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Les moeurs à l'époque carolingienne

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L'époque -on peut voir un lien avec l'abandon de la nudité au baptême et du baptême par immersion, avec, aussi, le corps dans les paganismes- est à la couverture du corps voire la haine et la peur de celui-ci. Le corps participe aussi, par les ordalies, au rendu de la justice. La paralysie, la cécité et la folie de type maniaco-dépressive sont les maladies les plus fréquentes et la mortalité infantile est très élevée. La femme est avant tout la "genitrix", la mère. 60% de la population est jeune, en-dessous l'âge du mariage; avec les femmes, les jeunes forment les 3/4 de la population, ce qui explique la solidarité des familles larges. Les vieillards sont exceptionnels en terme de nombre et sont les chefs de clans, les "seniores". L'Eglise, aux temps carolingiens prônera l'avantage à la famille conjugale, au moins en ce qui concerne l'habitation. Après une forme d'admission des pratiques gallo-romaines sous les Mérovingiens, l'Eglise finit par imposer l'interdiction du divorce sous les Carolingiens mais les Francs poursuivirent la pratique de la polygamie. Charlemagne eut 4 épouses officielles et, au minimum, 6 concubines; l'Eglise combattit la pratique et étendit les interdictions de mariage pour cause de parenté et monogamie et indissolubilité du mariage ne finirent par s'imposer qu'au Xème siècle d'abord chez les peuples et les Gallo-Romains et enfin chez la noblesse et les Francs. L'Eglise favorisa aussi la tempérance dans le mariage à l'encontre des passions: le mariage n'est pas fait pour satisfaire la concupiscence mais pour assurer la continuité de l'espèce. La pratique se distancia, dans le même temps, des excès de haine du corps de l'époque précédente. On a beaucoup écrit que l'époque carolingienne aurait été une époque assez approximative sur le plan des moeurs. Ce n'est pas forcément faux mais il faut aussi prendre en compte le fait que certaines de ces moeurs furent liées à des considérations politiques; certains, par ailleurs, notent que ce sont surtout les auteurs protestants qui ont porté ces critiques à l'encontre de la civilisation carolingienne. Charlemagne était réputé pour son penchant pour les femmes. Il eut un grand nombre de concubines en dehors de ses 5 épouses légitimes. Des reines et impératrices et des concubines, il eut 20 enfants, dont beaucoup de filles qui furent elles-mêmes réputées pour leurs débauches. Ainsi Emma s'était laissée séduire par Eginhard amenant l'empereur à exiger le mariage des deux fautifs (le fait, cependant, que Charlemagne avait une forme de tendance à admettre les unions illégitimes de ses filles s'explique par le fait qu'il leur avait refusé toute alliance légitime, sans doute par crainte que cela ne donne naissance à des branches cadettes carolingiennes, qui auraient menacé la lignée principale; Charlemagne prit soin des enfants nés de ces mariages). Charlemagne, cependant, édicta un capitulaire qui interdisait la prostitution dans l'empire. Celle-ci y avait été florissante jusqu'au début de son règne et le capitulaire fut la première disposition législative franque en la matière

Un effort de redressement eut lieu sous Louis le Pieux, qui fit mettre à mort ou exiler les jeunes courtisans complices de ses soeurs et revenir celles-ci à des moeurs plus saines. Il expulsa aussi de la cour d'Aix tous les anciens familiers de Charlemagne dont les moeurs lui étaient suspectes. Les désordres, cependant, revinrent sous Charles le Chauve, aussi bien dans la famille impériale que chez les Grands. Richilde, fille de Boves, comte des Ardennes, était la maîtresse reconnue de Charles et, après la mort de l'impératrice Ermentrude, elle partagea le trône avec l'empereur. Judith, la fille de celui-ci, mariée à 12 ans au vieux roi anglais Ethelwolf, eut comme amant son beau-fils et, après son veuvage, trois ans après, vécut publiquement avec lui. On dit que Louis le Bègue, son frère, avait des relations d'une nature peu claire avec elle. Le pape, finalement, admit qu'elle se mariât avec Baudoin Bras-de-Fer, comte et forestier de Flandres. Louis le Bègue, le successeur de Charles, eut deux enfants, Louis III et Carloman, d'une suivante de Richilde mais il fut obligé par son père d'épouser Richarde, la fille du roi d'Angleterre. Le nouveau souverain enleva aussi personnellement une religieuse du couvent de Chelles. La cour de Lorraine, à la même époque, fut perturbée longuement par la question de la répudiation de la reine Teutberge par Lothaire II. Epousée pour des raisons politiques, la reine, princesse de la maison de Bourgogne, était délaissé au profit de Waldrade, la nièce de l'archevêque de Trèves. Le roi traduisit finalement Teutberge devant trois conciles qui la condamnèrent et cassèrent le mariage. Le pape, appuyé par le roi d'alors de Francie Occidentale, n'obtint que la soumission apparente de Lothaire. Berthe, l'une des trois enfants de la concubine conduisit, jusqu'à sa mort en 925, en tant que marquise de Toscane, la cour la plus débauchée d'Europe...

Les affaires de moeurs réapparurent avec les ultimes carolingiens de France quoique possiblement teintées d'utilitarisme politique. Emma, l'épouse de Lothaire -célèbre aussi pour ses qualités militaires- était de moeurs légères et la maîtresse d'Adalbéron, l'évêque de Laon. Lothaire, qui avait donné Blanche, fille du comte d'Arles, à son fils Louis V, vit celle-ci devenir la maîtresse du comte Godefroy de Verdun et, finalement, d'Adalbéron aussi! Lothaire mourut empoisonné en 986 d'avoir voulu mettre un terme aux désordres, sans que l'on sache qui avait utilisé le poison de la reine ou de la bru, le tout dans le cadre des luttes qui menèrent à l'élection d'Hugues Capet. Louis V fut lui-même empoisonné par Blanche. Adalbéron de Laon était partisan de Charles de Lorraine, le prétendant carolingien à la succession de Louis. Enfin -et peut-être plus grave-les textes de l'époque de Charlemagne sur la prostitution ne furent plus, lors des désordres liés à la désintégration de l'Empire, appliqués et l'on vit, avec la féodalité, une très forte renaissance de la prostitution. Les filles publiques de Paris se seraient organisées en corporation dès cette époque et seraient apparues, à la cour des rois et des grands vassaux, des cohortes permanentes de prostituées au service de ceux-ci, d'un niveau plus bas et plus méprisé que les harems de concubines des époques antérieures. Un fonctionnaire, le "roi des ribauds", en était officiellement chargé...

Un autre aspect problématique de l'époque tiendrait aux moeurs même des ecclésiastiques. Après les désordres des débuts de l'époque, dû au fait que le niveau intellectuel des clercs avait décliné, il semble bien, qu'à partir du début du IXème siècle voire pendant le règne de Charlemagne, des attitudes assez mercantiles et peu scrupuleuses aient envahi les clercs, jusque et surtout au plus haut niveau. Vers 811, on sait que des clercs séculiers se voient reprocher de porter des armes et d'être "publiquement mariés" et que des clercs réguliers se préoccupent d'accroître leurs domaines en trompant des hommes libres, Grands et petits, peu instruits et imprudents, sur la base de la menace de peines divines et en captant leurs héritages et leurs donations, le résultat étant de pousser ces familles vers la misère et les clans des brigands. Ces problèmes ne pourront que s'accroître par la suite du fait des désordres qui s'installeront progressivement dans l'Empire

Les clercs ne sont pas tendres pour les femmes. St Paul a clairement posé que la femme doit être soumise à son mari comme l'Eglise au Christ. De plus, selon la tradition de St Augustin qui distingue entre corps sexué et âme asexuée, le corps et l'âme, dans l'homme, ont été créés à l'image de Dieu alors que la femme, qui a été tirée de la côte d'Adam, en possède un corps entièrement matériel, source de péché, qui représente un obstacle permanent à l'usage de la raison, autre raison qui fait que la femme doit être soumise à l'homme. En somme, la femme est un être imparfait, un animal privé de raison, qui parle comme une folle et agit sans réflexion. Un franciscain plus tard, au XIIIème siècle dira des filles qu'"[e]lles ont plus de soin, de modestie. Elles sont facilement honteuses, elles pleurent davantage, mais sont plus malicieuses que l'homme"

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