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La pensée juive

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Du fait de l'intérêt que Charlemagne porta aux marchands juifs radhanites, du fait qu'ils allaient jusqu'à Bagdad et au-delà et pouvaient donc avoir des contacts avec la Maison de la Sagesse, du fait du rôle des Juifs dans celle-ci et, enfin, du fait du philojudaïsme de la cour de Louis le Pieux et des érudits carolingiens d'alors, il semble nécessaire d'évoquer la pensée juive

illustration de l'érudition juiveillustration de l'érudition juive

Les débuts, la Palestine

Après 70, l'incendie du Temple et 135, la dernière révolte juive, les Juifs ne forment plus une nation dans un pays; ils ne sont plus unis que spirituellement; la Torah devient leur patrie. Ce sont les Pharisiens qui portent cette mutation, soit les rabbins de Palestine et de Babylonie. Un Sanhédrin est autorisé par les Romains en Palestine (une réaction contre cette relative tolérance en Palestine a eu lieu en 135 sous Hadrien). La synagogue peut désormais remplacer le Temple, la prière les sacrifices. Les offices du Sabbat et des fêtes se centrent sur la lecture de la Torah et des prophètes ainsi qu'aux commentaires des targoumistes ("interprètes") et aux prêches des aggadistes ("prédicateurs"). St Paul et la patristique, qui avaient écarté le christianisme du judaïsme voire, selon certains, du raisonnement avaient, par contrecoup, renforcé le judaïsme rabbinique, l'attachement étroit aux pratiques et le développement des subtilités de raisonnement. Le Talmud, in fine, en serait le résultat et il finirait, bien que permettant d'éclairer la pensée religieuse juive, par devenir la seule autorité reconnue, occultant quasiment la Torah. Ce seront les patriarches de Palestine qui, d'abord, pendant trois siècles et demi, contrôlèrent le sort des Juifs. Un des maîtres du Sanhédrin de Palestine rédige la Mishna, une "seconde Torah". L'oralité est considérée par certains Juifs comme le caractère même de la Torah, l'écrit n'est qu'aide-mémoire. Orale, la Loi s'adapte. La Mishna ainsi que ce qui va suivre (le Talmud, les Commentaires, les Codes) est la première cristallisation de la Torah. La Mishna est Loi et traditions orales et l'aboutissement du Midrash (école depuis le Vème siècle avt. J.-C., opposée aux Saducéens partisans du sens littéral, le Midrash est symboles, lettres, codes). La Mishna tire de la loi le rituel, l'éthique, la théologie; les rites ont fait l'objet d'ouvrages. Les docteurs de la Mishna sont les tannaïm ("enseignants"); ils commencent, finalement, de mettre la Loi par écrit mais en gardant son côté adaptable car ils publient, en même temps, les avis divergents. La mise par écrit vise à éviter, par les temps difficiles d'alors, l'oubli de cette masse de connaissances. La Mishna peut être vue comme le corps principal du Talmud et la Gemara comme son commentaire et certains situent, finalement, sa rédaction, entre le IIème siècle avt. J.-C. et le VIème siècle de notre ère. La Mishna aborde tous les domaines de la vie, dans un hébreu très pur. Elle est divisée en 6 sedarim ("ordres"), eux-mêmes en 63 "massekhtoth": les lois concernant les rapports entre l'Homme et Dieu encadrent celles concernant les relations des hommes entre eux (Zéraïm: sanctifier le travail (surtout agricole); Moed: Sabbat et fêtes; Nachim: droit matrimonial; Nezikin: droit civil; Kodachim: sacrifices; Taharoth: puretés-impuretés; le texte complet de ces traités (en anglais seulement) peut se trouver à l'adresse: http://www.sacred-texts.com/jud/talmud.htm). A côté de la Mishna existent de plus des recueils semblables, qui n'ont pas été homologués. A la fin de cette période, la crise économique dans l'Empire romain, l'avènement du Christianisme amènent la relève de ce judaïsme palestinien en Babylonie, où les Sassanides accordent aux Juifs une grande autonomie et dotent de grands pouvoirs l'"Exilarque", leur chef. Les écoles juives passent à Sora, Nehardéa et Pumbadita, celle de Sora étant la plus réputée -ses docteurs avaient une vaste érudition; l'école de Pumbadita était, elle, réputée pour sa dialectique. Le patriarcat de Palestine prendra fin en 429. Hillel II avait rendus publics les calculs du calendrier, permettant une forme d'indépendance des communautés de la Diaspora. En Palestine, il est fait allégation que st Jérôme avait fait appel à des maîtres juifs pour étudier, comme Origène, la Bible dans le texte original hébreu. Comme toute tradition, la pensée juive doit lutter contre la sclérose et la rigidification par une méthode de mise à jour par la critique et l'interprétation. Cela s'est traduit en règles expressément énoncées tout au long de l'ère postérieure à la destruction du Second Temple: analogie du simple au complexe pour les questions juridiques et morales; raisonnement par analogie strictement (rapprochement de passages identiques de la Torah mais seulement sous l'autorité d'un maître); établissement d'un principe à partir d'un ou deux passages de la Torah; relation entre le général et le particulier et inversement ce qui permet une définition précise d'un objet; similitudes entre passages; déduction à partir du contexte. Il peut exister des variantes ou des précisions quant à ces méthodes

Les Juifs de Babylonie sous les Sassanides

La Mishna devient la base; les tannaïm renoncent à leur nom et se nomment "amoraïm", "commentateurs" donc les interprétateurs de la Mishna. Les amoraïm developpent les "articles" ("mishnayoth") concis de la Mishna, les confrontent à d'autres sources ponctuelles, discutent chaque opinion avec une forte logique et dialectique et énoncent, sur des cas nouveaux, de nouvelles décisions, ce qui donne la Gemara ("commentaire", "achèvement"). La Mishna et la Gemara débouchent sur le Talmud ("enseignement"). Il existe deux versions du Talmud: le Yerushalmil, celui de Jérusalem, en fait commencé dès la fin du IIIème siècle à Tibériade, qui est concis; le Babli, celui de Babylonie, au Vème siècle, par le chef de l'école de Sora. Le Talmud est le travail des rabbins par lequel le verbe de Dieu, la Torah, est éclairé et scruté avec intelligence et discernement. La méthodologie des rabbins est peu systématique et même le canon de la Torah, les 24 livres reconnus, vient d'eux. Ils sont également les auteurs de la "Halakha", partie normative et rituelle du judaïsme. Cet effort de rédaction est à mettre en perspective avec l'établissement du christianisme comme seule religion de l'Empire romain: on avait des réticences à mettre la Torah par écrit puisque l'oralité juive était devenue, dès lors, la seule caractéristique d'une Torah que les Chrétiens s'étaient appropriés. Par contre le Talmud, au contraire de la Mishna aux formules sèches, montre sur le vif, en quelque sorte, le développement de la pensée orale. L'effort principal de création du Talmud eut lieu sous le régne du roi sassanide Yesdegird (399-420) qui avait voulu se distancier des mages du zoroastrisme et se montrait tolérant pour les Juifs et les Chrétiens. L'époque fut aussi à un renouveau du messianisme juif: les Juifs ont vu dans les Huns, qui ont précipité la chute de l'Empire romain, l'armée de Gog, leur faisant croire à l'éternité de la nation juive. L'avènement du christianisme comme seule religion de l'Empire romain, cependant, amena très vite des discriminations et des persécutions. Au VIème siècle, les érudits juifs deviennent les "saboraïm" ("penseurs"): ils parfont la forme du Talmud dans des éléments nouveaux. La Torah, stricto sensu, est la "loi écrite" et le Talmud la "loi orale" (même si, justement, il est alors mis par écrit). Les Juifs sont alors obligés de se défendre contre le Zend, un mouvement mazdéen démocratiste mais ils se rétablissent assez vite et les écoles rouvrent. Des périodes de persécution -y compris par les Nestoriens réfugiés en Perse- et de tolérance se succéderont et les Juifs pourront participer aux luttes dynastiques voire aux interventions des Byzantins ou aux luttes contre ceux-ci. Le sort des Juifs de Palestine, sous domination chrétienne byzantine, était beaucoup moins enviable, ce qui les amena, d'ailleurs, à soutenir l'invasion perse de 614. Les saboraïm se préoccupent de points de droit dont les communautés ont besoin pour la pratique. Le Talmud est de nature légale. Le légal, règle normative, le rituel sont dans la pensée juive la Halakha; l'éthique, la théologie sont la Agada. Le Talmud est cependant débordant et rencontre harmonieuse d'Halakha et d'Agada: les sévères discussions juridiques sont émaillées de remarques morales, philosophiques, de récits, légendes, vie populaire, observations scientifiques pour éclairer, illustrer et on peut aussi remonter aux principes religieux fondamentaux de chaque sujet. On trouve même dans le Talmud des croyances et superstitions, magie et démonologie perses. Dès cette époque, il contient des maximes et des sentences hostiles aux autres peuples et aux autres religions. Le Talmud est exégèse de la Torah, un code pour la pratique, la foi, la morale. Le Talmud, bien que critiqué par certains Juifs comme source d'immoralité ou moins inspiré que la Torah, est en fait central dans la vie et la pensée juives: exégétique, autorité, compréhension de la Torah, vie quotidienne, rites, pensée. Une pensée forte voit même naître le Talmud dès le Vème siècle avt JC avec Ezra le Scribe et le Talmud tend à embrasser, dans les traditions rapportées, les siècles avant et après l'an 0. Il n'y aura ensuite que des additions: tout problème nouveau s'étudiera à partir du Talmud. Pendant 10 siècles, les Juifs, repliés sur le Talmud, ne verront dans le monde, la Nature, les hommes et l'Histoire que comme des incidents insignifiants. De plus, en formant les Juifs à l'habitude de raisonner, le Talmud en a fait un peuple d'une forte dialectique et d'un esprit profond et a entretenu leur activité intellectuelle. Le Talmud aura été le ciment et l'éducateur du peuple juif. Le Talmud accentue et précise la Révélation selon la Torah: Yahvé; Israël est le peuple élu qui transmet la croyance en Yahvé, le tout formulé dans le Shema Israël (Deut. VI, 4: "Ecoute, Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un"). Les talmudistes en sont pas des philosophes, leur source est la Torah: Dieu est une réalité, son unité est un fait. Croire en Dieu c'est agir selon sa volonté; foi et action sont indissociables. Ce Dieu a créé le monde; le monde existe par sa Providence et il le dirige par ses attributs qui sont justice et amour. Le Dieu unique est tout-puissant, omniprésent et pur esprit, omniscient (il sonde les coeurs et il connait toutes les pensées des hommes). Le dessein de Yahvé doit cependant se réaliser dans l'histoire du monde et l'histoire des hommes: Dieu a donc besoin de l'Homme, qui est son collaborateur, son associé pour parfaire le monde, lequel a été volontairement laissé inachevé et pour organiser la cité terrestre "selon l'idéal qu'il lui a assigné". Cet idéal est l'établissement du royaume de Dieu sur Terre et il est représenté par l'ère messianique, vision qui guidera les Juifs pendant les siècles de la dispersion. Selon le Talmud, la temporalité existentielle de l'individu et de la société passe par la lecture, l'étude et l'interprétation; le rapport au livre n'est pas un accident de l'existence mais il est une condition sine qua non de la possibilité même de la vie. en ce sens, le peuple juif est bien le "peuple du Livre", de la lecture, de l'interprétation du Livre; chaque époque comprend la Torah à sa manière. A noter, enfin, que Le Talmud est vu comme une source importante de la psychanalyse voire de la philosophie modernes

Les Juifs de Babylonie sous les Arabes

Le fanatisme des premiers Arabes musulmans contre les Juifs se mue vite en tolérance. Le libéralisme arabe va permettre un épanouissement sans égal de la pensée juive, qui s'appuie sur l'essor économique. En Babylonie, alors que les Juifs parlaient araméen depuis 1000 ans, il passent à l'arabe (et on voit même une purification de l'hébreu). Le langage commun permet la communication avec les non-Juifs ou les Juifs des provinces de l'ancien empire romain, qui parlaient grec ou latin. L'Exilarque se voit reconnaître un pouvoir sur toutes les communautés juives de la région. Il semble, par ailleurs, que le titre de "gaon", porté par le rabbin de Sora soit apparu lors des troubles dans le monde arabe entre Ali, le fondateur du chiisme, et ses opposants, les Juifs et les Chrétiens s'étant ralliés à lui. De là, chez les Juifs, se développa une forte animosité entre gaons (pouvoir spirituel) et exilarques (pouvoir temporel). L'histoire du judaïsme, cependant, resta obscure, pendant un siècle, jusqu'en 730. L’Exilarque et les chefs des deux écoles de Sora et de Pumbadita, cependant, finirent par fixer leurs pouvoirs respectifs durant cette période et une nouvelle organisation des populations juives apparut: l’Exilarque, le "Prince de l'Exil", était le pouvoir politique: il représentait les Juifs de Babylonie auprès du calife et il recueillait l'impôt; la fonction était héréditaire. Les deux gaons de Sora (communautés du Sud) et Pumbadita (communautés du Nord) étaient le pouvoir religieux et ils dirigeaient l’enseignement talmudique. Exilarque et gaons partageaient le pouvoir judiciaire. Les nominations à ces postes relevait d'un subtile équilibre de pouvoir. Les rabbins formaient, de plus, un sanhédrin de type législatif, le tout reconstituant un véritable Etat juif dans la Babylonie arabe, surtout vu depuis les communautés juives de l'extérieur (certaines, au fur et à mesure de l'expansion arabe, rejoignait le système, ainsi même la Palestine puis l'Espagne au début du VIIIème siècle). La Babylonie était devenue le centre du monde juif. Sous les Omeyades, ce statut favorable se maintint sous des califes amis des lettres et des sciences. A l'imitation des Arabes pour le Coran, les Juifs étudièrent la Bible et, comme eux, ils se livrèrent à la poésie (poésie "néo-hébraïque") qui prenait Dieu, les souffrances du peuple juif et la liturgie synagogale comme sujets; apparurent aussi les "piyyoutim", chants, qui donnèrent à l'officiant un rôle central (qui peuvent être apparus en Palestine au VIIème siècle); ils sont conçus pour les jours spéciaux de l'année liturgique juive, fondés sur le Midrach et faisant appel à la fois au coeur et à l'intelligence. Ils permettent l'édification des fidèles et leur piété. Le mouvement se poursuivra jusque vers 1550. Sous les Abassides, à Bagdad, l'Exilarque, le Resh Galutha, a le pas sur les dignitaires chrétiens et l'autorité morale et religieuse des gaons de Sora et Pumbadita s'agrandit sur tous les Juifs habitants du Califat arabe. Des Juifs de partout voire des Chrétiens viennent étudier dans leurs écoles ("yashivoth"). Les gaons, alors, deviennent aussi ceux qui disent la Loi dans les cas où le Talmud n'a pas donné de réponse ou pour les problèmes nouveaux. Leurs réponses sont consignées dans des "cheéloth" ou "techuvoth", des "responsa" qu'ils envoient aux communautés qui les ont consultés ainsi que dans des "codes", des traités. Les gaons sont aussi ceux qui fixent le rituel via des livres de prières, ainsi, vers 860, le "Siddar Rav Amram" par le gaon Rav Amram Gaon; ils fixent, enfin, le texte de la Torah: des massorètes uniformisent, inventent un système de points-voyelles et d'accents pour établir un texte unique de référence (un travail qu'on retrouve aussi, du VIIIème au Xème siècle, en Palestine); ce travail a commencé en Perse au VIème siècle, sur la base de l'exil des philosophes païens grecs suite à la fermeture de l'Ecole d'Athènes (médecine, sciences) et de l'influence de la linguistique des Nestoriens. Cette réforme permettra à un plus grand nombre de Juifs voire de Chrétiens d'étudier la Torah. L'époque où les Juifs s'installent dans le monde arabe est finalement celle où s'affirme le judaïsme traditionnel. Haroun-el-Rachid, Calife arabe, et ses successeurs, malgré leur esprit libéral imposèrent une rouelle aux Juifs -ainsi qu'aux Chrétiens- en 807 et les luttes entre les fils d'Haroun amenèrent des malheurs sur la Palestine. Al-mamoun (813-833) étant finalement devenu Calife, la culture reprit son essor (Bagdad, Kairouan, Merv) et les Juifs y participèrent. Ce fut un Juif qui introduisit les chiffres indiens, un autre traduisit en arabe l'Almageste de Ptolémée et découvrit la réfraction de la lumière (vers 800). Le fils de ce dernier, vers 840, fut un médecin renommé et le maître des deux médecins arabes Razi et Anzarbi. Le judaïsme de Babylonie fut cependant affaibli, au début du IXème siècle, par le schisme karaïte et les disputes qui en résultèrent entre l'Exilarcat et les gaons et les gaons entre eux. Le texte hébreu standard de la Bible a été établi à partir du VIIIème siècle

Le karaïsme

Cependant, dans cet "Etat juif" de Babylonie, le talmudisme des gaons et de l'Exilarque tendait, au VIIIème siècle, à devenir un académisme voire un simple exercice de mémoire. Le karaïsme est un schisme juif, sans doute venu de l'insertion du monde juif dans le Califat. L'origine ancienne du karaïsme est les Saduccéens, qui, depuis le IIème siècle avt. J.-C. rejetaient la tradition orale pour s'appuyer sur la Torah seulement, l'interprétation étant laissée aux lumières de chacun. De plus, les Juifs de Babylonie voire d'Afrique étaient habitués à l'autorité des gaons mais ceux de Palestine, Irak et Syrie étaient plus libres d'esprit et habitués aux relations avec les Arabes. Dans leurs arguments religieux avec ceux-ci, ils utilisaient essentiellement la Torah et ils finirent par se rendre compte que nombre de préceptes talmudiques des écoles des gaons n'y avaient aucun fondement. Ces Juifs en vinrent ainsi, au VIIIème siècle, à délaisser le Talmud pour la Torah, mouvement renforcé par un renouveau d'intolérance arabe sous le calife Omar II (717-720), par les troubles de la fin des Omeyades ou par les excès d'autorité de l'Exilarque ou sa volonté de contrôler les écoles gaoniques; d'autres Juifs ne suivaient même plus les prescriptions bibliques. Officiellement, le karaïsme est formulé en 767 par Anan ben David, jeune érudit persan d'ascendance davidique (ses disciples se nommèrent d'abord les "Ananites"), neveu de l'Exilarque, spolié de la succession à celui-ci par les gaons qui rallient le Calife à leur cause. Anan émigre en Palestine et y développe ses thèses, qui rejettent le Talmud. Il est possible que le karaïsme soit aussi à relier au chiisme qui, à la même époque, s'attaquait au sunnisme. Il en revient à un judaïsme primitif, centré sur le texte de la Torah, en ayant même recours aux techniques des tannaïm de la Mishna. Le karaïsme est assez favorable à Jésus-Christ ou à Mahomet. Le karaïsme est le première grande scission du judaïsme du Second Exil, Anan devenant l'Exilarque de ses partisans, le Prince Anan. Les Juifs du Talmud furent qualifiés de "rabbanites". Une des conséquences du schisme fut la fin du caractère héréditaire de l'Exilarcat, qui devint électif par les gaons. Le karaïsme et assez démocratique et pro-femmes -mais n'admettent pas la matrilinéarité- et il tient les prêtres du Second Temple pour les chefs des communautés, lesquels n'existent plus mais pourront être restaurés. Il est possible qu'une influence islamique se soit exercée sur le karaïsme: tapis au sol et non bancs dans les synagogues karaïtes et, surtout, Anan ben David aurait été emprisonné dans la même cellule que le juriste musulman Abu Hanifa Al-Nu'man Ibn Thabit, fondateur de l'une des écoles d'interprétation du Coran, celle des hanafites; ce serait lui qui aurait inspiré Anan dans sa méthode d'interprétation. Cette remise en question des gaons quant aux questions de la vie juive est assez bien accueillie en des temps marqués par la conquête arabe. Le karaïsme subit aussi l'influence du motazilisme rationaliste des Arabes (les rabbins se rattachant, eux, à l'anthropomorphisme, réaction en sens contraire de l'Islam orthodoxe). Jehuda Judghan le Perse, de Hamadan, vers 800, par exemple, refusait toute forme matérielle à Yahvé et revendiquait, du fait des punitions et récompenses promises, la liberté de l'homme. Benjamin ben Mosé, de Nahavend (vers 800-820) s'efforça de faire connaître le motazilisme aux karaïtes et revendiqua le caractère très haut de Yahvé au point que la Création et la Révélation ne furent que le fait de ses anges. A l'instar de l'école anthropomorphe arabe, des Juifs estimèrent l'aspect et la vie matérielle de Yahvé; ils furent surtout influents dans l'école de Pumbadita et ces débats finirent par amener des divisions et des discordes, le karaïsme s'implantant dans le Sud de la Babylonie (Sora), l'orthodoxie au Nord (Bagdad, Pumbadita), querelles qui s'éteignirent vers 830. Le karaïsme connut aussi des sectes et des interprétations divergentes. Le karaïsme se fonde donc sur l'exégèse personnelle, fondée sur le sens simple du texte, en accord avec ce que dicte la raison. Cette doctrine finit par recuillir des dizaines de milliers d'adhérents qui se trouvaient essentiellement en Babylonie, Palestine, Perse, Egypte et Crimée, représentant 40% de la population juive de l'époque. La plus importante communauté karaïte semble avoir été celle de l'Espagne musulmane, qui offre la spécificité d'avoir un temps vu une femme y jouer un important rôle religieux -al-Maa'lima, femme d'Al-Taras. L'avancée du karaïsme commença de décliner dès le Xème siècle mais, de la contestation des rabbins, il sera allé jusqu'au septicisme, à l'image du motazilisme. Il existe encore aujourd'hui, aux Etats-Unis et à Ramla, en Israël, 30000 Karaïtes, qui avaient quitté l'Egypte lors de l'indépendance de cette dernière; quelques groupes réduits se trouvent aussi en Lituanie. Les Karaïtes sont les premiers à introduire la philosophie dans le judaïsme. Le judaïsme orthodoxe fut fermement défendu par le gaon de Sora, Rav Saadia, qui sera, finalement, le premier philosophe juif; en effet, pour réfuter le rationalisme karaïte, il affirma expressément que l'interprétation talmudique n'est pas contraire aux exigences de la raison. Au Xème siècle, le caraïsme se tarit au plan de l'activité intellectuelle, sauf en massorétique (que même les Talmudistes admirent) et vers 960, ils refusent toute réflexion philosophique. En poussant le talmudisme à répondre à son rationalisme, le karaïsme sera, finalement, un facteur d'évolution de la Babylonie

Déclin de la Babylonie, rationalisme

Après le Calife Almamoun, ses successeurs accentuèrent les mesures disciminatoires et, surtout, l'Exilarque n'était plus reconnu par le Calife, n'ayant plus caractère officiel ni autorité publique. Pumbadita devint équivalente en importance que Sora. Cependant, on vit un déclin rapide de l'activité intellectuelle de Babylonie, toutes autres études que religieuses -en particulier la science- étant suspectes de karaïsme. Le karaïsme, en effet, de la contestation des rabbins, finira par atteindre au septicisme, qui se propagea chez les talmudistes. Les réponses des rabbins commencèrent de n'être rédigées qu'en arabe. L'activité intellectuelle juive (médecine, philosophie, philologie) revint progressivement d'Egypte et d'Afrique du Nord, à Kairouan. Isaac ben Soleïmas Israeli (vers 845-940), à Kairouan, médecin du fondateur de la dynastie fatimide (qu'on prétendait fils d'une Juive) rouvrit la voie de la réflexion mais ce fut Pumbadita seule qui en profita; dès la fin du IXème siècle, le Calife, sous l'influence du vizir Obeïd-Allah ibn Soleïman, en revint à une politique tolérante et le gaon de Pumbadita s'imposa, y compris politiquement, à l'Exilarque et à l'école de Sora. Mais l'époque n'était plus à la Babylonie où l'Exilarque n'a plus d'influence politique auprès du Calife. Jusque là, on l'a vu, le judaïsme ne se réfère qu'à la Révélation et la Tradition et il ne peut connaître de philosophie qui, elle, se base sur la raison et l'expérience. On doit cependant considérer que c'est par le raisonnement que les rabbins du Talmud ont édifié une conception globale du monde. Les Juifs, au moment de l'hellénisme et de Philon, avaient déjà tenté de concilier la Torah et la raison grecque, amenant au judaïsme hellénistique alexandrin (qui, en fait, n'aura que peu d'influence dans le monde juif mais, au contraire, influencera profondément la théologie chrétienne). Ce sera un des derniers Pères de l'Eglise, Jean Damascène, un Grec, qui fera passer, au VIIIème siècle, l'effort de concilier Révélation et philosophie aux Arabes. De là, via le "kâlam" arabe, viendra Saadia, qui mènera jusqu'à Maïmonide. Le karaïsme, comme on l'a vu, va faire apparaître une première évolution du talmudisme dans le Califat abasside en déclin: le gaon de Sora, Saïd ou Saadia ben Joseph (892-942), Egyptien du Fayoum, est le premier qui fonde la philosophie et la science juives; il sera le dernier représentant du judaïsme babylonien. Talmudiste, il avait également acquis ses connaissances variées des karaïtes et des Musulmans. Polémiste contre les Karaïtes, ceux-ci ayant inauguré, de fait, une étude sérieuse de la Torah alors que les Talmudistes de Babylonie se centrait sur leurs commentaires, Saadia traduit et commente la Torah en arabe, de façon qu'elle soit accessible aux Juifs de l'Europe aux Indes, de sorte d'arrêter aussi bien le karaïsme que les mystiques du type anthropomorphe. Il inaugure donc, d'une part, les études et la grammaire bibliques aux rabbins. Saadia devient le gaon de Sora vers 930, ce qui marque, en fait, la fin de 7 siècles de suprématie de la Babylonie comme point de référence des Juifs de la Diaspora. Cette fin, de plus, avec Saadia, s'accompagne du libre examen et de l'équivalence proclamée de la philosophie et du Talmud. Le rôle de Saadia ne put trouver d'accomplissement car il s'accompagne de luttes et de clans qui se déroulèrent, de plus, dans les luttes pour le califat arabe. Dans le Emounoth ve-déoth ("Traité des Croyances et opinions", 934), en arabe, empruntant aux mutazilites, Saadia s'efforce d'établir la relation religion-raison: les deux, en fait, émanent de Dieu et aucun conflit n'est possible. Dieu à créé le monde, l'homme est le couronnement de la Création et ayant reçu la Torah, les commandements de celle-ci doivent lui permettre d'atteindre le bonheur, bien suprême. L'âme, spirituelle et immortelle forme avec le corps une unité naturelle et le permet aussi. Comme la loi orale des rabbins est autant d'origine divine que la Torah, ni celle-ci ni le Talmud ne peuvent être en contradiction avec la raison, sorte de point de rencontre. Saadia avait déjà publié un parallèle entre les Dix commandements et les dix catégories d’Aristote. La raison doit permettre la vraie religion. La philosophie ne conduit pas à l'incrédulité dès lors qu'elle est guidée par la foi et elle n'est pas superfétatoire à la Révélation car celle-ci a, en quelque sorte, préparé le cheminement de la raison. Il défend le judaïsme contre les sceptiques engendrés par le karaïsme et contre les Musulmans et les Chrétiens. Saadia n'en continua pas moins, cependant, d'être un gaon, celui de Sora, et de répondre aux questions venues des communautés juives. Le déclin du califat abasside aura aussi permis une brève renaissance des Juifs de Palestine puis le relais de la civilisation juive est repris par l'Espagne musulmane. La tolérance des souverains, le haut degré de civilisation vont alors amener l'apparition de la philosophie juive. Les Juifs vont alors, en Espagne, connaître un "âge d'or"

L'Age d'Or du judaïsme en Espagne

Vers 940, suite à la montée de l'intolérance de la foule musulmane et au milieu du déclin du califat abbasside, l'Exilarcat disparaît, précédant de peu Sora et Pumbadita. Saadia devait être le dernier représentant du judaïsme oriental. Dans les luttes de clan, Sora disparaît vers 948 et Pumbadita vers 965. Le judaïsme quitte la Babylonie. Quatre exilés de Sora, faits prisonniers par un hispano-maure sur les côtes italiennes furent expédiés, peu avant, en Egypte, Afrique, Espagne et France. Installés là, ils y rendirent les communautés juives indépendantes de l'Orient. Comme seule l'Espagne, alors, était politiquement et intellectuellement développée ce fut là que l'Age d'or du judaïsme eut lieu; l'Europe avait quitté la renaissance carolingienne, l'Egypte n'était qu'un grenier à blé et Kairouan s'épuisait sous le joug des Fatimides intolérants. Malgré le maintien chaotique de l'activité des deux écoles babyloniennes jusque vers 1040, l'activité intellectuelle juive passait désormais en Espagne. Au IXème et Xème siècles, en Espagne, les rabbins découvrent les auteurs grecs via leurs traductions arabes et apparaît la véritable philosophie juive. Il est certain que cet effort fut influencé par le "kâlam", méthode de raisonnement des théologiens musulmans, qui leur permettait de faire la synthèse entre les Grecs et l'Islam, menant à une justification rationnelle de celui-ci. La première moitié du Xème siècle va alors, avec le passage du monde juif de la Babylonie à l'Espagne, marquer le début des trois siècles de l'Age d'or de la pensée juive. Cet Age d'or, par ailleurs, rompt avec l'époque talmudiste: il est rationaliste et scientifique. En Espagne, Abdul Rahman III, amis des arts et particulièrement de la poésie, comme les autres califes d'Espagne, avait fait de la péninsule ibérique un brillant centre intellectuel. Les Juifs, au contraire des Mozarabes qui y perdirent leur foi, bénéficièrent de cette tolérance en restant attaché au judaïsme. L'Espagne, pendant 5 siècles, devint, après la Babylonie, le centre du judaïsme, pays de la civilisation hispano-juive voire judéo-européenne. Le mérite en revient à Abou Youssouf Hasdaï ben Isaac ibn Schaprout (vers 915-vers 970). Fils d'un marchand juif d'Espagne libéral et protecteur des sciences, il donne au judaïsme son cachet occidental; il devient interprète du calife et souvent chargé de relations avec les royaumes chrétiens du Nord ou avec Byzance ou les Ottoniens d'Allemagne. Alors que le calife hésite encore à ouvertement confier des fonctions importantes aux Juifs, ses successeurs en bénéficieront. Hasdaï s'imposa rapidement aussi comme point de référence international des communautés juives. Il passa ensuite au service d'Al-Hakim, le successeur du calife et s'entoura d'érudits juifs; la grammaire, la poésie, l'étude du Talmud se développèrent et la Mishna fut traduite en arabe. Moïse ben Hanok, exilé de Sora, fut le premier directeur de l'école talmudique de Cordoue et d'Espagne et d'Afrique d'abord, abondèrent les questions venues des communautés. Plusieurs milliers de Juifs riches habitaient Cordoue, leur richesse venant du commerce rhadanite des esclaves. Par la suite, cette politique de faveur envers les savants se poursuivit et ils furent nommés aux plus hautes dignités -pratique qui se développa aussi auprès des souverains chrétiens. Eloignés de la bigoterie comme du mysticisme, les Juifs d'Espagne en vinrent aux confins de l'incrédulité. Cordoue, Lucena, Grenade avaient pris la place de Pumbadita et Sora et rayonnaient sur les communautés d'Europe et du monde. Se poursuivirent les études linguistiques de l'hébreu. Alors que l'Allemagne avait maintenu une certaine indépendance intellectuelle et des liens avec les ultimes activités des écoles de Babylonie, les persécutions, vers l'an Mil, se développèrent en Europe et chez les Fatimides et le califat ommeyade d'Espagne était entré dans son déclin. Aussi, la "civilisation" juive d'Espagne allait-elle atteindre son apogée au cours de la première moitié du XIème siècle, les travaux éclipsant tout ce qui avait précédé et la philosophie fut admise à l'indépendance. Même l'enseignement talmudique se donna une méthodologie. Au milieu des troubles entre prétendants arabes et la création de divers états de petite taille, l'Andalousie fit alors figure d'"Etat juif". Ce sera Salomon ibn Gabirol qui constituera le premier grand philosophe juif d'Espagne: dans le Mekor Hayim, il réfléchit sur les rapports entre Dieu et le monde (Philon, auparavant, avait cherché à résoudre la question par le Logos, qui avait créé la théorie de l'"émanation" chez les néo-platoniciens). Gabirol s'en éloigne: le concept de Volonté divine médie entre Dieu et les "émanations" (le monde n'est plus conséquence mécanique et nécessaire de Dieu); la matière, qui est de nature spirituelle et non corporelle, est une des premières émanations et sa matérialité n'est qu'une propriété accessoire. Gabirol sera l'Avicebron des Chrétiens et, là encore, ce sera, par la traduction de son oeuvre en "Fons Vitae", sur les penseurs chrétiens qu'il aura le plus grand retentissement. Chez les Juifs, il donnera, au XIIIème siècle, la Kabbale même si ses poèmes religieux avaient été introduits dans la liturgie du Kippour et avaient en fait profondément pénétré la pensée juive. Les Juifs, au cours de la période dite "première période rabbinique", changent de résidence et d'aire d'influence au gré des aléas des états arabes et, vers 1070, l'Espagne fut également gagnée, entre Berbères moins fanatiques et Arabes, par les persécutions anti-juives

Vers le monde contemporain

La Kabbale existera surtout à partir du XIIIème siècle; elle est ésotérisme, mysticisme et symbolisme: "Dieu est le texte de la Torah". Un premier livre semble exister dès l'époque du Talmud, entre 600 et 800 mais les sources sont peu nombreuses; un kabaliste de ces temps carolingiens est le rabbin Shimon bar Yohaï. Après l'époque médiévale, les Juifs expulsés d'Espagne s'installent chez les Ottomans, en Hollande et en Afrique du Nord. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, certains Juifs (dits, en anglais, "Port Jews") participent au mercantilisme naval des royaumes européens chez lesquels ils trouvent refuge (Amsterdam, Londres, Trieste, Hambourg). Ils constituent la première évolution des Juifs vers la modernité, prenant une distance d'avec la religion mais revendiquant leur cosmopolitisme. Les Juifs monopolisent aussi le commerce ainsi que la diplomatie et les offices de cour ce qui, cependant, s'accompagne de persécutions périodiques. En Pologne, état-refuge, beaucoup de Juifs finissent, devant les persécutions, par s'installer plus à l'Ouest. Viennent ensuite les Lumières; ce mouvement prend chez les Juifs la forme du "Haskalah", originaire d'Allemagne, revendication d'émancipation et d'intégration, enseignement des sciences profanes et des sciences, intérêt pour l'identité juive et opposition aux Juifs du mercantilisme; ce mouvement va se fondre dans les Lumières, le concept de nation et celui d'égalité de la première laïcité. Cependant, ce mouvement voit l'opposition du judaïsme hassidique, une approche mystique de la religion, un démocratisme équivalent une piété dévotionnelle pleine de vie du peuple juif aux élites, et le judaïsme orthodoxe, respectueux du Talmud et des règles subséquentes, se perpétue. Haskalah, hassidisme et orthodoxie sont les trois courants principaux qui vont définir l'histoire contemporaine du judaïsme. Ce sera la Haskalah qui, au XIXème siècle, deviendra prédominante du fait du règne de l'industrialisme anglais: le concept ancien de nation juive disparaît et les Juifs deviennent des "israélites". Le mouvement des Mitnagdim, en Europe de l'Est, s'oppose à ce ralliement des Juifs aux Lumières alors que les "modérés" recherchent une voie de compromis. On trouve là, avec la Haskalah des Lumières, le hassidisme et l'orthodoxie, la base des divisions contemporaines du judaïsme. L'intégration, devenue mouvement majoritaire au XIXème siècle, cependant, donne naissance à une forme nouvelle d'antisémitisme "scientifique", basé sur les idées de race et de nation, forme qui trouve son expression la plus célèbre sous la forme de l'affaire Dreyfus en France. Ce qui, à son tour, donne naissance au "sionisme", idée selon laquelle les Juifs des Lumières ne trouveront de protection contre l'antisémitisme moderne que dans une nation qui leur soit propre (l'époque est aussi à une forte émigration aux Etats-Unis depuis l'Europe de l'Est et la Russie). Les Juifs d'Europe, alors, se partagent entre élite intellectuelle ou bolchevisme russe. Cette époque troublée de l'Europe -en fait la fin du règne du modèle capitaliste anglais- amène, finalement, l'Holocauste des Juifs d'Europe qui, lui-même, accentue l'idée d'un nécessaire état juif. L'installation en Israël, nation juive nouvelle, qui a commencé au XIXème siècle, semble pouvoir s'accomplir en 1918: les Anglais ont pris la Palestine aux Turcs et ils l'ont promise aux Juifs par la Déclaration Balfour. Cependant, les Juifs "assimilés" et les rabbins orthodoxes s'opposent au projet et des projets concurrents existent: Nouvel Israël en Amérique du nord, ou Juifs révolutionnaires socialistes. Les Arabes s'opposent à cette immigration et les Anglais ne semblent guère les en empêcher. Les Juifs doivent donc organiser eux-mêmes leur propre défense. Ce sont les Anglais qui sont à l'origine du concept d'état bi-national ou d'un état arabe à minorité juive. En 1945, les Etats-Unis rooseveltiens et les Russes soviétiques tous deux vainqueurs sur les décombres de l'époque anglaise, l'état d'Israël est créé au milieu d'opinions divergentes entre les Juifs eux-mêmes et ce sera l'ONU, finalement, qui partagera la Palestine entre un état arabe, un état juif et Jérusalem en 1948. Dans l'Israël moderne, l'orthodoxie juive s'augmente de différents mouvements: hassidim, sionistes religieux, modern-orthodoxes des Etats-Unis (Harédim d'Israël). Les Juifs libéraux n'accordent pas d'importance majeure à la Torah et la tradition talmudique. Le "judaïsme réformé", surtout présent aux Etats-Unis, bien que centré sur les rabbins, remet en cause le caractère divin de la Torah et permet le choix personnel. Enfin, le "judaïsme conservateur" ou "massorti", avec tendances conservatrices et libérales, qu'on trouve aussi surtout aux Etats-Unis, s'oppose à ce dernier mais rejette aussi l'orthodoxie et s'autorise à remonter à des décisions talmudiques adaptées aux moeurs contemporaines. D'une façon générale, les Lumières juives, la Haskalah est à l'origine du sionisme et des judaïsme réformé et conservateur. Le hassidisme, de nos jours comprend les ultra-orthodoxes, la tradition lithuanienne et la tradition sépharade d'Orient. La vie israëlienne, de nos jours, est surtout fondée sur l'antagonisme entre Juifs laïcs (Juifs d'origine occidentale, une forme de "Juifs sociologiques", leur judaïté étant cependant un facteur important de leur vie; les partis de gauche sont essentiellement non-religieux) et Juifs religieux (dont une petite partie des partis de droite; Juifs d'origine méditerranéenne, moyen-orientale ou d'Asie centrale sont plus traditionnels). Les Juifs pratiquants avancés, "orthodoxes" sont les "sionistes religieux" et les "haredi" (nationalistes religieux tant ashkénazes lithuaniens que, surtout, sépharades). Chez les Juifs de la Diaspora coexistent le judaïsme réformé, le judaïsme orthodoxe en Europe de l'Ouest, et le judaïsme conservateur aux États-Unis

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