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Saint Charlemagne?

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Très tôt, une dévotion populaire semble s'être développée envers Charlemagne, à Aix. De plus, dès la mort de l'Empereur, certains de ses ossements furent donnés comme reliques. Ce culte se développe, en lien avec le développement du St Empire Romain Germanique; il s'accentue après l'exhumation du corps de Charlemagne par Othon III en l'an Mil (Charlemagne avait été enterré dans un sarcophage sous un arc maçonné, dans la chapelle palatine. Charles avait fait venir de Rome un sarcophage de marbre du IIème siècle, dit "de Proserpine", référence à l'Empire romain). L'évènement, la prise de reliques confortent le culte. Mais la question prend une tournure politique au XIIème siècle: en 1167 alors que le St Empire Romain Germanique est de nouveau en conflit avec le pape, l'empereur Frédéric Barberousse, qui, de nouveau, a fait exhumer le corps de Charlemagne, obtient de son anti-pape Pascal III, la canonisation de Charlemagne et le corps de Charles est retiré de son sarcophage pour être placé dans une châsse. Il invoque aussi l'accord du roi Henri II d'Angleterre et des évêques y participent. Le St-Siège, à l'époque, depuis quelques décennies, essaie de contrôler les canonisations. Jusqu'alors celles-ci peuvent être proclamées par les évêques ou les conciles provinciaux, ces derniers, de plus, étant souvent fortement soumis à la pression populaire. Le pape de l'époque, Alexandre III, fait clairement proclamer que toute canonisation doit désormais se faire en présence d'un légat pontifical et avec l'accord de Rome. Mais il faudra encore attendre un siècle pour que, finalement, les canonisations ne soient plus que du ressort du Vatican

Donc la sainteté officielle de Charles ne devient suspecte à l'Eglise que parce qu'elle est venue d'un anti-pape. Une fois rétablie l'unité à Rome, vers 1200, le pape ne peut s'attaquer de front à la canonisation car l'institution de la châsse à Aix attire désormais les pélerins. Rome ni ne voulut approuver une procédure irrégulière ni la recommencer dans les normes (de plus, personne ne lui avait demandé). Aussi l'Eglise décida-t'elle de laisser le culte de Charlemagne se faire là où il était établi et, comme Charlemagne ne figurait pas dans le martyrologe romain -cette liste des saints officiellement admis- on ne lui attribua que la qualité de "Bienheureux". Charlemagne est représenté couronné et il tient sur une main le plan de la chapelle d'Aix. Il semble que Rome, vers 1250, fasse, pour "saint Charlemagne" une exception dans sa marche à ce que la canonisation soit réservée au pape. Il s'agit là d'une "tolérance de l'Eglise romaine" et à condition que le culte ne se pratique que dans la Chapelle palatine d'Aix. A partir du XIIIème siècle, le culte de Charles s'étend dans toute l'Allemagne où ses reliques se répandent, avec les "regalia", insignes du pouvoir impérial carolingien (couronne, glaive, tunique, globe, etc.): autres églises d'Aix puis Halberstadt, Osnabrück, Strasbourg, Paderborn, Lorsch, Münster, Verden, Brême, Fulda, Francfort, Bruges, Metz, Halle, Zürich. L'apogée est atteint entre le XIVème et le XVème siècle (ce dernier siècle étant celui du plus grand nombre de représentations artistiques de Charles: statues, vitraux, etc.) On fêta très tôt St Charlemagne, selon l'usage, soit le jour de sa mort (28 janvier; ce qui repoussa l'octave de la Ste Agnès) soit à la date de la translation de son corps en 1167 (27 juillet). Quand l'empereur romain germanique Charles IV porte pour la première fois depuis les Carolingiens le prénom Charles, il fera développer le culte dans son royaume de Bohême et il fonde à Aix en 1362 une chapelle pour ses sujets hongrois

Les papes feignent d'ignorer le culte qui est rendu à saint Charlemagne en Allemagne, en France voire à Gérone en Espagne. Quand le pape Alexandre III, au IIIème Concile de Latran en 1179, décrète définitivement que seul le pape peut établir un saint, il n'infirme cependant pas la canonisation qui a eut lieu 12 ans auparavant. Ce privilège pontifical entrera définitivement dans le droit canon en 1234 et il ne fut pas question de l'appliquer rétroactivement. La figure religieuse de Charles tient au fait qu'il est celui qui s'oppose aux rebelles et aux ennemis de l'Eglise. De plus, Dieu a toujours favorisé ses entreprises militaires. Charlemagne même s'est efforcé à l'évangélisation, la défense de l'Eglise ou la protection du pape; il présente également des vertus morales (simplicité, sobriété, il se fait lire St Augustin pendant ses repas, il favorise l'érudition, il fait preuve de piété et de zèle pour la splendeur de l'Eglise (pélerinages, reliques, dons, bâtisseur d'églises, restaurateur du chant grégorien, souci des pauvres de l'Empire et des chrétientés d'Orient, testament pour les églises et les pauvres, combattant contre les hérésies, assistance aux offices; 4 ans avant sa mort, il aurait pensé à abandonner la couronne pour se consacrer à son salut). Signe de la faveur de Dieu, plusieurs saints lui seraient apparus: St Salve évêque d'Angoulême, par exemple; deux esprits bienheureux firent fuir les Saxons à Fritzlar ou, pendant une campagne saxonne, Charles fit apparaître une source d'eau alors que la sécheresse menaçait l'ost. Charlemagne avec ses preux et Roland sonnant du cor est figuré sur un vitrail, en 1220, du déambulatoire de Chartres. Or, de telles vies illustrées aux verrières des églises sont des vies de saints et Charles et Roland ont la tête entourée d'une auréole rouge, type d'auréole qui, sur les autres vitraux de Chartres ne sont réservés qu'à la Vierge et aux apôtres. A Chartres, Charlemagne est non seulement un saint mais le saint exemplaire des vertus chevaleresques, situé à côté du vitrail de St Théodore, le modèle du chevalier chrétien. De plus, le vitrail faisant pendant à celui du pape Sylvestre, il évoque bien le lien à faire entre Charles et Constantin le Grand. En 1226, le légat pontifical consacre dans la Chapelle palatine un autel en l'honneur des Saints Apôtres et du "bienheureux" roi Charles. L'Eglise ne fait aucune remarque quant aux décisions de l'empereur Charles IV et, finalement Charlemagne ne sera jamais radié de la liste des saints. Les artistes du Moyen Age continueront de le représenter, au même titre que d'autres saints personnages. A la même époque, Charles V, neveu de Charles IV, en France, fête, en privé, dans sa chapelle, saint Charles le 28 janvier et le 27 juillet et saint Charlemagne est figuré, comme représentation essentielle, sur le sceptre des rois de France. A Reims, la ville du sacre des Capétiens, l'église emprunte au calendrier liturgique allemand et saint Charlemagne est fêté jusqu'au XVIIIème siècle. Il y a même sa place, dans les grandes litanies, entre St Augustin et St Louis. Enfin, au XVIIIème siècle, le pape fait peindre au Vatican une fresque de la donation des Etats de l'Eglise par Charles et placer sa statue, sous le porche d'entrée de St-Pierre, en regard de celle de l'empereur Constantin. Le pape Benoît XIV considère finalement que la continuité du culte dans diverses églises, l'absence de réaction de l'Eglise pendant 6 siècles valent "béatification équipollente" soit "par équivalence". Les Bénédictins, de nos jours, semblent les plus attachés à la défense de ce culte à saint Charlemagne. Il est à noter que Constantin le Grand, lui aussi, avait été réputé saint pour cause de décision du peuple byzantin mais qu'il ne fait pas non plus partie du missel romain. On doit noter aussi, en France, à partir du XVIIème siècle, le développement du culte de saint Charlemagne dans les villes de province (Rouen, St-Quentin, Sarlat, Périgueux, Narbonne); il semble surtout qu'il s'agisse là d'un effet du gallicanisme, se préoccupant de célébrer un saint qui ne se trouve pas officiellement dans le missel romain. Le texte de l'office chanté au choeur est emprunté aux chroniques profanes, dont Eginhard. Auparavant, Louis XI avait multiplié les dévotions à saint Charlemagne et il ne se sépare pas d'une croix que la tradition dit avoir été rapportée de Terre Sainte par Charles. Il ordonna que la fête de Charlemagne soit célébrée tous les ans à Paris et que ce soit une fête chômée. En 1478, sous ce même roi, qui avait perdu de son gallicanisme et s'était réaligné sur Rome, la nation de France de la Faculté des Arts de l'Université de Paris, renommée pour son gallicanisme, obtint du roi et de l'évêque, de fonder une confrérie consacrée à la Vierge et à St Charlemagne. Charlemagne, depuis les origines de l'Université, vers 1200, était considéré comme le fondateur de celle-ci (il en devint le saint patron en 1661). La nation d'Allemagne obtint le droit de participer à la fête de saint Charlemagne, le 28 janvier et une figure de l'empereur figurait au sommet de la masse d'argent de ses huissiers. La fête dura jusqu'à la Révolution française mais était surtout appréciée pour le congé qui lui était associé. Mais, depuis la Renaissance, des critiques s'élevaient parmi les auteurs et les historiens de l'Humanisme contre la fête de Charlemagne. Robert Gaguin, par exemple, en 1482 est réticent à ce que l'Université de Paris ait Charlemagne comme saint patron et il refuse d'écrire une vie de l'empereur. La fête de St Charlemagne continua cependant d'être chômée chaque année au Parlement de Paris et au Châtelet, jusqu'à 1789 mais elle avait cessé d'être célébrée dans les églises paroissiales de la capitale depuis 1501. Saint Charlemagne continua d'être célébré à Rouen et Reims et jusqu'en 1914 à Périgueux alors que de nombreuses églises le célébraient avant la Réforme -contre 30 en Allemagne à la même époque. Le corps de Charlemagne est toujours à Aix et il est montré chaque année au jour de sa fête (le 28 janvier). Une châsse contient le corps et un reliquaire le bras; le trésor de la cathédrale conserve aussi son cor de chasse et, dans la galerie, le siège de pierre sur lequel il était assis dans sa tombe (le siège servit au couronnement des empereurs du Saint Empire Germanique jusqu'au XVIème siècle)

Le monastère de Kempten, près d'Augsbourg, au XVème siècle, a essayé de faire passer la reine Hildegarde, l'épouse de Charlemagne, pour sainte. Paul le Diacre en faisait l'éloge et le pape Hadrien Ier la tenait en haute estime. Mais cela ne réussit pas. Depuis 783, le tombeau de la reine est à Metz, au cimetière de St-Arnould. A Limoges et Angoulême ou dans l'église St-Zénon de Vérone, en Italie, Roland lui-même est représenté au milieu des saints

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