans leur nouvelle capitale, fondèrent un 'maison de la Sagesse' qui favoria l'étude la science hellénistique et attira des juristes, des médecins, des astronomes et des mathématiciens. Les pyramides, situées au sud-ouest de la ville arabe et qui datent des plus anciennes dynasties d'Egypte, étaient considérées, au Moyen Age, comme les greniers à blé que Joseph, Hébreu exilé dans le pays, fit construire en prévison de 7 années de famine

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